tag:blogger.com,1999:blog-78642655782678027922024-03-13T14:14:14.471+01:00Histoires d'autres tempsUn beau jour, et par le plus simple des hasards, j'ouvris l'un des vieux coffres de mon grenier... J'eus alors l'immense joie de découvrir, immortalisés sur de fragiles photos, des visages inconnus et paradoxalement familiers. De qui s'agissait-il ? C'est ainsi qu'il y a près de huit ans je suis parti à la recherche de mes ancêtres, proches ou lointains, et pour un véritable voyage dans le temps, qui m'a réservé d'innombrables surprises !Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.comBlogger30125tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-80734187250200817962021-03-23T05:06:00.000+01:002021-03-23T05:06:43.141+01:00 Cinquante ans après le centenaire : Arsène Lehoux et Valentine Trevet, une histoire retrouvée<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-uP8pR4i_VaI/YFgLWGXBdXI/AAAAAAAABXk/KypPzAxv-oQKF8DXjWpcV-OhbwaN_LmoACLcBGAsYHQ/s1121/Article%2BLehoux.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="262" data-original-width="1121" src="https://1.bp.blogspot.com/-uP8pR4i_VaI/YFgLWGXBdXI/AAAAAAAABXk/KypPzAxv-oQKF8DXjWpcV-OhbwaN_LmoACLcBGAsYHQ/s16000/Article%2BLehoux.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Famille Lehoux : Arsène (1871-1971), Madeleine (1898-1985), Robert (1900-1970), Suzanne (1907-1983) et Valentine (1877-1949)<br /></span></span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Mardi 23 mars 1971, Châlons-sur-Marne. Un très vieil homme à l'esprit vif, à la voix chantante et au caractère bien trempé s'apprête à passer le cap du siècle entouré de ses filles, de ses petits-enfants et de ses innombrables arrière-petits-enfants qui forment une troupe joyeuse et bruyante. C'est la dernière fois, pour bien longtemps, que toute la famille se réunit auprès d'Arsène Lehoux, le doyen tourangeau de Châlons, celui qui survécut à un siècle de péripéties et de tracas, qui revint de l'enfer de Verdun, qui fut tour à tour lieutenant des pompiers et viticulteur de renom. Il connut l'euphorie de la fortune et le désarroi de la ruine, la notoriété et l'exil, et sûrement tout ce qu'un siècle d'existence, au tournant de deux siècles et aux confluences tourmentées des époques, peut réserver à ceux qui le traverse. Arsène est très entouré au moment de son centième anniversaire. Mon père, son arrière-petit-fils, qui n'avait que six ans, se souvient vaguement de tout ce monde qu'il y avait dans la salle des fêtes, de l'immense pièce montée. Et vint enfin le moment de la photo, celle qui immortalisa Arsène et ses descendants, répartis en trois branches : Madeleine et Suzanne, les deux soeurs, avaient épousé deux frères Thelliez, d'où la majorité de la descendance, trois enfants pour Madeleine, huit pour Suzanne. Robert avait eu un fils, Jacques, mon grand-père paternel. Cette image que je viens de vous conter est, dans les grandes lignes, ce qui a été retenu de l'histoire de la famille Lehoux et des familles qui lui sont liées. Elle est charmante, elle est belle, les journaux sépia l'ont immortalisée, et une douce nostalgie anime les souvenirs de ceux qui connurent le centenaire. Cette image est un beau souvenir, qui par chance anime encore les discussions de la plupart des descendants de la famille Lehoux. Pour autant, Arsène, lui, se trouvait bien loin de son époque. Que ressentait-il ? De la fierté, sûrement, la joie de connaître ses descendants, indéniablement. De la tristesse peut-être aussi, ou de la nostalgie. Sa femme Valentine l'avait quitté vingt-deux ans auparavant, en 1949, son fils Robert était mort quelque mois plus tôt. Sa mère qui l'accompagna si longtemps, sa soeur Angèle partie si jeune, les vignes, l'Anjou, la Touraine, ses grands-parents maternels, le Paris du XIXe siècle et ses aventures de jeune pompier, tout cela manquait sûrement à Arsène. Mais c'était un homme joyeux, qui du haut de ses cent ans continuait à chanter des refrains du siècle précédent - avec un souffle remarquable -, chants démodés qu'il préférait, avait-il assuré à un journaliste qui l'interviewa quelques années plus tôt, à la musique yéyé. Arsène n'avait pas perdu le sens de l'humour, il gardait les idées claires, et comme s'en rappelle son arrière-petite-fille Claudine, à quatre-vingt-seize ans, il montait encore des côtes avec sa bicyclette, qu'il surnommait d'ailleurs sa "petite reine" ! Peut-être était-ce là le secret de son exceptionnelle longévité : le divertissement, la vivacité d'esprit. Arsène n'avait jamais bu, bien que viticulteur, ni fumé, mais victime du gaz moutarde pendant la guerre, les médecins ne lui prévoyaient pas une grande espérance de vie. Et pourtant, Arsène survécut. Il contredit la science. C'est aussi, sûrement, ce qui l'éleva au rang de légende familiale. Ma cousine Aurore me disait l'autre jour qu'elle se souvenait du portrait de cet aïeul qui trônait chez ses grands-parents, de ses nombreuses médailles. Un peu comme si l'image du centenaire tant de fois médaillé avait été divinisée. Bien-sûr, nous sommes tous, parmi ses descendants, extrêmement fiers de le compter parmi nos ancêtres, tout le monde semble connaître Arsène Lehoux. Il nous est familier. Il est aussi celui dont je tiens mon nom de famille. Son courage et ses qualités sont admirables, et son souvenir mérite d'être transmis. Pourtant, que sait-on réellement d'Arsène, en dehors, si je puis dire, de sa biographie ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-9fzvM-YhXG8/YFgQAndYtmI/AAAAAAAABXs/OYsue9CeOjEbZEkI9gM62bOPaDtLaEz9ACLcBGAsYHQ/s613/Famille%2BTrevet.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="613" data-original-width="488" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-9fzvM-YhXG8/YFgQAndYtmI/AAAAAAAABXs/OYsue9CeOjEbZEkI9gM62bOPaDtLaEz9ACLcBGAsYHQ/w319-h400/Famille%2BTrevet.jpg" width="319" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Valentine Trevet et ses parents à Bellevue en 1894<br /></span></span></td></tr></tbody></table><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">On ne peut comprendre l'histoire de la famille Lehoux sans connaître la famille Trevet, et Arsène n'aurait pas été Arsène Lehoux sans son épouse, Valentine Trevet, de six ans sa cadette. Originaire de Haute-Normandie, les Trevet représentent à première vue ce que l'on peut imaginer de la fin du XIXe siècle, du moins dans ma perception personnelle. Le père de Valentine, Alfred, n'était pas issu d'une famille bien riche. Son propre père était tanneur et finit directeur de filature, nombre de ses ancêtres étaient tisserands, sa mère descendait de la famille Troche, marchands bonnetiers-perruquiers, et timoniers à Dieppe, dont j'ai déjà parlé il y a quelques années, avec une possible ascendance anglaise. Alfred Trevet semble avoir eu de grandes facilités scolaires, du moins on le retrouve déjà jeune cité dans les articles de la presse normande parmi les vainqueurs de divers prix, en grammaire il me semble. La mère de Valentine, Alexandrine Le Breton, dont on tient une grande partie des photographies anciennes que renferme et protège le vieil album familial, venait d'une famille d'entrepreneurs touche-à-tout : serruriers, fabricants de coffres-forts, constructeurs de machines hydrauliques et imprimeurs ; sa mère était issue des Colboc, charpentiers devenus horlogers puis joailliers, que l'on retrouve en Normandie, à Paris essentiellement, à Lyon également. Les ancêtres plus lointains, artisans hétéroclites, notamment papetiers, se répartissent entre Rouen et ses environs, et les ports du littoral, face à l'Angleterre. Ces familles plutôt urbaines s'appauvrirent considérablement à la toute fin du XVIIIe siècle, mais bénéficièrent de la position stratégique de la Normandie et de l'essor industriel. Alfred Trevet et Alexandrine Le Breton connurent une prospérité rapide, peut-être trop. Ils quittèrent la Normandie au milieu des années 1880, et s'installèrent à Bellevue aux confins des Pays de la Loire, entre Maine, Anjou et Touraine, dans cette belle région à laquelle, même en la connaissant peu, je me suis toujours senti lié par mon nom. Cette région qui est désormais également chère à l'une de mes cousines, une région dont nous nous sentons en partie issus. Valentine et son frère Lucien n'avaient qu'un an d'écart, ils restèrent toujours proches. Leur enfance semble avoir été assez paisible et choyée comme en témoignent les précieux clichés de Valentine jeune. Nous avons toutefois moins de photographies des Trevet après leur départ de Normandie, ce que j'ai finalement pu expliquer : Henri Fatras, le photographe normand, était un ami de longue date d'Alfred Trevet.<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><br /><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-DxcrJQKZkOw/YFggKnSss0I/AAAAAAAABX0/3elGa_v7hmshVbQl7yHYPTreS2rK97ELgCLcBGAsYHQ/s709/Ars%25C3%25A8ne%2Bet%2BValentine%2Bmariage.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="592" data-original-width="709" height="334" src="https://1.bp.blogspot.com/-DxcrJQKZkOw/YFggKnSss0I/AAAAAAAABX0/3elGa_v7hmshVbQl7yHYPTreS2rK97ELgCLcBGAsYHQ/w400-h334/Ars%25C3%25A8ne%2Bet%2BValentine%2Bmariage.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Arsène et Valentine lors de leur mariage en 1897</span></span><br /></td></tr></tbody></table>Alors que les Trevet vivaient une vie plutôt calme dans leur champêtre maison de Bellevue, Arsène, âgé de vingt-trois ans en 1894, quittait sa Touraine natale et partait à l'aventure pour rejoindre les pompiers de Paris. Pour Arsène, être pompier était une passion, une vocation même, plus que la viticulture. Ce choix était le sien. D'abord clairon, il se fit remarquer par son courage lors d'un sauvetage auquel il participa dans le Paris du XIXe siècle, qu'il raconta lui-même près de soixante-dix ans plus tard. Découvrons ensemble ce souvenir si émouvant et si réaliste, et laissons à parole à notre ancêtr</span></span></span><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">e : </span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span><span><span></span></span></span>« <i>Il était environ seize heures, lorsqu'un violent incendie s'était déclaré dans une fabrique de fleurs artificielles. Le feu faisait rage partout et les gens criaient : "Il y a des enfants au troisième étage !" J'escaladai le plus vite possible une échelle accrochée au mur. Ce n'était pas facile ! La fumée m'aveuglait et m'asphyxiait. De plus, la chaleur était intense. Cependant, j'arrivais quand même à la fenêtre du troisième. Je cassais un carreau et me glissais prestement à l'intérieur... On n'y voyait plus rien. Des cris étouffés me parvenaient. J'attrapais un drap et, tant bien que mal j'y enveloppais les deux gosses terrorisés. La descente fut encore plus pénible. Parvenus au deuxième étage, le drap se dénoua. Je réussis à saisir les deux parties du tissu qui, inexorablement, glissaient et condamnaient les gosses à une mort certaine. Finalement, après d'innombrables difficultés, je parvenais sur la terre ferme, épuisé, mais rempli d'une joie immense. Il était temps !</i>" Ce sauvetage qui a eu lieu il y a plus de cent-vingt ans nous permet de vivre quelques instants de la vie d'Arsène, de connaître ses impressions. Pour ma cousine Camille, arrière-arrière-petite-fille d'Arsène et de Valentine, ces souvenirs sont très émouvants. Elle partage, et a sûrement hérité d'Arsène, la vocation d'être pompier. Arsène serait très fier de savoir que ce métier qui le passionnait se retrouve désormais parmi ses descendants. C'est comme s'il y avait un lien, une transmission inconsciente, ancestrale dirions-nous. Ma cousine Aurore l'a très bien défini : des impressions, des angoisses, mais aussi certains aspects de la personnalité et du vécu de nos ancêtres se transmettent. C'est, je pense, ce que l'on pourrait appeler la mémoire inconsciente, et la généalogie, en éclairant la vie de nos ancêtres, montre aussi les similitudes insoupçonnées que nous avons avec eux, ou plutôt ce qu'il y a d'eux en nous.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-UKfKlZXw5rA/YFjhN4mtW4I/AAAAAAAABX8/KFBjJUs9L7wYWaUQwulb38QrM71ZY1ffwCLcBGAsYHQ/s675/Jeanne%2BSuzanne%2BJamin.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="675" data-original-width="401" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-UKfKlZXw5rA/YFjhN4mtW4I/AAAAAAAABX8/KFBjJUs9L7wYWaUQwulb38QrM71ZY1ffwCLcBGAsYHQ/w381-h640/Jeanne%2BSuzanne%2BJamin.jpg" width="381" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Jeanne Suzanne Jamin (1844-1931), mère d'Arsène</span></span></span></span></span></td></tr></tbody></table></span></span></div></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-dy19EXJFgqA/YFjialZ2EjI/AAAAAAAABYE/Km8-ENGqc_wSYbRkq7XA3Vyg_45_FQfjACLcBGAsYHQ/s1456/Carnet%2Bde%2Bpo%25C3%25A9sie%2BValentine.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1456" data-original-width="966" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-dy19EXJFgqA/YFjialZ2EjI/AAAAAAAABYE/Km8-ENGqc_wSYbRkq7XA3Vyg_45_FQfjACLcBGAsYHQ/w265-h400/Carnet%2Bde%2Bpo%25C3%25A9sie%2BValentine.jpg" width="265" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Carnet de poésie de Valentine, commencé le 10 juin 1894<br /></span></span></span></span></span></td></tr></tbody></table>C'est à contrecœur que le jeune Arsène revint en Touraine. En 1897, ses parents le pressent de se marier avec Valentine. Elle a tout juste dix-neuf ans et lui vingt-six, mais cette union est une aubaine pour la famille Lehoux. Derrière cette décision, Jeanne Suzanne Jamin, la mère d'Arsène. Ainée d'une vieille famille de Neuillé-Pont-Pierre, elle fut toujours proche de son fils et lui fit donation d'un certain nombre de terres dès qu'il eut seize ans. Arsène était destiné par ses parents à devenir viticulteur, tonnelier et marchand de vin. Ces professions sont celles des Lehoux à chaque génération, à une ou peut-être deux exceptions près. Les plus anciens Lehoux, ou Le Houlz tel que s'écrivait alors mon nom, étaient viticulteurs ou exerçaient des métiers liés à la viticulture. Le plus ancien de mes ancêtres paternels actuellement connu était peut-être un marchand de vin à Château-du-Loir ou dans les charmants villages environnants. Reprenant la tradition viticole familiale, Arsène devint à son tour viticulteur, greffeur-tonnelier-viticulteur, propriétaire d'un domaine viticole, producteur de Jasnières et marchand de vin à La-Chartre-sur-le-Loir et au Mans pour reprendre les termes exacts que nous retrouvons dans les archives. Si ce n'était pas sa première passion, la viticulture, dont il était diplômé, lui offrit aussi une belle carrière sur laquelle je ne reviendrai pas aujourd'hui. Les photographies du mariage impressionnent et je me souviens encore du jour où j'ai pu les découvrir, quand Martine, cousine de mon père et arrière-petite-fille d'Arsène, me les envoya. Ces quatre photos prises de manière instantanée ont d'exceptionnel les moments qu'elles immortalisent comme les scènes d'un film. C'est aussi cette impression qu'évoquent Martine, Aurore, Claudine et plusieurs autres cousins et cousines à la vue de ce patrimoine photographique qui nous émerveille tous et que nous nous efforçons de préserver et de partager. Pour autant, les photographies du mariage ne sont pas celles qui m'émeuvent le plus, car elles ne reflètent pas ce qu'il y a d'authentique chez chacun de nos ancêtres. Elles célèbrent un moment particulier, impressionnent et ont sûrement été pensées pour, mais d'autres photographies et documents nous en apprennent davantage sur la personnalité de nos ancêtres. C'est notamment le cas du fragile carnet de poésie de Valentine, dont elle a débuté l'écriture le 10 juin 1894, un peu avant ses dix-sept ans, sûrement entre le printemps et l'été, près de la rivière qui borde les jardins de Bellevue. C'est dans ce carnet, qu</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">i revêt à mes yeux une très grande importance émotionnelle,</span></span> que je me retrouve, plus que dans toutes les photographies que nous avons, à l'exception peut-être de celle de la famille Trevet dans les jardins de Bellevue qui m'est aussi étrangement familière. Et si ce carnet m'est aussi cher, c'est sûrement car j'en ai moi-même un, que j'ai commencé à écrire des poèmes au même âge que mon arrière-arrière-grand-mère, et que notre style de graphie se ressemble. Je forme certaines lettres comme Valentine, au détail près, et le faisait déjà bien avant de connaître l'existence de son carnet. La notion de mémoire ancestrale inconsciente prend ici tout son sens et accompagne ces recherches généalogiques.<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-0oTte5vKFeo/YFj8HEDfgNI/AAAAAAAABYc/jAEoPdVMjzsQRXAAcsXTJzMswazAcXNRgCLcBGAsYHQ/s452/Ang%25C3%25A8le%2BLehoux.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="452" data-original-width="334" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-0oTte5vKFeo/YFj8HEDfgNI/AAAAAAAABYc/jAEoPdVMjzsQRXAAcsXTJzMswazAcXNRgCLcBGAsYHQ/s320/Ang%25C3%25A8le%2BLehoux.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">Angèle Lehoux </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">(1869-1904),</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"> soeur d'Arsène </span></span></span></span><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-DwAvuJqCZ2c/YFj5C-6yDcI/AAAAAAAABYU/hchtZv8SZmYpnaJJcSXI9P19m0BovKj1QCLcBGAsYHQ/s984/Valentine%2BTrevet.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="984" data-original-width="821" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-DwAvuJqCZ2c/YFj5C-6yDcI/AAAAAAAABYU/hchtZv8SZmYpnaJJcSXI9P19m0BovKj1QCLcBGAsYHQ/s320/Valentine%2BTrevet.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Valentine, photographiée entre 1892 et 1896<br /></span></span></span></span></span></span></span></td></tr></tbody></table>Même si le mariage a été arrangé, il semble que Valentine et Arsène éprouvèrent l'un pour l'autre une certaine douceur. La famille fit face à plusieurs décès dès le début du XXe siècle. Un an après s'être mariée, Valentine, qui n'a que vingt ans, perd sa mère Alexandrine Le Breton. En octobre 1904, Arsène perd sa soeur Angèle, emportée soudainement à l'âge de trente-cinq ans par le croup, une maladie respiratoire, et dont il ne nous reste qu'un portrait. Angèle Lehoux demeure bien mystérieuse, l'histoire familiale ne la mentionne pour ainsi dire pas. Cette perte fut terrible pour Arsène. Les filles des familles Lehoux et Trevet nées après 1904 eurent d'ailleurs comme second prénom Angèle. Peu de temps après, en 1906, Alfred Trevet, le père de Valentine, meurt à l'âge de cinquante-quatre ans, suivi en 1907 par le père d'Arsène, Paterne Lehoux. En moins d'une décennie, la famille Lehoux perd la moitié de ses membres. Arsène et Valentine vivent à La-Chartre-sur-le-Loir et confient leurs trois enfants, Madeleine, Robert et Suzanne, à la mère d'Arsène, restée dans l'Indre-et-Loire. Ils étaient, comme l'explique Liliane, l'une de leurs petites-filles et cousine de mon grand-père, des parents aimants. Leurs trois enfants furent choyés, matériellement du moins, ne manquaient d'aucun jouet et n'avaient pas à travailler. Cette éducation semble s'être répétée au moins chez Robert Lehoux puis chez mon grand-père. Madeleine, Robert puis Suzanne qui était un peu plus jeune se rendaient aux marchés tourangeaux avec leur grand-mère qui leur achetait des pâtés et des fromages. Jeanne Suzanne Jamin, la mère d'Arsène, joua un rôle important au sein de la famille. Elle fut pour Valentine comme une mère de substitution, d'autant plus lorsque la terrible première guerre mondiale éclata. Triste coup du sort pour Arsène : ancien pompier de Paris, il fut envoyé, à l'âge de quarante-trois ans, dans une compagnie de lance-flammes, il connut l'enfer de Verdun et sûrement l'enfer tout court. J'ignore quelle furent ses conditions de vie, ou plutôt bien de survie, au front, car les lettres qu'il écrivait à Valentine n'ont pas été gardées et qu'il n'a semble-t-il que peu exprimé ses souvenirs, ou plutôt ses traumatismes, de guerre. Je n'ose imaginer l'horreur des scènes auxquelles il assista. Valentine se retrouva du jour au lendemain seule à la tête d'un domaine viticole, d'un commerce de vins et d'une probable partie de l'héritage de ses parents. Son éducation ne l'avait en aucun cas préparée à affronter de tels enjeux...</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><br /></span></span></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-1dllVFFMF1A/YFkTSpYCa8I/AAAAAAAABY0/H17z8bItvZ84HqttoIwDr0JlE-jIQHTtgCLcBGAsYHQ/s815/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2Bcarte.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="815" src="https://1.bp.blogspot.com/-1dllVFFMF1A/YFkTSpYCa8I/AAAAAAAABY0/H17z8bItvZ84HqttoIwDr0JlE-jIQHTtgCLcBGAsYHQ/s320/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2Bcarte.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">Carte au nom d'Arsène Lehoux, Jasnières, La Chartre-sur-le-Loir <br /></span></span></span></span></td></tr></tbody></table><div style="text-align: justify;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-bIe_qIikD9w/YFkRTaktnKI/AAAAAAAABYk/Fhlm-wYUEFoU6s8vXrXuSyns1DXt4NLUACLcBGAsYHQ/s1556/Famille%2BLehoux%2BXXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1556" data-original-width="754" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-bIe_qIikD9w/YFkRTaktnKI/AAAAAAAABYk/Fhlm-wYUEFoU6s8vXrXuSyns1DXt4NLUACLcBGAsYHQ/w310-h640/Famille%2BLehoux%2BXXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" width="310" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">La famille Lehoux telle qu'elle était au début du XXe siècle</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"></span></span></span></span></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"></span></span><span style="font-size: medium;"></span></div></div><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">La personnalité de Valentine se situe au croisement de deux siècles, de deux époques. C'est une femme cultivée, intelligente et sensible, qui étant jeune écrivait des poèmes sur les fleurs et le printemps, mais elle n'a jamais connu une réelle liberté. D'abord sous la tutelle de son père, elle fut mariée à l'âge de dix-neuf ans. Si Arsène semble avoir été un père et un mari plutôt aimant, les lettres montrent qu'il prenait seul les décisions et n'obéissait qu'à une seule femme, sa mère. Lorsque celle-ci tomba gravement malade en 1917, si l'on en croit les réponses de Valentine, il fut pris d'une grande inquiétude. Fort heureusement, elle s'en remit, probablement dotée de la même santé de fer que son fils. Une autre caractéristique de la réaction de Valentine lors de la guerre est son indécision constante dans la gestion des finances. Elle attendait systématiquement la réponse d'Arsène, ne fût-ce que pour vendre des bouteilles de vin. Et si elle fustigeait par écrit la "mauvaise volonté" des ouvriers, elle n'osa jamais faire plus que quelques réclamations. Ces correspondances particulièrement intéressantes, dont j'ai pu avoir connaissance grâce à ma cousine Claudine qui les conserve précieusement, montre que Valentine peut-être encore plus qu'Arsène était une personne née et éduquée au XIXe siècle. Même si elle vécut bien plus longtemps au XXe, et que dans sa jeunesse elle espéra peut-être une plus grande latitude, Valentine agissait comme l'auraient sûrement fait sa mère ou sa grand-mère. Le même phénomène eut sans doute lieu pour la mère d'Arsène, née dans les années 1840, élevée par des gens ayant vécu au début du XIXe siècle et même au XVIIIe. Ces familles n'étaient pas préparées pour faire face aux enjeux du XXe siècle, et pourquoi l'auraient-elles été ? Le XIXe siècle leur avait assuré la prospérité, surtout dans ses dernières décennies. Il se raconte que pendant la guerre, Arsène aurait été spolié par un homme qui n'était pas parti au combat, par un rapace lâche qui s'accapara le mérite et la fortune d'un infortuné combattant. Arsène revint avec la gloire des héros de guerre, mais complètement ruiné. Nous avons beaucoup de mal à estimer ce que la famille Lehoux a perdu suite à la guerre, mais la somme est considérable. A la fin de la guerre, Valentine est obligée de travailler comme secrétaire, alors que depuis plusieurs décennies les femmes de la famille vivaient de leurs biens et de leurs rentes. La mère d'Arsène aurait perdu l'ensemble des biens qu'elle tenait de sa propre mère et de ses grands-parents, dont certains appartenaient à sa famille depuis plus d'un siècle. Toutefois, Valentine et Jeanne Suzanne Jamin, la mère d'Arsène, auront essayé de préserver coûte que coûte le confort matériel des enfants. Et c'est là un trait caractéristique de la famille Lehoux. On peut cependant se demander si tout ce confort matériel a réellement protégé les trois enfants Lehoux des périls de la guerre, du vide et de l'incertitude laissés par l'absence de leur père. Arsène Lehoux disait lui-même que s'il n'y avait pas eu la guerre, il aurait été riche. L'après-guerre ne leur épargna aucun tracas. Après avoir en vain tenté de se refaire une santé financière au Mans, les six membres de la famille Lehoux quittent les confins de la Touraine et de l'Anjou pour la région soissonnaise où leurs trois enfants se marieront. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-_hmuunIXabM/YFkrPUfAKoI/AAAAAAAABY8/-ysy8YImqhMkDIAmUKD8x67eaGs5nBiHwCLcBGAsYHQ/s771/Famille%2BLehoux%2BV.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="771" data-original-width="721" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-_hmuunIXabM/YFkrPUfAKoI/AAAAAAAABY8/-ysy8YImqhMkDIAmUKD8x67eaGs5nBiHwCLcBGAsYHQ/s320/Famille%2BLehoux%2BV.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">La famille Lehoux à la fin de la guerre, en 1919, Le Mans</span></span><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;">C'est véritablement une page de l'histoire de la famille Lehoux qui se tourne. Arsène et Valentine ne reviendront en Touraine que dans les années 1930, à Limeray très exactement. Ils connurent une nouvelle guerre et célébrèrent leurs noces d'or en 1947. Valentine partit peu de temps après, au printemps 1949, à l'âge de soixante-et-onze ans, épuisée par un siècle si dur et si différent de l'époque où elle écrivait des poèmes dans la quiétude des jardins de Bellevue. Arsène partit vivre chez ses deux filles à Châlons-sur-Marne, passant six mois chez Madeleine et six mois chez Suzanne. Il semble avoir été en froid avec son fils Robert, mon arrière-grand-père, pour des raisons que nous commençons à peine à deviner et qui sont liées au divorce de mes arrière-grands-parents. Mon grand-père fut élevé par sa mère et fréquentait peu la famille Lehoux, alors qu'il était le seul des petits-enfants d'Arsène en avoir le nom. Cet éloignement s'explique par la rancoeur, si ce n'est la haine, que mon arrière-grand-mère gardait contre Robert Lehoux, suite aux aventures et aux liaisons supposées que ce dernier aurait pu entretenir, et qui le conduirent à être écarté de l'histoire familiale. Elle découpa même certaines photographies pour ne pas qu'il y figure, et ne garda que les documents concernant Arsène, effaçant par la même occasion Valentine. Mon père et mon grand-père, bien que portant le nom Lehoux, reçurent l'éducation de mon arrière-grand-mère et connurent en fait peu la famille Lehoux. L'histoire aurait pu de notre côté s'arrêter là, nous aurions pu complètement oublier Arsène s'il n'avait pas eu son exceptionnelle longévité. Une longévité qui lui permit de retrouver l'aura qu'il avait perdu suite à la guerre. Arsène, désormais arrière-grand-père, était le doyen multimédaillé de Châlons-sur-Marne, jadis lieutenant des pompiers, autrefois viticulteur, il avait survécu à la guerre et aux époques successives. C'était un personnage connu et respecté à Châlons-sur-Marne, et le temps ne lui avait pas volé son apparente joie de vivre : il chantait, débordait d'énergie et faisait de la bicyclette à quatre-vingt-dix ans passés. Il fallut, comme nous l'a raconté pas plus tard qu'hier sa petite-fille Liliane, que son gendre coupe la bicyclette en deux après un accident qui lui avait valu d'être hospitalisé - et il était tellement entêté qu'il essaya de partir de l'hôpital en pleine nuit en reprenant sa bicyclette ; on sait de qui mon père tient en partie son caractère ! Le centenaire fut le dernier grand événement de la très longue vie d'Arsène, un événement qui réunit de très nombreuses personnes, le préfet ou le député-maire m'a-t-on raconté, et cette effervescence fut peut-être pour Arsène une once de réconfort après tant de peines. Ses nombreux arrière-petits-enfants, dont mon père, Sabine, Marilyne, Dominique, Jean-Michel, Marie, Lydia, Bruno, Emmanuel, Frédéric et tant d'autres furent tous exemptés d'école ou de garderie pour assister au centenaire comme s'en souvient avec joie et précision Laurence, cousine de mon père et arrière-petite-fille d'Arsène. Mon père, mon grand-père et même mon arrière-grand-mère qui avait pourtant toujours refusé d'être appelée Mme Lehoux du temps où elle était mariée avec Robert, étaient présents. Pour la dernière fois, la famille Lehoux était au complet, si l'on excepte Robert décédé quelques mois plus tôt et tombé dans l'oubli le plus total, et ma grand-mère Yvette, hélas décédée quelques mois plus tôt elle aussi<span></span>. Arsène chanta quelques chants après le gargantuesque repas - dont le menu est particulièrement alléchant - et nous avons eu l'immense joie de découvrir ou de redécouvrir sa voix il y a quelques semaines. Mes abonnés <a href="https://twitter.com/WilfriedL11" target="_blank">Twitter</a> ont pu d'ailleurs écouter ces enregistrements que Gérard, l'un des petits-fils d'Arsène, a eu l'intelligence de conserver. Quelle surprise pour ma cousine Laurine et moi qui aimons chanter de découvrir un autre point commun avec notre ancêtre. Après une vie si longue, et si loin de sa Touraine natale, Arsène échappa au pire le jour de son centenaire, et le trente-six-mille-six-cent-vingt-cinquième jour de sa vie, lorsque ses arrière-petits-enfants firent tomber sur lui le paravent où étaient exposées ses nombreuses médailles. Arsène avait survécu à la guerre, à la ruine et au XXe siècle, il survivrait bien à ses arrière-petits-enfants !<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-w4zRmquN5UY/YFk_wLaMJEI/AAAAAAAABZM/m1Dj1kaZSkw_gExfnvL142bGy2fw46ICwCLcBGAsYHQ/s606/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2BII.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="606" data-original-width="399" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-w4zRmquN5UY/YFk_wLaMJEI/AAAAAAAABZM/m1Dj1kaZSkw_gExfnvL142bGy2fw46ICwCLcBGAsYHQ/w264-h400/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2BII.jpg" width="264" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Décès d'Arsène Lehoux dans le journal - 1971<br /></span></span></span></td></tr></tbody></table><span style="font-size: medium;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-w3AUje6jQFc/YFk9xULA0cI/AAAAAAAABZE/Qa4j3L3f6TIZGIWQI2Uoi1ManD3B_6oyQCLcBGAsYHQ/s654/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2Bcentenaire.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="654" data-original-width="491" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-w3AUje6jQFc/YFk9xULA0cI/AAAAAAAABZE/Qa4j3L3f6TIZGIWQI2Uoi1ManD3B_6oyQCLcBGAsYHQ/w300-h400/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2Bcentenaire.jpg" width="300" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: medium;">Arsène Lehoux le mardi 23 mars 1971 à l'âge 100 ans<br /></span></span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: times;">L'image heureuse laissée par Arsène lors de son centenaire, en dépit de tout ce que la vie avait pu lui réserver, est le souvenir fédérateur commun à toutes les parties de la famille, tant pour ceux qui ont vécu le centenaire et s'en rappellent que pour ceux qui soit étaient trop jeunes pour en avoir un souvenir net, soit sont nés après. C'est ce souvenir commun qui a permis, ces dernières années, une série de retrouvailles virtuelles pour certaines, réelles pour d'autres. Il y a bientôt dix ans, c'est la photo du centenaire que j'ai publiée sur geneanet qui permit à nos cousines Claudine et Martine, descendantes de Madeleine Lehoux, de nous retrouver mon père et moi. Plus récemment, c'est ma cousine Julie, descendante de Suzanne Lehoux, qui m'a contacté sur les réseaux sociaux. L'idée de créer un groupe virtuel pour les descendants d'Arsène et de Valentine m'est venue suite, d'une part, à la facilité de partage des photographies que cela permettrait, et d'autre part en raison de l'importance pour nous de fêter les cent-cinquante ans de la naissance d'Arsène et les cinquante de son centenaire en dépit du contexte actuel. Ce groupe est une véritable réussite et compte désormais une cinquantaine de personnes de toutes les générations. Je me félicite de cette initiative sans laquelle je n'aurais pu entendre la voix d'Arsène. La descendance d'Arsène et de Valentine compte trois enfants, douze petits-enfants dont certains sont en vie, trente-huit arrière-petits-enfants, soixante-dix-sept arrière-arrière-petits-enfants - ma génération - et quarante-deux arrière-arrière-arrière-petits-enfants, ce qui donne cent-soixante-douze descendants. Tous semblent avoir eu écho de l'histoire d'Arsène, de son existence, et ressentent cette fierté de le compter parmi ses ancêtres, pour mon père et moi d'autant plus puisque c'est de lui que nous tenons notre nom. Si je me réjouis du souvenir laissé par le centenaire, j'ai la conviction que c'est le moment pour que cette famille retrouve son passé, s'intéresse à Arsène non pas seulement le jour de son centenaire mais sur toute sa vie, et se souvienne enfin de Valentine Trevet, notre ancêtre elle aussi, complètement et très injustement oubliée par l'histoire familiale. Oubliée au point où mon père et moi n'avions même pas connaissance de son existence. Nous aurions pu attribuer cela à la colère de mon arrière-grand-mère contre Robert Lehoux, mais en parlant avec plusieurs de mes cousines je me suis aperçu que Valentine était inconnue de tous ou presque, un comble quand on sait que la plupart des photographies très anciennes que nous avons viennent de sa famille. Elle était encore, il y a dix ans, la seule de mes arrière-arrière-grands-parents dont je ne connaissais ni le nom ni l'existence. La seule dont aucun écho si faible fût-il ne m'était parvenu. Nous sommes plusieurs, dans ma génération, à vouloir la remettre à l'honneur, et pour ma part à vouloir sortir de l'oubli tous les autres membres des familles Lehoux et Trevet qu'Arsène, lui, n'avait jamais oubliés, même s'ils n'ont pas eu sa longévité. J'aurais pu écrire un article sur les très belles carrières d'Arsène Lehoux, sur ses distinctions, ses médailles, mais j'ai - et je pense avoir bien fait - tenté de remettre ce qu'il nous reste d'Arsène et de Valentine en tant que personnes à l'honneur. Ma génération remet en question l'histoire familiale en accordant à notre arrière-arrière-grand-mère autant de considération qu'à notre arrière-arrière-grand-père, et je trouve cela très bien. Il y a tant d'informations sur cette famille que je n'ai bien-sûr pas pu aborder tous les thèmes en un seul article. C'est maintenant mon arrière-grand-père Robert Lehoux, qui finit seul et éloigné de sa famille, qui m'intrigue. Avec tous les ancêtres qui forment notre arbre généalogique, et qui se répartissent dans tout l'ouest de la France, à Tours, à Dieppe, à Rouen et dans d'innombrables villages, un livre serait nécessaire, et l'idée commence à faire son chemin chez certains. Pour l'heure nous comptons poursuivre le groupe virtuel et, quand la situation le permettra, organiser des rencontres réelles car nous ne nous connaissons pas tous. Je réfléchis pour ma part à un projet sur les lieux de vie de nos ancêtres, que j'ai pu visiter pour certains. Le centenaire était jusqu'à présent le dernier événement commun aux trois parties de la famille Lehoux, et cinquante ans plus tard j'ai l'impression que les branches de l'arbre se rapprochent. Pour reprendre ces quelques mots du discours prononcé par Arsène lors de son centenaire : <i>comme jadis la France est belle, marchons vers la gloire, buvez enfants le vin de mes 100 ans</i>. Et prenons exemple sur Arsène, qui doit aussi sa longévité au fait de n'avoir jamais bu d'alcool ni fumé. Un exemple à suivre. Et tant que j'y pense, j'entends souvent dire que s'il n'y avait pas eu la guerre, la famille aurait roulé sur l'or. Certes, Arsène et Valentine auraient pu continuer sur leur lancée, Arsène avait déjà une renommée dans le monde de la viticulture à l'échelle nationale, d'autant que le Jasnières correspond à un territoire très spécifique, et il serait peut-être devenu un grand nom de la viticulture. Mais il n'aurait sans doute pas quitté La Chartre-sur-le-Loir, ses enfants ne se seraient pas mariés avec les mêmes personnes et aucun de nous n'existerait à l'heure actuelle pour se souvenir d'eux. Puisque je suis d'humeur poétique en ce moment, je pense qu'il est temps que la famille Lehoux et ses descendants voient que derrière la gloire du centenaire il y a eu l'errance et la ruine de la guerre, et que nous réalisions ainsi l'ampleur des événements vécus par Arsène et Valentine. Plus encore, il me semble extrêmement important de ne plus réduire l'histoire de la famille Lehoux à la journée du 23 mars 1971, mais aussi de nous intéresser à chacun de ces ancêtres proches et plus lointains dont les photographies nous sont parvenues. De s'intéresser à l'époque où Arsène sauvait des vies à Paris pendant que Valentine écrivait des poèmes dans les jardins de Bellevue. De s'intéresser à ceux qui vécurent avant eux. Arsène et Valentine ont préservé le souvenir de leurs ancêtres, ont toujours gardé toutes ces photos que même la guerre n'a pas pu leur voler. Le plus précieux héritage que nous avons est cette connaissance de nos ancêtres et toutes ces photographies merveilleuses. Nous devons absolument les préserver, ne serait-ce que par respect pour nos ancêtres. Je remercie l'ensemble de mes cousines et cousins qui ont rendu possible toutes ces découvertes, toutes les personnes qui prennent part au groupe, et j'espère que ces recherches nous réserveront encore de belles surprises. Une cousinade est d'ores et déjà prévue pour le 23 mars 2071 ! Wilfried Lehoux<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ax2NW0CYOcA/YFlSDZiLlFI/AAAAAAAABZk/0Te-e1Rnbtc2phwnzq5qdjzx__XOqthUACLcBGAsYHQ/s1121/Famille%2BLehoux%2BTrevet%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="913" data-original-width="1121" src="https://1.bp.blogspot.com/-ax2NW0CYOcA/YFlSDZiLlFI/AAAAAAAABZk/0Te-e1Rnbtc2phwnzq5qdjzx__XOqthUACLcBGAsYHQ/s16000/Famille%2BLehoux%2BTrevet%2BII.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;">Ancêtres de la famille Lehoux - L'utilisation des photos est strictement réservée aux membres de la famille</span><br /></td></tr></tbody></table><span style="font-family: times;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VYAUzhKNlZw/YFlU7bIbKVI/AAAAAAAABZ0/Kl87C68a0ywZqScFzy__ZeL47k3g7fUWwCLcBGAsYHQ/s1121/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2BIII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="897" data-original-width="1121" src="https://1.bp.blogspot.com/-VYAUzhKNlZw/YFlU7bIbKVI/AAAAAAAABZ0/Kl87C68a0ywZqScFzy__ZeL47k3g7fUWwCLcBGAsYHQ/s16000/Ars%25C3%25A8ne%2BLehoux%2BIII.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Arsène Lehoux lors de son mariage en 1897, il était alors viticulteur, et vers 1894, lorsqu'il était pompier<br /></td></tr></tbody></table><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: times;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-31XTWUwDHbo/YFlTMBDBehI/AAAAAAAABZs/Q_LQKnSY5KQYZMQzDw9Z_dHVQUKzGEPLACLcBGAsYHQ/s1121/Trevet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="833" data-original-width="1121" src="https://1.bp.blogspot.com/-31XTWUwDHbo/YFlTMBDBehI/AAAAAAAABZs/Q_LQKnSY5KQYZMQzDw9Z_dHVQUKzGEPLACLcBGAsYHQ/s16000/Trevet.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Valentine Trevet, Alfred Trevet, Alexandrine Le Breton et Lucien Trevet en 1894 dans les jardins de Bellevue <br /></td></tr></tbody></table><br /></span></span></div></div>Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-8217119784421295572021-02-21T00:41:00.002+01:002021-02-21T17:56:01.594+01:00Des Correjon aux Correíon, sur les traces des anciennes familles chalabroises et méridionales, I<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">Chaque feuille d'un arbre généalogique pourrait être un nom, et tant de noms se croisent et se succèdent lorsque nous reconstituons notre ascendance que celle-ci s'apparente à un millefeuille<span> de noms, et pour les méridionaux comme moi d'étonnants surnoms - de Pouticaire à Margaride en passant par Alem, Capitán, Moret et Janicou. Il est pourtant de ces noms qui nous intriguent plus que d'autres, dont l'origine, la rareté et la prononciation nous donnent quelque peu l'impression d'être des explorateurs qui découvrent des antiquités perdues, qui sondent les méandres des archives à la recherche de ces syllabes, lointaines et parfois mystérieuses, qui rendent particuliers nos ancêtres. Je vous ai parlé l'an passé des drapiers Bastide qui figurent parmi les ancêtres de la famille de mon grand-père maternel, mais le sujet étant vaste, je n'ai que vaguement mentionné certains ancêtres sur lesquels ma curiosité et mon attention se portent depuis maintenant plusieurs mois. Ces ancêtres sont connus sous le curieux nom Correion, éteint il y a bien longtemps et dont les travaux historiques locaux ne font à ma connaissance aucunement mention. Or, les Correion, en m'ouvrant les portes d'un Chalabre lointain et méconnu, m'ont fait découvrir des pages oubliées de l'histoire du Kercorb, cette région située à la lisière de l'Aude, à la fois méditerranéenne et pyrénéenne, et à de nombreux égards plus proche de l'Espagne que de la France. Si mes recherches sont loin d'être terminées, je souhaite tout de même vous en partager les premières découvertes, les éléments tantôt pittoresques tantôt paradoxaux qu'elles ont éclairés, ainsi que les questionnements qu'elles ont pu soulever. Car l'histoire du Kercorb et celle de la très v<span>ague </span>région occitane qui l'englobe se construisent sur d'innombrables certitudes dont l'exactitude est parfois très incertaine, il me semble judicieux de bousculer l'histoire locale officielle en m'intéressant à l'exemple concret de l'énigmatique famille Correion, pour montrer par la même occasion que la généalogie apporte un regard indispensable et différent sur l'Histoire. C'est donc avec une certaine ouverture intellectuelle que nous entrouvrirons les portes du passé chalabrois.<br /></span></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-UjWj1so8OaE/YDB90ubEAXI/AAAAAAAABVw/_zqY23n72v4u6ot_nWhWsv-UD4PeERT_wCLcBGAsYHQ/s1450/Fen%25C3%25AAtre%2Bchalabroise.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1450" data-original-width="1078" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-UjWj1so8OaE/YDB90ubEAXI/AAAAAAAABVw/_zqY23n72v4u6ot_nWhWsv-UD4PeERT_wCLcBGAsYHQ/w298-h400/Fen%25C3%25AAtre%2Bchalabroise.jpg" width="298" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: small;">Fenêtre de la fin du XVe siècle - Chalabre</span></span><br /></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span>Approcher l'histoire chalabroise reviendrait d'une certaine manière à se retrouver face à une fenêtre murée : l'ancienneté des murs et des pierres ne fait aucun doute, mais le passé, dont on ressent pourtant l'omniprésence, semble prisonnier. Les siècles d'une riche histoire ont semble-t-il disparu mais des traces éparses sont encore discernables, et pour s'en faire une idée il faut casser les pierres qui forment autant d'obstacles à notre connaissance de l'histoire. Le principal obstacle, à Chalabre, est <span>l'absence de registres paroissiaux antérieurs à l'an 1647, absence à laquelle s'ajoutent les lacunes des registres du XVIIe siècle et, comme c'est hélas souvent le cas, le cruel manque de précision des actes lorsqu'ils existent et ont survécu aux affres du temps. Il serait donc illusoire d'espérer retrouver mes ancêtres chalabrois à partir des simples registres paroissiaux. La stratégie notariale est à privilégier d'autant que la tradition écrite dans le Sud est extrêmement importante. Encore faut-il que ces innombrables liasses soient numérisées. L'an dernier, nous étions allés de Chalabre à Lavelanet pour suivre mon ancêtre Marie-Anne Bastide (1748-1810) et nous intéresser à une anecdote finalement véridique sur une partie de sa famille. Nous avions alors délaissé son ascendance maternelle, qui sera cette fois notre point de départ. Marie-Anne Bastide avait pour grand-mère maternelle Marie Martín (et j'insiste sur l'accent sur le i, que tout le monde semble oublier), décédée veuve d'un marchand d'habits, Jean Foüet, en mars 1731, sans qu'il y ait davantage de précisions. Parti à la recherche de son acte de mariage dans les registres lavelanétiens, j'ai eu la désagréable surprise de constater qu'en dépit de ce qui était indiqué, ces derniers étaient inexistants entre 1695 et 1700, et puisque je ne trouvais aucune trace du mariage, j'en ai conclu qu'il devait sûrement avoir eu lieu lors des années manquantes, ce que confirme un répertoire. Comble de malchance, les liasses notariales de la toute fin du XVIIe siècle ne sont pas forcément accessibles en ligne. Toute personne qui pratique la généalogie sait à quel point il peut être frustrant de connaître l'existence et la référence d'un acte mais de n'avoir pas accès aux précieuses informations qu'il contient. Un peu comme si nous apercevions le passé sans réellement l'approcher. Je ne dois mon salut qu'à un relevé exhaustif, visiblement assez ancien mais très précis, des liasses notariales de Lavelanet, reprenant les éléments essentiels du contrat de mariage de mes ancêtres passé en mai 1696, lors des années pour lesquelles les registres manquent effectivement. On lit, à propos de l'épouse, ce qui suit : "<i>Marie de Martín fille de feu Philippe avocat et marchand de Lavelanet, et de feue Françoise de "Couregon" assistée de Lazare Martín son frère</i>". A mon grand étonnement, le nom "Couregon", que je ne connais alors que sous cette forme, est écrit entre guillemets, comme si l'auteur du relevé qui semble pourtant avoir une bonne connaissance des noms locaux avait eu quelques doutes sur l'orthographe. J'ignorais à ce moment que ce nom n'avait pas fini de m'intriguer.</span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span></span></span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span></span></span></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Byu6BV4gdaw/YDFCz8TDqSI/AAAAAAAABV8/gA4EI0JIj50qZZhBNqHFZOienEN0wvuuACLcBGAsYHQ/s2048/Chalabre%2BII.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="374" src="https://1.bp.blogspot.com/-Byu6BV4gdaw/YDFCz8TDqSI/AAAAAAAABV8/gA4EI0JIj50qZZhBNqHFZOienEN0wvuuACLcBGAsYHQ/w300-h374/Chalabre%2BII.jpg" width="300" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: small;">Centre-ville historique de Chalabre, du moins ce qu'il en reste<br /></span></span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span>Les registres lavelanétiens ne m'ont pas épargné quelques nouvelles lacunes, et m'ont seulement permis d'apprendre, dans un premier temps, que Philippe Martín et Françoise de "Couregon" eurent, outre mon ancêtre Marie, trois autres enfants, à savoir Marguerite, Marthe et Lazare Martín. Et une fois de plus, le scénario se reproduisait : leurs éventuels acte et contrat de mariage restaient introuvables dans les archives lavelanétiennes. Aucun relevé ne palliant cette fois les lacunes des registres, j'en ai déduit que le mariage avait eu lieu ailleurs. Des années de recherches dans cette région, sur les ancêtres de mon grand-mère maternel, me portent à croire que lorsqu'un mariage est difficile à trouver dans une commune du Kercorb et de ses environs, le plus simple consiste encore à retourner à Chalabre, qui comptait simultanément plusieurs notaires où se rendaient la plupart des familles. Après quelques recherches j'ai fini par retrouver le contrat de mariage en question, daté du 18 juin 1663, dont voici un extrait : "[...] <i>constitués en leurs personnes Philippe Martín bourgeois de Lavelanet d'une part et damoiselle Françoise de Correion fille de feus Vincent de Correion vivant conseiller du Roi et magistrat au siège présidial de Limoux et damoiselle Marie de Pailhès </i>[...]" Des lectures plus récentes m'ont appris quelques éléments intéressants sur Philippe Martín. Véritable Don Juan, il fut accusé dans sa jeunesse d'avoir séduit des veuves. Il promit à l'une d'elles, apparemment d'un certain âge, de lui faire un enfant, et cette dernière voyant que l'enfant ne venait pas, parvint à le faire condamner à lui payer une amende en dédommagement... Je ne peux m'empêcher de rire à l'évocation des aventures de mon ancêtre, qui reflètent quelque part les moeurs des méridionaux, leur excessive propension aux conflits et aux procès, souvent pour des motifs futiles, leur crédulité aussi - et n'y voyez aucune méchanceté, je suis moi-même méridional. Philippe Martín se fit à nouveau remarquer quelques années plus tard pour des faits cependant plus honorables : devenu consul de Lavelanet, il prit des mesures pour favoriser l'enseignement de la lecture, de l'écriture, de la grammaire et de l'arithmétique, et instaura des prix raisonnables afin que les deux premières disciplines soient accessibles aux enfants de Lavelanet. Il avait déjà trente-sept ans lorsqu'il épousa Françoise de Correion en 1663, et se fit connaître pour ses frasques et ses promesses galantes au moins jusqu'à la trentaine.<br /></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span></span></span></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-5l-wZ_ZL5m8/YDFSSM4tReI/AAAAAAAABWI/qrt351sbQB0OHBDLSi4GMFcN515LE3qEACLcBGAsYHQ/s888/Lazare%2BCorr%25C3%25A9%25C3%25ADon.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="304" data-original-width="888" src="https://1.bp.blogspot.com/-5l-wZ_ZL5m8/YDFSSM4tReI/AAAAAAAABWI/qrt351sbQB0OHBDLSi4GMFcN515LE3qEACLcBGAsYHQ/s320/Lazare%2BCorr%25C3%25A9%25C3%25ADon.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span style="font-family: times;"><span style="font-size: small;">Signature de Lazare Corréíón - 1663 - Chalabre<br /></span></span></span></span></span></span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span>Le
nom de l'épouse est sûrement le détail le plus intéressant de ce
contrat. Nous voici passés de "Couregon" à Correion. La seconde
orthographe est à mes yeux beaucoup plus crédible car j'ai pu la
vérifier moi-même, et le frère de mon ancêtre Françoise, Lazare de
Correion, prêtre, la reprend dans sa signature. Pour être exact, il signe
Corréíón et les accents sont visibles. Si "Couregon" ne correspond à aucune prononciation locale, Corréíón n'en demeure pas moins surprenante. La présence de l'accentuation et la prononciation "Corréíône" indiquent davantage une origine espagnole que française ou même occitane. Nous reprendrons toutefois ces considérations étymologiques par la suite. Après avoir lu le contrat de mariage passé par mes ancêtres en 1663, telle est la situation : Françoise de Correion est la fille de Vincent de Correion et de Marie de Pailhès, décédés tous les deux. Les registres chalabrois ne remontent que jusqu'en 1647 et sont aussi lacunaires qu'imprécis. Les archives notariales sont nombreuses, mais chaque liasse, pour une ou deux années, regroupe des centaines de pages et plusieurs notaires ont exercé en même temps, certains ayant une écriture plus lisible que d'autres. Il m'a alors paru intéressant de chercher d'autres archives et profitant d'un passage à Toulouse, j'ai consulté les fonds du Parlement, plus précisément la série B. Ces immenses registres, qu'il est à la fois délicat et émouvant de manipuler, m'ont permis de la mettre la main sur un document tout à fait singulier auquel je n'avais pas été confronté jusqu'à présent, à savoir une lettre de provision d'office concernant en partie seulement Vincent de Correion - l'intitulé exact étant lettre de provision de l'office de conseiller en la sénéchaussée et au siège présidial de Limoux - enregistrée en 1656. Mon ancêtre était bel et bien vivant en 1656, mais décédé en 1663 et à défaut de remplacer une date et un acte introuvables, le croisement des archives notariales et parlementaires permet de situer son décès dans un intervalle de sept ans. La lettre de provision d'office confirme également que les Correion étaient</span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span> catholiques au milieu du XVIIe siècle, ce qui est un élément d'une certaine importance pour les questionnements que nous aborderons plus tard. Mais tentons pour l'heure de reconstituer la généalogie de cette famille.<br /></span></span></span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span></span></span></span></span></span></span></span></span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-swsucFzFCwg/YDFvvHH45fI/AAAAAAAABWU/fQhDP942YZ4eTi7fb6sQ5mVF3AgYhmJgQCLcBGAsYHQ/s2048/Chalabre%2BIII.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1248" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-swsucFzFCwg/YDFvvHH45fI/AAAAAAAABWU/fQhDP942YZ4eTi7fb6sQ5mVF3AgYhmJgQCLcBGAsYHQ/w390-h640/Chalabre%2BIII.jpg" width="390" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span style="font-family: times;"><span style="font-size: small;">Rue du centre-ville de Chalabre<br /></span></span></span></span></span></span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span><span style="font-size: large;"><span><span><span><span style="font-size: large;"><span><span><span><span style="font-size: large;"><span><span><span>Deux
documents supplémentaires viennent apporter quelques précisions importantes. Le premier est le contrat de mariage entre Marguerite
de Correion, soeur de mon ancêtre Françoise, et un marchand lyonnais,
Alexandre Delaporte - ou Laporte. De telles unions, Lyon étant située, en remontant la côte languedocienne, à au moins cinq-cents kilomètres de Chalabre, mettent à mal l'image d'un Kercorb isolé. Nombre de provençaux, de lombards, d'espagnols, de gascons et de lyonnais, drapiers, tisserands ou cordonniers, sont passés par Chalabre au XVIIe siècle comme je l'ai déjà souligné par le passé. Mon intérêt s'est porté sur cet acte car sa rédaction a eu lieu lors de l'été 1647, à savoir la même année que le plus ancien registre paroissial chalabrois arrivé jusqu'à nous. J'espérais que Marie de Pailhès soit encore vivante en 1647 pour éventuellement retrouver sa trace dans les registres paroissiaux et me faire une idée plus précise de la généalogie de cette famille. Ce ne fut pas le cas, et l'acte précise : "[...] <i>le sieur de Correjon a promis au sieur Delaporte que damoiselle Marguerite de Correjon sa fille et de feue damoiselle Marie de Pailhès le prendra pour loyal époux </i>[...]" L'épouse apporte d'ailleurs une somme d'argent, des bagues, bijoux et joyaux qu'elle a spécifiquement hérités de sa mère. L'autre aspect intéressant de cet acte concerne une nouvelle fois l'ortographe du nom Correion. Quatre membres de la famille signent, et les quatre signatures sont différentes : Corr<b>eíon</b>/Corr<b>eione</b>/Corr<b>eión</b>/Corr<b>ejon</b>. Le notaire écrit lui aussi simplement Correjon, qui est l'orthographe la plus fréquemment retrouvée à partir du milieu du XVIIe siècle. Or, Correjon prononcée à la manière espagnole donne Correíon ou, suivant l'accentuation que l'on prend, l'une des prononciations évoquées par les différentes signatures des membres de cette famille. L'hypothèse du "corregeou" occitan et celle du "couregon", un peu trop faciles et très erronées à mon goût, semblent tomber à l'eau. Je veux bien admettre qu'il y ait des similitudes sur la troisième syllabe entre "Corregeou" et "Corregeon", mais certainement pas entre Corr<u>eíon</u> et "Cour<u>egon</u>". D'aucuns pourraient rétorquer que les signatures ne sont pas des preuves fiables, car écrites de la main de mes ancêtres à une époque où l'instruction n'était pas généralisée. Je leur répondrais d'une part que les membres de la famille Correion étaient pour certains magistrats, ce qui nécessitait tout de même une certaine instruction, qu'ils ont eux-mêmes œuvré à l'enseignement de l'écriture, de la lecture et de la grammaire comme je l'ai précédemment souligné, et d'autre part que même en imaginant qu'ils n'aient pas eu une instruction correcte, leurs signatures ne connaissent que des variations d'accentuation mais s'accordent toutes sur une même prononciation, complètement différente de celle donnée par les interprétations contemporaines. Et je crois savoir que ces gens connaissaient tout de même mieux que nous, et mieux que les occitanistes d'aujourd'hui, la prononciation de leur nom. Ce qui pourrait passer pour du pinaillage étymologique, pour une futile polémique, révèle les dérives prises par le concept "occitaniste" dans le Sud : tout doit être ou occitan, ou "occitanisé", sans que l'on puisse réellement chercher une explication. Tout est occitan avant même d'être étudié, et tout ne peut être qu'occitan. Mon grand-père, à qui personne ne pourra reprocher de ne pas avoir été de cette région, n'épargnait pas les conceptions occitanes, les qualifiant de "conneries" ; pour ma part je pense que ce concept, né au XXe siècle, repose aussi sur une volonté politique consistant à englober toute la diversité du Sud dans un ensemble uniforme, très vague, caricatural presque, et donc facilement manipulable pour tout politicien, quel qu'il soit. Or, l'Histoire ne doit jamais être politisée, et je ne crois pas que le fabuleux prétexte occitan puisse expliquer chaque réalité, chaque détail et chaque mystère des régions méridionales. Je trouve même cela fort dommage car l'occitanisme systématique annihile une large partie du passé et, en le privant de sa diversité, lui retire tout son charme. Or, nous le verrons dans la ou les suites de cet article, l'orthographe du nom Correion s'avérera importante pour mieux tenter d'approcher l'énigmatique passé de cette ancienne famille chalabroise aujourd'hui méconnue. <br /></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span><span style="font-size: large;"><span><span><span><span style="font-size: large;"><span><span><span><span style="font-size: large;"><span><span><span> </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br /> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-F-O2hZpqM1g/YDGLGqBwS4I/AAAAAAAABWw/4eibvFS5Xi84rxK-bNds78Bo6c-hHO62wCLcBGAsYHQ/s1051/Correion%2Bsignatures.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="246" data-original-width="1051" src="https://1.bp.blogspot.com/-F-O2hZpqM1g/YDGLGqBwS4I/AAAAAAAABWw/4eibvFS5Xi84rxK-bNds78Bo6c-hHO62wCLcBGAsYHQ/s16000/Correion%2Bsignatures.jpg" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span><span><span style="font-family: times;"><span style="font-size: small;">Ensemble de signatures des familles Correion et Martín au XVIIe siècle - Chalabre<br /></span></span></span></span></span></span></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span> </span></span></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span>Le second document ayant retenu mon attention est le testament de Marguerite de Correion rédigé en 1665, et qui montre tout simplement que le marchand lyonnais qu'elle a épousé n'est pas retourné dans sa ville natale et s'est installé à Chalabre. Cette première approche des Correion nous laisse l'image d'une famille de magistrats locaux, catholiques et au nom pour le moins mystérieux, tels que je les connaissais l'an dernier. Nous découvrirons par la suite, en remontant un siècle plus tôt, une famille tout à fait différente, soulevant de nombreux questionnements et autant d'hypothèses sur les origines des anciennes familles chalabroises dont mon grand-père maternel, comme il l'a toujours et si justement revendiqué, descendait. La généalogie ouvre une nouvelle fenêtre sur le passé chalabrois, et cette fenêtre s'entrouve un peu plus à mesure que les archives livrent leurs secrets. Les documents mentionnés dans cet article proviennent en totalité des archives notariales chalabroises et lavelanétiennes dont l'essentiel est consultable sur diverses plateformes en ligne. La lettre de provision d'office enregistrée au Parlement ne m'a pas spécifiquement apporté d'informations sur mes ancêtres, mais si par curiosité vous souhaitez la consulter vous pouvez m'en faire part. J'ai d'ailleurs pensé intéressant de la mettre en ligne sur geneanet. J'ai choisi de répartir en plusieurs suites cet article car il aurait été trop long de tout expliquer en une seule fois. Les informations publiées sont celles que j'avais l'an passé, et j'ai récemment partagé sur <a href="https://twitter.com/WilfriedL11" target="_blank">twitter</a> de nouveaux éléments. J'espère avoir montré que l'histoire des régions méridionales n'est pas forcément occitane, qu'un occitanisme exacerbé ne peut être que toxique, et qu'il constitue un écran de fumée qui nous empêche de découvrir toute la diversité d'une région qui, rappelons-le, est frontalière de l'Espagne et bordée par la Méditerranée, ces deux dernières ayant fortement impacté son histoire et la généalogie de ses familles, en tout cas bien plus qu'un concept inventé récemment. Alors que l'Histoire globalise, la Généalogie s'intéresse aux particularités des lieux, de leurs habitants et des familles qu'ils formaient, et c'est sûrement l'un de ses atouts. Si comme moi vous êtes du Sud, abordez l'histoire de ces régions d'un point de vue méditerranéen et surtout pas occitaniste, car vous passeriez à côté de ce qui rend les régions méridionales historiquement riches et culturellement singulières. Cet article semblera peut-être surprenant pour les personnes extérieures à la région concernée, mais croyez-moi, parler de l'histoire chalabroise est la porte ouverte à d'innombrables polémiques. En tout cas, Correíon n'est pas "Couregon" !<br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><br /></p>Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-1699570681247339432020-12-12T08:28:00.002+01:002021-02-21T04:00:10.548+01:00Redécouvrir l'Histoire par ses ancêtres : le Siège de Boulogne-sur-Mer, 1544<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;">Chers lecteurs, en ces temps particulièrement maussades j'espère de tout coeur que deux-mille vingt et son lot de tracas vous épargnent ou ne vous affectent pas trop. J'essaie pour ma part, après une année assez désagréable - covid, intoxication alimentaire sérieuse - de tromper l'ennui, priant pour qu'il neige abondamment. En janvier dernier, je m'imaginais fêter Noël quelque part en Scandinavie, loin de l'aigreur et du marasme français, je pensais retourner en Islande en juin, faire un tour en Espagne... Les idées d'articles ne manquaient pas non plus, notamment pour donner suite à celui consacré aux Nègre et aux Lévis-Léran, mais ces confinements répétés et les restrictions de libertés qu'ils engendrent, auxquelles il est d'ailleurs impératif de ne pas s'habituer, ont pour le moment interrompu ces projets. La santé reste évidemment l'essentiel. Qu'à cela ne tienne, il en faudrait bien davantage pour me lasser de la généalogie, et ces quelques mois confiné à écouter en arrière-fond des cours ô combien inspirants m'ont donné l'occasion d'approfondir ma connaissance de plusieurs familles qui figurent dans mon ascendance. Je me suis notamment intéressé à l'Auvergne médiévale et, plus récemment, à la septentrionale Boulogne-sur-Mer, citadelle ancestrale au passé pour le moins tumultueux. Car s'il est certain que 2020 est une sombre année, 1544 le fut aussi pour les habitants du Boulonnais, région de la Côte d'Opale qui fait face à l'Angleterre. Mon arrière-grand-mère paternelle avait par sa mère d'anciennes racines à Boulogne-sur-Mer, dès le règne de Louis XIII et majoritairement au XVIe siècle. Avec un peu de chance et de persévérance, j'ai pu retrouver de précieuses informations sur ces ancêtres qui vécurent il y a près de cinq siècles, de sorte que leurs vies et les péripéties qu'ils connurent, qu'ils endurèrent même, nous permettent désormais de redécouvrir un événement historique survenu en 1544, le Siège de Boulogne. Et ce sous un angle moins abstrait, plus anecdotique, personnel, où Histoire et Généalogie, ces deux disciplines qui me sont chères, bien que la seconde soit cruellement négligée pour l'étude de la première, se croisent et s'entremêlent de manière inattendue...<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-JIkHdSJuXo0/X9LafZlRvYI/AAAAAAAABTY/9Ikx76JSVn8ek-98XGGQdizVqpPOoXIfgCLcBGAsYHQ/s1075/Boulogne%2Bsur%2BMer%2BXVIe%2BI.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="539" data-original-width="1075" height="568" src="https://1.bp.blogspot.com/-JIkHdSJuXo0/X9LafZlRvYI/AAAAAAAABTY/9Ikx76JSVn8ek-98XGGQdizVqpPOoXIfgCLcBGAsYHQ/w1134-h568/Boulogne%2Bsur%2BMer%2BXVIe%2BI.jpg" title="ologna in Francia - Geografia - XVIe siècle - BNF" width="1134" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Bolonia in Francia - Auteur et éditeur anonymes - Geografia - 1549 - Provient de Gallica (BNF) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550000338/f1.item.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></span><br /></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;"></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-CJYrIpW1hUA/X9Lh_VkIGfI/AAAAAAAABTk/J1Tr4PAU7JYx38g_K1c31u_hJcnkr2DkwCLcBGAsYHQ/s862/Carte%2BArtois%2BOpale.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="862" data-original-width="597" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-CJYrIpW1hUA/X9Lh_VkIGfI/AAAAAAAABTk/J1Tr4PAU7JYx38g_K1c31u_hJcnkr2DkwCLcBGAsYHQ/w278-h400/Carte%2BArtois%2BOpale.jpg" width="278" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carte de l'Artois - 1600 - Gallica (BNF) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8441660t/f1.item.zoom#" target="_blank">LIEN</a></b><i><br /></i></td></tr></tbody></table><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">Juillet 1544, dans les dernières années du règne de François Ier... La Neuvième guerre d'Italie fait rage, Henri VIII et Charles Quint s'allient et réunissent une terrifiante armée. Boulogne-sur-Mer et ses habitants, en première ligne en raison de leur proximité géographique avec l'Angleterre, se retrouvent encerclés par vingt-cinq-mille hommes. La Basse-Ville portuaire, où se mêlent marins et commerçants, et la Haute-Ville, fortifiée et fort ancienne, comptent tout au plus quatre à cinq-mille habitants dont une large moitié de femmes, d'enfants et de vieillards. Nous aurions pu croire, à première vue, Boulogne immédiatement perdue. La Basse-Ville, vulnérable, est prise au bout d'une semaine. La situation géographique de Boulogne-sur-Mer l'expose aux plus grands périls : au nord Calais est anglaise, à l'est les Flandres sont aux mains du Saint-Empire, à l'ouest l'Angleterre est toute proche. Seule une route hasardeuse et ténue passant par Montreuil-sur-Mer relie encore Boulogne au royaume de France dont certains s'accordent à dire qu'elle est la dernière frontière, le promontoire, la sentinelle, l'avant-garde. Les Boulonnais, craignant d'ordinaire les "<i>maléfices</i>" de la mer, se retrouvent cette fois confrontés à ceux de la terre. L'effroi devait être grand, et pour cause : depuis l'automne 1543, les armées ennemies dévastaient impitoyablement le Boulonnais. Ni Desvres ni Marquise ne purent se défendre. Prise de panique, la population s'était réfugiée dans les églises, pensant échapper aux exactions des armées. Il n'en fut rien... Villages incendiés, églises dévastées, les campagnes vallonnées du Boulonnais furent couvertes du sang de la population massacrée. Aucun survivant, pas même les enfants, tel était l'ordre de l'infâme Henri VIII. Certains ancêtres qui vivaient alors dans les campagnes réussirent par chance à se cacher. La Haute-Ville de Boulogne est la seule en mesure de résister, derrière sa double-enceinte fortifiée construite trois siècles plus tôt sur d'anciennes défenses romaines, perchée à soix<span>ante mètres de hauteur</span>. La protection de la ville est placée sous le commandement d'Oudard du Biez, maréchal de France, et sous celui du gouverneur militaire Jacques de Coucy. Oudard du Biez, et cette anecdote dont j'ai eu connaissance lors de mes recherches sur le Siège de Boulogne m'a semblé amusante, est apparenté à l'une de mes ancêtres par sa mère Isabeau de Berghes-Saint-Winock, nièce de Marie-Antoinette de Berghes-Saint-Winock, une ancêtre de mon arrière-grand-mère. Les liens entre histoire et généalogie sont parfois infimes, et bien qu'il n'y ait ici pas de rapport direct avec les familles boulonnaises, je m'amuse de ces parentés découvertes au hasard de mes enquêtes. J'ai pu retrouver ce beau portrait du maréchal, toutefois n'oublions pas que lors du Siège de Boulogne Oudard du Biez avoisinait déjà les soixante-dix ans. </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-N_eKNlZMod0/X9L4Nxi18lI/AAAAAAAABTw/DLFUQPolG88uJfk7TU7OfIZWneOhG858wCLcBGAsYHQ/s1184/Oudard%2Bdu%2BBiez.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1184" data-original-width="800" height="658" src="https://1.bp.blogspot.com/-N_eKNlZMod0/X9L4Nxi18lI/AAAAAAAABTw/DLFUQPolG88uJfk7TU7OfIZWneOhG858wCLcBGAsYHQ/w444-h658/Oudard%2Bdu%2BBiez.jpg" width="444" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Oudard du Biez (1475-1553), Maréchal de France - <span class="mw-mmv-source-author"><span class="mw-mmv-source"><a class="external text" href="http://www.themorgan.org/drawings/item/109649" rel="nofollow">The Morgan Library&Museum</a></span></span></span></td></tr></tbody></table>La
Haute-Ville est loin d'être en position de force et ne peut opposer aux
armées anglaises et impériales que mille-huit-cents hommes dont un
tiers de mercenaires italiens. Les fortifications sont jour et nuit bombardées par les féroces canons anglais. Nombre d'habitants sont blessés mais aucun n'est résolu à capituler. La Haute-Ville est historiquement réputée pour être imprenable, ses habitants sont quant à eux connus pour leur hargne, leur acharnement, particularités qui forgent leur identité. Il est important de réaliser que l'emplacement périlleux de Boulogne-sur-Mer en avant-poste littoral et frontalier entre la France et l'Angleterre lui confère des avantages stratégiques considérables. Le commerce y est florissant, notamment celui du hareng. Aussi peut-on lire dans quelques ouvrages d'érudits du XIXe siècle les descriptions suivantes : "<i>C'était le principal point d'embarquement pour l'Angleterre, celui par où se faisait un grand commerce de transit : laines, cuirs, métaux, charbons, fromages, suifs venant d'Angleterre et expédiés sur le continent ; vins de France, blé allant en Angleterre</i> [...] <i>On pêchait, suivant les saisons, des baleines, des mulets, des maquereaux, et dans la Canche des esturgeons, des saumons, des marsouins, ect. Mais la pêche du hareng était la plus fructueuse </i>[...]<i>" </i>Les bénéfices d'un tel commerce permettaient aux Boulonnais d'entretenir les fortifications de leur ville. Ils étaient en contrepartie exemptés de "<i>toute taille, subside ou gabelle</i>" ; la gabelle étant une taxe sur le sel, nul doute que son exemption représentait un réel privilège pour les Boulonnais dans leurs activités commerciales. Jadis, l'Angleterre ennemie concéda également aux Boulonnais des spécificités avantageuses, à l'instar d'une exemption du droit de lestage, qui correspond alors aux droits payés par les navires marchands pour leur chargement. Boulogne est par ailleurs le lieu d'un célèbre pèlerinage qui n'a rien à envier à celui de Lourdes. Erasme lui-même s'y rendit et qualifia l'église Notre-Dame en ces mots : "<i>tout y brille en or, argent et pierreries, en tout ce que vous pouvez imaginer de plus rare et de plus estimé</i>". D'autres évoquent les parfums qui embaumaient les lieux. Mes ancêtres boulonnais, qui vivaient pour la plupart, du peu que les rares archives subsistantes ont pu m'apprendre, dans la Haute-Ville, faisaient justement le commerce de l'or, de la soie, des draps, du vin et de la bière. Beaucoup devinrent ensuite magistrats ou tiraient leurs revenus des domaines qu'ils possédaient dans les campagnes environnantes. Quelques-uns, plus rares, écumaient les mers sur leurs bateaux. Je comprends dès lors pourquoi ils manifestèrent un tel acharnement à résister, à ne pas quitter cette Haute-Ville qui, protégée par d'impressionnantes fortifications, leur assurait sécurité et prospérité, en dépit de l'instabilité et de la vulnérabilité de la région qu'elle surplombait tel un phare devant une mer à la fois nourricière et tumultueuse. Les sources, d'une manière générale, tendraient plutôt à insister sur une loyauté sans faille des Boulonnais envers le Roi, loyauté qui à elle seule suffirait à expliquer l'acharnement des habitants de la Haute-Ville à ne pas céder. Je crois, à mon humble avis, qu'il faut être un plus pragmatique et prendre en considération les atouts commerciaux et les privilèges historiques dont profitaient les habitants de cette citadelle portuaire. Je suis convaincu que si les Boulonnais furent peut-être de fervents défenseurs du royaume, ils étaient davantage encore soucieux de leurs propres intérêts. L'été 1544 voit une population cernée et retranchée dans sa forteresse tout tenter pour conserver la Haute-Ville. Ainsi commença le Siège de Boulogne...<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><br /></span></span><div style="text-align: left;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"></span></span></div></div><div style="text-align: justify;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-PQ842zoeaBc/X9OnmaF5FFI/AAAAAAAABUQ/t5WoDYF2obU41B2HE2U8vquB7skXO1hQwCLcBGAsYHQ/s794/Registre%2Bdes%2Bbapt%25C3%25AAmes%2BBoulogne%2Bsur%2BMer.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="794" data-original-width="697" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-PQ842zoeaBc/X9OnmaF5FFI/AAAAAAAABUQ/t5WoDYF2obU41B2HE2U8vquB7skXO1hQwCLcBGAsYHQ/w351-h400/Registre%2Bdes%2Bbapt%25C3%25AAmes%2BBoulogne%2Bsur%2BMer.jpg" width="351" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Plus ancien registre conservé - 1553 - Boulogne Saint-Nicolas - <b><a href="https://archivesenligne.pasdecalais.fr/console/ir_seriel.php?id=56&p=formulaire_etat_civil">AD62</a></b> <br /></td></tr></tbody></table><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">Plusieurs de mes ancêtres directs vécurent cette guerre dramatique, et bien que les restes d'archives soient extrêmement lacunaires pour cette période - nous y reviendrons un peu plus tard - il m'est apparu intéressant de répertorier et de lister ceux de mes aïeuls du XVIe siècle qui furent les témoins et les acteurs du Siège de Boulogne. Il m'est individuellement difficile de les repérer, à l'exception des Robert de Parenty <i>père et fils</i>, de Nicolas Bouchel et de Robert Mareschal, qui furent échevins de Boulogne-sur-Mer. Outre les Parenty, les Bouchel et les Mareschal, plusieurs autres familles dont je descends ont a fortiori vécu ce siège, à savoir les familles d'Hautefeuille, Evrard, Le Cat, Leclercq, éventuellement les Morant, les Leporcq, les du Fourmanoir, les Mansse et les Marlet, et sûrement d'autres dont je n'ai pas encore retrouvé de traces. Robert de Parenty <i>père</i> est échevin au moment même du Siège. L'ancêtre la plus âgée qui vivait probablement à Boulogne en 1544 aurait été Jehanne Maugis, née aux alentours des années 1470. L'ancêtre la plus jeune fut peut-être, ce n'est là qu'une hypothèse, Jehanne de Lattre, âgée d'environ six ans et petite-fille d'un conseiller du gouverneur de Boulogne, mais rien ne le certifie. Des frères et soeurs d'ancêtres nés un peu plus tard étaient sûrement jeunes en 1544. Quoi qu'il en soit, plusieurs générations participèrent à la résistance boulonnaise - tel est ainsi le nom que je me permets de donner à l'effort de défense courageusement mené par les Boulonnais de la Haute-Ville. D'après les témoins de l'époque, c'est l'ensemble de la population boulonnaise qui prit les armes dès la seconde quinzaine du mois de juillet. Une telle situation de retranchement pose naturellement la question de l'approvisionnement en eau. Cela peut paraître simplet, mais peu de travaux semblent avoir pris en considération cette question. Je ne me suis pour ma part jamais rendu à Boulogne-sur-Mer et ne connais cette région que pour y être passé pour aller en Angleterre, ou l'avoir approchée lors de vacances un peu plus au Sud en Picardie et sur la côte d'Opale. La Haute-Ville, comme son nom l'indique, se trouve en hauteur, entourée de remparts épais que l'on ne peut traverser que par quatre portes fortifiées. D'après ce que j'ai pu lire sur l'histoire générale de Boulogne, il semble qu'il y ait eu de l'eau douce par résurgence et que la Haute-Ville fût apparemment de tout temps approvisionnée. Le Siège dura tout l'été et la situation des Boulonnais empirait de jour en jour. Les canons anglais prirent pour cible l'église Notre-Dame et les défections dans les rangs des mercenaires italiens ne tardèrent pas. Les réserves de grains - dont les Parenty se sont à plusieurs reprises occupés au cours du XVIe siècle - n'étaient pas non plus éternelles. Acharnés coûte que coûte à défendre leur ville, les Boulonnais firent preuve d'un rare entêtement. Voulant éviter un bain de sang, le gouverneur entreprit de négocier une capitulation avec les Anglais. Sitôt avertis, le mayeur Eurvin et les échevins, et notamment Robert de Parenty, se précipitèrent au beffroi pour faire sonner la bancloque, cloche qui faisait en quelque sorte office d'alarme, et réunirent l'ensemble des habitants. L'annonce d'une possible capitulation provoqua la colère générale, les Boulonnais déclarant à l'unisson qu'ils préféreraient "<i>s'enterrer sous les ruines de la ville</i>" plutôt que de l'abandonner. Les Parenty auraient été parmi les plus récalcitrants à l'idée d'une capitulation. La devise de cette famille, apparemment encore de nos jours inscrite sur les murs d'une maison de la Haute-Ville, était d'ailleurs la suivante : <i>Dieu est mon but, pour y parvenir j'endure</i>. La capitulation était toutefois déjà en marche et rien ne put l'arrêter. Elle fut perçue comme une grande honte par les Boulonnais, leur citadelle invincible venait de tomber aux mains de leurs pires ennemis. Dans un geste désespéré, les habitants tentèrent d'emporter avec eux leurs richesses...</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: right;"><span style="font-size: large;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-zIvRQLKI_Es/X9Qn41IXoVI/AAAAAAAABUc/8tzJOEf_1R4UzPo_3_uzXNPURxRbjNW3ACLcBGAsYHQ/s1151/Peste.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="1151" height="501" src="https://1.bp.blogspot.com/-zIvRQLKI_Es/X9Qn41IXoVI/AAAAAAAABUc/8tzJOEf_1R4UzPo_3_uzXNPURxRbjNW3ACLcBGAsYHQ/w640-h501/Peste.jpg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: times;">La peste de Phrygie - Estampe - Marc-Antoine Raimondi, d'après Raphaël - XVIe siècle - Gallica - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69533822/f1.item#" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span><br /></td></tr></tbody></table></span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">Entre deux rangées de l'armée anglaise, les Boulonnais, très précisément mille-cinq-cent-soixante-trois hommes, mille-neuf-cent-vingt-sept femmes et enfants, auxquels s'ajoutèrent cent-cinquante-et-un soldats et blessés ainsi que les magistrats de la ville, soit plus de trois-mille personnes au total, quittèrent Boulogne dans un triste cortège, les uns derrière les autres. La scène fut sûrement traumatisante pour les Boulonnais qui entassèrent tout ce qui pouvait l'être de leurs biens et partirent en exil... Les Anglais ne respectèrent pas la capitulation et les Boulonnais exilés furent la cible de toutes les violences : pillage, vols, viols, leur marche s'avéra extrêmement dangereuse. Et comme si la journée n'avait pas déjà été assez funeste, un terrible orage s'abattit sur ces infortunés qui cherchaient à sauver le peu qui restait de leur fortune. Le Boulonnais était dévasté, les chemins devinrent boueux et les soldats anglais rôdaient. Il est difficile de suivre la trace des habitants par la suite. Beaucoup partirent pour les territoires que l'armée française avait entre-temps récupérés, certains s'arrêtèrent à Montreuil et d'autres tentèrent de rejoindre Abbeville, la Normandie ou la Picardie. La famille Parenty s'entêta cependant à rester près de Boulogne, et parvint tant bien que mal à atteindre Desvres, ou du moins ce qu'il en restait, pour s'y établir temporairement, et ce peut-être en évitant les chemins fréquentés et en passant par les forêts. Robert de Parenty et son épouse Jehanne du Fourmanoir avaient eu à ma connaissance huit enfants : Robert, mon ancêtre, qui n'avait alors que dix-neuf ans, Jehan, résidant "<i>à l'étranger</i>", Jehanne, </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">É</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">léonore, religieuse à Boulogne, Anne, Françoise, Appoline et une sixième fille dont le prénom m'est inconnu. Il semble certain que Robert et </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">É</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">léonore se trouvaient avec leurs parents. Bien que redevenue française, Desvres avait été détruite et pour ainsi dire désertée. Les témoins de l'époque rapportent qu'avec les "<i>débris de sa fortune</i>" Robert de Parenty acheta une petite maison et un jardin entouré de grandes haies ; les uns les situent en plein centre-ville, les autres penchent au contraire pour un lieu à l'écart, au milieu des collines boisées. Mon ancêtre conserva sa charge d'échevin les années qui suivirent, espérant à coup sûr que la situation s'améliore. Le premier réflexe des Anglais qui avaient pris possession de la Haute-Ville fut de détruire toutes les archives de Boulogne, dont les titres qui garantissaient à la ville ses privilèges. Cet acte a des conséquences catastrophiques, comme vous pouvez vous en douter, pour mes recherches généalogiques. Certes, Boulogne est mentionnée dans des archives anglaises et françaises, mais la quasi-totalité de ses propres fonds antérieurs au Siège disparurent ce jour-là. Notre-Dame et les riches demeures de la Haute-Ville furent pillées, les églises saccagées. Il fallut plusieurs années et un nouveau Roi, Henri II, pour récupérer la Haute-Ville au prix d'une rançon considérable. Le gouverneur Jacques de Coucy fut décapité en 1549 pour trahison suite à la capitulation de Boulogne. Le maréchal Oudard du Biez échappa de peu à l'exécution. Emprisonné trois ans et disgrâcié, il mourut peu de temps après. A cette époque-là, les dirigeants ou les responsables pouvaient payer très cher leur incompétence... </span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"> <br /></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">Le 24 mars 1550, la France récupéra Boulogne. Les Parenty furent parmi les premiers à revenir, car mon ancêtre Robert<i> fils</i> y épousa Jehanne d'Hautefeuille en octobre de la même année. Âgé de vingt-cinq ans, il venait de passer six ans séparé de sa ville natale. Les années qui suivirent marquèrent la fin de la présence anglaise en France. Calais devint française en 1558 et les armées anglaises furent chassées du royaume. Boulogne se trouvait cependant dans un état lamentable, tout était délabré, détruit, et l'hygiène déplorable des armées répandit la peste et la lèpre. Les Boulonnais s'attelèrent courageusement à reconstruire la ville qu'ils avaient honteusement été obligés de quitter quelques années plus tôt, et nombre d'habitants semblent être rapidement revenus. Les Parenty prirent activement part à la renaissance de Boulogne. L'un des premiers réflexes des Boulonnais fut apparemment de remettre par écrit leurs privilèges historiques dont les titres avaient été détruits, pour tenter de conserver les atouts commerciaux dont la survie de la ville dépendait. Les échevins s'employèrent à établir une politique de reconstruction ambitieuse et drastique. La sécurité des habitants semble avoir été une priorité - certains, de nos jours, devraient s'en inspirer. Les milices bourgeoises surveillaient les portes et les remparts tandis que les habitants, tenus d'avoir des armes chez eux pour se défendre, se relayaient de jour comme de nuit au clocher de l'église Notre-Dame et en haut du beffroi de l'église Saint-Nicolas pour guetter toute présence ennemie. Cette mesure témoigne de l'ampleur du traumatisme vécu par les Boulonnais lors du Siège de 1544. Au prix d'un effort financier conséquent, les fortifications sont reconstruites. Chaque foyer doit envoyer, chaque semaine, une personne pour participer aux travaux. Nul n'est exempté : nobles, ecclésiastiques, femmes, enfants et vieillards doivent participer. Les rues sont pavées. Autre mesure novatrice, les toitures en chaume sont interdites, remplacées par des toitures en tuiles, afin d'éviter le risque d'incendies, véritable fléau apparemment très redouté dans la Haute-Ville. Je pense pouvoir en partie attribuer, suite à d'autres recherches, cette idée à la famille Parenty. Des échelles, des cordes, des sceaux et des refuges sont par ailleurs aménagés et disposés dans chaque rue. D'un point de vue économique, des foires et des marchés sont organisés, le prix du pain est réglementé, les réserves de blé sont étroitement surveillées. Le commerce du hareng est exclusivement réservé aux Boulonnais, les habitants de la ville sont prioritaires par rapport aux étrangers. Avant d'émettre un quelconque jugement, il faut réaliser que la ville n'avait plus que le commerce pour financer sa reconstruction. Toutes ces mesures sont rapidement mises en oeuvre sous l'étroite surveillance des échevins. Cette volonté de reconstruction ne put toutefois empêcher la propagation de la peste et de la lèpre. </span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"> </span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-oqcsuUxTgC4/X9ROxveW7vI/AAAAAAAABUo/S5IwtqbSdBgYTITECV_O4kz_lvGfj2BwQCLcBGAsYHQ/s922/Phare%2BBoulogne%2Bsur%2BMer.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="922" data-original-width="388" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-oqcsuUxTgC4/X9ROxveW7vI/AAAAAAAABUo/S5IwtqbSdBgYTITECV_O4kz_lvGfj2BwQCLcBGAsYHQ/w270-h640/Phare%2BBoulogne%2Bsur%2BMer.jpg" width="270" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Tour d'Ordre, Boulogne-sur-Mer - Gallica, <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550000338/f1.item.zoom" target="_blank">LIEN</a></b><br /></td></tr></tbody></table>L'une et l'autre frappèrent deux de mes ancêtres. Ce n'était pourtant pas faute de bonne volonté. Les "<i>boues, immondices, cendres et lessives</i>" devaient être isolées dans un endroit spécifique en dehors des maisons et étaient ramassées deux fois par semaine, l'élevage intérieur des porcs était strictement interdit et un hôpital fut construit. Hélas, les deux terribles fléaux sévissaient. De nombreuses personnes eurent le malheur d'attraper la lèpre, et parmi eux Antoinette Leclercq, veuve depuis l'an 1552 de Nicolas Bouchel, ancien échevin. De nombreux travaux historiques citent mon ancêtre, et les sources divergent. Antoinette Leclercq aurait peut-être contracté la lèpre dans les années 1540, pendant ou après le Siège, et en serait décédée en 1554. D'autres sources indiquent qu'elle avait "<i>autrefois</i>" attrapé la lèpre mais qu'elle en semblait guérie. Les lépreux, dont la seule évocation effrayait la population, étaient d'ordinaire envoyés à la Madeleine où ils avaient le droit d'organiser une foire annuelle et de vivre entre eux. A Boulogne, certaines maisons furent construites pour qu'ils puissent y vivre. Antoinette Leclercq obtint le droit, eu égard à son défunt mari, de rester à Boulogne à condition qu'elle vive dans sa maison de la Burière qui, si je ne m'abuse, se trouve dans la Basse-Ville. Elle meurt dans tous les cas en 1554, à l'âge de cinquante-quatre ans, certains affirment qu'elle serait décédée à la Madeleine. Cette malheureuse ancêtre n'a pas eu de chance. Un point m'intrigue cependant : les sources précisent que les "<i>autres bourgeois</i>" atteints de la lèpre sont envoyés à la Madeleine. Pourquoi ne l'aurait-elle pas été ? L'hypothèse selon laquelle elle aurait pu guérir de la lèpre ou du moins être atteinte d'une forme moins sévère apparaît alors plus convaincante. Ne serait-ce pas là le sens qu'il faut donner au mot "<i>autrefois</i>" ? Je suppose que l'Histoire doit garder ses zones d'ombre. Robert de Parenty <i>père </i>fit quant à lui les frais de la peste. Dévoué à aider les malades - il avait été, par le passé, receveur de l'Hôpital de Boulogne - il en fut lui-même atteint. Son dernier testament, qu'il rédige en avril 1553, est précieux car il mentionne chacun de ses enfants et des détails particulièrement intéressants. Robert <i>père</i> lègue à son fils Robert, mon ancêtre, son anneau d'or orné d'une cornaline, une pierre précieuse plus ou moins rougeâtre venant en principe d'Inde ou d'Amérique du Sud. Il lègue à sa fille Anne une grande robe fourrée de noir et à son petit-fils un pourpoint de satin tanné et ses chausses. Ces précisions ont pour moi une grande importance puisque j'ai pu retrouver des modèles de pourpoints similaires, de la même époque, et ainsi m'imaginer plus précisément les vêtements de mon ancêtre. L'héritage comprend également tout un tas de rentes, de droits, de propriétés en dehors de Boulogne, quoique l'essentiel de l'héritage soit résumé par "<i>tous les héritages provenant des prédécesseurs</i>". Il comporte cependant peu de biens matériels. Doit-on entrevoir là les conséquences du Siège de Boulogne ? Les demeures des Parenty, situées dans la Haute-Ville, ont sûrement été pillées par les Anglais. Cet anneau d'or orné d'une cornaline était vraisemblablement un bien important aux yeux de mon ancêtre, et peut-être l'un des seuls qu'il put sauver lors de l'exil qui suivit le Siège. Robert de Parenty <i>père</i> s'éteignit au début du printemps 1553, à l'âge de soixante-huit ans environ. Son fils Robert, mon ancêtre, qui hérita de l'anneau d'or, lui succéda dans ses fonctions. Plusieurs autres ancêtres assez âgés, sans doute durement éprouvés par le Siège et ces années de guerre et d'exil, trépassèrent dans les dix années qui suivirent. Le Roi, qui avait tout intérêt à assurer la prospérité commerciale de Boulogne - ne serait-ce que pour ses harengs - permit à la ville de devenir le siège de la Sénéchaussée, de l'Amirauté et de l'Officialité, qui est le tribunal de l'évêque du diocèse. La ville reprit ainsi une certaine influence. L'acharnement et le courage dont les Boulonnais avaient fait preuve lors du Siège de leur ville parvinrent jusqu'au Vatican et le Pape les récompensa en faisant de Boulogne un important diocèse. Les pleins pouvoirs judiciaires furent octroyés aux échevins - y compris l'application de la peine de mort ou du bannissement. Robert de Parenty <i>fils </i>fut justement de très nombreuses années échevin, parfois continuellement. Il eut plusieurs enfants de ses deux épouses et, je vous en ai fait part voici quelques jours, j'ai retrouvé une peinture sur bois où figure l'une de ses filles. Mais ceci est une autre histoire, et croyez-moi, en 1553, Boulogne n'était pas au bout de ses peines : le XVIe siècle lui réservait de nouvelles guerres et d'autres épidémies.<br /></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><br /></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;">Il y a tant à raconter sur la tulmultueuse histoire de Boulogne-sur-Mer que nous aurions pu y consacrer bien des lignes encore. Ces familles, qui figurent toutes parmi les ancêtres directs de mon arrière-grand-mère paternelle, traversèrent tant de péripéties que leurs vies prirent des allures parfois romanesques. Le ton adopté dans cet article, s'il ne l'est pas complètement, se veut tout de même assez narratif en ce que j'ai tenté de saisir le Siège de Boulogne comme l'aurait fait un témoin, et de comprendre ce que mes ancêtres purent vivre et ressentir. Les faits sont bien-sûr réels, les informations à caractère hypothétique et les possibles questionnements, s'il y en a, sont indiqués. Se questionner sur l'Histoire n'est pas la réécrire, je laisse le soin de la réécriture partiale ou impartiale à certains universitaires experts en la matière. Il y a une information dont je doute, à savoir cette fameuse résurgence qui aurait permis à la Haute-Ville d'être alimentée en eau douce. Ne connaissant pas Boulogne je me suis contenté de cette explication trouvée dans des livres du XIXe siècle, aussi si par un heureux hasard un Boulonnais pouvait me confirmer ou m'infirmer cette hypothèse j'en serais ravi. Je dois admettre être bien chanceux car les fonds et les ouvrages sur la famille de Parenty et sur plusieurs autres familles mentionnées dans cet article, et qui sont mes ancêtres, sont nombreux, même en ligne. Et je suis d'autant plus chanceux que tant d'informations me soient parvenues sur mes ancêtres compte tenu des destructions d'archives engendrées par les guerres dont cette région a si souvent été victime. J'ai déjà abordé le caractère hasardeux et délicat des recherches au XVIe siècle notamment dans <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2019/10/a-la-recherche-des-ancetres-du-xvie.html" target="_blank">cet article</a>, et me réjouis ainsi, un an plus tard, d'avoir retrouvé de nouvelles informations. Les généalogies boulonnaises semblent, en tout cas pour mes ancêtres, remonter particulièrement loin et atteignent aisément le XVIe siècle, si ce n'est le XVe. S'agirait-il d'une particularité régionale ? Cette enquête mêlant histoire et généalogie, bien que je n'en présente ici que quelques aspects - j'ai fait fi du détail militaire, diplomatique, de la poliorcétique, de la reprise de Boulogne et de longues lectures - m'a particulièrement plu. La (re)découverte de l'Histoire par la Généalogie permet d'apporter un regard plus concret et direct sur notre passé. L'Histoire a toujours plus d'intérêt lorsqu'elle concerne nos ancêtres, et peut-être que si les Français connaissaient leurs ancêtres et ce que ces ancêtres ont fait pour protéger leur village, leur ville ou leur pays, ils manifesteraient davantage de considération pour le passé. J'ai été assez exaspéré, je dois le dire, de voir sur twitter des individus déplorer que les Français préfèrent se rendre dans des musées plutôt que d'améliorer leur prétendu piètre niveau de mathématiques. Opposer en permanence le littéraire au scientifique d'une manière aussi caricaturale relève à mes yeux d'une simplicité d'esprit que l'on confondrait presque avec de l'idiotie pathologique. Dire que l'Histoire n'a aucune utilité est particulièrement dangereux. Un peuple qui n'a pas de passé n'a plus de repères et devient manipulable à souhait. Cela vaut pour tous les peuples et pour un peuple dans toute sa diversité. Les sociétés actuelles sont atteintes d'un mal terrible : l'ignorance, la méconnaissance ou la connaissance biaisée du passé. La France tout particulièrement. L'enseignement de l'Histoire est sélectif, conditionné par des idéologies diverses. Vous ne trouverez jamais ou à de très rares occasions des cours sur la résistance des habitants de Boulogne-sur-Mer face aux armées anglaises en 1544. Quel prétexte serait suffisamment légitime pour justifier que des personnages historiques comme le maréchal Oudard du Biez soient rayés de l'Histoire ou si peu étudiés, quand d'autres le sont systématiquement ? Alors je n'attaque personne - sauf les esprits égarés qui déplorent que les Français aillent visiter des musées, eux sont impardonnables - mais je crois qu'il est important de soulever certaines interrogations. Il me semble également primordial de nuancer les stéréotypes dont la période dite de l'Ancien Régime est la cible particulière. Les normes générales ne prévalent que lorsque le sujet reste tout autant général, lorsque l'on parle des masses. Mais les masses n'ont pas de réelle signification en généalogie. Vos ancêtres n'étaient pas des masses, mais des individus comme nous le sommes aujourd'hui. Dès lors que le sujet d'étude est un individu, une famille, les habitants d'un village ou d'une ville provinciale, ces normes sont nuancées par des particularités. Des particularités et des histoires individuelles qui forment autant, si ce n'est même davantage, l'Histoire dont nous sommes les héritiers. Car l'exil vécu par mes ancêtres en 1544, la reconstruction des fortifications qui les entouraient et l'anneau qu'ils ont réussi à sauver ont peut-être eu plus d'importance pour l'histoire de cette partie là de ma famille que je ne sais quelle vérité générale enseignée ou considérée comme une norme, je crois que l'Histoire d'un peuple ne peut être l'histoire des masses. S'intéresser à l'individu, à son parcours et à ses émotions, privilégier une approche humaine ouverte au questionnement plutôt qu'une analyse schématique et très scolaire, quasi-mécanique, donne une autre dimension à l'Histoire. Un dernier point, je me permets d'être très critique à l'égard des politiciens - dans leur ensemble, toute nuance confondue - car leur manque de culture historique est cruel. Or la méconnaissance historique d'un peuple additionnée à celle des représentants de ce peuple conduit à un désastre culturel et civilisationnel. Le passé est une source de leçons autant qu'il est une source d'inspiration. Les mesures prises par les échevins de Boulogne-sur-Mer pour reconstruire la ville sont sûrement plus intelligentes et pertinentes que celles prises par certains maires ou ministres à l'heure actuelle, compte tenu des moyens techniques dont chacun dispose. J'en suis convaincu, l'Histoire n'est en rien inutile ; elle peut le paraître si elle est mal enseignée, présentée de manière tronquée, mais elle est passionnante et inspirante quand elle vous touche directement, qu'elle concerne vos ancêtres, votre village ou votre ville. Sur ce, il est bientôt sept heures du matin - oui, je suis plus éveillé et créatif la nuit que le jour - et je ne me vois pas lister une bibliographie rébarbative maintenant. Dieu sait que je déteste saisir ces bibliographies normées. Toutefois, je vous en fais la promesse, je vous indiquerai d'ici dimanche soir des sources et des lectures sur l'histoire de Boulogne-sur-Mer qui m'ont semblé passionnantes. 2020 n'est certainement pas la meilleure des années, mais 1544 ne le fut pas non plus pour les habitants du Boulonnais. Cela n'enlève rien à la dureté et à la difficulté de 2020, mais peut-être qu'il y a dans le passé des réponses à certaines questions que la société d'aujourd'hui se pose, ou devrait se poser. J'espère simplement, car je sais que plusieurs personnes que je suis et qui me suivent sur Twitter ont été durement éprouvées par l'année actuelle, que 2021 sera plus clémente. La santé reste le bien le plus essentiel, même s'il faut veiller à nos libertés. Et pour ma part, aussi utopique que celui puisse paraître, j'aimerais bien retrouver l'anneau d'or orné d'une coraline qui appartenait à mon ancêtre. Je reste aussi intrigué par cette étrange Tour d'Ordre, ancien phare romain, qui existait jadis à Boulogne. On croirait quelque peu la tour de Babel. Certains ont qualifié Boulogne-sur-Mer de sentinelle, de frontière ultime, d'avant-poste. Je dirais que Boulogne-sur-Mer, capitale de la côte d'Opale, fut le phare le plus avancé de la France. <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/p/sources.html">Sources.</a></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times;"><br /></span></span></div>Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-38498290866510726312020-06-01T05:47:00.001+02:002020-06-03T00:44:45.872+02:00Des Bastide à la famille de Nègre : l'anecdote racontée par Jeanne Bourrel était donc vraie<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Chers lecteurs, j'espère que vous avez traversé sans trop de soucis ces longues et éreintantes semaines d'épidémie et de confinement, qui représentent aussi une opportunité de saisir le cours de l'Histoire dans ce qu'il peut avoir de plus tumultueux. J'ai notamment une pensée pour ceux de mes abonnés Twitter qui ont été touchés par le virus. Je l'ai moi même très probablement eu et m'en suis par chance bien remis. Quelques jours à peine avant que ne soit instauré le confinement, et après être rentré du Portugal - qui est un pays tout à fait charmant, étonnant, où l'omniprésence de l'Atlantique contraste avec l'Espagne plus aride à laquelle je suis habitué - je me suis rendu aux Archives de l'Aude afin d'en apprendre davantage sur les ancêtres méridionaux de mon grand-père maternel. Il est de ces histoires familiales qui, se transmettant au gré des générations successives, s'apparentent au fil des années plus à une légende qu'à des faits réels. Bien souvent, l'origine même de cette histoire, de ce récit ancestral, dont il ne subsiste que quelques mots, est depuis longtemps retombée dans les limbes de l'oubli ; seule perdure une vague certitude, qu'un aïeul répète à ses descendants. C'est ainsi que peu avant ma naissance, mon arrière grande-tante Jeanne Bourrel (1907-1999) - soeur de mon arrière grand-père Pierre Antoine Bourrel (1899-1982) - raconta à ma mère, sa petite-nièce,</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"> lors d'une promenade au château de Chalabre,</span></span> que les Bourrel étaient apparentés aux seigneurs locaux. Mon grand-père a </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">lui-même </span></span>toujours dit que sa famille était originaire de Chalabre et de ses environs, et gardait envers la région du Kercorb un attachement particulier. Pour autant, ma mère était restée plutôt sceptique, n'ayant pas de réelles preuves de ce lien de parenté, bien que sachant pertinemment que nos familles étaient là depuis des siècles. Le nom Bourrel est d'ailleurs emblématique de l'Aude, on en retrouve des traces au Moyen-Âge. Nous n'avions pas davantage enquêté sur la véracité de ce lien de parenté, jusqu'à ce printemps, où les recherches que j'ai menées sur une ancêtre maternelle des Bourrel, Marie-Anne Bastide (1748-1810), ont montré que le récit de tante Jeanne était loin d'être une légende.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-MHj-0IvXXAU/XtOx8m92OlI/AAAAAAAABQI/z4px8GjGsdoIyskbpk7MtXEGN_dd-UULQCLcBGAsYHQ/s1600/Ch%25C3%25A2teau%2Bde%2BChalabre.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1246" data-original-width="982" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-MHj-0IvXXAU/XtOx8m92OlI/AAAAAAAABQI/z4px8GjGsdoIyskbpk7MtXEGN_dd-UULQCLcBGAsYHQ/s640/Ch%25C3%25A2teau%2Bde%2BChalabre.jpg" width="504" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Photographie du château de Chalabre prise par ma mère</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Certaines branches de l'arbre généalogique sont parfois plus aisées à remonter que d'autres, nécessitent des recherches considérables et tel est le cas des Bastide. Au XVIIIe siècle, Chalabre, capitale historique du Kercorb, est une petite ville marchande, prospère, située aux confins méridionaux du Languedoc, à la croisée des paysages pyrénéens et méditerranéens. Loin d'être un village renfermé, Chalabre attire entre ses murs médiévaux sillonnés par trois rivières de nombreux marchands, plus particulièrement des drapiers, la draperie étant</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">, et ce bien avant l'apparition des industries du XIXe siècle,</span></span> au coeur même de la vie économique du Kercorb. Mon ancêtre Françoise Bonet, dite Françoise Moïze, naît au cours de l'été 1780, fille de Moïze Bonet et de Marie-Anne Bastide, sa soeur Jeanne deux ans plus tôt. Je n'avais jusqu'alors retrouvé aucune trace du mariage de leurs parents dans les registres paroissiaux de Chalabre, ni même de Marie-Anne Bastide, ce qui pour être honnête s'avérait, à la longue, quelque peu frustrant. Une seule et unique indication semblait pouvoir orienter mes recherches : les deux soeurs Bonet avait un même parrain, Pierre Bastide, issu d'une famille de maîtres-pareurs de draps installée à Lavelanet. L'ambigüité entre les professions de maître-pareur et de marchand est notable, d'aucuns avancent que nombre de pareurs de draps, puisqu'ils devaient préparer les draps à la commercialisation, jouaient aussi le rôle de marchands. Un doute compromettait cependant mon hypothèse : deux Pierre Bastide vivaient au même moment à Chalabre, et n'étaient pas apparentés. Mes ancêtres, descendants de Moïze Bonet et de Marie-Anne Bastide, ayant été par la suite et pour la plupart chapeliers et cordonniers à Chalabre jusqu'à la fin du XIXe siècle - à la fois artisans et marchands - la piste des pareurs de draps me semblait être la plus probable, d'autant qu'en janvier 1771 Pierre Bastide, veuf de Suzanne Caujole, s'était remarié à Chalabre avec Paule Cambon. Je vous cite l'extrait de l'acte en question : "<i>Les trois bans du futur mariage d'entre le sieur Pierre Bastide pareur de draps veuf de Suzanne Caujole fils légitime du sieur Jean Pierre Bastide aussi pareur de draps et de demoiselle Marie Foüet mariés de Lavelanet</i> [...]". Il me paraissait évident, compte tenu du fait qu'il ne semblait pas exister de preuves concrètes de la présence de Marie-Anne Bastide à Chalabre avant la fin des années 1770, et que d'après son acte de décès elle devait être née au milieu de la décennie 1740, que c'était bel et bien vers Lavelanet, ville de grande importance pour le commerce des draps, qu'il fallait désormais se diriger. Une sorte de cliché plutôt répandu, quelques fois même dans le milieu universitaire, voudrait nous faire croire que sous l'Ancien Régime les gens ne se déplaçaient pour ainsi dire pas, ne sortaient que très rarement de leur village isolé. A mon humble avis, et au regard de ce que la généalogie et la lecture des registres paroissiaux de diverses régions m'ont appris, de nombreuses familles notamment marchandes se déplaçaient de villes en villes pour leurs activités, alternant parfois entre plusieurs endroits.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-hms1k7SFMqY/XtPKA8nLuqI/AAAAAAAABQU/UwwFdd02mDwu_NPA8BtzBL3rgorqkC4XACLcBGAsYHQ/s1600/Mariage%2BBonet%2BBastide%2B1777.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="669" data-original-width="745" height="358" src="https://1.bp.blogspot.com/-hms1k7SFMqY/XtPKA8nLuqI/AAAAAAAABQU/UwwFdd02mDwu_NPA8BtzBL3rgorqkC4XACLcBGAsYHQ/s400/Mariage%2BBonet%2BBastide%2B1777.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Mariage de Moïze Bonet et de Marie-Anne Bastide - 1777 - Lavelanet</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">J'accorde une importance toute particulière à l'intuition, qui plus que la méthodologie m'a souvent permis de retrouver certains ancêtres et de débloquer des ascendances que les registres ne semblaient révéler qu'avec lenteur et parcimonie. Lavelanet, qui existait apparemment avant l'arrivée des Romains et de laquelle Caracalla aurait fait venir des draps jusqu'à Rome, est la capitale du pays d'Olmes. Surplombée par les Pyrénées, son climat est bien plus froid et rigoureux que celui de Chalabre dont elle n'est pourtant distante que d'une vingtaine de kilomètres. Je pris pour point de départ de mes recherches la date du baptême de Jeanne Bonet, survenu en août 1778, pour remonter de manière antéchronologique les registres et retrouver le mariage qui me faisait jusqu'alors défaut. Et ce fut par chance d'une heureuse simplicité puisque ce mariage a eu lieu le 10 février 1777. Une trouvaille d'apparence banale qui nécessita tout de même quelques années de recherches ; personne n'avait d'ailleurs fait le lien entre Lavelanet et les drapiers Bastide présents à Chalabre. Cet acte confirme ma première hypothèse selon laquelle Marie-Anne Bastide est la fille de Jean Pierre Bastide et de Marie Foüet, comme l'atteste l'extrait suivant : "<i>L'an mille sept-cent-soixante-dix-sept et le dixième jour de février, les bans de mariage entre Moyse Bonet </i>[...] <i>de la paroisse de Chalabre âgé d'environ vingt-cinq ans d'une part et Marie-Anne Bastide fille légitime de feu Jean Pierre et de Marie Foüet mariés de cette paroisse, âgée d'environ vingt-quatre ans</i> [...]" Une autre preuve est apportée par les registres de l'insinuation de Chalabre - simple formalité transcrivant l'objet d'une donation ou d'un contrat de mariage, mais fort utile pour mettre la main sur des références d'actes notariés au XVIIIe siècle - auxquels j'ai pu accéder et qui nous renseignent sur les clauses du contrat de mariage. Marie-Anne Bastide fut plutôt bien dotée par ses oncles, et ce mariage a sans doute été profitable à Moïze Bonet, qualifié de maître-cordonnier. Je n'ai pas tardé à retrouver les décès de Jean Pierre Bastide et de Marie Foüet, datés respectivement du 24 janvier 1776 et du 1er décembre 1780 - les hivers étaient alors bien plus meurtriers que les étés - ainsi que l'acte de baptême de Marie-Anne Bastide en juin 1748. Une première certitude était ainsi établie, mais les recherches qui allaient suivre me réservaient quelques difficultés. Pour une raison qui m'est inconnue, et que je peine à m'expliquer d'ailleurs, les registres de Lavelanet concernant la période 1680-1737 ne sont pas présents sur le site des Archives de l'Ariège bien qu'ils existent. Une absence de registres sur plusieurs décennies est un obstacle des plus sérieux pour quiconque cherche ses ancêtres entre le XVIIIe et le XVIIe siècle, d'autant plus lorsque cette recherche est antéchronologique - en remontant littéralement le temps. - J'ai d'abord dû me contenter d'hypothèses, de comparaisons et de croisements. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-rEBKMGcHUEE/XtPdijZZiGI/AAAAAAAABQg/dGxIFUwZMzQVWxUxwTgf4yXL6q3Wb7ljgCLcBGAsYHQ/s1600/Signature%2Bde%2BJean-Pierre%2BBastide%2B1772.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="96" data-original-width="323" height="118" src="https://1.bp.blogspot.com/-rEBKMGcHUEE/XtPdijZZiGI/AAAAAAAABQg/dGxIFUwZMzQVWxUxwTgf4yXL6q3Wb7ljgCLcBGAsYHQ/s400/Signature%2Bde%2BJean-Pierre%2BBastide%2B1772.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Signature de Jean Pierre Bastide - Registres paroissiaux de Lavelanet</td></tr>
</tbody></table>
</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Mes lecteurs les plus fidèles s'en sont sûrement aperçus, j'ai une certaine affection pour les signatures de mes ancêtres qui peuvent, pour les périodes antérieures au XIXe siècle et outre leur caractère éminemment personnel, être d'un grand secours et pallier les agaçantes lacunes des registres. La lecture approfondie des sept-cent-vingt-sept pages du seul registre qui couvre le XVIIIe siècle lavelanétien accessible sur le site des Archives m'a permis d'amasser plusieurs éléments susceptibles de me dévoiler l'ascendance des Bastide. La difficulté tient également aux homonymies et aux alternances de prénoms qui ont tendance à prévaloir dans la famille Bastide. Mon ancêtre Jean Pierre Bastide s'est souvent fait appeler Pierre, il semble qu'il n'ait rajouté "Jean" que pour se différencier de son propre fils Pierre, mais cela n'est pas certain ; et chaque génération compte son lot de Pierre, de Rose et de Paule Bastide. Hasard ou non, deux des soeurs de mon grand-père maternel portaient encore ces prénoms, une soeur de mon arrière-grand-père Pierre Bourrel se nommait aussi Paule. Ces prénoms ont-ils été inconsciemment ou volontairement transmis ? L'oncle ou la tante étant souvent parrain ou marraine, il n'est pas rare d'ainsi retrouver une Rose Bastide tante d'une Rose Bastide elle-même marraine d'une autre Rose Bastide, de quoi donner lieu à quelques imbroglios généalogiques. Quoi qu'il en soit, la signature de Jean Pierre Bastide est suffisamment particulière et remarquable par le signe qui la conclue pour que je puisse reconnaître mon ancêtre. Son épouse, Marie Foüet, a semble-t-il eu l'intelligence de signer, à partir des années 1750, en écrivant à la fois son nom et son prénom. Lire l'ensemble des actes, y compris ceux n'étant liés aux Bastide que de manière implicite, m'a permis d'apprendre que Jean Pierre Bastide avait été procureur à une certaine époque, et qu'il aurait peut-être joué le rôle d'une sorte de garant ou de prêteur d'argent, en plus de son activité dans la draperie. Des renseignements lus sur Geneanet tendent à renforcer cette hypothèse.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-g1V-QePCPyY/XtPrPqmG9uI/AAAAAAAABQs/6YGyHbgR85wcAm3XkuB_g13MbUTCRmZfACLcBGAsYHQ/s1600/Pyr%25C3%25A9n%25C3%25A9es%2BII.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="649" data-original-width="1508" height="273" src="https://1.bp.blogspot.com/-g1V-QePCPyY/XtPrPqmG9uI/AAAAAAAABQs/6YGyHbgR85wcAm3XkuB_g13MbUTCRmZfACLcBGAsYHQ/s640/Pyr%25C3%25A9n%25C3%25A9es%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Vue des Pyrénées ariégeoises depuis l'Aude - photographie prise par ma mère</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Sa présence au mariage de sa soeur Paule Bastide avec François Fonquernie en mai 1754 revêt un grand intérêt en ce que l'acte précise la filiation des Bastide. Jean Pierre Bastide serait le fils de Guillaume Bastide et Jeanne (de) Nègre - l'orthographe varie -, tous deux vivants au milieu des années 1750. A peine quelques mois après ce mariage, Jeanne (de) Nègre, assistant à l'ondoiement d'un nouveau-né, est qualifiée de sage-femme. Guillaume Bastide, qui exerçait la même profession que son fils, trépassa en 1757, âgé d'environ quatre-vingts ans. Je n'avais alors toujours pas accès aux registres manquants pour les trois premières décennies du XVIIIe siècle, lacune assez ennuyante puisque le mariage entre Jean Pierre Bastide et Marie Foüet avait eu lieu, selon l'arbre généalogique en ligne d'un lointain cousin descendant lui aussi des Bastide, en 1735. Ce cousin, que je remercie d'ailleurs chaleureusement, a eu la gentillesse de m'envoyer le contrat de mariage de Jean Pierre Bastide et de Marie Foüet en date du 3 mars 1735, dont voici l'extrait le plus intéressant : "<i>L'an mille sept-cent-trente-cinq, et le troisième jour du mois de mars, l'après-midi </i>[...]<i> furent présents en leurs personnes Jean Pierre Bastide pareur de draps fils légitime et naturel de Guilhaume Bastide aussi pareur de draps habitant du dit Lavelanet et de Jeanne Nègre d'une part, et Marie Foüet habitante du dit lieu, fille légitime de feus Jean Foüet tailleur d'habits et Marie Martín </i>[...]" Sans plus rentrer dans les détails concernant l'ascendance maternelle des Bastide, je me contenterai pour le moment de préciser que Marie Martín, fille de Philippe Martín, avocat et consul de Lavelanet, descend par sa mère des Correjon, une très ancienne famille chalabroise dont j'aurai tout le loisir de vous parler cet été. Petite-fille de Vincent de Correjon, les recherches concernant ses ancêtres m'ont mené jusqu'aux épaisses archives du Parlement de Toulouse.</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VBZUiuJOJ-Q/XtQ7tmoMJtI/AAAAAAAABQ4/u_VVIvN9ZgYTAZ4-XCsDiSypgXpodQQjQCLcBGAsYHQ/s1600/F%25C3%25A9licien%2Bde%2BN%25C3%25A8gre%2B1700.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1094" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-VBZUiuJOJ-Q/XtQ7tmoMJtI/AAAAAAAABQ4/u_VVIvN9ZgYTAZ4-XCsDiSypgXpodQQjQCLcBGAsYHQ/s640/F%25C3%25A9licien%2Bde%2BN%25C3%25A8gre%2B1700.jpg" width="435" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Décès de Félicien de Nègre - 1er juin 1700 - Prades, Pyrénées-Orientales, AD11, 66J</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Ayant ainsi la confirmation que Jean Pierre Bastide était bien le fils de Guilhaume Bastide et de Jeanne Nègre, de Nègre ou Negré - choisissez la variante que vous préférez, pour ma part seule Negré me déplaît car Nègre est l'orthographe d'origine -, le chemin du XVIIe siècle s'ouvrait désormais et s'annonçait fructueux. Jean Pierre Bastide, mort à l'âge de soixante-cinq ans en 1776, devait être né vers 1711 ; sa soeur Paule vers 1726, et leur père, mort en 1757, vers l'an 1677. De telles estimations laissaient à supposer que Jeanne de Nègre était plus jeune que son mari, et que le mariage avait sûrement eu lieu au plus tôt en 1700. En adhérant à l'EGMT - Entraide Généalogique du Midi Toulousain - idée qui me trottait déjà dans la tête depuis quelque temps, j'ai pu accéder aux registres manquants du site des Archives de l'Ariège. Entre-temps, l'acte de mariage de Guilhaume Bastide et de Jeanne de Nègre m'avait déjà été transmis. Daté du 16 février 1711, il n'y est fait aucunement mention des parents des époux, mais les paroisses dont ils sont originaires sont fort heureusement précisées. J'apprends ainsi que Jeanne de Nègre - qui s'appelait bien de Nègre - est native de Belcaire, village perché aux confins montagneux de l'Aude et de l'Ariège. L'un des témoins de ce mariage, Lazare Martín, n'est autre que le frère de mon ancêtre Marie Martín ; j'en déduis que toutes ces familles se connaissaient déjà. Je quittais Lavelanet pour revenir dans la Haute-Vallée de l'Aude, avec le secret espoir de mettre la main sur un contrat de mariage m'indiquant les parents respectifs des époux, ce qui, car j'ai été plutôt chanceux lors de ces recherches, fut le cas. Ayant accédé à cet acte grâce aux relevés de l'EGMT, je ne suis pas sûr qu'il me soit possible de diffuser l'image ici. A défaut, en voici les références précises : <i>liasses notariales de Me François Fourié, notaire à Belcaire de 1699 à 1740, minutes de la période 1705-1714, côte 3E6769 - oui, le classement des archives prend parfois des airs de KGB...- trois cent cinquante-cinquième page, janvier 1711</i>. L'importance de cet acte est décisive puisque la filiation des époux y est attestée : Guilhaume Bastide est le fils de Jean-Pierre Bastide et de Marie Arnaud, maîtres-pareurs de draps de Lavelanet, Jeanne de Nègre celle du défunt Félicien de Nègre, issu d'une famille de la noblesse audoise, et de Paule Cazal, qui la suivit à Lavelanet. Si j'ai pris le soin de récupérer dans les registres paroissiaux de Belcaire quelques actes supplémentaires, j'ai aussi et surtout puisé l'ensemble de mes informations dans le fonds d'archives 66J des archives de l'Aude, consacré à la famille de Nègre et à ses ancêtres, et qui a fait l'objet d'un travail de classification et de répertorisation par le personnel des Archives. En réalité, me doutant bien avant d'accéder au contrat de mariage de 1711 que Jeanne de Nègre était issue de la famille du même nom, je me suis rendu aux archives de l'Aude peu de temps avant le confinement. Avec ma mère, que je remercie pour son aide dans la photographie des documents des archives, nous avons ainsi eu la joie de découvrir à Carcassonne d'innombrables documents dont certains extrêmement anciens concernant nos ancêtres. Nous devons avoir deux ou trois-cent pages photographiées, dont certaines qu'il me faut encore trier, livrant chacune de précieux renseignements sur cette famille qui, de ce que j'ai pu lire çà et là, descendrait à l'origine d'espagnols ayant pris part à la Reconquista au XIe siècle, installés par la suite au Pays de Sault. Il furent propriétaires du château des Nègre d'Able, dont les ruines existent encore à Belvis, et se virent confier la protection et le gouvernement militaire du bailliage royal de Sault, longtemps dernière frontière entre les royaumes de France et d'Espagne. L'ascendance de Félicien de Nègre n'a pas été difficile à reconstituer à partir des documents retrouvés dans la série consacrée aux Archives, d'autant que l'inventaire de cette série comprend déjà la trame essentielle pour établir son arbre généalogique. J'ai tout de même souhaité vérifier une à une ces informations, pour obtenir la filiation suivante : Félicien de Nègre, plus connu sous le nom de Sieur de la Serre, était l'un des fils de Jean de Nègre et de Madeleine de Couderc, le petit-fils de Pierre de Nègre et de Raymonde de Germa, l'arrière petit-fils de Pierre de Nègre et d'Angeline de Gayraud, et l'arrière-arrière petit-fils d'Antoine Ier dit Thonet de Nègre et de Jeanne de Lévis, issue d'une branche de la noble et très ancienne maison de Lévis ; cela explique à coup sûr le lien de parenté que mon arrière grande-tante Jeanne Bourrel a mentionné à ma mère.<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"> </span></span></span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-tbdLNlNTVkE/XtRWGph6U8I/AAAAAAAABRI/_stt_P7brrUfnk0Y1L3VnKhHZGQyfXktwCEwYBhgLKs0DAL1OcqyuicgrHmftjhG1KRECtqypIyC1e_R69RaZjf9-3JBkVgEN6TmSB5jRgNJdSwuXXwDJCPbmPvP1EUq-K-_geQ7-75mQrcwnW0byXod0iq5O-GVrqwQWF6R-fL5PRh_fPOE-7LGqvD6ETcwoiH8OwKIBW5dFdHt7znN6zOhFv9hM30ftikukPaDbzuQYWePVMgteA_k7SJX_Z1RVPyHCMbRVmU9LH_A4t8JkEr5CzAfoiCSOB4FHfziJhuGioxcH59HOnDbE4YnWn1SLaV5aNCGM36eCoc2QmpnN9PvQopim2ZXgpU9Hl6zUEXcGZ6vpd5s2NFBdAI4T8vgnXFzdcQADyrEx1HgNBBAr5psfhuCUfsI3wwmBL04-pXOILwHLHx_4pdF3s3EQu0Mc4QMDCZtbGz-eK76ZrcxCvMSLRv8LCR0cVUVJRjvhuqGYMcIp7vEyQlAnl6d4NK5sS7uqbyDIy_RdYG0GcbErWGD4IsJgQqsNPKnvNMtB5nU7xZ41sC6PC3wYGu6yB8vDR65oa9aZvq8BB_iibTuN2L4OyylA18y3ShpLGetrROkzptvS5EgRnPfkhKvx2PoNJ53rlAjeca4ZIRw9-CIwlrfR9gU/s1600/Pierre%2BAntoine%2BBourrel%2Bportrait.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="562" data-original-width="437" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-tbdLNlNTVkE/XtRWGph6U8I/AAAAAAAABRI/_stt_P7brrUfnk0Y1L3VnKhHZGQyfXktwCEwYBhgLKs0DAL1OcqyuicgrHmftjhG1KRECtqypIyC1e_R69RaZjf9-3JBkVgEN6TmSB5jRgNJdSwuXXwDJCPbmPvP1EUq-K-_geQ7-75mQrcwnW0byXod0iq5O-GVrqwQWF6R-fL5PRh_fPOE-7LGqvD6ETcwoiH8OwKIBW5dFdHt7znN6zOhFv9hM30ftikukPaDbzuQYWePVMgteA_k7SJX_Z1RVPyHCMbRVmU9LH_A4t8JkEr5CzAfoiCSOB4FHfziJhuGioxcH59HOnDbE4YnWn1SLaV5aNCGM36eCoc2QmpnN9PvQopim2ZXgpU9Hl6zUEXcGZ6vpd5s2NFBdAI4T8vgnXFzdcQADyrEx1HgNBBAr5psfhuCUfsI3wwmBL04-pXOILwHLHx_4pdF3s3EQu0Mc4QMDCZtbGz-eK76ZrcxCvMSLRv8LCR0cVUVJRjvhuqGYMcIp7vEyQlAnl6d4NK5sS7uqbyDIy_RdYG0GcbErWGD4IsJgQqsNPKnvNMtB5nU7xZ41sC6PC3wYGu6yB8vDR65oa9aZvq8BB_iibTuN2L4OyylA18y3ShpLGetrROkzptvS5EgRnPfkhKvx2PoNJ53rlAjeca4ZIRw9-CIwlrfR9gU/s320/Pierre%2BAntoine%2BBourrel%2Bportrait.jpg" width="248" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Pierre Antoine Bourrel, arrière-grand-père maternel</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La
véracité de ce récit, même s'il fut raconté sous la forme d'une
anecdote lors d'une promenade, pose naturellement la question de la
transmission généalogique : que nos ancêtres connaissaient-ils de leurs
propres ancêtres, et de quelle manière la transmission d'un certain souvenir a pu être possible sur plusieurs générations ? Mon arrière grand-père maternel Pierre Bourrel (1899-1982), sa soeur Jeanne (1907-1999) et leurs huit autres frères et soeurs - Alfred, Joséphine, Lucienne, Marc, Hortense, Marie-Louise, Paule et le dernier, Jean-Baptiste, qui a vécu jusqu'en 2012 ; ils étaient dix enfants dans cette famille, et c'est là le record de mon arbre généalogique - descendent des Bastide, des Nègre et de Jeanne de Lévis par leur mère Marie Vassal (1876-1956), dont la mère Françoise Roussel (1847-1929), était l'unique fille de Vincent Roussel (1818-1905), lui-même fils de Françoise Bonet (1780-1836) et par conséquent petit-fils de Marie-Anne Bastide (1748-1810), qui est, si vous avez suivi le fil de cet article, la petite-fille de Jeanne de Nègre. Cette liste filiative, certes un peu rébarbative, permet d'entreprendre une analyse des chaînes de transmission des souvenirs familiaux. L'élément central est pour moi Vincent Roussel. Né en 1818, il est le petit-fils de Marie-Anne Bastide qui a connu sa propre grand-mère Jeanne de Nègre ; certains de ses grandes-oncles étaient encore en vie dans les premières décennies du XIXe siècle. En vivant lui-même jusqu'en 1905, il eut sûrement la possibilité de transmettre à sa fille, à sa petite-fille et même à certains de ses arrière petits-enfants ce qu'il savait de l'histoire familiale. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un hasard. Il y a, dans la famille de mon grand-père maternel, une transmission partielle, presque inconsciente mais bel et bien existante d'un certain souvenir du passé, que ça soit par l'intermédiaire de traditions, de superstitions, de proximité avec certains lieux, de relations amicales ou conflictuelles avec certaines familles. <span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">S'il y a bien quelque chose que mon grand-père a conservé de ses ancêtres, c'est avant tout le sentiment d'être de Chalabre et de sa région même si des apports extérieurs et ibériques sont intervenus, et sans pour autant connaître le détail de sa généalogie. J'avance cette hypothèse car elle me semble la plus probable, après-tout, en me racontant une multitude d'anecdotes sur les familles chalabroises, mon grand-père m'a à sa façon transmis une connaissance particulière de la généalogie du Kercorb, région aussi appelée Terre privilégiée.</span></span></span></span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-418-gHz6Yj4/XtRk7ejZIHI/AAAAAAAABRQ/ApumsziO4z4jCD245o_guaAjx4fxJfwPgCLcBGAsYHQ/s1600/Ch%25C3%25A2teau%2Bde%2BChalabre%2BII.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="375" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-418-gHz6Yj4/XtRk7ejZIHI/AAAAAAAABRQ/ApumsziO4z4jCD245o_guaAjx4fxJfwPgCLcBGAsYHQ/s400/Ch%25C3%25A2teau%2Bde%2BChalabre%2BII.jpg" width="300" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Le château de Chalabre photographié par ma mère</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Se pose enfin la question du rapport à une généalogie directe qui remonte au Moyen-Âge et aux familles qui ont fondé la bastide de Chalabre. J'observe, non sans amusement, pas mal de gens s'enorgueillir d'avoir tel ou tel ancêtre, et je conçois tout à fait que chacun ait son propre rapport à la question. Les titres et distinctions qu'ont pu avoir certains ancêtres m'intéressent bien peu, le fait même d'avoir des ancêtres nobles à une certaine époque ne me semble en rien exceptionnel - d'autant que j'en ai également trouvé dans mes ancêtres paternels. - En revanche, la perspective de pouvoir remonter mon arbre généalogique jusqu'au Moyen-Âge, de confirmer que les Bourrel sont des descendants directs de familles qui ont pris part à l'Histoire, à une échelle locale ou plus large, d'ainsi découvrir de très anciens documents dont de magnifiques parchemins, de réaliser, lorsque je me promène dans les ruines des châteaux surplombant les montagnes de la région, que certains de mes ancêtres y vécurent un jour et que le lointain souvenir du lien avec ces ancêtres a quelque peu survécu aux siècles pour arriver jusqu'à nous me semble en tout point fascinante. Bien plus que leurs titres, c'est selon moi leur ancienneté historique et généalogique qui donne tout leur intérêt aux ascendances nobles. Vous l'aurez constaté, cet article est empreint d'une certaine rigueur parfois rébarbative, un peu comme une démonstration ; une rigueur qui me semblait importante car comme je compte consacrer d'autres articles aux familles présentées ici et aux nombreux documents les concernant, il me semblait nécessaire d'en préciser la structure, les liens de parenté et surtout les recherches qui m'ont permis de remonter les générations, pour, à partir d'une simple phrase racontée par mon arrière-grande-tante, retrouver une partie de l'histoire de la famille de mon grand-père maternel. J'ai réalisé ces recherches au cours des quatre derniers mois en plusieurs phases simultanées dont j'ai essayé de vous retracer l'essentiel ici. Ces recherches ont été longues et laborieuses, ont fait appel à des sources aussi diverses que nombreuses - registres paroissiaux, actes notariés, administratifs, articles, ouvrages, inventaires, relevés d'associations, documents d'archives rares et partage d'informations avec de lointains cousins - aussi il aurait été bien trop long, ennuyant et inutile de les détailler pas-à-pas. Pour être plus clair, j'ai mené cette enquête un peu comme un puzzle dont la dernière pièce manquante, à laquelle j'ai eu accès il y a peu, était ce fameux contrat de mariage entre Guilhaume Bastide et Jeanne de Nègre. A mesure que les pièces s'emboîtaient les unes dans les autres, le résultat final semblait évident. Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont facilité à leur manière ces recherches : ma mère, qui m'a notamment aidé à photographier les documents parfois très fragiles aux Archives, le personnel des Archives de l'Aude dont les conseils sur le maniement de documents très anciens ont été d'une grande utilité, mon lointain cousin descendant des Bastide qui a partagé avec moi des informations et m'a fait gagner un temps considérable, ainsi que les membres de l'EGMT qui m'ont permis de consulter des documents absents des archives en ligne, et sans oublier mon arrière grande-tante Jeanne, qui par une simple anecdote racontée au hasard d'une promenade nous a inconsciemment transmis le souvenir d'un lien très ancien avec nos ancêtres. J'ignore le nombre de descendants des familles citées dans cet article ; je sais qu'il y en a pas mal des Bourrel et des Vassal dans l'Aude ; il me semble que les Bastide ont eu des descendants dans la région puis en Algérie, quant à la famille de Nègre je sais qu'elle s'est divisée en plusieurs branches. Cet article fait office d'introduction à tous ceux, plus libres, qui concerneront les Bastide, la famille de Nègre et ses ancêtres, les Correjon et alliés. Je peux fournir l'ensemble des documents prouvant la filiation entre Marie-Anne Bastide et la famille de Nègre jusqu'à Antoine Ier de Nègre et Jeanne de Lévis, à l'exception de documents provenant de relevés faits par des associations que, si mes souvenirs sont bons, je n'ai pas le droit de diffuser. Je réserve par ailleurs mes informations aux personnes descendant des familles citées dans l'article. Nous sommes le 1er juin, soit trois-cent-vingt ans </span></span></span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">jour pour jour, et c'est un hasard, </span></span></span></span></span>après le décès de Félicien de Nègre - voir l'extrait d'acte un peu plus haut dans l'article, qui, se trouvant dans les archives de la famille de Nègre, m'a épargné les registres écrits en catalan -. Mon anniversaire est demain et compte tenu du contexte il ne m'est hélas pas possible de voyager comme l'an dernier, mais j'espère y remédier dès que cela sera possible. Et puis, si vous voulez mon avis, la généalogie est une passion idéale pour survivre au confinement. A bientôt !</span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></span></div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-42639192499245917692020-01-03T04:36:00.001+01:002021-09-25T18:18:03.210+02:00Tests ADN et généalogie : d'où viennent mes ancêtres ? Mon expérience personnelle<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-0rH5sUwiXhY/XgzR-ac-FsI/AAAAAAAABIk/ibOs1Hjbp88DNi5u3sWqJIvmw2iUp0pKACLcBGAsYHQ/s1600/Carte%2Bdu%2Bmonde.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="381" data-original-width="1091" src="https://1.bp.blogspot.com/-0rH5sUwiXhY/XgzR-ac-FsI/AAAAAAAABIk/ibOs1Hjbp88DNi5u3sWqJIvmw2iUp0pKACLcBGAsYHQ/s1600/Carte%2Bdu%2Bmonde.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Carte du monde vers l'an 1519 - Fac-similé manuscrit (1843) - Jorge Reinel (1518-1572) et Otto Progel (1815-1887) - Provient de Gallica (BNF) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b59055673/f1.item.r=carte%20du%20monde.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></span></span></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Quiconque s'adonne à la généalogie tente de reconstituer les sinueux chemins empruntés par ses ancêtres, remonte en sens inverse les années pour entrevoir ce qui peut encore l'être d'époques passées, s'approcher au plus près de temps révolus, et si de précieuses archives subsistent pour mieux l'orienter dans ses recherches, elles ne peuvent l'aiguiller que sur un plan historique, limité de surcroît. Je m'estime déjà très chanceux d'avoir pu suivre la trace de mes ancêtres récents et plus lointains, pour certains jusqu'aux abords du Moyen-Âge. J'ai encore une multitude de recherches à effectuer, d'archives à déchiffrer et d'énigmes à élucider. Sur un plan historique, certes, la généalogie me permet d'en apprendre beaucoup sur mes ancêtres, du moins bien plus que je ne l'aurais imaginé une décennie plus tôt. Mais elle ne peut pour autant répondre à cette simple question : de quels peuples suis-je le descendant ? Elle en soulève parfois d'autres. Ma grand-mère paternelle avait-elle bien les origines italiennes qu'on lui attribue, et qui, en dépit de quelques indices, n'ont pu être précisément définies ? Mes ancêtres maternels, à cheval entre l'Espagne et la France, sont-ils ibères ? Pourquoi se rendaient-ils à chaque génération en Provence où ils avaient toujours un cousin ? Ceux de mes ancêtres qui vécurent dans les ports du Nord-Ouest trouvent-ils leurs racines outre-Manche ? Il y a dans ces interrogations quelque chose de philosophique, car elles touchent à notre héritage à la fois historique et génétique, à notre identité, à ce que nous sommes. Nous habitons tous une belle et vaste Terre, riche d'une incroyable diversité de peuples. Lesquels d'entre-eux ont plus profondément façonné notre héritage ancestral, légué leur empreinte génétique jusqu'à nous ? Je ne suis sûrement pas le seul à m'être posé cette question, et je ne prétends pouvoir y répondre pleinement. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-FhyZ0GtqEcg/Xg0q--WcvGI/AAAAAAAABI0/9IX9rCisw8wj1FTYMCzbvlVilm1MqRnZQCLcBGAsYHQ/s1600/Boussole.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="612" data-original-width="518" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-FhyZ0GtqEcg/Xg0q--WcvGI/AAAAAAAABI0/9IX9rCisw8wj1FTYMCzbvlVilm1MqRnZQCLcBGAsYHQ/s320/Boussole.jpg" width="270" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Boussole - Jean-Jacques Lequeu - Gallica (BNF) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7703639f/f1.item.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">De nos jours, les moyens technologiques et scientifiques permettent, dans une certaine mesure, d'ouvrir la généalogie classique à un horizon plus large et apportent de nouvelles informations qui, si elles doivent bien-sûr être nuancées, sont loin d'être inutiles. J'ai eu vent, il y a deux ans, de la possibilité d'effectuer des tests ADN pour en apprendre davantage sur ses origines. Possibilité toutefois illégale dans l'Hexagone, la France étant le seul pays d'Europe avec la Pologne à interdire ces tests. Plutôt ouverts et curieux dans ma famille, nous avons choisi de sauter le pas. Leurs résultats pourraient, telle une boussole providentielle, nous orienter quelque peu sur les chemins empruntés par nos ancêtres. Ces tests étant pour l'instant interdits en France, je ne conseille ou ne déconseille à qui que ce soit de les faire et laisse chacun d'entre vous se fier à son libre arbitre et à sa curiosité personnelle. D'autres ont déjà a pas mal planché sur la question, et je leur laisse volontiers cette tâche. Mon rôle n'est pas de pondre un énième plaidoyer, un énième réquisitoire, et je ne prétends pas qu'une telle tâche m'incombe. En revanche, j'ai à coeur de partager avec ceux qui s'affranchissent des insipides polémiques que suscitent en France ces tests l'interprétation que j'ai faite de leurs résultats, les découvertes généalogiques qui ont découlé d'une telle démarche et les réactions parfois parfois surprenantes que je me suis plu à observer.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Z07EpGKK4Qk/Xg0zpD-KpCI/AAAAAAAABJA/-Ye-AAtKVgw3hDdO4_zEldTA6xiKg11AwCLcBGAsYHQ/s1600/Carte%2BM%25C3%25A9diterran%25C3%25A9e.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="681" data-original-width="1483" height="292" src="https://1.bp.blogspot.com/-Z07EpGKK4Qk/Xg0zpD-KpCI/AAAAAAAABJA/-Ye-AAtKVgw3hDdO4_zEldTA6xiKg11AwCLcBGAsYHQ/s640/Carte%2BM%25C3%25A9diterran%25C3%25A9e.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Atlas nautique de la Méditerranée - 1630 - Fonds régional PACA - Bibliothèques de Marseille - Gallica (BNF) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10100002t/f1.item.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Ma grand-mère et mes parents - pour ma part je compte le faire dans les prochains mois - ont ainsi chacun effectué ces tests ADN auprès d'une entreprise mondialement connue. Les résultats sont arrivés quelques semaines plus tard, et pour plus de précision je me suis adressé à deux ou trois autres entreprises très connues, soucieux de voir si les estimations des uns et des autres concordaient. En dépit de quelques variations, nous avons reçu des estimations très similaires. J'insiste dans un premier temps sur l'importance des termes estimations et variations. Les résultats fournis par les tests ADN autosomaux - prenant en compte les gènes transmis tant par les ancêtres paternels que maternels - sont présentés sous la forme de pourcentages indiquant une proximité plus ou moins forte avec telle ou telle ethnie, ou plutôt avec telle ou telle zone géographique. Pour être honnête, je ne pense pas qu'un chiffre puisse définir entièrement une origine, ce serait, pour le littéraire rêveur non-pragmatique et peu adepte du raisonnement scientifique que je suis, une aberration. Force est de constater que, comme il y a dans le cas de ma famille une concordance entre les estimations de chaque entreprise, ces chiffres, telles les aiguilles d'une boussole, pour reprendre cette métaphore que j'affectionne, ont tout de même un sens. Alors, roulement de tambour... Ma grand-mère est ibère, ma mère l'est encore davantage, toutes les deux ont des ancêtres finlandais, mon grand-père devait par ailleurs descendre de quelques vikings passés par là. Mon père est quant à lui pour moitié anglais, pour moitié italien, balkanique et turc - byzantin en quelque sorte - avec des ancêtres slaves et moyen-orientaux. Une fois passée la joie de découvrir ces estimations vient le temps de l'interprétation, laborieuse et progressive. J'ai longuement lu sur le sujet, d'innombrables études faites sur les origines de chaque peuple en question, j'ai écumé les discussions passionnées des forums de généalogie génétique où les gens débattent de leurs estimations, puis je me suis penché vers les calculateurs de Gedmatch pour tenter de préciser, dans la mesure du possible, ces chiffres.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-TCHzVcO8Bhk/Xg1Auz8H0NI/AAAAAAAABJM/LgGgxXVvWzs8F5GgmByjNTQi_cM-FUNhACLcBGAsYHQ/s1600/Pomp%25C3%25A9i.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="928" data-original-width="556" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-TCHzVcO8Bhk/Xg1Auz8H0NI/AAAAAAAABJM/LgGgxXVvWzs8F5GgmByjNTQi_cM-FUNhACLcBGAsYHQ/s400/Pomp%25C3%25A9i.jpg" width="238" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Pompei - Photographie personnelle - 2018</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Lorsque j'ai visité Pompei, plus que subjugué par la beauté et l'émouvant réalisme des lieux, j'ai éprouvé une sorte de fascination pour les somptueuses fresques, me demandant si l'une des personnes représentées pouvait être mon ancêtre très lointain. Et ce n'est peut-être pas impossible, finalement ! Trêve de plaisanterie, il y a bel et bien du sang italien qui coule dans mes veines. Je vous en faisais part un peu plus haut, l'Italie est l'une des principales origines géographiques estimées pour mon père, à 41,5% si vous aimez les chiffres. A cette estimation les optimistes répondront que mon père est à moitié italien, les pessimistes que ça ne prouve rien. Ma grand-mère paternelle aurait eu, par son père au moins, des ancêtres italiens, bien que picarde de naissance. Deux de ses arrière-arrière-grands-pères, inconnus en raison de relations hors mariage, sont supposés italiens. Regina, Luce, Angelina, Maria, les prénoms de ses tantes et de ses grandes-tantes n'étaient pour moi pas apparus par hasard, ou en raison d'une éventuelle et hasardeuse mode comme quelqu'un avait voulu me le faire croire. Les chiffres n'ayant pourtant que peu d'importance à mes yeux, une autre preuve me semblait nécessaire. Une preuve que constituent les correspondances ADN. D'autres l'ont sûrement dit avant moi, l'intérêt peut-être majeur de ces tests réside en la possibilité qu'ils offrent de retrouver des correspondances ADN, qui sont tout simplement des personnes avec qui l'on partage des segments d'ADN exprimés en centimorgan - que j'ai bêtement pris pour des centimètres au départ...-, un certain pourcentage de parenté et, en somme, des ancêtres communs plus ou moins lointains. Je n'ai choisi de me concentrer que sur les correspondances les plus proches, avérées, indiquant au plus loin un arrière-arrière-arrière-grand-parent commun avec mon père, correspondances parmi lesquelles figurent plusieurs italiens dont les arbres généalogiques accessibles en ligne indiquent qu'ils sont totalement d'ascendance italienne pour les siècles les plus récents. J'y travaille encore, mais il semble a priori que l'on puisse déterminer, en tenant compte des noms de famille communs aux ancêtres de plusieurs de ces personnes et de leurs régions d'origine, ainsi que des degrés de parenté induits par l'ADN partagé, deux apports italiens au XIXe siècle, l'un vers la Toscane, l'autre dans les régions méridionales. Là où les archives ne pouvaient guère hélas me permettre de retrouver les deux ancêtres manquants, l'ADN s'est avéré d'une grande utilité. J'ai maintenant la certitude que ma grand-mère paternelle avait des ancêtres italiens, et que si sa tante se nommait Regina ce n'est pas le fait d'une hasardeuse mode. Ma mère a aussi, selon l'ADN, quelques ancêtres italiens, dans des quantités moindres et plus lointaines, apport sûrement explicable par le fait que les ancêtres de mon grand-père maternel sont originaires de régions méditerranéennes. L'une de ses ancêtres s'appelait Jeanne Apostoli, et ce nom a pour moi une sonorité italienne. Puisque généalogie génétique et historique sont à mon avis intimement liées, je compte désormais étudier la population des lieux où vécurent les ancêtres de ma grand-mère paternelle pour voir si des familles italiennes, ou même des hommes italiens de passage, ne s'y seraient pas installés au milieu du XIXe siècle, et si par chance un nom coïnciderait avec ceux des ancêtres de mes cousins italiens. Pour l'anecdote, les calculateurs de la base de données génomiques Gedmatch, accessibles en ligne et pour lesquels il faut préalablement avoir effectué un test ADN et téléchargé les données brutes fournies, s'accordent pour indiquer une parenté entre mon père et, d'une part les toscans, d'autre part les siciliens. S'il est vrai que chaque estimation reste à nuancer, toutes semblent tout de même converger vers une origine commune. Une autre entreprise à qui j'ai demandé l'analyse des résultats a quant à elle proposé une zone englobant l'Italie du Sud, la Sicile et la Grèce plutôt que l'Italie du Nord. Pour connaître un peu les deux parties de l'Italie je préfère, honnêtement, le Nord, mais ces recherches me donnent maintenant envie de retourner dans le Mezzogiorno. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-p0gPUdK9rOI/Xg1UCW5IocI/AAAAAAAABJY/S9XK0NiJkeQUM-KEcPod-smuAcv10YojACLcBGAsYHQ/s1600/Cousin%2Bcousine.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="598" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-p0gPUdK9rOI/Xg1UCW5IocI/AAAAAAAABJY/S9XK0NiJkeQUM-KEcPod-smuAcv10YojACLcBGAsYHQ/s320/Cousin%2Bcousine.jpg" width="318" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><i>Cousin Cousine</i> - A. Choubrac - 1893 - Gallica (BNF) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9015675x/f1.item.r=cousin.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">L'importance des correspondances ADN s'avère ainsi décisive, bien que la fréquence de ces dernières soit relative. Si des centaines de milliers de personnes ont déjà effectué des tests ADN, de très nombreuses autres ne l'ont pas fait, ou ne l'ont pas fait faire par la même entreprise. Le principe est similaire à celui de la loterie, vous pouvez avoir peu ou beaucoup de cousins, et en aurez forcément plus à mesure que le temps passe car les bases de données s'agrandissent chaque jour. La quantité n'est pas forcément ce qui prévaut et ma grand-mère maternelle a ainsi eu la surprise de retrouver par ces tests ADN les descendants de sa tante paternelle, perdus de vue et dont nous ne connaissions pas même les noms. Je suis depuis en contact avec l'arrière-petit-fils de la tante de ma grand-mère, qui est en conséquence mon cousin en termes de génération. Nous sommes tous les deux des arrière-arrière-petits-fils d'Honoré Julien Laffargue et d'Euphrasie Payros, qui étaient encore en vie à l'aube des années 1950. Une telle démarche peut être inversée. Mon père et l'une de ses cousines, également passionnée de généalogie et qui a fait les tests ADN, sont bel et bien apparentés. Qu'en est-il des correspondances plus lointaines, avec lesquelles la parenté génétique est inférieure à 0.5% ? Ayant lu à ce sujet des opinions fort négatives, et voulant m'assurer de leur fiabilité, j'ai étudié deux de ces correspondances jugées lointaines et peu fiables par les algorithmes des sites.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La première relie mon père à un frère et une soeur avec qui il partage respectivement 0,2 et 0,3% de parenté, ce qui est peu - à titre de comparaison, ma grand-mère en partage 5,2 avec le fils de sa cousine. Effectuer un test ADN permet de consulter les arbres généalogiques des personnes ayant avec nous une correspondance ADN, dans la mesure où ces personnes prennent la peine de renseigner leur arbre, évidemment, et souvent au prix d'un abonnement. Lorsque j'ai consulté l'ascendance de la soeur et du frère lointainement apparentés à mon père, et bien que leur arbre soit complet pour les premières générations, je n'ai pas trouvé d'ancêtres communs. Mais en cherchant sur geneanet, je me suis aperçu qu'ils descendaient tous les deux d'une certaine Anastasie Mélin, qui n'est autre que la soeur d'Anne-Catherine Mélin, l'arrière-arrière-arrière-grand-mère devenue aveugle de mon père, dont je crois déjà avoir parlé dans un article. </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Nos ancêtres communs sont nés dans les années 1780, morts en 1849 et en 1862, et leur héritage génétique nous lie encore. Mais, plus intéressant qu'un cousinage et la reconstitution d'une branche de l'arbre généalogique, la comparaison des estimations de nos origines géographiques a mis en évidence deux régions communes, à savoir le Moyen-Orient et les Pays Baltes. Si mon père n'a que très peu de Pays Baltes (0.9% sur l'actuelle Lituanie), nous supposions tout de même que cet héritage venait de sa grand-mère maternelle, par qui il descend de la famille Mélin. Il me semble dès lors envisageable, grâce au croisement des correspondances ADN, des estimations géographiques et des recherches généalogiques, de pouvoir partiellement déterminer les origines d'ancêtres lointains. Les pessimistes y verront des hasards successifs, pour ma part je trouve que seul le croisement des informations donne une réelle signification aux pourcentages, les chiffres n'ayant selon moi aucun sens sans des mots pour les expliciter. Mon deuxième essai s'est porté vers une correspondance très faible - un unique segment ADN commun - que ma mère partage avec quelqu'un, ironie de l'histoire, qu'elle connaît de vue. Toujours en croisant les données généalogiques de plusieurs sites, nous nous sommes aperçus qu'il s'agit d'un descendant d'Antoine Huillet et de Brigitte Cabanié, arrière-arrière-arrière-grands-parents de ma mère qui vécurent au XIXe siècle. Les correspondances ADN, jugées lointaines et peu fiables, se révèlent encore une fois réelles. Bien que je ne m'attache guère aux chiffres, tous deux partagent très exactement le même pourcentage d'une origine en particulier. S'il est certes rébarbatif d'à ce point détailler les correspondances ADN, je pense qu'il s'agit là de l'intérêt majeur de ces tests. Je déplore cependant que nombre de personnes ayant fait analyser leur ADN ne prennent pas la peine de remplir leur arbre généalogique, empêchant ainsi de déterminer la parenté que l'on partage avec eux. Et si les correspondances ADN m'intéressent, ce n'est pas tant pour savoir avec quelle famille je partage 0.1% de mon ADN, mais bel et bien pour en apprendre davantage sur les ancêtres que nous partageons.</span></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Fr4mzoCE2q8/Xg32ueJUNTI/AAAAAAAABJw/d9GNN2YFaB8SkXX_UEDAS2JFx18iq-DrACLcBGAsYHQ/s1600/Espa%25C3%25B1a.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="968" data-original-width="1110" height="348" src="https://1.bp.blogspot.com/-Fr4mzoCE2q8/Xg32ueJUNTI/AAAAAAAABJw/d9GNN2YFaB8SkXX_UEDAS2JFx18iq-DrACLcBGAsYHQ/s400/Espa%25C3%25B1a.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Santa María de la Sede, Sevilla - Photographie personnelle - 2018</span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Intéressons-nous maintenant à mes aïeuls maternels. Sans grande surprise, ma mère, dont les ancêtres n'ont pas vécu plus au nord que les départements de l'Aude et du Gers, est majoritairement d'ascendance ibérique, tant par mon grand-père que par ma grand-mère. A 80,4% pour les aficionados de statistiques. Une telle estimation me semble pour le coup concrète dans le sens où elle correspond à ce que nous avions prévu, mais très vague car englobant l'Espagne, le Portugal et la France méridionale ; il nous est difficile de préciser de manière exacte les régions dont sont originaires nos ancêtres. D'autant que les analyses ADN ne feraient pas le distinguo entre espagnols et français méridionaux, c'est du moins ce qui m'a été rapporté. Connaissant très bien ma région et l'Espagne où je suis souvent allé, j'ai l'intime conviction que la plupart des familles locales sont au moins partiellement d'ascendance ibérique ; il est difficile de ne pas trouver parmi les gens en descendant quelqu'un n'ayant pas un ancêtre espagnol plus ou moins proche. Le village de naissance de mon grand-père se situe à la croisée des paysages méditerranéens et pyrénéens. Une question restait en suspens : mes ancêtres ibères se rapprochent-ils davantage des français méridionaux ou des espagnols ? Une fois n'est pas coutume, je m'en suis d'abord remis aux calculateurs de Gedmatch qui permettent aussi de comparer vos données génomiques à celles de régions précises, de sorte que ma grand-mère gersoise semble plus proche des castillans que des gascons, tandis que mon grand-père aurait une forte parenté avec les habitants de la région valencienne, à l'est de l'Espagne, le long des côtes méditerranéennes. L'analyse des correspondances ADN, certes plus nuancée, tendrait tout de même vers des conclusions similaires. J'ai été fort surpris par le nombre de correspondances ADN, dont certaines assez proches, que ma mère et ma grand-mère ont en Amérique Latine, du Mexique à l'Argentine, puis par celles qu'on leur trouve également au Maroc et en Algérie, et, surtout, en Espagne. Les correspondances françaises regroupent principalement des personnes originaires de l'Aude et du Gers, partageant avec nous les cousinages en Espagne. Or, certains de ces espagnols à qui nous sommes apparentés ont rendu accessibles leurs arbres généalogiques, comportant des ascendances entièrement espagnoles dans lesquelles les régions sont précisément indiquées. Ces informations correspondent nettement aux estimations proposées par Gedmatch, qui indique d'ailleurs pour ma mère et ma grand-mère une plus grande proximité avec la plupart des régions espagnoles qu'avec les français du Sud-Ouest. Cet apport ibérique ne s'est cependant pas fait soudainement, et c'est en remontant l'ascendance de mes grands-parents que l'on trouve, à chaque génération, des noms à consonance ibérique. Si les ancêtres de mon grand-père me sont connus jusqu'à la fin du XVIe siècle, ceux de ma grand-mère peinent à être retrouvés en raison du manque d'archives. Je pense tout de même que ces ancêtres doivent être assez récents pour que nous partagions des correspondances ADN en Amérique Latine. Certains français méridionaux semblent surpris d'être plus proches génétiquement des espagnols mais en ce qui concerne mes ancêtres maternels, cette proximité me paraissait évidente. J'ai toujours préféré, qu'il s'agisse de rythme de vie, de climat, de gastronomie, de musique, de paysages ou d'architecture, l'Espagne à la France. L'espagnol est, après le français, la langue à laquelle je tiens le plus. Je me plais à rêvasser à l'éclatante blancheur des villages andalous où, sous un ardent soleil, résonnent des airs effrénés de flamenco. C'est presque instinctif en fait. Sans vouloir jouer les voyants, je pense que l'on a inconsciemment une attirance pour certains pays ou peuples plus que pour d'autres, et que l'héritage génétique peut très bien en être un facteur. Il s'agit là d'une interprétation personnelle, bien entendu, prenez-la comme telle.</span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-lUDI4TCDeNU/Xg4mFPxxl1I/AAAAAAAABJ8/H_lDM1vY4Lg-mbDxjxwaXu5D5MSqgPKIACLcBGAsYHQ/s1600/Finlande.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="995" data-original-width="936" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-lUDI4TCDeNU/Xg4mFPxxl1I/AAAAAAAABJ8/H_lDM1vY4Lg-mbDxjxwaXu5D5MSqgPKIACLcBGAsYHQ/s320/Finlande.jpg" width="301" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Carte de la Scandinavie - Cordier et Sanson - Gallica (BNF) - <b><a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/b/post-preview?token=APq4FmBjiq3UmVU9jsaoeowtnRp1E58332kU4bLcsGA3RkOwiQqj0pg9nX4Ldw5ktJMmWLryzsT0eLnWKw1hFyocPhGsjJNoYhpzvY0k2BEVMa_UiPV_PADrNXc3E2j21WlaYXYyA4JG&postId=4263919249924591769&type=POST" target="_blank">LIEN</a></b></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Outre cette prédominance ibérique, les héritages génétiques de ma mère et de ma grand-mère m'ont emmené vers des contrées plus lointaines, et à notre grand étonnement jusqu'en Finlande. Je n'ai pas tout de suite été convaincu par ce résultat, bien que l'idée d'avoir quelques racines en terre finno-ougrienne me plaisait. Plusieurs personnes faisaient part, dans les discussions que j'ai pu lire, d'une erreur dans le calcul des estimations qui attribuait à des personnes d'ascendance ibérique des origines finlandaises ; or, elles ne se référaient qu'à une entreprise en particulier, et dans le cas de ma mère et de ma grand-mère, toutes ont retrouvé la trace d'un héritage génétique finlandais ainsi que des correspondances dans ce pays-là. D'un point de vue généalogique, je sais seulement que la grand-mère de ma grand-mère avait un nom à consonance nordique, et que ce nom n'a été porté en France que par quelques dizaines de personnes tout au plus, et ce dans un périmètre spécifique et très restreint. Les autres porteurs de ce nom vivent exclusivement dans le nord de l'Europe, mais il m'est hélas difficile de reconstituer l'ascendance de cette famille dans laquelle les hommes avaient des enfants à un âge très avancé. Un siècle sépare ainsi la grand-mère de ma grand-mère, née en 1880, de son propre grand-père, né quant à lui vers 1779, et de qui elle a hérité son patronyme si particulier. Je n'ai retrouvé en France aucune trace de ce nom antérieure au milieu du XVIIIe siècle, et dans l'hypothèse que l'ancêtre en question aurait bel et bien eu une origine septentrionale, son héritage génétique pourrait s'être transmis jusqu'à ma grand-mère et ma mère en raison du faible écart générationnel - quatre à cinq générations au plus - les séparant sur près de deux siècles. Nous avions aussi émis l'idée que cet héritage finlandais aurait pu être transmis par le père de ma grand-mère, mais les cousins dont j'ai précédemment parlé, descendants de cette partie-là de ma famille, n'ont pas eu de résultats indiquant une origine finlandaise. Soulignons tout de même que si les archives du département concerné étaient entièrement numérisées, il m'aurait peut-être été plus simple d'entreprendre de nouvelles recherches. La patience n'est pas toujours mon fort. Serait-ce là un trait de caractère viking ? Je l'ignore, mais j'ai en revanche appris que ma mère a aussi, par mon grand-père cette fois, des ancêtres scandinaves. 11,5% pour les amoureux des nombres. Est-ce l'oeuvre des vikings qui sont passés, si je ne m'abuse, par l'Espagne et le Portugal, et ont ravagé Séville vers le IXe siècle ? Cela semble le plus plausible. Il est amusant de constater que si nous avions inversé l'ordre des tests, si j'avais obtenu moi-même du scandinave et du finlandais sans pouvoir ni connaître ni étudier les résultats de mes parents, tout le monde aurait parié que cela venait de mon père, grand avec les yeux bleus, et non de ma mère ou de ma grand-mère, toutes deux brunes. Il est vrai que j'aime me moquer, gentiment bien-sûr, de raisonnements stéréotypés que les gènes viennent quelque peu infirmer, contrarier et bousculer. Les idées reçues ont visiblement la vie dure, et je me plais à les remettre en question. La Finlande est une excellente surprise.</span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Mo7dSuysfNU/Xg59b3rDUeI/AAAAAAAABKQ/s3cAGdHNTDsscMQ6cZQvZg81uQKrYjHmACLcBGAsYHQ/s1600/Famille%2BTrevet%2B1894III.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="661" data-original-width="523" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-Mo7dSuysfNU/Xg59b3rDUeI/AAAAAAAABKQ/s3cAGdHNTDsscMQ6cZQvZg81uQKrYjHmACLcBGAsYHQ/s320/Famille%2BTrevet%2B1894III.jpg" width="253" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Famille Trevet en 1894 - Photographie familiale</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Des familles dont descend mon grand-père paternel, plusieurs sont originaires des ports du Nord-Ouest, de la Haute-Normandie à la côte d'Opale. Ce sont d'ailleurs les ancêtres dont je parle le plus régulièrement dans mes articles puisque j'ai pu suivre leur trace en général jusqu'aux XVIe et XVIIe siècles, et bien qu'il me reste un travail considérable à accomplir pour mieux comprendre leur histoire, j'avais la certitude que mon père aurait un héritage britannique conséquent, à peu près dans les mêmes proportions que l'italien. Mon arrière-arrière-grand-mère paternelle Valentine Trevet, que vous apercevez ici photographiée avec ses parents en 1894, était normande d'origine et de naissance. Son père est le seul ancêtre proche à avoir été roux, - oui, je verse moi aussi dans le stéréotype, mais c'est une couleur de cheveux que je trouve rare et belle -, et le nom que portait sa mère, Le Breton, pourrait aussi bien faire référence à la Bretagne française qu'à la Grande-Bretagne. Plus anciennement, de nombreux ancêtres m'ont mis sur la piste de l'Angleterre ; citons notamment Anne Talbot, son père Jacques et sa mère Marie Neel, ou Elisabeth Langlois. Les normands sembleraient plus anglais que scandinaves. Certains des ancêtres de mon arrière-grand-mère paternelle vécurent eux-aussi dans les ports du Nord-Ouest ; il y a peu, je découvrais que l'ancêtre d'une famille dont descend mon arrière-grand-mère aurait fui l'Angleterre d'Henri VIII, information que je dois néanmoins vérifier. De manière plus générale, il est certain que la présence anglaise a été pour le moins considérable dans les ports du Nord-Ouest, et même significative. L'apport anglais est en revanche plus ancien que les origines italiennes et espagnoles, car si j'ai un grand nombre de correspondances outre-Manche et outre-Atlantique, la plupart semblent lointaines. Si je m'en réfère à la généalogie seule, dans son aspect historique du moins, les ancêtres de mon grand-père paternel, qui sont les mieux connus de mon ascendance, étaient pour la plupart français. D'aucuns reprochent aux entreprises proposant les tests ADN de considérer les français du Nord-Ouest comme des britanniques ; selon moi, l'apport anglais reste tout même important, du moins pour les ports normands. Mais je dois avouer avoir été surpris que les ancêtres de mon arrière-arrière-grand-père paternel Arsène Lehoux, qui vivaient aux confins du Maine, de l'Anjou et de la Touraine, près de la Loire, et aux noms très français, aient été englobés dans l'origine britannique. Je ne suis pas le seul à douter d'une telle estimation, mais il est cependant vrai que d'autres personnes ayant des ancêtres dans ces mêmes régions et dont j'ai pu voir les résultats sont eux considérés comme bien français, alors que les mêmes algorithmes ont déterminé certains de mes ancêtres comme étant anglais. Si des études très poussées de l'histoire tant militaire que démographique des régions concernées pourraient expliquer ces résultats, il me paraît important de rester nuancé : mes ancêtres des ports normands ont sûrement reçu un héritage génétique anglais très important en raison de leur situation géographique, et peut-être qu'il en fut de même pour certains de mes ancêtres du Nord-Ouest (angevins, tourangeaux, parisiens, picards), mais je pense que d'autres étaient français. Tout comme la généalogie classique, la généalogie génétique connaît ses limites. Les tests ADN autosomaux permettent certes d'estimer dans les grandes lignes les différentes origines d'une personne, mais je crois savoir que si nous héritons à peu près à moitié du patrimoine génétique de chacun de nos parents, et d'un quart de chacun des grands-parents, cela varie par la suite, et l'on peut ainsi avoir davantage de parenté avec un arrière-arrière-grand-père qu'avec un autre.</span></span><br />
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-QmZ7oFz2DjM/Xg6UHx15QkI/AAAAAAAABKc/dsADXVaeefk2nXICNvNhC90s7Mip5xtJgCLcBGAsYHQ/s1600/Beyrouth.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="848" data-original-width="1600" height="337" src="https://1.bp.blogspot.com/-QmZ7oFz2DjM/Xg6UHx15QkI/AAAAAAAABKc/dsADXVaeefk2nXICNvNhC90s7Mip5xtJgCLcBGAsYHQ/s640/Beyrouth.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Consulat de France, Beyrouth, Liban, 1862 - Louis Vignes - Provient de Gallica (BNF) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84582315/f1.item.r=liban.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
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<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">De toutes les origines présentes dans l'héritage génétique de mes parents celles qui me fascinent le plus nous mènent jusqu'aux rives orientales de la Méditerranée. L'une des familles dont descendent trois ancêtres de mon arrière-grand-mère avait un lien avec le Liban, et si les rares archives ne m'ont permis de retrouver que quelques éparses traces d'un ancêtre, j'étais convaincu que l'ADN pourrait au moins apporter d'opportunes précisions. L'ensemble des entreprises ayant analysé l'ADN de mon père y ont bien retrouvé un héritage génétique en provenance du Moyen-Orient, et même plusieurs, au Liban et en Turquie égéenne notamment, et au-delà encore. Mais cela n'est quelque part pas si étonnant : mon père et moi partageons un lien instinctif avec le Moyen-Orient, nous sommes imprégnés de cette culture et depuis mon plus jeune âge j'entends mes parents écouter des musiques orientales, perses ou anatoliennes, musiques que j'écoute désormais moi aussi, et qui me font rêver à un Orient poétique. Je crois même que si ces pays avaient été stables, et que s'ils n'étaient pas gangrénés par des dissensions religieuses et politiques extrémistes, il nous aurait plu d'y vivre. Un jour, peut-être, retrouveront-ils leur splendeur d'antan... Je ne dispose hélas pas de renseignements supplémentaires sur ces ancêtres là, mis à part que l'un d'eux avait un prénom faisant référence aux carthaginois et qu'il y a, dans certaines familles de mon ascendance, des prénoms tels que Pantaléon, Constantine, Chrysostôme, Euphrasie, Ismérie, Eudoxie ou Pulchérie qui nous renvoient eux-aussi vers l'Orient. L'hypothèse des prénoms déplaît fortement à certains esprits étroits et bornés, agressifs en prime ; je pense pour ma part qu'elle mérite qu'on lui accorde de l'intérêt, mais c'est là ma conviction personnelle. Gedmatch a indiqué pour mon père des apports génétiques importants en provenance de ce que les calculateurs appellent Méditerranée de l'Est et Asie de l'Ouest. J'en explique peut-être une partie par les ancêtres italiens, l'autre par un apport direct. Cela répondrait aussi, éventuellement, aux questions que l'on me pose régulièrement sur mes cheveux qui sont frisés, presque crépus même, mais plus ou moins blonds et mordorés ; je crois avoir vu pas mal de gens originaires de la zone égéenne avec de tels cheveux. Il ne fait en tout cas pour moi aucun doute que le croisement des tests ADN et de la généalogie historique ouvre les portes d'un nouvel horizon de connaissances, tout en nous faisant voyager poétiquement.</span></span><br />
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-yIbQ5eonJBE/Xg6iveGYbvI/AAAAAAAABKo/k0PSY4kOjjkD1DLHRIw-2N9K91w5_jdSgCLcBGAsYHQ/s1600/Moyen%2BOrient.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="906" data-original-width="1253" height="289" src="https://1.bp.blogspot.com/-yIbQ5eonJBE/Xg6iveGYbvI/AAAAAAAABKo/k0PSY4kOjjkD1DLHRIw-2N9K91w5_jdSgCLcBGAsYHQ/s400/Moyen%2BOrient.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Port d'une ville antique du Moyen-Orient - C.-A. Cambon - Gallica BNF - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7001304w/f1.item.r=moyen%20orient.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
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<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Ni la généalogie historique ni la généalogie génétique ne peuvent apporter d'entières réponses. Mes ancêtres orientaux resteront peut-être à jamais mystérieux, et c'est en cela qu'ils sont intéressants. J'espère un jour partir sur leur trace, car visiter les lieux où ils ont vécu, s'imprégner de ce qu'ils ont pu connaître, apporte finalement autant si ce n'est plus que de les retrouver dans des archives ou dans des gènes. Et de manière générale, visiter chaque pays, chaque région, province, cité, village ou port dont est originaire un ancêtre est enrichissant. Quant aux migrations provençales de la famille de mon grand-père maternel, elles restent mystérieuses aussi, même si Gedmatch a trouvé une parenté entre ma mère et les provençaux. Cet article s'avère déjà bien long, et je ne peux aborder l'ensemble des découvertes que le croisement des gènes et des archives, et j'insiste sur la notion de croisement, m'a permis de faire. Je souhaite en revanche répondre à deux questions qui m'ont été posées par rapport à ces tests. Pour les personnes ne connaissant pas une partie de leur famille ou de leurs origines, ces tests pourraient éventuellement apporter des informations notamment grâce aux correspondances ADN, mais ne le garantissent pas forcément non plus. Pour les personnes ne disposant pas d'archives aussi complètes que ce qu'il existe en France, ces tests ont également un intérêt. Encore faut-il effectuer un travail d'interprétation conséquent par la suite. Je vous cite un exemple : quelques calculateurs ont déterminé une très faible parenté entre mon père et les islandais. Si la perspective d'avoir des ancêtres sur cette incroyable terre de feu, de glace, de roche et d'eau que j'ai eu la chance de visiter en juin dernier m'a dans un premier temps paru fort réjouissante, j'ai vite compris que ce n'était pas forcément la réalité : il s'agissait d'une correspondance très faible, que seuls quelques calculateurs déterminaient plus ou moins. Aucune analyse n'a révélé pour mon père des ancêtres scandinaves. L'unique hypothèse envisageable était celle d'une ancêtre normande du XVIIe siècle portant un nom issu de la langue norroise. Après m'être renseigné sur l'héritage génétique des islandais - dont les arbres généalogiques remontent extrêmement loin dans le temps - j'ai appris qu'ils auraient une parenté avec les peuples de la Grande Bretagne, par des femmes que les vikings auraient emmenées avec eux lors du peuplement de l'île. Cette hypothèse, qui n'est pas la mienne et que j'ai lue dans des études, pourrait tout de même expliquer cette très faible parenté avec les islandais, mon père ayant des ancêtres en Angleterre. Puisque ces tests sont interdits en France et y suscitent la polémique - alors qu'ils ne le sont pas dans quasiment toute l'Europe et que les gens étrangers à qui j'en ai parlé y sont pour la plupart favorables - je ne saurais pousser quiconque à les faire, mais je ne les déconseillerais pas non plus. Il appartient à chacun de partir ou non à la recherche des ses ancêtres, d'en choisir les méthodes et de se faire sa propre idée. Certaines personnes ont observé que leurs résultats variaient fortement d'une entreprise à l'autre, j'entends et je comprends leurs doutes. Pour ma famille les résultats semblent coïncider, à quelques pourcentages près, mais j'espère avoir montré par cet article que les chiffres ne sont absolument pas ce qu'il y a d'intéressant à tirer de ces tests. J'ai pris la peine de ne pas citer d'entreprise car cet article est totalement indépendant de tout intérêt commercial. Ce sont mes réflexions personnelles et mes découvertes dont je vous fais part ici. Si je suis totalement ouvert aux discussions, j'avertis ceux qui se montreraient irrespectueux et agressifs qu'ils n'auront aucune réponse de ma part. De même, je préférerais discuter avec des personnes ayant effectué ces tests, ou voulant les effectuer pour en savoir davantage sur leurs origines et leurs ancêtres, qu'avec des gens polémiquant sur les tests en eux-mêmes. Sur ce, je vous souhaite un excellent début d'année ! A très bientôt<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">.</span> </span></span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-NxDoYuvQAgc/Xg6vmNtIUrI/AAAAAAAABLA/eRcYyG0X7KkfRNhi4KCjVvJFm4JLsaisQCLcBGAsYHQ/s1600/Carte%2BIII.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="773" data-original-width="1141" src="https://1.bp.blogspot.com/-NxDoYuvQAgc/Xg6vmNtIUrI/AAAAAAAABLA/eRcYyG0X7KkfRNhi4KCjVvJFm4JLsaisQCLcBGAsYHQ/s1600/Carte%2BIII.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Carte universelle - 1714 - Nicolas de Fer - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8491189z/f1.item.r=carte%20du%20monde.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
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Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-83105552289456534112019-10-03T04:36:00.001+02:002019-10-03T23:11:51.972+02:00A la recherche des ancêtres du XVIe siècle et des objets oubliés de mes aïeux<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-inWSrbNDgiM/XY-LxbXYxUI/AAAAAAAABG8/B28fWZDQqbYMNSVwd6rXcQjYKRKn27KQACLcBGAsYHQ/s1600/XVIe%2BS.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="370" data-original-width="1141" src="https://1.bp.blogspot.com/-inWSrbNDgiM/XY-LxbXYxUI/AAAAAAAABG8/B28fWZDQqbYMNSVwd6rXcQjYKRKn27KQACLcBGAsYHQ/s1600/XVIe%2BS.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><i>Descritione della Terra, et Castello di Dieppa </i>[...] - Giovanni-Battista Cavalieri - 1589 - Estampe - Dieppe au XVIe siècle - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550048183/f1.item.r=dieppe.zoom" target="_blank">BNF</a></b></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Chers lecteurs, j'espère de tout coeur que votre rentrée n'a pas été trop éreintante. Je me suis pour ma part recentré sur une licence d'histoire, abandonnant par la même occasion la bilingue, et ce choix me satisfait pour le moment. L'automne s'annonce timidement, et l'alternance entre un fort soleil et de fraîches bourrasques a suffi pour que je commence à tousser, les joies hivernales avant l'heure en somme. Et c'est là un excellent prétexte pour rester dedans, assis au chaud sur quelques coussins, des gâteaux à portée de main, et consacrer ainsi du temps aux recherches généalogiques qui, depuis deux semaines, m'ont amené aux portes d'une époque charnière et périlleuse en généalogie, le XVIe siècle... Avant de nous embarquer vers ces temps lointains, j'en profite pour mentionner que je suis en passe de trouver, pour une fois, de nouveaux renseignements sur les ancêtres de ma grand-mère maternelle, restés jusqu'à présent opaques, mystérieux si ce n'est toujours inconnus puisque le Gers est à la traîne pour numériser ses archives. Avec un peu de chance, un article y sera consacré à l'horizon des vacances de la Toussaint. Je souhaite également vous relater les démarches entreprises non sans acharnement tout au long d'été pour mettre la main sur les plaques funéraires de deux de mes ancêtres reposant en Touraine, des témoignages émouvants et précieux sauvés de l'oubli notamment grâce à la gentillesse de la police municipale et des bénévoles effectuant les relevés des cimetières. Mais revenons-en d'abord aux dernières enquêtes que j'ai menées dans des sources fort anciennes afin d'éclaircir au mieux les mystères qui planaient sur mes ancêtres du XVIe siècle. Si les registres paroissiaux permettent en règle générale de remonter, avec une relative aisance - quoique des difficultés surviennent parfois - jusqu'aux débuts du règne de Louis XIV, la tâche s'avère bien plus ardue en ce qui concerne les générations qui vécurent avant. Quelques registres anciens, à l'instar de ceux d'Amboise et de Saint-Germain-en-Laye, m'ont permis de connaître jusqu'aux dix-sept et dix-huitième générations de mes ancêtres, ce qui n'est déjà pas négligeable en soi. Entendons-nous sur le sens du verbe connaître ; il ne s'agit que de la lecture d'un nom, d'un prénom, d'un parrain, d'une marraine et d'une filiation plus ou moins incomplète. A mesure que l'on s'enfonce dans le XVIe siècle les registres se font rares : bienheureux fus-je d'en trouver quelquefois datés de l'an 1533, par conséquent antérieurs à l'Ordonnance de Villers-Cotterêts. J'en viens par cette occasion à une double interrogation : est-il possible de pallier l'absence des registres les plus élémentaires, de repousser les limites du temps et de l'Histoire, tout en saisissant les infimes traces laissées par ceux qui vécurent il y a cinq siècles ?<span style="font-size: xx-small;"> </span></span></span></div>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-oicYhwgbJSM/XY-SEr-A7uI/AAAAAAAABHI/jzty_POzP8EnueT3D-1oUDOQl5TwnjS5gCEwYBhgL/s1600/Martin%2BLe%2BBon.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="723" data-original-width="416" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-oicYhwgbJSM/XY-SEr-A7uI/AAAAAAAABHI/jzty_POzP8EnueT3D-1oUDOQl5TwnjS5gCEwYBhgL/s640/Martin%2BLe%2BBon.jpg" width="368" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Édit du Roi - 1568 - Imprimerie Estienne - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k101045q/f1.item.r=si%C3%A8ge%20royal" target="_blank"><b>BNF</b></a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"> <b><span style="font-size: x-large;">Martin Le Bon</span></b> </span></span></div>
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<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Parmi les ancêtres de mon arrière grand-mère paternelle Gabrielle Jeanne Pétronille Le Danois figure, à la seizième génération, un dénommé Martin Le Bon. Est-ce l'intuition qui m'a poussé à approfondir pour cet ancêtre mes recherches, ou le bon présage - quel jeu de mot - induit par son nom de famille ? Un mélange des deux, peut-être. De Martin Le Bon je savais qu'il vécut près de la Côte d'Opale, entre Abbeville et Boulogne-sur-Mer, qu'il fut licencié ès loi et vraisemblablement propriétaire, un temps du moins, du domaine de la Vacquerie. D'aucuns lui donnent pour parents Philippe Le Bon, garde-scel de Montreuil-sur-Mer, et Jossine de Pierremont, aussi nommée Josette, sans pour autant le situer d'un point de vue temporel. Autrement dit, certains le font le naître en 1505, d'autres en 1530. Comment peut-on établir une filiation, de surcroît au XVIe siècle, avec un tel écart d'années, équivalent à plus d'une génération ? Puisque cela m'intriguait, et m'agaçait d'ailleurs, je me suis mis en tête d'en apprendre davantage sur Martin Le Bon, et ce, précisons-le tout de même, sans registres paroissiaux et sans accès aux archives départementales qui sont bien trop éloignées pour que je puisse m'y rendre compte tenu de mes horaires universitaires. Qu'à cela ne tienne, j'avais la conviction qu'il ne m'était pas impossible de retrouver des indices laissés par mon ancêtre. Grâce aux ouvrages numérisés dans les différentes bibliothèques consultables en ligne, j'ai fini par découvrir, au registre II.1128 de la très ancienne Abbaye Saint-Vaast d'Arras, quelques lignes mentionnant mon ancêtre, dont voici l'essentiel : "<i>1561-1562.</i> <i>Remboursement d'avances pour travaux à Me Martin Le Bon, licencié ès-lois, maïeur de Montreuil</i> [...]" Ainsi apparaît un premier éclaircissement quant à la profession de Martin Le Bon, qui fut mayeur de Montreuil-sur-Mer, c'est à dire premier magistrat municipal selon la <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/mayeur" target="_blank">définition</a> donnée par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Déjà présente et fortifiée au IXe siècle, protégée par un château royal construit sur ordre de Philippe Auguste, Montreuil-sur-Mer avait été détruite vingt-cinq ans plus tôt, en juin 1537, par les troupes de Charles Quint et d'Henri VIII, ses habitants ayant refusé de se rendre. Cette ville, extrêmement mal située à l'époque, au coeur des conflits opposant la France, l'Angleterre et le Saint-Empire, était à peine entrain de se relever lorsque mon ancêtre en fut le maïeur. Cependant, les registres de l'Abbaye Saint-Vaast tendent à indiquer que Martin Le Bon bénéficiait d'une certaine prospérité économique, du moins suffisante pour qu'il avance aux religieux une partie des frais de réparation de l'édifice. Par ailleurs, et cela tient davantage à mon interprétation personnelle, Martin Le Bon ne semble déjà plus tout jeune au début des années 1560 ; je peine à croire qu'il serait né en 1530 comme certains l'affirment. Dès lors, comment déterminer son âge ? Point de recensements en ces temps-là. Ni même de registres. La tâche aurait pu s'avérer extrêmement compliquée si la chance ne m'avait pas souri une seconde fois. S'il n'est peut-être pas tout à fait faux que le XIXe siècle avait tendance à interpréter le passé - mais le XXIe siècle ne ferait-il d'ailleurs pas de même, sous le prisme d'autres idéologies -, il faut lui reconnaître le mérite d'avoir retranscrit et sauvegardé un nombre considérable de documents, par l'intermédiaire de sociétés comme celle des antiquaires de la Morinie. J'ai ainsi eu la joie de retrouver mon ancêtre dans un acte concernant le fief de l'Avouerie de Thérouanne, près d'Aire-sur-la-Lys, au coeur du comté d'Artois. En date de l'an 1569, ce document infirme en premier lieu une information reprise par de nombreuses personnes sans que ne soit d'ailleurs fournie de véritable preuve et selon laquelle Martin Le Bon serait mort en 1568... Bel et bien vivant en 1569, Martin Le Bon est mentionné dès les premières lignes de l'acte qui suit dont voici une retranscription à l'identique : "<i>Comparurent en leurs personnes vénérables et discretz sieurs maistres Guillaume Saultyn presbtre chanoyne et archediacre de Boullongne, jadis de Thérouanne éagé de cincquante quatre ans et Philippes Foeullet, natif dudict Thérouanne aussy presbtre chanoyne dudict Boullogne éagé de soixante et six ans ; <b><span style="color: #741b47;">honorable homme Me Martin Lebon, licencié es-loix natif de cette ville de Monstroeul, conseiller au siège royal dudict lieu éagé de cinquante deulx ans</span></b> </i>[...]<i>"</i> De telles indications, qui font suite à une déclaration directe et publique, une sorte de témoignage même, de mon ancêtre, sont, et d'autant plus il y a quatre-cent-cinquante ans, extrêmement précieuses. Si la graphie de l'ancien français de cette province là vous déroute, cet acte nous apprend qu'en l'an 1569 Martin Le Bon a déclaré être âgé de cinquante-deux ans, qu'il est donc né à Montreuil-sur-Mer en 1517 et qu'il occupe alors la fonction de conseiller au siège royal. Mon ancêtre Martin Le Bon est ainsi né il y a cinq-cent-deux ans, au tout début du règne de François Ier et au moment où Luther rédigeait ses 95 thèses. Montreuil-sur-Mer, distante d'une dizaine de kilomètres de la Manche à laquelle elle était reliée par une rivière navigable, la Canche, appartenait à la Picardie. C'est dans une ville en déclin, ravagée par une catastrophe naturelle en 1467 - certains évoquent un tremblement de terre - et où le commerce avait été interrompu suite à l'ensablement de la Canche que Martin Le Bon vécut tout jeune. Âgé d'à peine vingt ans en 1537, il eut peut-être le malheur d'assister à la destruction de sa ville natale par les armées de Charles Quint. Je ne regrette pas d'avoir lu en entier l'acte cité plus haut car quelques lignes plus tard Martin Le Bon fut une nouvelle fois mentionné : "<i>Lesquelz comparans et chascun deulx tous demourans pour le jourdhuy en ceste dicte ville de Monstroeul, nous ont dict, attesté et affermé pour vérité lesdicts Srs Saultin et Foeullet in verbo sacerdotis et iceulx Le Bon, de Fromantel et Le Votz par leur foy et serment quilz ont fait longtemps faict continuelle résidence en ladicte ville de Théroenne acsavoir <span style="color: #741b47;"><b>ledict Mr Martin Le Bon, depuis l'an mil cincq cens quarante jusques en l'an quarante six tousjours en estat de bailly dudict lieu pour feu monseigneur le révérendissime François de Créquy lors évesque dudict Théroenne</b></span></i> [...]" Avant d'être conseiller au siège royal et maïeur de Montreuil-sur-Mer, et sûrement juste après avoir terminé ses études en 1540, Martin Le Bon fut, à vingt-trois ans à peine, chargé par l'évêque François de Créquy de représenter l'autorité du diocèse. Notons toutefois que selon ce que j'ai pu observer lors de mes recherches, il était peu courant qu'en ces temps-là un jeune homme accède à de tels postes. Le livre d'or de Montreuil-sur-Mer indique que Martin Le Bon fut au moins quatre fois maïeur de la ville de 1552 à 1558, et qu'il était déjà propriétaire du domaine de la Vacquerie et apparemment anobli à l'âge de trente-cinq ans. Son père présumé, Philippe Le Bon, est cité à la sept-cent-vingt-troisième page du troisième tome des <i>Actes de François Ier</i> à propos d'un mandement adressé à la Chambre des comptes suite à un conflit dans lequel il se trouva impliqué, contre un certain Pierre Faure, commis au paiement des réparations et fortifications des villes et places fortes de Picardie. Il fut par ailleurs selon certaines sources garde-scel de Montreuil. Une erreur s'est de nouveau répétée, cette fois quant à la profession de garde-scel. Il ne s'agit pas du garde du "sel" mais plutôt d'un officier qui aurait été chargé d'apposer le scel royal aux jugements et aux autres actes officiels. Le métier de garde-scel disparut en 1696 par édit de Louis XIV.</span></span><br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-l3C9rMnV23Y/XZUaEPBUxDI/AAAAAAAABHU/GljW8rSRMJYWNyIY8yhw98AZBUAEh4UpACLcBGAsYHQ/s1600/Famille%2BLamiable.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="768" data-original-width="1366" height="358" src="https://1.bp.blogspot.com/-l3C9rMnV23Y/XZUaEPBUxDI/AAAAAAAABHU/GljW8rSRMJYWNyIY8yhw98AZBUAEh4UpACLcBGAsYHQ/s640/Famille%2BLamiable.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Vera imago veteris Ecclesiae Apostolicae - Intérieur d'une église protestante - 1580 - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84007437/f1.item.r=protestants.zoom" target="_blank"><b>BNF</b></a></span></td></tr>
</tbody></table>
<b style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: x-large; text-align: center;"><div style="text-align: center;">
<b style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: x-large; text-align: center;"><b style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: x-large;"><b>Histoire de la famille Lamiable</b></b></b></div>
</b><div style="text-align: center;">
<b style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: x-large; text-align: center;"><b style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: x-large;"><b><br /></b></b></b></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">En l'an 1642, Catherine Lamiable, fille de Charles Lamiable et de Marie Couvreur, épousa Pierre Le Prince. Deux ans plus tard naquit leur fils Charles, mon ancêtre, qui vécut jusqu'en 1726 à Sangatte, près des remarquables Deux Caps de la Côte d'Opale. Rien ne portait à croire que cette famille m'emmènerait avec une étonnante facilité au XVIe siècle, et ma surprise fut grande lorsque je découvris ses différents membres mentionnés dans des livres avec moult détails, pour certains jusqu'à la couleur rouge de leur casaque sans oublier les boutons d'orfèvrerie de leur habit fait de drap gris. Tout partit d'un parchemin calligraphié, en anglais, où furent écrites en 1676 les dernières volontés de Jean Lamiable, protestant réfugié auprès de l'archevêque de la très ancienne ville de Canterbury au sud-est de l'Angleterre, qui légua ses biens à ses cousines Judith et Marie de La Croix. Traduit en latin et en français, ce testament est entièrement retranscrit dans des ouvrages de généalogie protestante dont le <i>Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français</i>. S'il est intéressant de le lire en entier, rien ne nous est a priori rapporté sur mon ancêtre Catherine Lamiable et sur son père Charles. Un heureux hasard a cependant fait que les rédacteurs de ces revues historiques se sont penchés sur l'histoire de la famille Lamiable, depuis le Jean Lamiable précédemment mentionné, protestant, jusqu'aux branches restées catholiques et aux Lamiable dont sont issus mes ancêtres. Et tels furent les premiers mots, semblables à ceux d'un conte de fées version généalogique ou d'un récit ancestral, qui suivirent : "<i>La famille Lamiable ou Lamyable est une vieille maison du Boulonnais. La branche à laquelle appartenait le testateur était fixée à Montreuil. En voici la filiation</i> [...]" Nous revoilà à Montreuil-sur-Mer, dont était aussi originaire, souvenez-vous, Martin Le Bon. La coïncidence géographique est plutôt remarquable d'autant que ce sont deux ancêtres distincts de mon arrière-grand-mère qui descendent des familles Lamiable et Le Bon. La seule évocation d'une ancienne famille suffisant à éveiller la curiosité, je trépignais d'impatience à l'idée de lire les pages suivantes. N'ayant pas pour rôle de recopier ce qui est écrit dans ces pages, je ne compte pas citer un par un les nombreux renseignements concernant chacun des membres de cette famille, à l'exception de quelques anecdotes qui valent selon moi la peine que l'on s'y attarde, pour laisser à ceux qui le souhaitent le plaisir de la recherche. Ainsi découvre-t-on d'originales professions, à l'instar de celle de receveur des traites foraines qu'exerçait Robert Lamiable en l'an 1576, l'existence, rue de la Chaîne, d'une maison familiale qui faisait office de passage menant à un mystérieux endroit appelé Petit-Cocquempot, ou le parcours de Jean Lamiable, maréchal des logis et capitaine de cavalerie au temps de Louis XIII, qui partit combattre pour le Roi à La Rochelle. Ressort également de l'histoire des Lamiable un terrible conflit découlant de dissensions religieuses : Jean Lamiable, dont nous avons brièvement évoqué le testament, déshérita sa propre soeur Suzanne sous l'unique prétexte qu'elle était catholique et lui protestant. Ce sont aussi des cousinages ou des liens d'amitié qui s'esquissent, jusqu'aux manufacturiers en soie de Londres. Et même une légende familiale selon laquelle Louis XIV en personne aurait anobli les Lamiable et leurs descendants, leur donnant pour armes "<i>d'or au lion de gueules désarmé, au chef échiqueté d'or et d'azur de trois traits</i>". Une "haute fantaisie" selon certains "historiens". Est par la suite mentionné l'aïeul le plus lointain, Willaume Lamiable, qui vécut vers l'an 1477 ; le sont aussi les nommés Jehennet et Raoul Lamiable, l'épouse de ce dernier, qui avait pour nom Bonne de La Ronville, Adrien Lamiable, sa femme Octavie du Blaisel et leur fille Octavie Lamiable, qui vécut jusqu'en novembre 1669 et dont la pierre tombale existait encore au début du XXe siècle. Les historiens en conclurent que ces branches là de la famille Lamiable étaient certainement catholiques. Nous arrivons désormais au passage concernant la branche à laquelle appartenait mon ancêtre Charles Lamiable, et dont je vais vous citer l'essentiel : "[...]<i> <b>En 1510-1511</b> sont citées <b>Katherine Tristan, veuve de Mathieu Lamiable,</b> et sa fille Antoinette ; en 1584 Thomas Lamiable et sa soeur Marguerite, femme de François de Condette, enfants de feue Jacqueline Bonvarlet ; en 1585 </i><b style="font-style: italic;">Quentin Lamiable</b><i> et Luc Taintelier, héritiers d'Antoinette Lamiable (qui vivait en 1530) ; en 1630 les héritiers de Pierre Lamiable ; en 1605 </i><b style="font-style: italic;">Charles</b><i> et Wallerand Lamiable, </i><b style="font-style: italic;">fils de feu Quentin et de Jehanne d'Hautefeuille, celle ci fille de Jean d'Hautefeuille et d'Adrienne Morant. Le dit Charles encore en 1601 et 1606. </b><i>[...] </i><b><i>Charles Lamiable, Sieur du Filliers</i> </b>[...] <b style="font-style: italic;">Marie Couvreur</b> [...]"</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-uQNHKro-3k0/XZU-mU5mjRI/AAAAAAAABHg/XKjUSaO8eBYC5p1fZitVBeUt0Au-X71XQCLcBGAsYHQ/s1600/Famille%2BLamiable%2Barticle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="469" data-original-width="640" height="291" src="https://1.bp.blogspot.com/-uQNHKro-3k0/XZU-mU5mjRI/AAAAAAAABHg/XKjUSaO8eBYC5p1fZitVBeUt0Au-X71XQCLcBGAsYHQ/s400/Famille%2BLamiable%2Barticle.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ancêtres de Charles Lamiable - Recherches personnelles</span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">En résumé, Charles Lamiable est né du mariage de Quentin Lamiable et de Jehanne, née d'Hautefeuille, appartenant à une famille qui apparaîtrait à cinq reprises parmi les ancêtres de mon arrière grand-mère. Ses grands-parents paternels se nommaient Pierre Lamiable et Jacqueline Bonvarlet - cette dernière aurait peut-être vécu jusqu'en l'an 1584 -. Il était le petit-neveu d'Antoinette Lamiable, ainsi que l'arrière petit-fils de Mathieu Lamiable et de Katherine Tristan, veuve en l'an 1511, et tous les deux a fortiori nés à la fin du Moyen-Âge. Quant à ses grands-parents maternels, Jean d'Hautefeuille, dont j'ai appris par la suite qu'il fut enquêteur de la Sénéchaussée du Boulonnais, une profession fort intéressante dont je pense vous parler un jour, et Adrienne Morant, d'autres archives m'ont permis d'en savoir davantage. Adrienne Morant, épouse d'Hautefeuille, est de nombreuses fois citée dans des ouvrages consacrés à l'histoire protestante, plus que son propre mari d'ailleurs. On la retrouve également mentionnée, si je ne m'abuse, au milieu d'une sorte d'inventaire se référant à des lettres de l'intendant de Provence et de l'échevin de Marseille. Je relève ce détail car à mon grand étonnement j'ai récemment découvert, dans cette même partie de mes ancêtres, une aïeule née à Marseille. Autre fait moins hypothétique et plus intéressant, Adrienne Morant était visiblement protestante pratiquante alors que l'ouvrage duquel est issue l'histoire des Lamiable tendrait plutôt à présenter cette branche des Lamiable comme catholique. Le mystère perdure pour le moment. Avant de raconter une découverte inédite que j'ai pu faire cette été, je souhaite vous retranscrire ces quelques lignes d'un ouvrage de généalogie régionale qui m'a permis de reconstituer quelque peu - en le complétant par d'autres sources - l'ascendance de la famille d'Hautefeuille au XVIe siècle : "<i>HAUTEFEUILLE. En Boulonnais. Jeanne d'Hautefeuille, veuve de Jean Becquet, paraît dans les reliefs de Doudeauville en 1460. Huchon et Jean tiennent de l'abbaye de Saint-Wulmer des terres à Wissant en 1550 ; ils étaient de Marquise et présentèrent leurs fiefs en Boulonnais en 1572, ainsi que Jean d'Hautefeuille, le jeune, marguillier de l'église de Samer. <b>Jean, marchand à Marquise en 1569, fils de Mariette de Dourlens</b>. Antoinette, veuve de Gilles d'Auvergne, dans un acte du dernier mai 1557</i> [...] <i><b>Me Jean, enquêteur en la sénéchaussée du Boulonnais</b>, père de Me Jean, propriétaire à Maninghen-lès-Wimille en 1575</i> - <i>Jean, nouveau bourgeois de Boulogne en 1570</i> [...]" Charles Lamiable était bien du coup, après vérification dans d'autres ouvrages, l'arrière-petit-fils de Jehan d'Hautefeuille et de Mariette de Dourlens, qui vécurent au début du XVIe siècle. Il est ainsi possible de remonter jusqu'aux ans lointains de cette époque charnière que fut le XVIe siècle, entre Renaissance et Guerres de Religion. Je ne vous ai pas raconté l'histoire d'une autre famille dont descend mon arrière-grand-mère paternelle et dont l'histoire m'a littéralement fait passer de l'époque moderne aux temps médiévaux. Ce sera sûrement le sujet d'un article prochain, mais je tiens en attendant à vous faire part d'une autre découverte, relevant elle aussi de la chance. Précisons tout de même que j'ai effectué les précédentes recherches sans le moindre accès aux archives départementales du département concerné, et avec peu de registres paroissiaux. J'espère ainsi avoir montré que d'autres sources peuvent combler le vide très important qui est à coup sûr l'un des principaux obstacles des généalogies au XVIe siècle. </span><br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-fGErm9yL_kI/XZVRK4VzWMI/AAAAAAAABH0/yAV67Xby6gcJxHnYsHj4W5wtDY3qMQY4ACLcBGAsYHQ/s1600/EEWx4Y5WsAE1YJp.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="771" data-original-width="1133" src="https://1.bp.blogspot.com/-fGErm9yL_kI/XZVRK4VzWMI/AAAAAAAABH0/yAV67Xby6gcJxHnYsHj4W5wtDY3qMQY4ACLcBGAsYHQ/s1600/EEWx4Y5WsAE1YJp.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Plaques funéraires de Paterne Louis Lehoux et de Paul Jamain - 1907, 1891 - Cimetière de Neuillé-Pont-Pierre et archives familiales</span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Mes abonnés sur <a href="https://twitter.com/WilfriedL11" target="_blank">Twitter</a> ont pu suivre en ma compagnie une enquête singulière menée cet été, ayant pour principal objectif de préserver les plaques funéraires de mes ancêtres paternels Paterne Louis Lehoux et Paul Jamain, respectivement grand-père et arrière-grand-père de mon arrière-grand-père Robert Lehoux. Ces derniers reposaient tous deux dans le cimetière du paisible village de Neuillé-Pont-Pierre, en Touraine, près de Tours, le premier depuis 1907 et le second depuis 1891. Grâce aux relevés photographiques et nominatifs des cimetières effectués par des bénévoles dans le cadre d'un judicieux et merveilleux projet de sauvegarde et d'indexation lancé par <a href="https://www.geneanet.org/cimetieres/" target="_blank">Geneanet</a>, j'ai découvert qu'une plaque funéraire de mon ancêtre Paterne Lehoux était restée posée par terre, derrière la croix d'une tombe qui était celle d'une autre famille. Et, plus étonnant, elle était intacte, et ce apparemment depuis cent-douze ans. Craignant que cet émouvant et précieux témoignage qui survécut aux vents et aux décennies ne finisse jeté ou simplement cassé, j'ai contacté la commune en question ainsi que la personne ayant effectué le relevé. Avec l'accord des autres descendants d'Arsène Lehoux - fils de Paterne Louis Lehoux et petit-fils de Paul Jamain -, et grâce à l'aide de différentes personnes, j'ai pu récupérer ces deux plaques funéraires que je m'efforcerai désormais de protéger. Je tiens à sincèrement et très chaleureusement remercier Madame D., la bénévole qui a réalisé ce magnifique relevé sans lequel je n'aurais rien découvert, la police municipale de Neuillé-Pont-Pierre et plus particulièrement Monsieur A. L., pour leur aide précieuse et sympathique, pour le soin et l'intérêt qu'ils ont porté à ma requête. Merci de tout coeur !</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Je vous propose en guise de conclusion quelques liens menant à certaines archives et aux ouvrages dont je me suis en partie servi pour reconstituer au XVIe siècle, en premier lieu, le parcours de Martin Le Bon, puis l'histoire de la famille Lamiable. Certains peuvent être utiles pour les généalogies huguenotes, et bien que descendant de familles nettement plus catholiques que protestantes, j'y ai trouvé des renseignements particulièrement intéressants. A bientôt !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
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<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="https://archive.org/search.php?query=bulletin%20de%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9%20de%20l%27histoire%20du%20protestantisme" target="_blank">Bulletins de la Société de l'histoire du protestantisme français</a> (il y en a une multitude)</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22bulletin%20de%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9%20acad%C3%A9mique%20de%20Boulogne%20sur%20mer%22%29&lang=fr&suggest=0" target="_blank">Bulletins de la Société académique de Boulogne-sur-Mer</a>, BNF</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> <a href="https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28%28dc.creator%20all%20%22Soci%C3%A9t%C3%A9%20des%20antiquaires%20de%20la%20Morinie%22%20or%20dc.contributor%20all%20%22Soci%C3%A9t%C3%A9%20des%20antiquaires%20de%20la%20Morinie%22%29%29&keywords=Soci%C3%A9t%C3%A9%20des%20antiquaires%20de%20la%20Morinie&suggest=2" target="_blank">Société des antiquaires de la Morinie</a></span></div>
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<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
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Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-77103160102513408662019-08-18T02:16:00.003+02:002019-09-13T18:33:37.990+02:00Imbroglio généalogique : Mareschal-Cordier-Devimeux, les cousinages introuvables - XVIIIe<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Chers lecteurs, j'espère que l'été se déroule bien pour vous et que comme moi, vous trouvez le temps de vous épanouir dans vos passions. Les deux premières semaines d'août m'ont grandement porté chance en matière de généalogie, chaque jour offrant de nouveaux indices qui s'accumulent en une pile de feuilles désordonnées. Nous avons notamment pu suivre, sur <a href="https://twitter.com/WilfriedL11" target="_blank">Twitter</a>, les démarches que j'ai entreprises pour mettre la main sur la plaque funéraire de mon ancêtre paternel Paterne Lehoux, qui par un heureux hasard est restée déposée derrière la croix d'une autre tombe sans lien avec ma famille depuis plus d'un siècle. Si les premières formalités s'annoncent réjouissantes, j'attends désormais avec bon espoir une réponse. Je suppose qu'il s'agit avant tout d'une affaire de patience, alors espérons que je parvienne à sauver cet émouvant objet qui a échappé aux rigueurs des années successives et à l'idiotie des lois françaises, à cause desquelles tant tombes ont été retournées, à l'instar du caveau de ma famille maternelle à Eauze que je n'ai hélas pas pu voir - mais ce n'est pas comme si le passé était une priorité dans ce pays, enfin, passons, c'était la minute polémique. - A ma grande joie, août est cette année synonyme de surprises quotidiennes, d'incessantes découvertes sur nombre de rameaux qui s'assemblent paisiblement au fil des saisons, prêtant à mon arbre généalogique l'attrait de ces vieux chênes que l'on croise parfois, et qui nous rappellent ceux qui nous précédèrent, ces temps oubliés que la généalogie se plaît, plus que l'histoire, à faire revivre chez celles et ceux qui empruntent ses sinueux chemins. De cette longue, divertissante et parfois quelque peu harassante marche à travers les époques découlent l'apprentissage de deux qualités essentielles, à la savoir la curiosité - saine - et la patience. Je ne pense pas manquer de la première ; en revanche, étant d'un naturel plutôt impatient si ce n'est irritable, mes recherches, dont celles que je vais par la suite vous raconter, m'ont permis d'acquérir un certain calme lorsque je me trouve confronté à une embûche, ou du moins suffisamment de patience pour contourner, bien que cela soit au prix d'un conséquent détour, l'obstacle en question. Et l'obstacle face auquel me menèrent mes recherches sur Noël Joseph Devimeux et Marie-Antoinette Bonvoisin, ancêtres de la fin du XVIIIe siècle dont descendent les grands-parents maternels de mon arrière-grand-mère paternelle Gabrielle Jeanne Pétronille Le Danois, ne fut sûrement pas des moindres. Près de cinq années me furent nécessaires pour surmonter cet écueil...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-14fIxF8DALs/XVcO8rPnkyI/AAAAAAAABDA/g2MWMzaRfo4aIvtPNLbfUIxJIN_c9NTWQCLcBGAs/s1600/Signatures%2B1763.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="337" data-original-width="1142" src="https://1.bp.blogspot.com/-14fIxF8DALs/XVcO8rPnkyI/AAAAAAAABDA/g2MWMzaRfo4aIvtPNLbfUIxJIN_c9NTWQCLcBGAs/s1600/Signatures%2B1763.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Signatures des invités présents au mariage de <b>Noël Joseph Devimeux</b> et de <b>Marie-Antoinette Bonvoisin</b> - 1763 - Calais - <a href="http://www.archivespasdecalais.fr/Archives-en-ligne/Histoire-d-une-personne/Etat-civil/Actes" target="_blank">Archives du Pas-de-Calais</a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">1763. La France sort à peine de la guerre de Sept Ans et se voit privée d'une part non négligeable de son empire colonial au profit de sa rivale britannique. L'Angleterre, mes quelques ancêtres calaisiens la connurent pour certains, écoutant çà et là les récits et les ragots de la multitude de voyageurs qui faisaient halte au port de Calais. Quelques-uns s'y réfugièrent parfois, beaucoup la craignirent à coup sûr. Mais c'est une tout autre affaire qui préoccupe en ce printemps 1763 mes ancêtres et leur famille. Le mercredi 20 avril de cet an là, les cloches de la vieille église Saint-Pierre, aujourd'hui disparue si je ne m'abuse, se firent entendre joyeusement. Le mariage célébré était celui de mes ancêtres Noël Joseph Devimeux et Marie-Antoinette Bonvoisin, arrangé sans aucun doute entre deux familles contrastées. Les Devimeux, marchands hétéroclites et prospères, passaient d'une ville à l'autre. Calais, Amiens, Dunkerque et Paris, ils s'enrichirent en contractant des unions avec les partis les plus avantageux. Les Bonvoisin, quant à eux, venaient de la province, des campagnes environnantes, vivant des revenus engendrés par leurs terres et par leurs biens immobiliers. Et contrairement aux Devimeux, ils avaient quelques ancêtres issus de la noblesse. L'union de ces deux familles était savamment pensée, l'acte n'était en rien difficile à retrouver d'autant que le premier enfant du couple, Suzanne Antoinette Devimeux, mon ancêtre, naquit le printemps suivant, en février 1764. J'étais encore au collège - et cela commence à dater - lorsque je retrouvai avec une certaine facilité, le temps d'un midi, ce document relativement fourni. Je me voyais d'ores et déjà remonter deux, trois, cinq générations d'un même élan. Il n'en fut rien et je m'apprêtais à découvrir la réelle signification de la patience et, par la même occasion, l'ampleur du travail de contournement d'un obstacle soudain. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-l_ualzXnu2w/XVc26g3FT_I/AAAAAAAABDQ/YvxI2hFjidModMTac0EhrpeqUloyyWJfQCLcBGAs/s1600/Mariage%2Ball%25C3%25A9gorie.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="594" data-original-width="1084" height="348" src="https://1.bp.blogspot.com/-l_ualzXnu2w/XVc26g3FT_I/AAAAAAAABDQ/YvxI2hFjidModMTac0EhrpeqUloyyWJfQCLcBGAs/s640/Mariage%2Ball%25C3%25A9gorie.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><i>Le mariage conclu</i> - Estampe - Robert de Launay, Antoine Borel - 1784 - BNF - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8410420g/f1.item.r=mariage.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"> L'acte en lui-même, à première vue, n'est en aucun point déconcertant et les premières lignes apportent plus d'informations qu'il ne le faudrait pour ravir quiconque chercherait ses ancêtres à cette époque là : "<i>le Sieur Noël Joseph Devimeux, âgé de vingt-six ans, natif de Calais, marchand en cette paroisse, fils légitime de feu Sieur François et de défunte Dame Marie-Marguerite Cordier</i>" épouse "<i>Damoiselle Marie-Antoinette Bonvoisin, âgée de vingt-sept-ans </i>[et d'un peu plus en réalité]<i>, native de Pihen, fille de feu Sieur Marc et de défunte Marguerite Fournier</i>". Tout allait ainsi pour le mieux, mais les invités vinrent quelque peu perturber l'harmonieuse trajectoire de mes recherches jusqu'à en arrêter brusquement l'avancée. Sont ainsi mentionnés, en tant que témoins assistant les mariés : "<i>du côté de l'époux le Sieur François Devimeux, frère de l'époux</i> [...], <i>Marie-Noëlle Hedde son épouse</i> [...], <i>Damoiselle Marie-Jeanne Cordier, tante maternelle</i> [...] <i>le Sieur</i> <i>Honoré Jean-Marie Cordier de la Houssaye, son cousin</i> [...]<i> le Sieur François Mareschal, son cousin, et du côté de l'épouse </i>[...] <i>les Sieurs Marc et Louis Bonvoisin ses frères</i> [...], <i>Balthazar Dagbert son beau-frère</i> [...], <i>Marie-Marguerite Bonvoisin</i> [...] <i>et le Sieur Jean-Louis Fournier, oncle maternel</i> [...] Cela fait au total pas moins de dix témoins explicitement mentionnés, et qui me sont alors inconnus à l'exception de François Devimeux, le frère de l'époux. Je venais de recouper ces informations lorsque deux interrogations apparurent. L'une à propos d'Honoré Jean-Marie Cordier de la Houssaye, dont je n'arrivais pas à déchiffrer entièrement le nom : était-il lié à Marie-Marguerite Cordier, la mère de Noël Joseph Devimeux ? L'autre me mena sur la piste de la famille Mareschal, et c'est celle que nous allons suivre à présent dans cet article. Quel est l'exact lien de parenté entre les Devimeux et François Mareschal ? De quelles manières ce cousinage est-il explicable ?</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-uvhOjH2uPwg/XVc5cc06A9I/AAAAAAAABDc/bhjgSu_j5t0Gc4sURufF9wdXtBusAUoxwCLcBGAs/s1600/Mariage%2Bcroquis%2B1773.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="424" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-uvhOjH2uPwg/XVc5cc06A9I/AAAAAAAABDc/bhjgSu_j5t0Gc4sURufF9wdXtBusAUoxwCLcBGAs/s640/Mariage%2Bcroquis%2B1773.jpg" width="452" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Costume de mariage - Louis-René Boquet - 1773 - BNF - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8454895x/f1.item.r=mariage.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Jamais deux sans trois ! Enchanté aurais-je été d'échapper à l'adage, mais tel ne fut pas le cas ! Et pour cause : si deux des invités, à savoir les Sieurs Cordier de la Houssaye et Mareschal soulevaient du fait de leur présence d'épineuses problématiques de cousinage, une troisième personne vint conforter encore davantage mes doutes. En observant de près, un peu plus haut, les quelques signatures que j'ai pris le soin d'extraire de l'acte de mariage, vous remarquerez sûrement celle d'une certaine Victoire Mareschal. S'agirait-il de la soeur du fameux François ? Serait-elle aussi la cousine des Devimeux ? Et ce fut là le commencement d'un imbrioglio sans nom qui s'étala sur cinq ou six années...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La généalogie ne tient qu'à quelques mots. Je me ressassais inlassablement cette phrase comme un oiseau chanterait la même et routinière ritournelle perché sur son arbre le matin. Une signature et deux noms suffirent à créer une véritable énigme ! Plutôt de nature obstinée, je ne pouvais me résoudre à laisser un tel mystère embrumer tout une branche de mon arbre généalogique, une branche qui me mènerait peut-être au XVIe ou au XVe siècles. Non ! Il n'était pas envisageable de n'avoir pas de réponse, même si cela m'entraînait dans des recherches plus que laborieuses. Et ce notamment en raison de l'épaisseur des registres paroissiaux de Calais ; comptez jusqu'à mille-sept-cent-huit pages pour la période allant de 1741 à 1764. A cette première difficulté, caractéristique même des généalogies citadines bien que Calais ne soit pas la plus grande ville de France, s'ajoute l'existence de plusieurs paroisses, chacune détenant ses propres registres. S'il est par chance possible de résumer Calais à deux églises, Notre-Dame et Saint-Pierre, la somme de pages à feuilleter en déchiffrant parfois les actes un par un est tout de même considérable ! J'avais eu vent, pour avoir déjà eu des ancêtres appartenant à la famille Mareschal au XVIIe siècle, de leur présence à Notre-Dame. Cela revenait aussi à emprunter une piste plus alléchante, un chemin d'une apparente simplicité, car les registres de Notre-Dame sont en principe moins nombreux et mieux écrits. Bien mal m'en a pris ! Tout ne fut d'abord que complications !</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Ou6CFJYREjc/XVdJtUCWKII/AAAAAAAABD0/D_UlYPXbJmYFkvW6cCeKH08aFBNMEj9bgCLcBGAs/s1600/Mariage%2BMareschal%2BRault-Duvivier.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="765" data-original-width="519" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-Ou6CFJYREjc/XVdJtUCWKII/AAAAAAAABD0/D_UlYPXbJmYFkvW6cCeKH08aFBNMEj9bgCLcBGAs/s640/Mariage%2BMareschal%2BRault-Duvivier.jpg" width="434" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Mariage de J. B. Mareschal et de M. C. Duval - 1761</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je découvris après quelques éphémères heures de recherche - comprenez l'inverse - un premier élément digne d'intérêt pour tenter d'esquisser les prémices d'une hypothèse quant au cousinage ou aux cousinages qui liaient les Mareschal et les Devimeux. Ces deux familles m'intéressaient d'autant plus que j'avais déjà croisé à plusieurs reprises la première parmi mes ancêtres du XVIIe siècle par le biais de Louise Mareschal épouse de Montpellé et par celui d'Antoinette Mareschal épouse Evrard. La deuxième, celle des Devimeux, restait encore bien mystérieuse. Je tombai en premier lieu, un peu par hasard dois-je admettre, sur l'acte de mariage d'un certain Jean-Baptiste Mareschal et de Marie-Charlotte Duval, en date du 19 mai 1761. Je fus surpris par la profusion de signatures faisant suite à cet acte déjà assez long, acte dont voici quelques extraits : "<i>Jean Baptiste Mareschal, marchand orfèvre, fils majeur de Sieur Jean et de feue Damoiselle Pétronille Rault-Duvivier</i> [...] <i>et Damoiselle Marie-Charlotte Duval, fille des défunts Sieur Charles Duval, vivant marchand orfèvre, et Marie-Gabrielle Chevaux</i> [...] <i>en présence de Messieurs Maître Henry Duteil doyen curé, François Antoine Mareschal clerc chapelain de cette paroisse, Antoine François Mareschal, orfèvre, tous deux frères de l'époux, François Devimeux, lieutenant de la capitainerie des garde-côtes, marchand mercier et graissier de la paroisse de Saint-Pierre, Adrien et Pierre Joseph Duval frères de l'épouse marchands, l'un orfèvre et l'autre mercier, Jean-Jacob Leturcq, vivant de son bien, Nicolas François Joustel, tous deux beaux-frères de l'épouse </i>[...] Si cet acte décrit assez longuement les principaux témoins et prend soin de préciser leurs professions, il ne détaille en rien le lien parenté entre François Devimeux et Jean-Baptiste Mareschal. Est-il possible que ce Jean-Baptiste soit le frère du François Mareschal présent au mariage de Noël Joseph Devimeux ? Rien n'est moins sûr, d'autant que cet acte laisse entendre qu'il y aurait deux frères quasiment homonymes : l'un, nommé François Antoine Mareschal, est un clerc chapelain de Notre-Dame, l'autre, Antoine François Mareschal, est marchand orfèvre... Lequel des deux assista au mariage de Noël Joseph Devimeux ? L'un des charmes de la généalogie est cette propension à créer plus de questions que de réponses. Celui de mes ancêtres consiste à toujours compliquer des situations déjà complexes, mais je suppose que je suis loin d'être le seul à être confronté à ce genre d'imbroglio. Au passage, je suis plutôt fier de l'expression que j'ai inventée en écrivant cet article. Imbroglio généalogique, cela sonne bien non ! Revenons-en aux possibles liens de cousinage entre les Devimeux et les Mareschal. Les fort nombreuses signatures qui concluent cet acte revêtent une nouvelle fois une importance des plus précieuses. Une observation attentive permet de retrouver celles de plusieurs personnes également présentes au mariage de Noël Joseph Devimeux et de Marie-Antoinette Bonvoisin en 1763, à savoir Marie-Jeanne Cordier, François Mareschal, Marie-Noëlle Hedde et Victoire Mareschal. Si l'existence d'</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">un lien familial entre toutes ces personnes apparaît bel et bien certaine, le cousinage reste pour autant opaque, indéterminé.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-WFsZXEifR2Y/XVdaTbYDxuI/AAAAAAAABEA/pf-yFxQWO0c7G8e1FcUZsh-PJtQ7uorfQCLcBGAs/s1600/All%25C3%25A9gorie%2Bdu%2Bmariage.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="620" data-original-width="451" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-WFsZXEifR2Y/XVdaTbYDxuI/AAAAAAAABEA/pf-yFxQWO0c7G8e1FcUZsh-PJtQ7uorfQCLcBGAs/s640/All%25C3%25A9gorie%2Bdu%2Bmariage.jpg" width="464" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Allégorie du mariage, Estampe - G. Demarteau - 1764 - BNF <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53186400j/f1.item.r=mariage.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Qu'à cela ne tienne, il n'est en aucun cas question d'abandonner les recherches. D'autres pistes existent sûrement, si tant est que je puisse les discerner au beau milieu des innombrables et poussiéreux registres renfermant les secrets de ces familles, ainsi que la clef du mystérieux cousinage les unissant. Arpentant à plusieurs reprises les actes de l'église Notre-Dame, je parvins par chance à retrouver celui du mariage de François Mareschal et de Marie-Michèle Pétronille Joustel le 31 janvier 1769, dont voici quelques extraits : "<i>Monsieur François Mareschal fils majeur de défunt Monsieur Jean et de Demoiselle Pétronille Rault-Duvivier, ses père et mère d'une part</i>" épouse "<i>Damoiselle Marie-Michèle Pétronille Joustel native de Guînes fille mineure de défunts Monsieur Jacques Joustel vivant marchand et de Demoiselle Marie-Magdeleine Castillon</i> [...]" Cette fois là encore, les indications débordantes de détails à propos des témoins s'avérèrent essentielles, primordiales même. Les voici : "[...]<i> en présence et du consentement de Monsieur Pierre Joustel, négociant en cette ville et tuteur de l'épouse et de Monsieur Thomas Rebier, marchand à Guînes, curateur de la dite épouse, et aussi en présence de Messieurs François et Noël Joseph Devimeux, marchands en la paroisse de Saint-Pierre et cousins de l'époux</i> [...]" Ces précieuses lignes sont suivies d'une ribambelle de signatures élégantes dont celles des frères Devimeux, de Marie-Antoinette Bonvoisin, de Marie-Jeanne Cordier et de Marie-Noëlle Hedde. Il semble cependant qu'il n'y ait plus trace de Victoire Mareschal qui était pourtant d'ordinaire présente aux mariages de ses frères et de ses cousins. Nous apprenons par ailleurs que Jean Mareschal, le père de François, d'Antoine et de Jean-Baptiste, est décédé entretemps. Les abords d'une piste fructueuse s'esquissent peu à peu, je les entrevois inconsciemment, mais un indice manque encore. Les actes de mariage des deux frères Mareschal ont certifié l'existence d'un cousinage avec les Devimeux sans toutefois en préciser les tenants et les aboutissants. Mon intuition m'oriente logiquement vers François Devimeux dont je n'ai pas encore retrouvé l'acte de mariage avec Marie-Noëlle Pétronille Hedde. Cela ne saurait tarder plus longtemps. Après de longs mois de recherches, deux renseignements s'apprêtent à significativement éclaircir, si ce n'est le mystère entier, une partie non négligeable des doutes qui planent sur les liens existants entre les Mareschal et les Devimeux. Un retour aux registres de l'église Saint-Pierre s'impose. Le mardi 25 novembre 1760, François Devimeux, fils des défunts Jean-Baptiste Devimeux et Marie-Marguerite Cordier, épousa Marie-Noëlle Pétronille Hedde, elle-même issue d'une famille de marchands. Si l'acte en lui-même n'offre rien de nouveau sur les époux mis à part leur âge, les opportunes précisions qui suivent concernant les témoins nous sont en revanche profitables : "[...] <i>en présence du Sieur Jean Mareschal, oncle de l'époux, de Jean et de François Mareschal ses cousins, et du Sieur Jean-François Devimeux </i>[père d'<a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2019/04/deleonore-devimeux-aux-comtes-de-boury.html" target="_blank">Eléonore</a><a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2019/04/deleonore-devimeux-aux-comtes-de-boury.html" target="_blank"> Devimeux</a>]<i> son cousin </i>[...]" Je note au passage les signatures de Victoire et d'Anne-Pétronille Mareschal, ainsi que celle de Marie-Jeanne Cordier. Je vous ai déjà fait part tant de fois de mon intérêt pour les signatures de mes ancêtres, notamment au XVIIIe siècle. Outre l'exceptionnel témoignage personnel qu'elles constituent, ces quelques lettres cachent plus d'indices que ce que l'on pourrait croire, à condition de savoir les déchiffrer, tels des hiéroglyphes gravés dans les pyramides...</span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-gjDpYkPO6lI/XVgV8yp5AwI/AAAAAAAABEM/ikNWwz50hrsy_B3fF5XiWJ5a5aYQohKfACLcBGAs/s1600/Marie-Jeanne%2BCordier.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="948" height="356" src="https://1.bp.blogspot.com/-gjDpYkPO6lI/XVgV8yp5AwI/AAAAAAAABEM/ikNWwz50hrsy_B3fF5XiWJ5a5aYQohKfACLcBGAs/s640/Marie-Jeanne%2BCordier.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Acte de sépulture de Marie-Jeanne Cordier - 1784 - Calais - <a href="http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/fff7bb1060856d03" target="_blank">Archives du Pas-de-Calais</a></span></span></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les indices se trouvent parfois sous nos yeux mais, comme si nous étions frappés d'une inconsciente cécité, il nous est impossible de les déceler sans une certaine réflexion pouvant durer, comme ce fut le cas ici, plusieurs mois. Je n'étais déjà plus au collège mais au lycée lorsque je découvris l'acte de sépulture de Marie-Jeanne Cordier. Croyez-le ou non, mais c'est bel et bien Marie-Jeanne Cordier, soeur de Marie-Marguerite Cordier et tante maternelle des Devimeux, qui me permit de délimiter puis de situer, sans pour autant en comprendre encore l'origine, le cousinage des Mareschal et des Devimeux. Intéressons-nous d'abord à son acte de sépulture daté de 1784, une mine d'or à ciel ouvert dont voici l'entière transcription : "<i>Le treize a été inhumé au cimetière de cette Paroisse le corps de Damoiselle Marie-Jeanne Cordier, âgée de soixante-dix-sept ans, fille légitime de défunt Sieur Jacques-Antoine Cordier, vivant noblement, et de Demoiselle Suzanne Antoinette Le Maitre ses père et mère, native de Notre-Dame de Calais, décédée d'hier en cette Paroisse. Ont assisté à son enterrement et signé le présent acte les Sieurs François Devimeux son neveu et Jourdan Midon de la paroisse de Calais.</i>" Si les quelques détails donnés sur les parents de Marie-Jeanne Cordier, qui sont ainsi les grands-parents maternels de Noël Joseph et de François Devimeux, paraîtraient presque banals, je puis vous assurer qu'il ne le sont en aucun cas. Bienheureux le généalogiste qui trouve spécifiées ce genre d'indications sur l'ascendance d'un défunt au XVIIIe siècle, de surcroît de cet âge là ! J'en déduis que Marie-Jeanne Cordier gardait un parfait souvenir de ses ancêtres. Mais plus encore, cette dame, qui jamais ne se maria et n'entra pour autant pas dans les ordres, qui jamais ne travailla mais bénéficia toujours d'une certaine notoriété, cette femme en avance sur son temps, au centre de tous les événéments familiaux, qui traversa le XVIIIe siècle de la fin du règne de Louis XIV aux dernières années de l'Ancien Régime, fut la clef d'une partie de l'énigme. Il suffit seulement parfois, pour que la réponse à une question apparaisse limpide et claire, de poser d'autres questions, de soulever d'autres mystères, d'apporter de nouvelles interrogations et d'aborder ainsi la recherche sous un autre angle, sur une inédite trajectoire.</span></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-KkEv91HLijQ/XVgqWUxv6dI/AAAAAAAABEg/AUBhU0a2i0gHU5q24F4xN891Q8EndmSmgCLcBGAs/s1600/Illustration%2Barticle.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="811" data-original-width="606" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-KkEv91HLijQ/XVgqWUxv6dI/AAAAAAAABEg/AUBhU0a2i0gHU5q24F4xN891Q8EndmSmgCLcBGAs/s640/Illustration%2Barticle.jpg" width="476" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Le marchand de lunettes - Isidore Stanislas Helman - 1776 - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10550340c/f1.item.r=marchand.zoom" target="_blank">BNF</a></b></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Discernez-vous désormais une partie de l'explication qui nous échappe depuis le début des recherches ? Ce ne fut mon cas que plus récemment, car après une pointilleuse énumération des indices en ma possession, deux éléments m'ont semblé non négligeables. Notons en premier lieu la présence de Jean Mareschal, époux d'Anne-Pétronille Rault-Duvivier - <i>le prénom Pétronille s'est transmis jusqu'à mon arrière-grand-mère</i> - et père de Jean-Baptiste, de François, d'Antoine, de Victoire et d'Anne-Pétronille Mareschal au mariage de François Devimeux et de Marie-Noëlle Pétronille Hedde. Il y est qualifié d'oncle de l'époux, sans qu'il n'y ait de précision quant à un éventuel lien de sa femme. Cela signifie que s'il avait été oncle par alliance, une explicite mention en aurait été faite car, d'une manière générale, les actes concernant cette famille détaillent à ce point les liens de parenté. Jean Mareschal ne porte cependant pas le même nom que Jean-Baptiste Devimeux et Marie-Marguerite Cordier, les parents de Noël Joseph et de François Devimeux, ce qui implique qu'il ne peut-être que leur demi-frère maternel. En d'autres termes, l'un des parents des frères Devimeux aurait la même mère que Jean Mareschal. Remarquons ensuite que Marie-Jeanne Cordier, pourtant restée célibataire jusqu'à son décès à l'âge de soixante-dix-sept ans - et c'est ainsi que je m'aperçus de l'importance de sa signature - figure parmi les invités de tous les mariages de la famille Mareschal que nous avons retrouvés. Elle ne peut leur être apparentée par le jeu des alliances. J'ai par ailleurs remarqué un détail caractéristique qui me permet de repérer, au beau milieu de l'amas de signatures des invités, celle de Marie-Jeanne Cordier, détail qui tient à la forme du "d" de Cordier, dont elle arrondissait toujours la boucle avant de la prolonger d'un rapide coup vers la droite, entre le "i" et le point du "i". Outre le fait qu'elle fut la dernière, depuis le décès de sa soeur Marie-Marguerite et mère des Devimeux en 1747, à porter le nom Cordier, elle était la seule à user d'une telle écriture... Le mystère commençait bel et bien, après deux ou trois années de recherches minutieuses, à s'éclaircir... Il était pourtant encore loin d'être résolu... L'hypothèse qui venait de naître, et qui s'était peu à peu construite sur des années de recherches, était peut-être la bonne. J'étais désormais convaincu que Jean Mareschal avait la même mère que Marie-Jeanne et Marie-Marguerite Cordier, à savoir Suzanne Antoinette Le Maitre. Certaines intuitions deviennent, sans que l'on puisse l'expliquer, de véritables certitudes. Mais comment allais-je démontrer un tel lien de parenté, alors même que les arbres généalogiques en ligne, de personnes ne descendant d'ailleurs pas forcément de cette famille, inventaient littéralement une généalogie tronquée, associant les Cordier à des homonymes sans rapport avec eux ? Des milliers de pages restaient à explorer...</span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-IYryCt4tXMY/XVhAuLqQWwI/AAAAAAAABEs/8mQB6s5kjMIUzl1qPEdam_X3koqjDu2FQCLcBGAs/s1600/Jean%2BMareschal%2B1766.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="688" data-original-width="1080" height="406" src="https://1.bp.blogspot.com/-IYryCt4tXMY/XVhAuLqQWwI/AAAAAAAABEs/8mQB6s5kjMIUzl1qPEdam_X3koqjDu2FQCLcBGAs/s640/Jean%2BMareschal%2B1766.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Acte de sépulture de Jean Mareschal - 1766 - Calais - <span style="color: #20124d;"><a href="http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/5d0b27077feb544397ca6955fc41b61b" target="_blank">Archives du Pas-de-Calais</a></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La première idée qui me vint à l'esprit fut de me concentrer, de me retrancher même, sur les actes que je pouvais situer d'un point de vue temporel. Les précédentes recherches nous ont d'ores et déjà appris que Jean Mareschal est décédé entre 1761 et 1769, vraisemblablement au sein de la paroisse Notre-Dame. C'est tout naturellement que mon attention se portait désormais vers son acte de sépulture, et ce non pas que par simple facilité. Le document en question indiquerait sûrement l'âge de Jean Mareschal, autrement dit, j'obtiendrais une estimation de son année de naissance de sorte que je puisse par la suite mettre la main sur son acte de baptême et connaître ses parents. Jean Mareschal s'éteignit le 26 mai 1766 d'après l'acte dont voici la transcription : "<i>Le vingt-sept a été inhumé dans l'église devant la chapelle de Sainte-Anne le corps de Monsieur Jean Mareschal, âgé de quatre-vingts ans, époux de Damoiselle Anne-Pétronille Duvivier, décédé d'hier administré des sacrements, ont assisté à son enterrement et signé le présent acte Messieurs Calais prêtre et Mareschal prieur de Saint-Jean de la Motte.</i>" Les parents de Jean Mareschal ne sont malheureusement pas précisés, mais s'il est de vingt ans l'ainé des soeurs Cordier, cela n'empêche pas forcément que tous trois soient nés de la même mère. Le décès de Jean Mareschal ne fut que le début d'une succession de calamités pour la famille Mareschal. En quelques mois à peine, trois des enfants de Jean Mareschal et d'Anne-Pétronille Rault-Duvivier trépassèrent : Antoine Mareschal, qui était rentré dans les ordres, en octobre 1766, suivi par ses soeurs Victoire en janvier 1767 et Anne-Pétronille en juin de la même année. Maladies désastreuses ou querelles d'héritiers ? Il apparaît peut-être audacieux d'émettre cette hypothèse, mais il est étonnant de voir qu'à la fin de la décennie 1760, seul un des six enfants de Jean Mareschal était encore en vie, et que la plupart sont décédés jeunes, célibataires, à quelques mois d'intervalle chacun, au moment de la succession de leur père. Il faut effectivement prendre en compte que cette famille vivait dans un certain confort financier et ne souffrait pas d'éventuelles famines. Je ressens comme l'ombre d'une affaire d'empoisonnements derrière ces décès successifs suspects, mais soyons clairs, ce n'est là qu'une théorie parmi de nombreuses autres possibilités à considérer.</span></span><br />
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VuF31bXbvC4/XVhSl4UR7fI/AAAAAAAABE4/WSRCCI8lidkNvewYW-7J3krsR6TsudCBQCLcBGAs/s1600/Palais%2Bde%2Bjustice.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="766" data-original-width="834" height="586" src="https://1.bp.blogspot.com/-VuF31bXbvC4/XVhSl4UR7fI/AAAAAAAABE4/WSRCCI8lidkNvewYW-7J3krsR6TsudCBQCLcBGAs/s640/Palais%2Bde%2Bjustice.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Palais de Justice - Jacques-Louis David - Dessin - Encre de chine et mine de plomb - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10303156n/f1.item.r=horloge.zoom" target="_blank"><b>BNF</b></a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Mais trêve de bavardages et de spéculations, revenons-en à notre enquête d'origine : Suzanne Antoinette Le Maitre est-elle à la fois la mère de Jean Mareschal, de Marie-Jeanne et de Marie-Marguerite Cordier ? Serait-il ainsi possible d'expliquer les mystérieux liens de parenté entre les Mareschal et les Devimeux ? Les mois qui suivirent la découverte du décès de Jean Mareschal furent consacrés à l'éreintante, attentive et laborieuse lecture des registres des église Saint-Pierre et Notre-Dame jusqu'au tout début du XVIIIe siècle, sachant que la plupart de ces registres avoisinent les mille-sept-cents pages. Chacun. Je suppose que tel est le prix à payer pour quiconque cherche ses ancêtres, motivé par un intérêt et par une curiosité sans faille. J'ai ainsi pu récupérer une dizaine d'actes capitaux, qui sont, dans l'ordre chronologique : l'acte de mariage de Jean Mareschal et d'Anne-Pétronille Rault-Duvivier en 1722, celui de Jean-Baptiste François Devimeux et de Marie-Marguerite Cordier en 1731, les actes de baptême de François et de Noël Joseph Devimeux respectivement en 1733 et en 1737 ainsi que ceux des enfants de Jean Mareschal, puis les actes de sépulture de Jean-Baptiste François Devimeux en 1742, de Marie-Marguerite Cordier en 1747 et d'Anne-Pétronille Rault-Duvivier en 1750. S'y ajoutent les baptêmes de Marie-Marguerite et de Marie-Jeanne Cordier, respectivement en 1705 et en 1707. Toutes deux sont bien nées du mariage de Jacques-Antoine Cordier et de Suzanne Antoinette Le Maistre, qualifiés de nobles gens. Ces recherches quoique répétitives m'ont cependant permis d'assurer à mon hypothèse un cadre temporel. Jacques-Antoine Cordier est en effet mort à l'âge de trente-trois ans à la fin de l'année 1708, laissant Suzanne Antoinette Le Maistre veuve. Leur premier fils étant né en 1702, tous deux ne peuvent s'être au plus tôt mariés qu'au milieu des années 1690. Leur acte de mariage reste malheureusement introuvable dans une paroisse comme dans l'autre, à l'instar de l'acte de baptême de Jean Mareschal, censé être né en 1686. La piste semble mener à une impasse. Est-ce réellement plausible ? Suzanne Antoinette Le Maistre aurait-elle été assez jeune en 1686 pour être encore en âge d'avoir des enfants en 1707 ? Cette hypothèse induirait au mieux une naissance en 1663-1664, mais un tel raisonnement signifierait aussi que Suzanne Antoinette Le Maistre était plus âgée que son mari Jacques-Antoine Cordier. L'impasse paraissait infranchissable, mais s'il est un enseignement que j'ai tiré de mes recherches généalogiques, c'est que les réponses ne se trouvent pas forcément à l'endroit où l'on espère qu'elles soient. Les mois passèrent et de temps à autre, je revenais sur mes pas, recroisais, à la manière d'un pirate à la recherche d'un trésor, les éléments, divers et variés, qui constituaient les indices d'une enquête au long cours. Et puis il y eut une sorte d'escale providentielle, qui me permit d'enfin résoudre ce mystère...</span></span><br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-YrPzErCNoTg/XVhalHpGWwI/AAAAAAAABFY/TvzpaeG7SxcerBIYRqRawDl38myF5o3GACLcBGAs/s1600/Gravelines%2Bcarte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="1121" src="https://1.bp.blogspot.com/-YrPzErCNoTg/XVhalHpGWwI/AAAAAAAABFY/TvzpaeG7SxcerBIYRqRawDl38myF5o3GACLcBGAs/s1600/Gravelines%2Bcarte.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Carte des environs de Calais depuis Sangatte jusqu'à Gravelines - 1650 - Cartographie manuscrite - BNF Gallica - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84932391/f1.item.r=calais.zoom" target="_blank"><b>LIEN</b></a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Il y a peu, et par un heureux hasard, j'eus l'idée de rechercher des renseignements sur Jean Mareschal dans les bibliothèques consultables en ligne, puisque ce dernier fut, si je ne m'abuse et de mémoire, échevin et juge-consul. J'ignore s'il s'agit d'un acharnement du sort pour ne pas que je résolve ce mystère, mais je me suis retrouvé très nettement embêté par l'homonymie de mes ancêtres avec Georges Mareschal, le célèbre chirurgien et confident d'origine irlandaise de Louis XIV, qui naquit à Calais en 1658. Si la plupart des documents ne faisaient état que de ce talentueux médecin - dont je me suis tout de même demandé, à tort sans doute, s'il n'était pas apparenté d'une manière ou d'une autre à la famille Mareschal - l'un d'eux faisait mention d'un Jean Mareschal mayeur de Gravelines. Située aux confins de la Flandre maritime, la ville fortifiée de Gravelines et son village de pêcheurs, considérés comme la porte d'entrée des Pays-Bas, virent passer anglais, espagnols, et furent le théâtre de nombreuses batailles. Rattachée à la France par le traité des Pyrénées en 1659, Gravelines, où Louis XIV séjourna quelquefois, était sujette à de violentes inondations ainsi qu'à d'intenses tempêtes. Et c'est en ce lieu d'une importance historique considérable que je tentai, sur un coup de tête mais sans grande conviction cependant, de retrouver Suzanne Antoinette Le Maistre, bien longtemps après avoir laissé en plan les recherches concernant les Mareschal, les Cordier et les Devimeux. Bien m'en prit cette fois, j'allais résoudre l'énigme qui durait depuis des années !</span></span><br />
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-kJlYs4Q67go/XVhqCJkh0oI/AAAAAAAABFo/X4mywUpccLgUFo4pi0jREzmwJ_UTOEUIACLcBGAs/s1600/Mariage%2BLe%2BMaistre%2BCordier.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="506" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-kJlYs4Q67go/XVhqCJkh0oI/AAAAAAAABFo/X4mywUpccLgUFo4pi0jREzmwJ_UTOEUIACLcBGAs/s640/Mariage%2BLe%2BMaistre%2BCordier.jpg" width="448" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Mariage de J.A. Cordier et de S.A. Le Maistre - 1701, <a href="https://archivesdepartementales.lenord.fr/?id=recherche_etat_civil_detail&doc=accounts%2Fmnesys_ad59%2Fdatas%2Fir%2FEtat%20civil%2FFRAD059_MI_A_Z_2011_07_01%2Exml&page_ref=147409&unittitle=GRAVELINES%20/%20BMS%20(manque%201706)%20[1687-1710]&unitid=&unitdate=1687-1710" target="_blank">Gravelines</a></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Au beau milieu d'un poussérieux registre aux pages vieillies par l'usure du temps et par l'air marin se trouvait cachée la clef de l'énigme, à savoir quelques lignes fort précieuses qui venaient éclaircir les dernières zones d'ombre perdurant autour des mystérieux liens unissant en une seule et même famille les Mareschal, les Cordier et les Devimeux. Voici la transcription de cet inestimable acte de mariage, qui est lui même précédé d'un acte de fiançailles : "<i>Le cinquième jour du mois de mai 1701, après les fiançailles faites le jour précédent et un ban de mariage proclamé le troisième jour du même mois, les parties ayant obtenu dispense des deux autres de Monseigneur l'Evêque de Saint-Omer auquel personne n'est opposé et un contrôle des dits bans je soussigné, Doyen de Gravelines, ai interrogé Jacques Cordier, jeune homme ci-devant, procureur, fils de Louys Cordier et de Magdelaine Ravoisier d'une part, et Suzanne Antoinette Le Maistre, veuve de Sieur Jean Mareschal vivant médecin et ancien mayeur de cette ville tous deux de cette paroisse, et leurs consentements mutuels par moi puis les ai conjoints au mariage, en présence de Sieur François Charpentier ancien échevin de cette ville, de Monseigneur Jean-Baptiste Leplat vicaire de cette paroisse, de Jean Gallois et autres de leurs parents et amis qui ont signé avec nous Doyen soussigné. Signatures des époux." </i>Victoire ! La théorie que j'avais imaginée et construite au cours de mes interminables recherches, l'intuition en laquelle je croyais et la curiosité qui m'animait depuis des années venaient d'être justifiées. Je ne tardai pas à récupérer l'acte de baptême de Jean Mareschal, né à Gravelines le 17 novembre 1686, ainsi que ceux de Marie-Jeanne, de Joseph et de Jean-François Mareschal qui sont les trois autres enfants que Suzanne Antoinette Le Maistre avait eus de son premier mariage avec Jean Mareschal, médecin et mayeur de Gravelines. Pour l'anecdote, c'est aussi à Gravelines que Georges Mareschal, le chirurgien de Louis XIV, vécut dès l'âge de treize ans et apprit la médecine. Je n'étais cependant pas encore totalement rassasié et ma soif de découverte m'emmena sur les traces de la famille de Suzanne Antoinette Le Maistre dont les parents m'étaient encore inconnus en dépit de l'acte de mariage que je venais de trouver.</span></span><br />
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-5cHdyCwuLP4/XVhzxOMDCtI/AAAAAAAABF0/1fmar5ExzRI4zcbmhhR3ioH_hdX5tLxbACLcBGAs/s1600/Georges%2BMareschal.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="870" data-original-width="699" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-5cHdyCwuLP4/XVhzxOMDCtI/AAAAAAAABF0/1fmar5ExzRI4zcbmhhR3ioH_hdX5tLxbACLcBGAs/s400/Georges%2BMareschal.jpg" width="321" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Georges Mareschal (1658-1736) - BNF - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10500761m/f1.item.r=georges%20mareschal.zoom" target="_blank">LIEN</a></b> </span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Après avoir maintes et maintes fois parcouru les registres des premières décennies du XVIIIe des deux paroisses de Calais, je suis finalement parvenu à retrouver l'acte de sépulture de Suzanne Antoinette Le Maistre, à Notre-Dame, le 18 janvier 1724. Âgée de soixante ans, elle y est mentionnée comme étant la veuve de Jacques-Antoine Cordier. Deux membres de la famille Mareschal dont son fils Jean sont témoins et la signature de ce dernier est identique à celles que je lui connais déjà. Plus aucun doute ne subsiste. Je pars ensuite en quête du premier mariage de Suzanne Antoinette Le Maistre avec Jean Mareschal <i>père</i> - celui qui fut médecin et mayeur de Gravelines - et ayant eu connaissance de l'âge de Suzanne Antoinette Le Maistre lors de son décès, et par déduction de son approximative année de naissance, en l'occurrence 1664, je le situe entre 1680 et 1685 puisque Jean Mareschal<i> fils</i> est né en 1686. Le mariage eut lieu le 15 mai 1681 à Saint-Pierre mais par malchance les parents de Suzanne Antoinette Le Maistre ne furent pas indiqués. D'autres renseignements sont en revanche fournis : "[...] <i>noble homme maître Jean Mareschal docteur en médecine de la paroisse de Gravelines, assisté de maître Thomas Mareschal curé d'Ardres, de Mathieu et de Barbe Mareschal ses frère et soeur, de maître André Mareschal curé de Saint-Pierre, de Damoiselle Hélène Mareschal sa cousine" </i>épousa "<i>Damoiselle Antoinette Le Maistre, assistée de Marie Le Normand sa tante, de Claude Lhuyllier son cousin et curateur, et autres ses amis et parents </i>[...]<i>"</i> L'intérêt de cet acte réside dans la mention de Marie Le Normand comme étant la tante de la mariée. Il ne reste plus qu'à mettre la main sur l'acte de baptême de Suzanne Antoinette Le Maistre, qui doit a fortiori se situer quelque part dans les registres de l'an 1664. Je découvre ainsi, des années après avoir débuté cette enquête, le baptême de Suzanne Antoinette Le Maistre en date du 16 mars 1664, et dont voici l'entière transcription : "<i>L'an de grâce, le 16, par moi curé de l'église de Saint-Pierre a été baptisé un enfant femelle né le 13 du mariage d'Anthoine Le Maistre et de Suzanne Le Guesne</i> [ou Le Quesne] <i>nommé Suzanne Antoinette, son parrain Jacques Cajac Ferquen, sa marraine Antoinette Seguin tous deux de la paroisse de Calais. Signatures." </i>Je suis d'ores et déjà certain qu'il s'agit bel et bien de l'acte que je cherchais, mais comme il peut toujours y avoir un scepticisme chez certains - notamment de la part de ceux qui ne conçoivent pas que l'on puisse entreprendre de manière autonome de telles recherches à l'âge de vingt ans, sachant que je les ai commencées il y a sept ou huit ans maintenant -, je me suis mis en tête de trouver une ultime preuve certifiant que ce baptême est le bon. Et par chance, cela ne me prit que quelques minutes. Cinq mois avant Suzanne Antoinette Le Maistre naquit Marie Le Maistre, le 14 octobre 1663 pour être exact. Fille de François Le Maistre et de Marie Le Normand - qui assista des années plus tard, comme nous l'avons constaté, sa nièce Suzanne Antoinette Le Maistre lors de son premier mariage avec Jean Mareschal - sa marraine n'est autre que Suzanne Le Guesne - ou Le Quesne -. Le mystérieux cousinage liant les Mareschal, les Cordier et les Devimeux au sein d'une même famille est enfin connu ; le voile est levé sur ce mystère dont la résolution nécessita cinq années de recherches acharnées lors desquelles la curiosité historique fut ma principale motivation.</span></span><br />
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<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-bbqe8aa_h3w/XViEQE_koaI/AAAAAAAABGA/2G--GCTcOmsexJSFBbLGPsH5gtO0W0vXQCLcBGAs/s1600/Suzanne%2BAntoinette%2BLe%2BMaistre%2BBapt%25C3%25AAme%2B1664%2BII.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="361" data-original-width="869" height="264" src="https://1.bp.blogspot.com/-bbqe8aa_h3w/XViEQE_koaI/AAAAAAAABGA/2G--GCTcOmsexJSFBbLGPsH5gtO0W0vXQCLcBGAs/s640/Suzanne%2BAntoinette%2BLe%2BMaistre%2BBapt%25C3%25AAme%2B1664%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Baptême de Suzanne Antoinette Le Maistre - 1664 - Saint-Pierre Calais - <b><a href="http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/a73a00c0c29b51d0bed91234812d9bca" target="_blank">LIEN</a></b></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Suzanne Antoinette Le Maistre est ainsi la mère de Jean Mareschal, de Marie-Marguerite et de Marie-Jeanne Cordier, ainsi que la grand-mère des Mareschal et des Devimeux. Elle épousa deux hommes très différents : le premier, de dix-huit ans son ainé, était médecin ; le second, de onze ans plus jeune qu'elle, fut procureur avant de vivre noblement. Ironiquement, son arrière-petite-fille naquit en février 1764, soit quasiment un siècle jour pour jour après elle, et se nommait également Suzanne Antoinette. Serait-ce un simple hasard ? Que nenni ! Jean Mareschal et Marie-Jeanne Cordier étaient encore en vie en 1764 et ont sûrement choisi les prénoms de mon ancêtre en hommage à leur mère. N'oublions pas que Suzanne Antoinette Le Maistre était encore mentionnée dans des actes écrits plus de cent-vingt ans après sa naissance et soixante ans après son décès, fait assez rare au XVIIIe siècle. Suzanne Antoinette Devimeux, son arrière-petite-fille, est l'arrière-grand-mère de Jules-Eugène Baron et de Pétronille Florentine Duquesnoy - <i>dont je vous montre souvent le portrait, portrait qui va conclure cet article tant il me fascine</i> -, qui sont eux-mêmes les grands-parents maternels de Gabrielle Jeanne Pétronille Le Danois, mon arrière-grand-mère paternelle. Notons la transmission du prénom Pétronille au cours des siècles, d'une génération de femmes à l'autre. Avant de terminer cet article, je souhaiterais passer une annonce, sait-on jamais : il y a quelques années, une personne dont je n'ai plus le nom m'a envoyé un portrait d'Honoré Jean-Marie Cordier de la Houssaye, cousin de mes ancêtres mentionné au début de mes recherches. J'ai malheureusement perdu ce portrait entre-temps suite à un problème informatique - comme toujours... - Si par un opportun hasard cette personne se reconnaissait, aurait-elle la grande gentillesse de m'envoyer une nouvelle fois ce portrait ? Je l'en remercie d'avance. Si vous souhaitez par ailleurs en savoir davantage sur la famille Devimeux, je vous conseille de lire <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2019/04/deleonore-devimeux-aux-comtes-de-boury.html" target="_blank">l'article</a> consacré à Eléonore Devimeux et à son premier époux le Général Tenet de Laubadère. Je me permets une dernière remarque à l'encontre de toute personne qui utiliserait les éléments présentés dans cet article sans me mentionner comme en étant la source : ces recherches concernant les familles Devimeux, Mareschal et Cordier, qui durent depuis des années, sont les miennes. Si je suis tout à fait d'accord pour les diffuser, les partager et les voir remplacer les erreurs que j'ai pu lire sur certains arbres, si je serais tout à fait ravi qu'elles apportent à ceux qui les cherchent de nouveaux renseignements, j'exige cependant que l'on m'indique explicitement et visiblement en source. Merci. Cet article est certes long, mais les recherches qu'il retrace le sont bien davantage, croyez-moi ! Après avoir résolu cet imbroglio généalogique et retrouvé le cousinage introuvable, je me demande désormais si Georges Mareschal, le chirurgien de Louis XIV, originaire de Gravelines, homonyme de mes ancêtres, n'était pas apparenté à Jean Mareschal, médecin lui aussi à Gravelines et qui plus est à la même époque. En attendant, je vous laisse avec le portrait - que mes lecteurs et abonnés <a href="https://twitter.com/WilfriedL11" target="_blank">Twitter</a> connaissent sûrement déjà - de la grand-mère de mon arrière-grand-mère, nommée Pétronille, et descendante avec son mari de toutes les familles dont nous avons suivi la trace dans cet article, en partant de la fin règne de Louis XV pour arriver au début de celui de Louis XIV. Je tiens par ailleurs à rendre hommage à mon grand-père maternel, décédé il y a bientôt deux ans et toujours dans mon coeur. En vous souhaitant un excellent été. A très bientôt !</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-qVledaQ2Lng/XViORc3X47I/AAAAAAAABGM/EaenOfyWNSwcstsfUNIVFNB5zAAAwp0swCLcBGAs/s1600/Anc%25C3%25AAtre%2BP%25C3%25A9tronille%2BF.%2BD..jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1226" data-original-width="1042" src="https://1.bp.blogspot.com/-qVledaQ2Lng/XViORc3X47I/AAAAAAAABGM/EaenOfyWNSwcstsfUNIVFNB5zAAAwp0swCLcBGAs/s1600/Anc%25C3%25AAtre%2BP%25C3%25A9tronille%2BF.%2BD..jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Pétronille Florentine Duquesnoy, ancêtre descendante tout comme son mari des Devimeux, des Cordier et des Mareschal - Portrait familial</span></span></td></tr>
</tbody></table>
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Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-69069465749916988142019-07-07T03:51:00.000+02:002019-07-07T03:51:14.413+02:00Histoire de la famille Bonnet : Puivert, de drôles de surnoms et la légende du dragon de Terni<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">L'été est enfin là et pour être honnête, je suis de ceux qui apprécient les fortes chaleurs. Mais ce sont paradoxalement les confins septentrionaux de l'Europe que je suis allé découvrir en juin, pour mon anniversaire. Plutôt habitué à l'Espagne toute proche de mon Languedoc-Roussillon - oui, j'ai du mal avec les nouvelles régions... - les lointaines contrées islandaises m'ont à la fois envoûté et dépaysé. Comment ne pas l'être, entouré d'une nature saisissante où s'enchaînent des paysages énigmatiques et lunaires, volcaniques et majestueux, le tout cerné par une omniprésente mer sombre ? J'ai par ailleurs eu l'opportunité de visiter l'</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Écosse, de retourner en Angleterre : en somme, ce voyage a été une réussite et j'aurais aimé le prolonger davantage même si je suis déjà chanceux d'avoir pu l'entreprendre. L'ambiance légendaire que l'on ressent aisément aux Highlands ou à Snaefellsnes m'a suffisamment marqué pour que je veuille, d'une manière ou d'une autre, aborder le thème des légendes dans un article. N'ayant a priori pas d'ascendance viking proche, si ce n'est une ancêtre éloignée de mon arrière-arrière-grand-mère normande dont le patronyme dériverait du norrois, j'ai pensé qu'il ne serait pas inintéressant de consacrer mes prochaines recherches aux aïeuls de Marie-Vincentine Bonnet, grand-mère paternelle de ma mère, issue de vieilles familles du Kercorb, une région perdue à l'extrémité sud-ouest de l'Aude et où il y a peu encore, les habitants enclins à la superstition croyaient en toutes sortes de légendes...</span></span></span></div>
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<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-c8JrOb-AFHo/XR_SKwSc3ZI/AAAAAAAABAU/0VsoBD9hX3E-0DZkcpbYDBzP63LkuFgiACLcBGAs/s1600/Jean%2BBonnet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="460" data-original-width="281" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-c8JrOb-AFHo/XR_SKwSc3ZI/AAAAAAAABAU/0VsoBD9hX3E-0DZkcpbYDBzP63LkuFgiACLcBGAs/s640/Jean%2BBonnet.jpg" width="390" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><b>Jean Bonnet (1843-1926)</b> - quadrisaïeul - Photographies familiales*</span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Jean Bonnet, arrière-grand-père de mon grand-père, dernier des cinq enfants de Jean-Baptiste Bonnet et de Magdeleine Boulbès, naît au début de l'automne 1843 à Campeille, sur les hauteurs de Puivert. Pour l'anecdote, son unique soeur Pétronille, partie à Sète, est la principale protagoniste d'un rendez-vous ancestral écrit il y a quelques mois. Sept autres familles* vivent en ces lieux reculés, à savoir les Débat, les Rivals, les Danjou, les Verdier, les Peille, les Saurel et les Plantier - ces noms sonneront sans aucun doute familiers pour ceux des lecteurs qui connaissent la région. - Un cadre anodin pour le moment, j'en conviens, hormis l'étonnant surnom par lequel est désignée Magdeleine Boulbès. Si l'un d'entre vous connaît la signification du terme "Fouasseau", je suis preneur car je n'ai pour ma part qu'une seule hypothèse plausible. Fouasseau rappellerait plus ou moins le mot fouassier, lui-même variante de fouacier ou fabricant de fouace/fouasse, une sorte de large couronne de pain brioché parfumée à la fleur d'oranger, à laquelle des rillettes ou des fruits confits étaient parfois même ajoutés - j'écris cela à minuit, évidemment, la faim me tenaille maintenant ! - Si je m'en réfère aux renseignements piochés par-ci par-là, cette recette serait typique des montagnes du Rouergue et de l'Auvergne, il en aurait également été retrouvé dans les environs d'Albi, à une large centaine de kilomètres à vol d'oiseau au nord du Kercorb. Notons qu'à l'instar de sa voisine Rivel - un autre berceau des Bonnet -, Puivert est nettement plus sujette aux rigueurs des hivers montagnards que Chalabre et la région limouxine. Seuls les massifs calcaires du <a href="http://genevieve.lehoux.over-blog.com/article-les-hauts-de-chalabre-randonnee-47966720.html" target="_blank">Plantaurel</a>, contreforts des Pyrénées, protègent un tant soit peu le village des hivers pyrénéens. Il me semble dès lors tout à fait envisageable d'imaginer Magdeleine Boulbès préparer la pâte, les soirs d'hiver, puis faire cuire sous la cendre des fouasses pour ses proches, fouasses qui pouvaient se conserver en bon état plus d'une semaine. L'étymologie latine du mot foassa renverrait même à la cuisson particulière du pain sous la cendre. Je me plais à croire que mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère - ou quinquisaïeule, pour abréger - Magdeleine Boulbès, mère de Justin, de Pierre, de Pétronille, de Baptiste et de Jean Bonnet devait préparer d'excellentes fouasses pour recevoir ce surnom*.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ne0QC1fTCbo/XR_Ow91AJMI/AAAAAAAABAI/h5p5fbXSA1AK6RFMUaSp1q-MP10PNyunwCLcBGAs/s1600/Puivert.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-ne0QC1fTCbo/XR_Ow91AJMI/AAAAAAAABAI/h5p5fbXSA1AK6RFMUaSp1q-MP10PNyunwCLcBGAs/s640/Puivert.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Le château de Puivert au crépuscule</i> - Photographie provenant du blog de ma mère - <b><a href="http://genevieve.lehoux.over-blog.com/article-lumieres-du-soir-37899249.html" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Les fouasses sont par ailleurs mentionnées dans les journaux destinés aux pâtissiers biscuitiers et aux boulangers jusqu'à la fin du XIXe siècle. Ainsi lit-on, dans les <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65862962/f1.image.r=fouace%20painpain" target="_blank">documents historiques de la pâtisserie française</a>, la description suivante : "[...] <i>ils fabriquaient également des fouaces, sortes de pains faits de fleurs de farine, en forme de galettes et ordinairement cuits sous la cendre.</i>" Si la recette semble à première vue alléchante, tel n'est pas l'avis des docteurs, dans un <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205842c/f17.image.r=fouace%20painpain" target="_blank">traité d'hygiène sur les paysans</a>, selon lesquels : "<i>Dans beaucoup de pays, les jours où l'on boulange, on mange de la fouace ; c'est un morceau de pâte incomplètement levée que l'on jette sur la tôle du four et que l'on mange bouillante, avec ou sans beurre, trempée dans du lait ou du vin. Cet usage est encore plus dangereux que celui de manger du pain chaud ; ordinairement, après un semblable repas, on est obligé de boire beaucoup ; la pâte mal levée fermente dans le corps, et les estomacs les plus complaisants sont quelquefois durement éprouvés à la suite d'un déjeuner composé de fouaces." </i>Ces propos sont toutefois très généraux et l'hypothèse de la recette montagnarde apparaît plus crédible. Mon ancêtre pourrait simplement avoir eu un penchant pour la gourmandise. Après tout, j'ai toujours vu mon grand-père manger quantité de gâteaux et je crois que cela s'est transmis... Nous avons désormais éclairci le mystère qui planait autour du surnom de mon ancêtre, mais d'autres éléments paraissent quelque peu étonnants, à commencer par les toponymes locaux.<span style="font-size: x-small;"> </span></span></span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-size: x-small;"> </span><span style="font-size: xx-small;"> </span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
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</div>
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</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-vRGTYE40vLc/XSCrLgmMrmI/AAAAAAAABBc/PVf4zl_BtaU-Ymfs8RRo0ZEVJhv5PmHUQCLcBGAs/s1600/Carte%2Bde%2BCassini%2BIII.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="1131" src="https://1.bp.blogspot.com/-vRGTYE40vLc/XSCrLgmMrmI/AAAAAAAABBc/PVf4zl_BtaU-Ymfs8RRo0ZEVJhv5PmHUQCLcBGAs/s1600/Carte%2Bde%2BCassini%2BIII.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Carte générale de la France, Montlluís-Mosset,</i> montrant les hameaux situés près de Puivert - 1781 - Provient de la BNF - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53095197z/f1.item.zoom" target="_blank">LIEN</a></b> - et situation géographique de Puivert dans le monde ouest-méditerranéen</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Si certains lieux-dits tels Campferrié, </span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Campsadourny et </span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Campsylvestre se réfèrent directement aux familles locales, d'autres en revanche semblent plus étranges. Camp-Barberouge, Camp-Bounalire ou les Arnoulats revêtiraient à coup sûr une dimension légèrement exotique pour un visiteur étranger à la région et à ses drôles de coutumes toponymiques. Mes ancêtres vécurent au moins dans deux de ces camps, au XIXe siècle à Campeille et plus antérieurement à Campserdou. Le premier est d'ailleurs mentionné dans l'<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246349.image" target="_blank">Histoire de la terre privilégiée</a> - comprenez par là le Kercorb chalabrois - de Casimir Pont. En voici un passage : "<i>C'est également en côtoyant la rive droite du Blau, passant par Villefort, que les Chalabrois gagnaient le donjon de Puivert. Pour venir de ce dernier point sur Rivel, il fallait tout d'abord gravir la côte de Campeille, traverser les bois de chêne qui couvrent les hauteurs de Mouiche, longer la fameuse plaine des Roupudés, de glorieuse mémoire ; puis descendre en droite ligne dans les bas-fonds de la Ruero, par une pente très rapide, rude </i>[...]" Jean Bonnet vécut ainsi son enfance entouré de chemins escarpés et de chênes centenaires. Dernier de la fratrie, il ne connut que très peu sa grand-mère maternelle Anne Cassagnaud, qui s'était installée à Rivel et que les Bonnet devaient vraisemblablement aller voir en passant par le chemin que décrit Casimir Pont, dans le sens inverse. Ironie du sort, le sentier continue jusqu'à l'église Sainte-Cécile de Rivel et passe près de la propriété du Marais*, dont Jean Bonnet héritera bien des années plus tard de la famille de sa future épouse Marie Lagarde, et qu'il transmettra à ses petites-filles Marie-Vincentine - mon arrière-grand-mère - et Jeanne Bonnet.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-EQBTCHFfZjQ/XSEbZMNOFVI/AAAAAAAABBo/Sxzw_3_Jn341JQRo4Fs1NrY5BK4uJ9IEQCLcBGAs/s1600/Cascade%2Bde%2BTerni.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1041" data-original-width="724" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-EQBTCHFfZjQ/XSEbZMNOFVI/AAAAAAAABBo/Sxzw_3_Jn341JQRo4Fs1NrY5BK4uJ9IEQCLcBGAs/s640/Cascade%2Bde%2BTerni.jpg" width="443" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Cascade of Terni</i> - 1797-1799 - Estampe - J. Mérigot - Provient de la BNF - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8562510p/f138.item.r=terni.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Dès les premières années du XIXe siècle et même avant, les membres de la famille Bonnet vivaient à Campeille. Leur généalogie s'y est enracinée sur plusieurs générations, à l'image des chênes qui bordent le vieil hameau. Pour autant, la toponymie est loin d'être le seul élément exotique dans la mosaïque de noms que mettent en lumière des recherches approfondies sur cette famille. Je peine à en déterminer les origines, mais le grand-père paternel de Jean Bonnet, né à la fin des années 1750, se nommait Volusien Boulzia. S'il fut aussi quelquefois appelé Jean Volusien ou Jean Boulzia, rien ne permet à première vue d'expliquer l'attribution de tels prénoms. Le seul autre Volusien à ma connaissance n'est qu'un éphémère empereur romain du IIIe siècle, Gaius Vibius Volusianus, qui ne serait visiblement pas lié au Kercorb. Je vous ai cependant fait part de mon désir d'associer à cet article une dimension légendaire, pour rester dans la continuité des impressions de mes voyages. Or, la barrière entre histoire et généalogie est selon moi bien souvent ténue, et celle entre histoire, mythologie et légendes peut l'être tout autant. C'est ainsi que les recherches visant à déterminer les origines des prénoms peu communs de mon ancêtre m'ont mené jusqu'à la ville d'Interamna, aujourd'hui Terni, située à une centaine de kilomètres au nord de Rome et où mourut l'empereur Volusien en août 253. Pour l'anecdote, Saint-Valentin y est né en 176. Mon intérêt s'est plus particulièrement porté vers la légende la plus connue de la ville ombrienne, celle de Thyrus, le terrible dragon qui terrorisait les habitants de Terni. L'ombre menaçante de cette vilaine créature planait sur la ville et sa seule évocation suffisait à décourager les plus valeureux guerriers. Mais au moment où les habitants s'apprêtaient à se résigner, un jeune homme noble se porta volontaire pour vaincre le dragon. Il reçut la bénédiction des anciens et trouva la bête endormie. Malheureusement, le dragon se réveilla et la bataille s'engagea au profit du monstre. Alors que le brave jeune homme était à la merci du dragon, son armure refléta un opportun rayon de soleil, aveuglant par la même occasion Thyrus. L'héroïque guerrier en profita pour terrasser l'infâme dragon d'un coup de lance, sous les yeux médusés des habitants de Terni. Des fêtes furent organisées plusieurs jours durant, et l'on récompensa le jeune héros en lui offrant les terres du dragon Thyrus. De nos jours, les armoiries de la ville gardent une trace du dragon. Il me parait important de retranscrire, de partager et de faire connaître ces légendes folkloriques dont nous n'entendons que bien trop peu parler et ce même dans les cours universitaires qui ont à mon goût et de ce que j'en ai constaté une fâcheuse tendance à ne se centrer que sur certains aspects historiques - religions, politique... - et délaissent une infinité d'éléments passionnants et beaucoup moins rébarbatifs. Pour en revenir à la généalogie de la famille Bonnet, il m'a semblé judicieux de raconter en détail la légende du dragon de Terni pour souligner, et je crois vous en avoir déjà parlé, la propension à la superstition des habitants du Kercorb et plus généralement du monde méditerranéen. Mon arrière-grand-mère Marie-Vincentine Bonnet, qui vécut pourtant au XXe siècle, était restée particulièrement attachée à diverses peurs et traditions aux origines lointaines. Aussi craignait-elle que de malveillants voisins ne lui jetassent un mauvais sort, peut-être même une malédiction. Elle évitait d'ailleurs certains lieux, considérés comme hantés ou porte-malheurs, et éloignait les mauvais esprits par diverses ruses - en pendant tel ou tel objet -, ruses que j'ai été surpris de retrouver de nos jours encore </span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">lors d'un voyage en Italie </span></span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">à Naples. Je suis curieux d'en apprendre davantage sur ces croyances mystiques et sur les étroits rapports que semblaient entretenir avec elles nombre de peuples méditerranéens, à l'instar de mon arrière-grand-mère. Et puis, n'est-il pas agréable de se cultiver en recherchant ses ancêtres ?</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-u3ma53QSR5o/XSFE5jJNZ4I/AAAAAAAABB8/kd_HXUgcAJIMCoptR83r7n_gS_gjk8ClQCLcBGAs/s1600/Famille%2BBonnet%2BXIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="1131" src="https://1.bp.blogspot.com/-u3ma53QSR5o/XSFE5jJNZ4I/AAAAAAAABB8/kd_HXUgcAJIMCoptR83r7n_gS_gjk8ClQCLcBGAs/s1600/Famille%2BBonnet%2BXIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Descendance partielle et simplifiée de Volusien Boulzia Bonnet - Recherches personnelles</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">J'aurais aimé poursuivre cet article et remonter les diverses générations de la famille Bonnet mais il me manque pour le moment un acte et il est plutôt tard - j'ai pour ma part l'habitude d'écrire en soirée. - Quelques petites précisions signalées par les astériques : la photographie de Jean Bonnet a été identifiée il y a quelques années par son arrière-petit-fils, mon grand-père maternel, fils de Marie-Vincentine Bonnet. Les sept autres familles voisines des Bonnet me sont connues grâce aux recensements de Puivert des années 1836 et 1846. Magdeleine Boulbès était surnommée Fouasseau et les surnoms n'ont rien d'inhabituel dans cette région. La propriété du Marais, située sur les hauteurs de Rivel, appartenait à la famille Lagarde, dont Jean Bonnet épousa l'une des descendantes. Leurs petites-filles Marie-Vincentine et Jeanne Bonnet en héritèrent. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la ville de Terni et que vous lisez l'italien, je vous invite à consulter <a href="https://books.google.fr/books?id=YicuAAAAYAAJ&dq=drago%20di%20terni&hl=fr&pg=PP7#v=onepage&q=drago%20di%20terni&f=false" target="_blank">Storia di Terni</a> de Francesco Angeloni. Un rendez-vous ancestral a été consacré à <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/12/rendez-vous-ancestral-petronille-bonnet.html" target="_blank">Pétronille Bonnet</a>. Je vous souhaite un excellent mois de juillet. Tant que j'y pense, les photos de mes voyages seront peu à peu publiées sur mon profil <a href="https://www.instagram.com/wilfriedlehoux/?hl=fr" target="_blank">Instagram</a>.</span></span><br />
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-26589741011105671832019-04-24T05:15:00.001+02:002019-04-24T17:44:31.688+02:00D'Éléonore Devimeux aux comtes de Boury, trajectoires et tragédies d'une famille... Chapitre I<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div align="justify">
<br /></div>
<h3 style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Premier chapitre, 1790 : La demoiselle Devimeux, Tenet de Laubadère et la Révolution...</span></span></h3>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Ces
derniers temps, après avoir longuement passé en revue les
généalogies des diverses branches de mon arbre et plus
particulièrement celles, de mieux en mieux connues, qui concernent
l'ascendance de mon grand-père paternel, j'en suis venu à
m'interroger sur la notion de descendance, sur les trajectoires d'une
famille et sur la transmission de l'histoire de ses membres au fil
des générations. Mais plus encore, c'est la continuité même d'une
famille, d'une descendance, qui m'a poussé à l'écriture de cet
article. L'autre jour, j'annotais dans l'un de mes innombrables
cahiers - c'est mon côté vieillot, j'affectionne peu le virtuel,
j'entasse compulsivement les carnets de toutes sortes... - plusieurs
pages retraçant des recherches menées sur l'histoire d'une famille
par cette seule et triste phrase : "Il n'y aucun descendant de
ce côté là, la lignée s'est éteinte." La famille en
question est celle des Devimeux - quelquefois nommés de Vimeux -,
dont descend entre autres Gabrielle Jeanne Pétronille Le Danois
(1898-1995), grand-mère paternelle de mon père , et qui avait deux
fois comme ancêtre maternelle Suzanne Antoinette Devimeux
(1764-1842), épouse Messiaen. Cette famille est l'une des plus
paradoxales de mon ascendance : les traces qu'elle a laissées sont
fort nombreuses et précises ; pour autant, il m'est assez difficile
d'en reconstituer la structure entière. Aussi, l'enquête qui suit
ne portera que sur l'une de ses branches, celle d'Éléonore
Devimeux. Précisons tout de même que cette Éléonore est la nièce
de l'un de mes ancêtres, et que les deux descendent de Jean-François
Devimeux (1669-1750), directeur du bureau des carrosses de Paris.
Ces recherches m'ont permis de découvrir des renseignements insoupçonnés. Mais plus encore, la trajectoire au tragique dénouement des descendants d'</span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore Devimeux m'a ému. Découvrons-en ensemble le premier chapitre...</span></span></span></span></div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-fMmhA4QRgRQ/XLyirVQ3fwI/AAAAAAAAA-U/GxylBsJCw20hLDkCNOEmysLqwM7Vlz2ngCLcBGAs/s1600/El%25C3%25A9onore%2BDevimeux%2Bmariage.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="664" data-original-width="1123" height="377" src="https://1.bp.blogspot.com/-fMmhA4QRgRQ/XLyirVQ3fwI/AAAAAAAAA-U/GxylBsJCw20hLDkCNOEmysLqwM7Vlz2ngCLcBGAs/s640/El%25C3%25A9onore%2BDevimeux%2Bmariage.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage de Germain Félix Tenet de Laubadère et d'Eléonore Devimeux - 1790 - Calais, Notre-Dame- Archives du Pas-de-Calais - <a href="http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/c09d8734df3c98c4" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Novembre
1790. Alors que la France plonge dans une époque troublée, une
toute autre affaire semble préoccuper Jean-François Devimeux, à
savoir le mariage de son unique fille* Éléonore, âgée d'à peine
vingt ans. La cérémonie a lieu au début du mois, à l'approche de
l'hiver et plutôt en grande pompe : les Devimeux, qui sont plus ou
moins roturiers, s'apprêtent à marier leur fille à Germain Félix
Tenet de Laubadère, issu de la noblesse gersoise et de vingt-et-un
ans son ainé. Quoique la lecture de l'acte ne soit pas selon moi
très agréable en raison des larges boucles de certaines lettres,
les renseignements qui y sont fournis ont le mérite de répondre à
une question qui me taraudait l'esprit : de quelle manière les
Devimeux ont connu les Tenet de Laubadère ? Voici une
retranscription partielle de l'acte auquel le fragment affiché plus
haut appartient : "<i>Le neuf après la publication d'un ban de
mariage entre Monsieur Germain Félix Tenet de Laubadère, Capitaine
des grenadiers du régiment Royal-Auvergne, en garnison dans la
Citadelle de la ville de Calais, fils majeur de défunt Messire
Joseph de Tenet de Laubadère, vivant seigneur de Rambos, et de Dame
Marie-Anne Françoise de Serignac </i>[...] <i>originaire de la
paroisse de Bassoues, diocèse d'Auch, et domicilié en celle-ci
depuis plusieurs années</i>". Le futur marié avait ainsi été
envoyé dans la Citadelle qui vit, deux siècles plus tôt, Français
et Espagnols s'affronter. Ce lieu chargé d'histoire revient plusieurs
fois dans le parcours de certains ancêtres.
J'aimerais d'ailleurs un jour vous raconter l'histoire
d'ancêtres qui furent contrôleurs des
réparations et des fortifications au XVIIe siècle.</span></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-EvXoVdp0TbY/XL-TpUasGPI/AAAAAAAAA-g/kkOzUDd7m6wzKQLngGBEmHug6_kA-6tKgCLcBGAs/s1600/Mariage%2Bconclu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="813" data-original-width="1096" height="474" src="https://4.bp.blogspot.com/-EvXoVdp0TbY/XL-TpUasGPI/AAAAAAAAA-g/kkOzUDd7m6wzKQLngGBEmHug6_kA-6tKgCLcBGAs/s640/Mariage%2Bconclu.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le mariage conclu - Antoine Borel et Robert de Launay - 1784 - Estampe - Provient de la BNF, Gallica - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8410420g/f1.item.r=mariage.zoom" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Nous aurions de même pu nous intéresser en détail à la belle et haletante carrière militaire de Germain Félix Tenet de Laubadère, qui participa quelques années plus tôt à la guerre d'Indépendance des </span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">États-Unis, mais je vous réserve cela pour une autre fois. Il me semble cependant intéressant de citer un passage de l'ouvrage <a href="https://books.google.fr/books?id=dxIzAQAAMAAJ&dq=germain+f%C3%A9lix+tenet+de+laubad%C3%A8re&hl=fr&source=gbs_navlinks_s" target="_blank"><i>Les fastes de la gloire</i></a> de Pierre-François Tissot et des pages consacrées à ce courageux militaire que fut le premier mari d'</span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore
Devimeux</span></span> : "<i>Laubadère entra au service en 1773, il fit ses premières armes en Amérique avec le Régiment de Gatinois - du Gâtinais </i>- [...]<i> il revint en France, où il fut fait capitaine en 1788, au 18e régiment d'infanterie de ligne, ci-devant Royal-Auvergne. Il était allé rejoindre ce corps à Calais </i>[...]<i>" </i>Les renseignements ne manquent pas et j'aime tout particulièrement ce rapprochement entre Histoire et Généalogie, qui ne rend mes recherches que plus fructueuses et riches en découvertes. Avant d'en apprendre davantage sur Tenet de Laubadère, je vous propose de revenir à l'acte de mariage de novembre 1790. Je ne trouve rien de nouveau en ce qui concerne les parents d'</span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore. Son père, Jean-François Devimeux <i>fils</i> (1723-1814), fut directeur des diligences et des messageries royales, et était lui-même l'un des nombreux enfants issus des mariages successifs de l'ancêtre commun Jean-François Devimeux <i>père </i>(1669-1750). Il s'était remarié avec Marie-Jeanne Gabrielle Le Turcq, de vingt-quatre ans sa cadette, fille de l'orfèvre Jean-Jacob Le Turq et de Marie-Gabrielle Duval, déjà apparentée à mes ancêtres par le jeu des alliances. Si cela peut vous rassurer, cette famille et sa généalogie plus qu'alambiquée m'ont causé bien des noeuds au cerveau et de longues recherches ont été nécessaires pour en dégager la structure, ou du moins une esquisse de plus en plus affinée, bien que de nombreuses zones d'ombre subsistent toujours. Notons au passage que les quatre témoins, Emmanuel-Céleste de Durfort, duc de Duras, Charles Bertin Gaston Chapuis de Tourville, Marc-Antoine Dudros et François Vaudrimé sont militaires et Chevaliers de Saint-Louis. Il n'y avait jusqu'alors pas eu de militaires* au sein de la famille Devimeux.</span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-DsjwQYifMqI/XL-hfJHNAsI/AAAAAAAAA-s/8V-qPYykD983ovcsWEBcSNR5cXKD_SPjgCLcBGAs/s1600/Uniformes%2Bmilitaires.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="880" data-original-width="1312" height="428" src="https://3.bp.blogspot.com/-DsjwQYifMqI/XL-hfJHNAsI/AAAAAAAAA-s/8V-qPYykD983ovcsWEBcSNR5cXKD_SPjgCLcBGAs/s640/Uniformes%2Bmilitaires.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Uniformes des États-Majors - 1792-1795 - voir le 4ème en partant de la gauche, en haut - Provient de la BNF - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8412387x/f1.item.r=grenadiers.zoom" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Une fois le mariage conclu, je perds la trace d'</span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore Devimeux, devenue Madame Tenet de Laubadère. Mes lecteurs les plus anciens savent que je n'apprécie guère les recherches au cours de l'époque Révolutionnaire. Ne parvenant à retrouver </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore et son mari, je me suis penché sur une autre branche de mes ancêtres, qui a priori n'avait aucun lien avec les Devimeux. Et figurez-vous pourtant que le hasard - toujours le hasard ! - m'a réservé une surprise de taille. Ce devait être l'année dernière, entre avril et mai, au beau milieu des recherches consacrées à la <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche_29.html" target="_blank">chronique</a> sur mes ancêtres normands. Le temps était à la pluie, mon université en grève, et ces vacances imprévues me permirent de me consacrer pour une fois pleinement à mes passions. Après avoir feuilleté une infinité de pages des registres de Dieppe et de Rouen dans l'espoir de retrouver l'ancêtre Anne Leprince* - qui disparut littéralement de la circulation entre 1789 et 1792, et dont le destin demeure mystérieux -, après avoir en vain tenté de retenir l'ordre et les mois de l'infâme calendrier républicain, au coeur d'un livre poussiéreux gribouillé d'une écriture hâtive et baclée, je suis tombé nez-à-nez avec un acte mentionnant </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore Devimeux et </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span>Germain Félix Tenet de Laubadère. Tout près d'une rue où vécurent alors d'autres ancêtres, les Troche si ce fut à Dieppe ou les Hurel s'il s'agit de Rouen. Cet heureux hasard, je l'ai noté quelque part dans l'un de mes innombrables cahiers ; mais il m'a suffisamment marqué pour que je le mentionne aujourd'hui. Amis généalogistes, vous êtes-vous également retrouvés un jour face à un tel hasard, lorsque des ancêtres, des familles, dont vous descendez mais qui n'ont aucun lien à l'origine, se sont croisés ?</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
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<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-it4njFoSbjo/XL-saxzeAxI/AAAAAAAAA-4/YJkRaS820ocW9eyvRNH37n1zje6E83IUQCLcBGAs/s1600/Croix%2Bde%2BSaint-Louis.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="437" data-original-width="907" height="308" src="https://3.bp.blogspot.com/-it4njFoSbjo/XL-saxzeAxI/AAAAAAAAA-4/YJkRaS820ocW9eyvRNH37n1zje6E83IUQCLcBGAs/s640/Croix%2Bde%2BSaint-Louis.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Croix de Saint-Louis, face et revers - Estampe - Franz Ertinger - Provient de la BNF - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8406942c/f1.item.zoom" target="_blank">LIEN</a> - <i>recadrage pour l'esthétique de l'article</i></td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Revenons-en à Germain Félix Tenet de Laubadère. Si les recherches généalogiques permettent certes de retrouver plus ou moins difficilement, et c'est en soi déjà extraordinaire, les faits et les dates marquants de la vie de ceux dont nous descendons et de ceux qui furent leurs proches, si parfois certains témoignages écrits nous parviennent, il me semble toutefois bien plus ardu de mettre la main sur les paroles que l'un d'eux prononça, qui plus est il y a plus de deux siècles, et de les rapporter à notre époque. Et pourtant, ce sont bien quelques phrases prononcées par Germain Félix Tenet de Laubadère lui-même il y a près de deux-cent-vingt-huit ans que nous nous apprêtons à découvrir ici : "<b>Eh bien, puisque vous insistez, nous déserterons ensemble, je ne consentirai pas à me séparer de braves gens tels que vous. </b>[...] <b>Mes amis, les vingt-quatre heures ne sont pas expirées, nous pouvons encore revenir sous les drapeaux du Roi, et ne pas flétrir une compagnie qui fut toujours guidée par l'honneur." </b>De telles paroles paraissent sûrement énigmatiques ainsi sorties de leur contexte, aussi je me dois d'éclaircir les circonstances dans lesquelles cet honnête et loyal - il faut le dire - militaire les a prononcées. Lorsqu'il épouse </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore Devimeux en 1790, Tenet de Laubadère, officier gersois, est capitaine des grenadiers du Régiment Royal-Auvergne, en poste à Calais. Peu avant son mariage, ou peut-être au même moment, Tenet de Laubadère se retrouve au coeur d'une tentative de désertion de la part des grenadiers du régiment, harassés, révoltés contre "<i>les mauvais traitements que leur fait éprouver le major</i>". Comprenant qu'il ne parviendra pas à convaincre les soldats en route vers Dunkerque et les "<i>terres de l'Empire</i>", l'ingénieux capitaine fait mine de partager leur colère et se joint à eux, tout en leur indiquant une mauvaise route. "<b>Eh bien, puisque vous insistez, nous déserterons ensemble, je ne consentirai pas à me séparer de braves gens, tels que vous.</b>" La première phrase prend ici tout son sens et révèle un esprit pertinent, stratégique, somme toute un peu calculateur. Ainsi, et sans même s'en apercevoir, les soldats sont ramenés en quelques heures à leur point de départ...! Leur capitaine les sermonne quelque peu, illustrant à cette occasion son attachement au Roi et son sens de l'honneur "</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><b>Mes
amis, les vingt-quatre heures ne sont pas expirées, nous pouvons encore
revenir sous les drapeaux du roi, et ne pas flétrir une compagnie qui
fut toujours guidée par l'honneur." </b>Lumière est désormais faite sur la seconde phrase, et sur le sens des paroles du premier époux d'</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore Devimeux. En homme manifestement intègre et juste, Germain Félix Tenet de Laubadère se montre plutôt clément envers les déserteurs, selon les dires de Tissot* : "<i>Ce discours les touche, mais une crainte les retient encore, ils appréhendent d'être traités comme déserteurs : Laubadère a bientôt levé ce dernier obstacle, en leur donnant par écrit l'assurance qu'aucune punition ne leur sera infligée. Pleins de confiance dans la loyauté de cet officier, ils rentrent avec lui dans la place, dont le commandant reçut, peu de jour après, du ministre de la guerre, une lettre ainsi conçue : <b>"Le Roi confirme la parole de M. de Laubadère, et me charge de témoigner sa satisfaction".</b></i></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-S9UiUnSAQjo/XL_I_Djq8hI/AAAAAAAAA_E/U6nNljUq0IUQGRLtRaB_Jrce_DwfSoH9wCLcBGAs/s1600/Ordonnance%2Bdu%2BRoi.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="935" data-original-width="976" height="611" src="https://4.bp.blogspot.com/-S9UiUnSAQjo/XL_I_Djq8hI/AAAAAAAAA_E/U6nNljUq0IUQGRLtRaB_Jrce_DwfSoH9wCLcBGAs/s640/Ordonnance%2Bdu%2BRoi.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Ordonnance du Roi relative au Régiment Royal-Auvergne - 11 juillet 1782 - Provient de la BNF - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9744183g/f1.item.r=rien.zoom" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Ainsi se termine ce premier chapitre "</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><b>La demoiselle Devimeux, Tenet de Laubadère et la Révolution...</b>" qui pourrait bien préfigurer une chronique entière, d'autant que les sujets ne manquent pas sur cette famille et les nombreuses autres qui lui sont liées. </span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Éléonore Devimeux était la nièce d'un ancêtre dont descendent les grands-parents maternels de la grand-mère de mon père. Sa vie, croyez-moi, lui a réservé de très nombreuses autres péripéties... Elle est l'un des membres de ma famille, pour cette période charnière entre le XVIIIe et le XIXe, dont le parcours suscite grandement ma curiosité et mon intérêt. Germain Félix Tenet de Laubadère, nous le verrons par la suite, sera promu au grade de Général de division. Mais tout ceci est une autre histoire. Je vous laisse avec ce portrait auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux, pour moi sublime, qui est celui de la grand-mère de la grand-mère de mon père, descendante des Devimeux par les femmes, dont le mari l'était aussi, et qui se nommait Pétronille.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-V3m4ITllUbo/XL_K_-3j5PI/AAAAAAAAA_k/k4sRCxWCNDQH9q_KhUXRIAIHgVnhF8_cgCLcBGAs/s1600/P%25C3%25A9tronille%2BFlorentine%2BDuquesnoy%2Bann%25C3%25A9es%2B1865.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1226" data-original-width="1042" src="https://2.bp.blogspot.com/-V3m4ITllUbo/XL_K_-3j5PI/AAAAAAAAA_k/k4sRCxWCNDQH9q_KhUXRIAIHgVnhF8_cgCLcBGAs/s1600/P%25C3%25A9tronille%2BFlorentine%2BDuquesnoy%2Bann%25C3%25A9es%2B1865.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Pétronille Florentine D., épouse Baron, grand-mère de la grand-mère de mon père, descendante des Devimeux - XIXe siècle - Archives familiales et personnelles </td></tr>
</tbody></table>
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "constantia" , serif;">Outre des registres paroissiaux et d'état-civil, les renseignements ayant servi à la rédaction de cet article sont notamment tirés de l'ouvrage suivant dont les passages sont repris dans de nombreux autres textes : *<i>Les fastes de la gloire : ou, Les braves recommandés à la postérité, monument élevé aux défenseurs de la patrie</i>, de l'Académicien <a href="http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/pierre-francois-tissot" target="_blank">Pierre-François Tissot</a> (1768-1854). J'en indique le lien <a href="https://books.google.fr/books?id=dxIzAQAAMAAJ&dq=germain+f%C3%A9lix+tenet+de+laubad%C3%A8re&hl=fr&source=gbs_navlinks_s" target="_blank">ICI</a>, mais je vous déconseille de le lire si vous souhaitez conserver la découverte et la surprise pour le prochain chapitre. Les illustrations, à l'exception de la dernière, proviennent de la BNF. Quant à moi, je suis particulièrement heureux de vous faire part de ma découverte des phrases prononcées par Germain Félix Tenet de Laubadère, premier époux d'Éléonore Devimeux. *Notes- </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "constantia" , serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "constantia" , serif;">I : Éléonore Devimeux était a fortiori fille unique. - II : il n'y a pas eu à ma connaissance d'autres militaires dans la famille Devimeux avant 1790. Soulignons néanmoins que je n'ai pu remonter à l'heure actuelle que jusqu'à Jean-François Devimeux <i>père</i> (1669-1750), apparemment originaire de Paris, et dont je peine à retrouver les aïeuls. - III : concernant l'ancêtre Anne Leprince, on la découvrit l'année dernière dans la <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">chronique</a> consacrée à la famille Troche. C'est en cherchant sa trace dans les registres de Dieppe et de Rouen au moment de la Révolution que j'ai croisé, par le plus simple des hasards, </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "constantia" , serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "constantia" , serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "constantia" , serif;">Éléonore Devimeux et son mari. Vous en saurez possiblement davantage par la suite. </span></span></span></span></span></span><br />
<br />
<br /></div>
<div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-76361507359021905462019-04-02T06:06:00.000+02:002019-04-02T06:06:16.073+02:00Chroniques de la France d'antan - 1885 - du Concours d'Étréchy aux Marchés strasbourgeois...<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #20124d;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Ces
derniers temps, les turpitudes et les agitations de la société ont
fait naître en moi un désir d'évasion, l'envie de prendre l'air
loin d'une époque déboussolée, tourmentée. L'année dernière,
j'avais pu voyager quelque peu au printemps, mais il me serait bien
difficile de répéter l'expérience pour le moment avec les cours
universitaires. D'autant que j'ai pris la décision, personnelle et
mûrement réfléchie, de ne pas partir en Espagne pour l'année qui
vient et, à la place, de recentrer mes études sur de l'histoire
"classique", dispensée en français. Il faut croire que
les thèmes étudiés actuellement ne m'inspirent plus ; à vrai
dire, c'est une conception même de la discipline historique qui me
déplaît fortement : trop réinterprétée, trop politisée, trop
généraliste et trop polémique... Ce désintérêt avait suffi pour
m'éloigner un temps de la généalogie, alors j'ai lu,
principalement des livres du XIXe siècle, si beaux, si bien écrits,
et je les préfère mille fois aux romans actuels ! J'ai pris le
temps d'écrire, ce qui m'a été fort bénéfique. Et finalement,
j'en suis venu à me perdre dans les poussiéreuses pages des
journaux de l'époque qui, irrémédiablement, m'ont reconduit à la
généalogie.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="color: #20124d;"><span style="font-size: large;">
</span></span><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="color: #20124d;"></span><span style="color: #20124d;"></span><span style="color: #20124d;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;">Je
n'ai pu, à mon grand regret, prendre part aux rendez-vous
ancestraux, mais je prévois de m'y remettre en juin, peut-être même
en mai. Deux semaines plus tôt, j'ai découvert par hasard de
nombreuses photographies du Paris d'antan, celui d'avant et celui
d'après Haussmann. Au milieu des pages jaunies du Seine-et-Oise
Illustré, j'ai ressenti une nostalgie mystérieuse à la vue d'une
France qui me semble étrangement familière, j'ai été pris d'une
émotion douce en posant mes yeux sur les centaines de clichés, de
témoignages et de dessins retraçant le passé d'une France oubliée
qui n'est pourtant pas si lointaine, et qui, étrangement, me serait
plus proche et plus familière que celle d'aujourd'hui...</span></span><span style="color: #20124d;"></span>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-5rNQoh22jjY/XJW4_7SGgxI/AAAAAAAAA60/F008tqxblog46ov_bhkYVv4zQgvyDQL_ACLcBGAs/s1600/XIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="258" data-original-width="915" src="https://3.bp.blogspot.com/-5rNQoh22jjY/XJW4_7SGgxI/AAAAAAAAA60/F008tqxblog46ov_bhkYVv4zQgvyDQL_ACLcBGAs/s1600/XIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Ancêtres du XIXe siècle - Photographies familiales</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="text-align: left;">Ces portraits si chers à mes yeux ont permis d'immortaliser les visages tantôt rêveurs tantôt songeurs de certains de mes ancêtres, à la fois lointains par les années, bien que la généalogie nous fasse remonter jusqu'à des temps plus anciens encore, et proches par le lien qui nous unit et par la lumière qui luit toujours dans leurs regards secrets. Qu'il s'agisse d'une angevine des provinces viticoles, d'un jeune homme promis à une belle carrière, d'une grand-mère née au tout début d'un long siècle, d'un conscrit au regard azur ou d'une ravissante dame dont le portrait est si harmonieux qu'on le prendrait pour une peinture, tous sont nés ou ont vécu au milieu de ce siècle dont l'on ne nous apprend que les épisodes révolutionnaires et les brillantes théories sociopolitiques. Je ne peux m'empêcher, devant ces portraits envoûtants, de me demander quel était le fond de la pensée, quelles étaient les préoccupations de ces ancêtres. En somme, de quoi pouvait être fait leur quotidien ? Je suis loin d'être le seul à me poser de telles questions, mais je vais ici tenter, dans cette chronique de la France d'antan, d'éclairer un tel mystère non pas d'une manière "généraliste", mais de l'appréhender par une multitude de preuves concrètes et particulières. Il n'existe, à ma connaissance, rien de plus fidèle à la réalité quotidienne de l'époque que les milliers de textes oubliés dans l'infinité poussiéreuse des pages des vieux journaux...</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "monotype corsiva" , cursive; font-size: large; text-align: left;"><br /></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-a-ZM8LR6iMw/XJW4Hgd5UUI/AAAAAAAAA6s/parjlI7HPLAQzfysYGMEUDPutWcG-M96gCLcBGAs/s1600/Etrechy.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="909" src="https://2.bp.blogspot.com/-a-ZM8LR6iMw/XJW4Hgd5UUI/AAAAAAAAA6s/parjlI7HPLAQzfysYGMEUDPutWcG-M96gCLcBGAs/s1600/Etrechy.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Le concours d'Étréchy </i> - Gravure directe de la photographie de M. Durand - 20 juin 1886 - Seine-et-Oise Illustré du 4 juillet 1886</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<div align="justify" class="western">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">Rien
ne me prédestinait à découvrir cette magnifique scène qui s'est
déroulée il y a maintenant plus de cent-trente deux ans, en 1886.
Pour être honnête, retrouver une telle photographie d'une bourgade
d'à peine mille-quatre-cents et des brouettes habitants, dont je
n'avais jamais entendu parler, me paraissait impossible, ou semblait
relever, en dehors des quelques trésors conservés par les archives
des bibliothèques, du miraculeux. 1886, une époque où mon
arrière-arrière-grand-père Arsène Lehoux, qui vécut centenaire
jusqu'en 1971, n'avait que quinze ans... "</span></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><span style="font-weight: normal;">C'est
le dimanche 20 juin qu'a eu lieu à</span></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;"> </span></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><span style="font-weight: normal;">Étréchy
le concours agricole de Seine-et-Oise. Les habitants avaient rivalisé
de zèle pour la décoration du chemin du concours. Un immense arc de
triomphe, parfaitement décoré, s'élevait au milieu de la rue
principale, et la plupart des maisons étaient ornées de drapeaux."</span></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">
</span></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">Que
les choses ont changé depuis</span><i><span style="font-weight: normal;">... </span></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">Je
m'imaginerais presque encore les "</span></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><span style="font-weight: normal;">60
génisses fort belles"</span></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">,
la </span></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><span style="font-weight: normal;">"collection
des animaux domestiques très variée", </span></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">le
banquet qui eut lieu ainsi que la fanfare d'Étréchy qui fit
entendre toute la journée "<i>les plus jolis morceaux de son
répertoire</i>". L'on apprend ensuite que le dimanche suivant,
c'est à Grignon, en Savoie, que se tint un concours analogue. Aucun
de mes ancêtres n'est à ma connaissance lié d'une quelconque
manière au village d'Étréchy. Pour autant, de cette scène prise
sur le coup par le génie d'un photographe, puis si fidèlement
restituée par celui d'un graveur, émanent nombre d'impressions,
nombre d'émotions, perceptibles à l'oeil nu. Ne serait-ce que, à
droite, la vieille dame qui pose affectueusement les mains sur les
épaules de sa petite-fille. L'arc de triomphe érigé par les
habitants surplombe les maisons ; il est magnifique, majestueux.
Cette image est celle d'une France fière, qui étend magnifiquement
son drapeau. La fierté, justement, semble vibrer au coeur la
photographie. A gauche, de jeunes hommes lèvent le bras en direction
de l'arc. C'est tout un village qui est réuni, différentes
générations se mêlent. Les plus jeunes connaîtront possiblement
les deux guerres et le XXe siècle, les plus âgés sont quant à eux
peut-être nés sous Napoléon Ier ou dans ces eaux-là... Tout à
droite, des femmes semblent sourire. Cette France là avait l'air
joyeuse, tout compte fait et quoiqu'on en dise. Et que penser de cette
lueur artistique, si vague, derrière l'arche, où les façades des
maisons et les silhouettes des cyprès prennent des allures
champêtres, et s'apparentent davantage à une peinture.</span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "monotype corsiva" , cursive; font-size: large; text-align: left;"><br /></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-PAKPNi5AOSQ/XJXNx7rh-_I/AAAAAAAAA7A/42jApYQsOPs9EzJiV8X7op72N-oz_ntPgCLcBGAs/s1600/XIXe%2Bsi%25C3%25A8cle%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="564" data-original-width="900" src="https://2.bp.blogspot.com/-PAKPNi5AOSQ/XJXNx7rh-_I/AAAAAAAAA7A/42jApYQsOPs9EzJiV8X7op72N-oz_ntPgCLcBGAs/s1600/XIXe%2Bsi%25C3%25A8cle%2BII.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Le Pont de fer au Raincy</i> - Seine-et-Oise Illustré du 20 juin 1886</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large; text-align: left;">S'il y a bien un instant que m'évoque le XIXe siècle, c'est celui des promenades romantiques et romancées, mais aussi le pique-nique le dimanche au bord de la rivière. D'aucuns pourraient voir là plus de la littérature que de l'histoire, mais qui sommes-nous pour croire que nos ancêtres n'allaient pas déjeuner près de l'eau ? D'une telle question en découle une autre : que mangeait-on à l'occasion d'un pique-nique, lors des jours de festivités ou d'un banquet ? Une lecture sur plusieurs années du Journal de Rouen et de nombreux journaux des Yvelines - j'en profite pour remercier les Archives des Yvelines d'avoir enrichi leur collection en ligne de nouveaux titres ; si chaque département agissait ainsi ce serait génial... - me mettent sérieusement l'eau à la bouche. Il n'est pas forcément aisé de remarquer, entre les affaires politiques et la myriade d'annonces diverses des journaux de l'époque, la discrète rubrique consacrée à la recette du jour. Ces plats sont tous aussi alléchants les uns que les autres - surtout que je raffole des boeufs bourguignons, des bourguignons de canard et des autres fleurons de la Gastronomie Française - ; et je vous propose maintenant de découvrir quelques recettes auxquelles nos ancêtres goûtèrent sûrement, au moins à l'occasion d'un jour de fête comme celui du Concours agricole de Seine-et-Oise. Place au mouton aux marrons : "<i>Faîtes revenir un beau filet de mouton à la casserole, avec lard, bouquet garni, ajoutez-y un verre d'eau de vie, mettez le feu avec du papier et laissez brûler, jusqu'à que cela s'éteigne de soi-même ; mouillez avec un peu de bouillon du jus, ajoutez, après avoir dégraissé, des marrons bouillis et pelés, un bon jus de citron, laissez mijoter quelques moments et versez votre filet sur un plat bien chaud, en l'entourant de marrons." </i> Le menu auquel appartient le dit plat se compose par ailleurs d'un potage corsaire - une soupe aux légumes, j'imagine - un salmis de perdreaux, un veau rôti, un céleri-rave et une - je craque - charlotte à la confiture... Quel délice ! Rien que la seule évocation de l'un de ces plats ou ne serait-ce que de la soupe, accompagnée de pain artisanal, suffit à me faire rêvasser...<i> </i>Laissez-moi enfin partager avec vous la recette des oeufs au lait à l'orange :<i> " Casser quatre oeufs dans une terrine, les délayer avec un demi-litre de lait, cent-cinquante grammes de sucre, une petite pincée de sel et la râpure d'un zeste d'orange ; battre comme une omelette. Lorsque le mélange est parfait, le passer au tamis et le verser dans un plat de porcelaine allant au feu ; placer ce plat sur un autre vase, casserole ou bain-marie, contenant la valeur de deux litres d'eau bouillante ; maintenir l'ébullition vingt minutes environ, durée de la cuisson, et faire prendre cette crème en la recouvrant d'un couvercle de four de campagne. Laisser refroidir et, au moment de servir, saupoudrer de sucre en poudre que l'on colore au caramel en passant au-dessus une petite pelle rougie."</i> J'aurais volontiers poursuivi cette découverte des recettes d'autrefois mais pour tout vous dire, il est fort tard, cela me donne bien faim et j'ai fini de grignoter les derniers gâteaux à portée de main...</span></span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-9GSmtYRmp9A/XKK0KR_jcNI/AAAAAAAAA7Y/Vbxu41RMqs8akz4UIAqOvU3uM7XMvWepgCLcBGAs/s1600/March%25C3%25A9%2B1885.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="966" data-original-width="812" src="https://2.bp.blogspot.com/-9GSmtYRmp9A/XKK0KR_jcNI/AAAAAAAAA7Y/Vbxu41RMqs8akz4UIAqOvU3uM7XMvWepgCLcBGAs/s1600/March%25C3%25A9%2B1885.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Marché aux puces, place du Vieux Marché aux Vins </i>- Mathias Gerschel - Strasbourg - 1885 - Provient de la BNF (Gallica) -<b> <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10203010n/f1.item.r=march%C3%A9.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large; text-align: left;">Si l'on me demandait, à l'instant et après avoir imaginé toutes ces belles recettes, d'évoquer par un seul et unique mot la France d'antan et ce qu'il y pouvait y avoir de plus charmant, à mes yeux dans son quotidien, je répondrais assurément le Marché. Ou plutôt même les Marchés. Il s'agit bel et bien là d'un trait commun à l'ensemble des villes et villages de cette vieille France dont j'essaie de rapporter quelques bribes - tout en écoutant un coup les Voix du Printemps de Strauss II puis French Cancan - de remémorer les joies et les scènes vécues par les Français de l'époque. La belle photographie qui précède ces quelques lignes est un rare si ce n'est exceptionnel cliché du Marché aux puces de Strasbourg en 1885, qui, en plus d'immortaliser à jamais les passants, nous offre une véritable fenêtre sur une scène typique de la vie de nos ancêtres. Je n'ai aucune origine alsacienne - les seuls liens entre cette région et mes ancêtres étant, dans une moindre mesure, quelques cousins par alliance - ce qui n'empêche en aucun cas cette jolie photographie de m'ouvrir les portes d'une époque presque oubliée. S'il s'agit ici d'un Marché aux puces, intéressons-nous aux Marchés en général, où nombre de nos ancêtres se rendaient autant pour se ravitailler en nourriture que pour bavarder avec des proches. Toute une société s'esquisse peu à peu sous nos regards curieux. Chaque détail recèle de traces et d'indices divers et variés, et s'agglutinant en une sorte de mosaïque hasardeuse, ces éléments pris sur le vif nous livrent ce qui fait défaut aux actes d'état-civil et aux documents administratifs en général. Je défends l'idée que la généalogie n'est pas que l'amassage d'actes et que l'Histoire ne consiste pas qu'à étudier les guerres et les révolutions comme c'est malheureusement trop souvent le cas. La France puise aussi ses racines dans l'allégresse et l'abondance de ses marchés, dans l'inimitable écho qui résonnait aux quatre coins de ses rues et de ses boulevards, dans les accents chantants des marchandes, dans le désordre de ses échoppes et dans la richesse de son terroir. Cette scène si douce nous invite à regarder avec plus d'attention encore chaque recoin de ce Marché. Au premier plan, tout à gauche, un homme semble observer de près une drôle de babiole. J'ai l'impression qu'il s'agit en réalité de globes terrestres qu'il s'amuse, peut-être intrigué, à faire tournoyer.</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"> Êtes-vous du même avis ? Un peu plus loin, un jeune passant vient d'apercevoir le photographe. D'autres l'ont déjà remarqué et sourient, dont une vieille dame qui tient une sorte de panier. La plupart de ces personnes sont nées il y a plus de cent-soixante-dix ans, les plus âgés sûrement il y a deux siècles, et les plus jeunes sont les grands-parents de nos grands-parents ou pour certains vos arrière-grands-parents ! Notons également la femme qui avance au tout premier plan, un sac sur le bras et l'air pensif : de nombreuses illustrations rapportent la mode de l'époque, mais aucune ne me semble plus proche de la réalité que la tenue que porte cette passante. Nous apercevons aussi cet homme tenant une canne, un autre avec une barbe et un chapeau. Derrière eux, une femme semble porter une sorte de sac, à moins qu'il ne s'agisse d'une marchandise. L'on aperçoit, à l'angle de la maison de droite et de l'arbuste, les silhouettes de jeunes enfants puis, au milieu, une charrette ; à gauche une femme tenant un linge ou un tissu, et plus devant une autre avec un coffret ou un cartable. Quels détails avez-vous remarqué dans ce cliché qui constitue un témoignage direct et ô combien précieux de la France d'antan ? De même, il est intéressant de remarquer que tant sur cette photographie que sur celle d'Étréchy, les grands-mères sont accompagnées de leurs petits-enfants. De tels souvenirs sont notamment évoqués par mon arrière-grande-tante Madeleine Lehoux dans une lettre écrite à sa mère Valentine Trevet, à qui elle raconte une journée au Marché de la Purallée en Touraine avec sa grand-mère Jeanne Suzanne Jamin et ses oncles et tantes.</span></span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"></span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large; text-align: left;">
</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large; text-align: left;"> </span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large; text-align: left;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-3mJBh3cCLhA/XKLJt7qZXEI/AAAAAAAAA8E/jpsz3X2kurEelNbQM-MOxWxKwY4eTeENwCLcBGAs/s1600/Jeanne%2BSuzanne%2BJamin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1322" data-original-width="885" src="https://2.bp.blogspot.com/-3mJBh3cCLhA/XKLJt7qZXEI/AAAAAAAAA8E/jpsz3X2kurEelNbQM-MOxWxKwY4eTeENwCLcBGAs/s1600/Jeanne%2BSuzanne%2BJamin.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Jeanne Suzanne Jamin, 1844-1931, mère d'Arsène Lehoux et arrière-arrière-arrière-grand-mère - Photographie familiale</td></tr>
</tbody></table>
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-size: large; text-align: left;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">Les plus perspicaces auront peut-être noté la similitude entre cette photographie et l'un des cinq portraits du début de l'article : il s'agit en réalité de la même ancêtre photographiée trente à quarante ans plus tôt. Je vous souhaite une excellente journée à tous en espérant avoir remémoré cette vieille France oubliée, et vous laisse avec la lettre dont je vous parlais, écrite par Madeleine Lehoux à sa mère, à propos du Marché de la Purallée.</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-aFbwnIi-tkg/XKLVhKz2dgI/AAAAAAAAA8U/1jHTkDX5uSAV33pTivAlPo4k3htYNHBVACLcBGAs/s1600/img028-12.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1009" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-aFbwnIi-tkg/XKLVhKz2dgI/AAAAAAAAA8U/1jHTkDX5uSAV33pTivAlPo4k3htYNHBVACLcBGAs/s640/img028-12.jpg" width="402" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Lettre écrite par Madeleine Lehoux à sa mère</i> - 2 novembre 1919</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-size: large; text-align: left;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">Transcription : "<i>Neuillé le 2 novembre 1919. Chère Maman, Il ne fait pas beau aujourd'hui, nous avons de la neige aussi cela nous soucie bien pour aller à Beaumont demain. J'espère que Robert est avec vous de ce moment-ci. Quant à moi je ne m'ennuie pas pendant que grand-mère, l'oncle et la tante se chauffent, je fais ma petite correspondance tu comprends qu'ils faut que j'envoie une carte aux copines. Nous avons été à la Purallée aujourd'hui et nous avons rapporté 12 fromages à 0.60 et 4 à 0.50. Nous revenons ce soir chez tonton Coste car c'est lui qui nous mène à Beaumont. M. Barré il ne peut pas. Mme Coste vous a trouvé 4 livres de beurre à 6.25. Alors c'est entendu nous arrivons mardi vers 3h de l'après-midi. L'oncle et la tante Sylvine vous embrassent bien. Je termine en t'embrassant bien fort ainsi que Papa, Robert et Suzanne et à bientôt. Votre fille et soeur qui vous aime. Mad.</i>"</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-size: large; text-align: left;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-19577316749611812672018-12-15T12:06:00.001+01:002018-12-15T12:06:46.618+01:00Rendez-vous ancestral : Pétronille Bonnet, une vie au bord de la Méditerranée<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Alors que j'envisageais sereinement la fin de l'année, un virus grippal bien déplaisant et une montagne si ce n'est une avalanche de travail et de dissertations, auxquels s'ajoute le contexte peu ragoûtant de l'actuelle France que je ne commenterai pas davantage même si une telle violence de toutes parts dans ce qui fut le berceau des Lettres me navre, j'ai décidé de prendre un peu de recul, d'en revenir à mes passions. Car oui, dans cette société oppressante, il devient vital de s'accorder un peu de temps pour faire ce que l'on aime et j'éprouve le besoin d'écrire, d'écrire quelque chose d'intéressant à mes yeux, un texte qui n'a rien de scolaire et tout de magique, riche en saveurs et en couleurs. J'ai manqué plusieurs rendez-vous ancestraux - pour rappel, ce défi consiste à mêler romanesque et généalogie, une idée de génie ! - qui ont lieu le troisième samedi de chaque mois. Et celui-ci, je ne voulais en aucun cas le laisser passer. Pour être honnête, bien que les sujets ne manquent pas, j'ai peiné à en choisir un qui m'inspire suffisamment. J'hésitais à vous raconter les souvenirs de mon arrière-arrière-grand-père Arsène Lehoux, immortalisés dans une interview peu de temps avant son centenaire, à broder sur l'éventuel quotidien d'une ancêtre lointaine qui vécut à Saint-Germain-en-Laye au temps de la cour, mais finalement, je me suis laissé guider par la musique. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je vois en la musique une sorte de fleuve qui berce notre imagination telle une paisible barque voguant vers un océan d'imaginaire. C'est ainsi qu'en écoutant Dalida, de loin l'artiste que je préfère, j'ai repensé à mon grand-père maternel, décédé en août 2017, qui l'adorait lui aussi, et j'ai décidé de consacrer ce rendez-vous à mes ancêtres maternels, dont je me sens proche car ils vécurent comme moi dans cette belle région méditerranéenne, le Languedoc-Roussillon. Je vous propose cette fois une escapade qui nous emmènera jusqu'aux rives de Mare Nostrum, car je ne pourrais évoquer ma famille maternelle sans la Méditerranée, ces deux thèmes étant indissociables. Nous mettons le cap sur Sète, où vécut plus de cinquante ans Pétronille Bonnet, mon arrière-arrière-arrière-grande-tante. Et je vais pour cette occasion m'essayer pour la première fois à une forme d'écriture que je viens d'imaginer, une sorte de journal intime, mêlant faits imaginaires et généalogiques, que Pétronille aurait pu tenir, cependant entrecoupé de mes propres mots. Une rencontre plus littéraire que physique, mais pourquoi ne pas tenter ce rendez-vous en Méditerranée ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Qzx9mWsWSLg/XBSfMtmVdBI/AAAAAAAAA5U/wsCdJCvck6YSlvSnsjdkKSehW9CohNNjACLcBGAs/s1600/S%25C3%25A8te.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="473" data-original-width="788" height="384" src="https://3.bp.blogspot.com/-Qzx9mWsWSLg/XBSfMtmVdBI/AAAAAAAAA5U/wsCdJCvck6YSlvSnsjdkKSehW9CohNNjACLcBGAs/s640/S%25C3%25A8te.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Vue de Cette [Sète], Hérault - J.J.B. Laurens - Lavis à l'encre - XIXe siècle - Provient de la BNF (Gallica) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7742242b/f1.item.r=s%C3%A8te.zoom" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">~ Année 1858 ~</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><u>Languis ques pere ! </u></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Y aller ou non ? Boudu, quelle question ! Partir de ma campagne audoise reculée, ne plus voir les monts pyrénéens mais des bateaux aller et venir... Ici il n'y a bien que les cigales pour se faire entendre, mais là-bas... Té ! Je ne sais quel cousin ou parent, quelqu'un de bien, de la famille, nous écrivait que la Provence était fort belle, qu'elle avait le ciel bleu du sud, mais qu'il regrettait notre province, parce qu'ici, notre ciel était plus bleu encore ! Mais point d'autre destin pour moi, à Puivert, que d'épouser un voisin du coin, point d'autre tâche à part reprendre la ferme de Pépé et de Mémé... Justin, mon frère, l'un de mes frères car nous sommes tant dans la famille, me confiait qu'à Sète, qui est faut-il bien l'admettre, plus proche et plus voisine que la Provence, on cherchait en nombre de jeunes cuisinières. Et c'est que je cuisine certainement mieux que je ne jardine... Et puis voyager, un peu, pour mes vingt ans... J'hésite... Partir si loin des miens... Mais... "Languis que pere" me sifflait l'oisillon qui se dorait au soleil. Languis ques pere...</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Pétronille Bonnet naquit à Puivert, aux confins de l'Aude, de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales, en mai 1838. Seule fille de Volusien Boulzia Bonnet de Magdeleine Boulbès, agriculteurs enracinés dans leurs terres natales, elle vécut<i> </i>une enfance simple entourée de ses quatre frères - dont le dernier, Jean, est le grand-père de Marie-Vincentine Bonnet, épouse Bourrel, mon arrière-grand-mère-, de sa grand-mère Anne Cassagnaud et de ses cousins Rey. Entre les étés chauds et champêtres et les rigoureux hivers montagnards propres à cette région perdue au sud du Sud de la France, Pétronille n'entrevoyait sans doute guère de perspectives d'avenir autres que celles de ses amies, à savoir épouser une connaissance des environs, connue depuis toujours par la famille. Si cette coutume se retrouvait dans toutes les provinces et même en ville, sa résonance s'amplifiait fortement au beau milieu du Kercorb, terre privilégiée cependant quelque peu étroite de moeurs. Pétronille rêvait d'ouverture et tout ne lui paraissait qu'enclave. Une enclave magnifique, subtil mélange d'airs méditerranéens et pyrénéens, plus espagnole que française, mais une enclave, une enclave avec ses défauts. Une terre de refuge, de repli, unique mais immuable. "Il s'ennuie, celui qui attend". Inévitablement, cette phrase se répétait en son esprit tel le carillon des cloches. Même l'oiseau la lui chantait non sans un certain enjouement : Languis ques pere ! Il était temps ! Pétronille se résolut à partir ne serait-ce qu'un temps en ville, découvrir l'azur de la Méditerranée, cette mer qui était l'histoire des peuples de sa région, une histoire, comme la plupart de ses voisins, qu'elle méconnaissait, mais dont elle était fille et héritière. Elle convainquit non sans difficulté son père Volusien Boulzia - le premier prénom rappellerait un passé romain, le second une racine à consonance plus ou mois arabo-berbère - puis sa mère qui fut contrainte de consentir à ce désir d'évasion qu'elle avait peut-être elle-même éprouvé dans sa jeunesse. Pétronille partit ainsi pour Sète...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-eQh-zCaRIyc/XBTI9xVM4WI/AAAAAAAAA54/WsCQHMGV8wkFzXcHch--z3eYtJ2KG5UmwCLcBGAs/s1600/S%25C3%25A8te%2BV.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1294" height="520" src="https://2.bp.blogspot.com/-eQh-zCaRIyc/XBTI9xVM4WI/AAAAAAAAA54/WsCQHMGV8wkFzXcHch--z3eYtJ2KG5UmwCLcBGAs/s640/S%25C3%25A8te%2BV.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<div style="text-align: center;">
Groupe de navires. Sète. Méditerranée - Gustave
Le Gray - Photographies Marines - 1857 - Provient de la BNF (Gallica)
- <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8457740j.r=s%C3%A8te?rk=278971;2" target="_blank"><b>LIEN</b></a>
</div>
</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">~ Juillet 1859 -</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><u>Dos montagnies se rencontron pas si fan ben dos persones !</u></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Que de hasards dans ce joli port ! Pépé et Mémé s'accommodent de quelques visites quand c'est possible, les caminos ne sont pas bien praticables. Mais que de hasards ici ! Pensez-vous que, quelques mois plus tôt, un homme m'a courtisé. Alors, il m'explique qu'il s'appelle Jean-Baptiste Caux, qu'il est de Fougax-et-Barrineuf du Pays d'Olmes voisin de ma campagne ! J'en fus toute espantée ! Que de hasards ! Il me sortit cette belle phrase : "Dos montagnies se rencontron pas si fan ben dos persones" ! Que c'était bien vrai ! Je lui répondis que les montagnes nous séparaient mais que la mer, ici, nous réunissait ! Dos montagnies se rencontron pas si fan ben dos persones...</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">A la fin du mois de juin 1859, Pétronille Bonnet, devenue comme elle le souhaitait cuisinière à Sète, n'épouse pas, contrairement à ce que nous aurions pu croire, un véritable étranger. Jean-Baptiste Caux, originaire de Fougax-et-Barrineuf, village de montagnards à la limite de l'Ariège, perdu dans une vallée derrière Bélesta, est issu d'une famille appartenant au cercle des proches de la famille Bonnet et dont on retrouve des membres directement apparentés jusqu'à la génération de mon grand-père. Et même si l'éventualité d'une homonymie est possible, il s'avère que les familles du Kercorb sont plus ou moins toutes apparentées les unes aux autres. "Deux montagnes ne peuvent se rencontrer, mais deux personnes, si". Quoique l'on puisse interpréter de plusieurs manières ce proverbe, je trouve qu'il se prête fort bien à la situation. Pétronille et Jean-Baptiste emménagèrent dans une petite maison d'une ruelle de Sète. Il ne fait aucun doute que la famille ne roulait pas sur l'or à ce moment là, mais rappelons-nous du proverbe ancestral : "Argent non es que aygue". L'argent n'est que de l'eau. J'aurais rajouté "salée", car plus on en boit plus on a soif... Au fil de mes recherches, j'ai constaté que bien souvent les habitants de la Méditerranée, et davantage encore dans les ports, sont plutôt pauvres, à l'exception d'une certaine diaspora. Il s'agit là de l'une des plus grandes différences entre mes ancêtres paternels parisiens et mes ancêtres maternels méditerranéens - même si cela est à nuancer -, et de cette différence résulte un autre angle pour aborder les recherches généalogiques, celui de la richesse culturelle, historique, ethnique, linguistique et folklorique des méditerranéens, un héritage qu'ils perpétuent tout en l'ignorant. Enfin bref, ne nous perdons pas dans les limbes d'une réflexion soudaine, et revenons-en au journal de Pétronille.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-B9URNntVu24/XBTBTUovfaI/AAAAAAAAA5s/fD3jpGLUyuohJpJfcJfEsHY2spRTmzutwCLcBGAs/s1600/S%25C3%25A8te%2BIII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1330" height="506" src="https://1.bp.blogspot.com/-B9URNntVu24/XBTBTUovfaI/AAAAAAAAA5s/fD3jpGLUyuohJpJfcJfEsHY2spRTmzutwCLcBGAs/s640/S%25C3%25A8te%2BIII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mer Méditerranée, Cette [Sète] - Gustave Le Gray - Photographies Marines - 1857 - Provient de la BNF (Gallica) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84577357.r=s%C3%A8te?rk=128756;0" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">~ Février 1912 ~</span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<u><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Se jouynesse sabie et vieillesse poudie jamay ben non manquaray !</span></u></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><i>Que le temps est passé ! Les années se sont accumulées comme les grains de sable de la playa, un jour la mer, notre mère, les reprendra et les emmènera sur une autre de ses rives... Mon fils, Théodore, va se marier, enfin ! C'est qu'il a cinquante ans déjà ! Il travaillait tellement, mais notre vie est meilleure maintenant. Il y a bientôt soixante ans que je suis partie de mon Kercorb natal, j'ai vu ce port s'agrandir, j'ai vu et entendu tant de choses. Mais au final, je pense que rien n'a changé : la douceur de l'air, le soleil chaud et réconfortant, le ciel bleu - mais il était plus bleu, oui, dans mon Kercorb -, la mélodieuse caresse des vagues, ces horizons lointains, ces ports d'en-face dont on voit s'esquisser les phares et les murailles, les bateaux qui partent ou reviennent. Je trouve bien drôle, maintenant, d'avoir des parents un peu partout, à Toulon, vers Marseille, à Nice, même à Sète où des neveux et nièces ont rejoint notre famille, et maintenant en Italie ! Mon fils va épouser une italienne, enfin, une moitié-italienne. Elle est encore en âge d'avoir des enfants, j'espère qu'ils en auront ! Quand je repense à ma jeunesse... Se jouynesse sabie et vieillesse poudie jamay ben non manquaray... Se jouynesse sabie et vieillesse poudie jamay ben non manquaray !</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">En 1912, Pétronille Bonnet vit toujours dans le vieux Sète avec son mari Jean-Baptiste Caux. Tous deux sont propriétaires. Leur fils, apparemment unique, Théodore, est déjà âgé de cinquante ans. Après avoir été caporal d'infanterie de marine et moniteur de gymnastique à Toulon, il rachète une boulangerie dans le centre-ville. Alors que ses parents approchent des quatre-vingts ans, il épouse une certaine Pauline Cristofani, dont le père, Barthélémy, est un entrepreneur originaire de Lucques en Toscane, et la mère, Delphine Estournet, languedocienne. Âgée de quarante ans, Pauline Cristofani est déjà mère d'une fille, Denise Ferrari, née d'un premier mariage avec un corse de Morosaglia, un village du Cismonte en Haute-Corse - Cismonte signifiant "<i>En-deçà-des-Monts</i>" -. Le destin de toute cette famille m'est inconnu par la suite, mis à part le fait que Denise Ferrari est morte à Antibes en 1968. Celui de Pétronille Bonnet, grande-tante de mon arrière-grand-mère Marie-Vincentine Bonnet, se perd également dans les sables du temps, que la Méditerranée a sans doute repris et emmenés dans son Histoire. Le souvenir des cousins de Sète perdura cependant, ma mère en entendit parler dès son enfance, mon grand-père y faisait référence également.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-fKaAQxv2va0/XBTO_LbjB3I/AAAAAAAAA6E/x_tF8gNw-cAM3E5gTWf2KeJYxdJCUmrRwCLcBGAs/s1600/M%25C3%25A9diterran%25C3%25A9e.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1532" height="440" src="https://3.bp.blogspot.com/-fKaAQxv2va0/XBTO_LbjB3I/AAAAAAAAA6E/x_tF8gNw-cAM3E5gTWf2KeJYxdJCUmrRwCLcBGAs/s640/M%25C3%25A9diterran%25C3%25A9e.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Mer Méditerranée [...] - Sr. Sanson et H. Jaillot (Paris) - Carte - 1685 - Provient de la BNF (Gallica) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531195699.r=m%C3%A9diterran%C3%A9e?rk=171674;4" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Ces quelques grains de sable romancés de la vie de Pétronille Bonnet, mon arrière-arrière-arrière-grande-tante qui partit du Kercorb à l'âge de vingt ans, au beau milieu du XIXe siècle, pour s'installer à Sète où elle vécut plus de cinquante ans par la suite, m'ont permis de m'essayer, comme je vous en faisais part, à un mélange de styles d'écriture : à la fois romanesque, journal, généalogie et étude de moeurs. Ce mélange épicé m'a bien plu et je pense en proposer d'autres dans le même style lors de futurs rendez-vous ancestraux, d'autant que les ports méditerranéens ne manquent pas dans ma famille maternelle dont les membres ont pour certains vécu, outre en Languedoc, en Provence, en Algérie, en Espagne, ou au Maroc ; on croise aussi Tripoli dans ma famille paternelle - au moins par trois branches d'ailleurs -. J'ai volontairement choisi, pour le moment, de ne pas raconter la vie de Pétronille Bonnet, qui fut cuisinière de nombreuses années durant, certes à cause d'un manque de renseignements, mais aussi pour garder la part de mystère qui entoure son destin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-e3mhv6STZfM/XBTYn-H0xdI/AAAAAAAAA6Q/T3s5aftMqj0lhaOalBKy1tsvla0m0pXCQCLcBGAs/s1600/Famille%2BBonnet%2BCaux%2BCristofani.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="485" data-original-width="744" height="416" src="https://1.bp.blogspot.com/-e3mhv6STZfM/XBTYn-H0xdI/AAAAAAAAA6Q/T3s5aftMqj0lhaOalBKy1tsvla0m0pXCQCLcBGAs/s640/Famille%2BBonnet%2BCaux%2BCristofani.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Familles Bonnet, Boulbès, Caux et Cristofani</i> - Recherches personnelles et archives familiales</td></tr>
</tbody></table>
</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Les proverbes languedociens cités dans ce rendez-vous ancestral littéraire proviennent d'une petite merveille que j'ai chinée dans une brocante à Toulouse en juin dernier - je pense en avoir parlé sur <a href="https://twitter.com/WilfriedL11?lang=fr" target="_blank">Twitter</a> d'ailleurs - intitulée <i>Proverbes du Languedoc </i>de Anne de Rulman. Le hasard a voulu que les anciens propriétaires de ce livre habitent justement près de Fougax-et-Barrineuf, tout semble lié et je devais forcément trouver ce livre un jour. Il regorge littéralement de proverbes tous aussi originaux les uns que les autres, parfois difficiles à comprendre ou à interpréter, aussi j'espère ne pas en avoir erroné les sens dans cet article. Le joli tableau que vous voyez et qui se trouve juste à l'entrée de ma chambre est celui de mon arrière-grand-mère Marie-Vincentine Bonnet, petite-nièce de Pétronille, réalisé par ma mère qui est donc sa petite-fille. Je vous propose de terminer ce rendez-vous avec des sonorités de la Méditerranée et ces douces chansons de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=7F2U_3DiJNY&list=PLZvZDLLcHiHYesUuTPYmMFijYIrZqMv8T&index=35&t=0s" target="_blank">Dalida</a> qui m'ont bercé tout au long de ce passionnant exercice d'écriture. Je vous souhaite une radieuse journée !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-54530399538841997992018-10-28T05:37:00.002+01:002018-10-28T14:05:35.319+01:00Marie-Catherine Leterre (1784-1872) : de Louis XVI à la Troisième République<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Bercé par les musiques de Faure et de Debussy, alors que les premières et froides pluies hivernales claquent sur le sol, je décide de me pencher davantage sur la vie de Marie-Catherine Leterre, l'ancêtre la plus ancienne en termes d'années dont une photographie m'est parvenue. Mais avant cela, parlons un peu des dernières nouvelles. La rentrée, cette année tardive, m'a permis d'improviser quelques jours en Campania au cours desquels j'ai découvert l'agitée capitale napolitaine, qui m'a laissé un arrière-goût plutôt mitigé, si ce n'est amer, bien qu'elle regorge effectivement de vestiges plus anciens les uns que les autres, mais aussi et surtout de visiter la magnifique Pompéi, un lieu qui m'a paru comme hors du temps et symbolique de notre culture mère. Et quel plaisir que de pouvoir entrer dans les somptueuses villae romaines, de toucher ses pierres vieilles de deux millénaires, d'apercevoir entre quelques recoins les traces du passé, de somptueuses mosaïques représentant hommes, femmes et animaux d'autrefois, ceux qui nous ont précédé mais qui me sont bel et bien apparus proches... En cet hivernal samedi d'automne, quelque peu ennuyant, bien que la perspective de me rendre pour la première fois aux Archives du Gers ce mercredi m'enchante, je pars sur les traces d'une ancêtre dont la vie, aussi longue que ponctuée de péripéties parfois dramatiques découlant des aléas de l'histoire, m'est depuis quelque temps moins inconnue, dont les mystères s'estompent peu à peu au fil des découvertes...</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-he9lIp_OMsI/W9RrPWaodqI/AAAAAAAAA24/AYgnymaHetQ-J8uG-UJfIJ6dNoofKvc0QCLcBGAs/s1600/Marie%2BCatherine%2BLeterre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="257" data-original-width="183" height="400" src="https://3.bp.blogspot.com/-he9lIp_OMsI/W9RrPWaodqI/AAAAAAAAA24/AYgnymaHetQ-J8uG-UJfIJ6dNoofKvc0QCLcBGAs/s400/Marie%2BCatherine%2BLeterre.jpg" width="283" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Marie-Catherine Leterre - XIXe siècle - Archives familiales</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Certains ancêtres semblent avoir traversé les époques, survécu aux heures sombres de l'histoire, alors que parfois même leur famille entière a été emportée en quelques années. Leur courage et leur force morale semblent si grands au regard des mésaventures que l'Histoire leur a imposées. Marie-Catherine Leterre, née au XVIIIe siècle sous le règne de Louis XVI, âgée de cinq ans lorsque survint la Révolution, connut toutes sortes de régimes : Monarchies, Républiques, Consulat et Empires. Mère de onze enfants, elle vécut jusqu'aux prémices de la Troisième République et se trouve être l'arrière-grand-mère de mon arrière-arrière grand-mère. Sept générations et près de deux siècles nous séparent, et pourtant, son visage est là, immortalisé sur cette photographie qui par chance nous est parvenue. Marquée par les tempêtes de l'Histoire et par une succession de bouleversements, elle parvint pour autant à tirer son épingle du jeu d'une époque à l'autre. Son regard sombre semble teinté d'espoir, j'y aperçois une lueur de bienveillance qui brille fièrement, comme si, à travers cette photographie, Marie-Catherine Leterre s'adressait à sa postérité... Qui était cette femme, mon ancêtre, qui vécut entre deux siècles ?</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-fzeLTpIMSbo/W9R0OvTrEoI/AAAAAAAAA3E/-5vjm6q3ntkVdbmYprDjqjKmkDJdxTtSgCLcBGAs/s1600/Seine%2BMaritime.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1346" height="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-fzeLTpIMSbo/W9R0OvTrEoI/AAAAAAAAA3E/-5vjm6q3ntkVdbmYprDjqjKmkDJdxTtSgCLcBGAs/s640/Seine%2BMaritime.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Souvenir de la Seine. Vue de Normandie.</i> - Dessin à la plume - Auteur inconnu - XVIIIe siècle - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b77407626.r=normandie?rk=42918;4" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Marie-Catherine Letêre - l'orthographe du nom a varié selon les époques - voit le jour le dimanche 14 mars 1784, peut-être au moment de la messe. Baptisée le lendemain même, elle est la fille ainée d'Ange Nicolas Letêre et d'Angélique Mouchel, marchands blatiers à Malaunay, village situé à une quinzaine de kilomètres et quelques heures de marche au nord de Rouen. Malaunay compte alors trois paroisses : Saint-Nicolas, Saint-Maurice, et Notre-Dame-des-Champs, où vit la famille Letêre. Les blatiers sont des marchands céréaliers, plus particulièrement de blé, et selon certaines sources, des négociants qui achètent les céréales et la farine pour ensuite les revendre avec une commission. En 1785, le couple Letêre a une autre fille nommée Marie-Madeleine. Il y aurait possiblement eu une troisième fille, dont la trace m'échappe pour le moment. La famille vit paisiblement aux abords de la rivière Cailly - ou Maronna pour les romains -, dans la vallée du même nom, connue pour ses très nombreux moulins et son industrie prospère, notamment dans le domaine de la papeterie, véritable institution dans cette région au XVIIIe siècle. Plus tard, la vallée sera même surnommée "la petite vallée de Manchester" en raison de l'intense activité industrielle qu'elle connut. Marie-Catherine Leterre passe son enfance près de ses quatre grands-parents, de ses tantes, de divers cousins et membres de la famille. Son grand-père paternel, Nicolas Leterre, est marchand de chevaux, et sa grand-mère, Anne Bayeul, marraine de nombreux enfants des environs. Ses grands-parents maternels, Jacques Mouchel et Marie-Marguerite Moulin, sont papetiers, et ce comme leurs ancêtres depuis plusieurs générations. Des recherches dans le Journal de Rouen, qui existe depuis 1762, m'ont livré quelques anecdotes à propos de Malaunay, même si les indications sur la commune sont plutôt rares. Je ne m'étais jusqu'alors jamais interrogé sur l'alimentation de mes ancêtres. Mais, récemment, j'en suis venu à me poser toute une série de questions quant à cette thématique, et notamment la suivante : à quels endroits et de quelles manières mes ancêtres ruraux s'approvisionnaient-ils pour manger ? Il paraît évident que la famille Leterre, qui comptait divers commerçants, marchands de chevaux, de céréales, des bouchers et des boulangers entre autres, et qui possédait des terres, tirait parti de ses productions. Pour autant, certains aliments, ou du moins certains arbustes, ne pouvaient sans doute être trouvés qu'en magasin. Un bref passage de la rubrique "<i>Annonces, Affiches et Avis Divers</i>" du Journal de Rouen, dans un numéro des années 1780, décrit avec précision les marchandises proposées par un marchand de Malaunay : "[...] <i>toutes sortes d'arbres fruitiers, hautes et basses tiges, comme poiriers, pommiers, abricotiers, pruniers et cerisiers très-forts, pruniers à fleurs-doubles et à fruit, merisiers à fleurs-doubles, fraisiers & framboisiers perpétuels, lilas doubles, de très beaux plants d'asperges de Hollande, dites gros-violet, de deux & trois sens [...], de la graine de petits radis blancs & roses, & graines de rave à petit colet</i>." Un ouvrage de Gallica, intitulé <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9620489z/f49.image.r=malaunay" target="_blank"><i>Coutumes du pays et duché de Normandie</i></a> offre des renseignements d'une tout autre nature quant aux "<i>Usages locaux de Vicomté de Rouen</i>"; dont voici quelques extraits : <i>"I. Les héritages assis és Paroisses de Malaunay & Saint-Maurice, depuis la fontaine de la Cressonnière venant jusqu'au Bourg de Malaunay, & depuis le Pont dudit lieu jusqu'au Maupas, qui fait la séparation du Houlme & Malaunay, sont parta{gea}bles également entre frères [...] . III. Les femmes ont moitié en propriété aux acquisitions qui se font d'héritages franchement tenus en la dite Paroisse.</i>" En somme, les femmes pouvaient ainsi, ne serait-ce que partiellement, être propriétaires à Malaunay au XVIIIe siècle. Et pour se nourrir, les malaunaysiens devaient a priori acheter les arbustes cités plus haut pour les planter dans leur jardin, en récolter les fruits une fois la saison venue et en tirer de nombreux produits.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/--yY77EYilh0/W9SbFRIL4ZI/AAAAAAAAA3Q/M56YT2VD6sQbQRJKnWihVPn-smcjQFi5gCLcBGAs/s1600/France%2B%25C3%25A9plor%25C3%25A9e%2Bpar%2Bla%2BR%25C3%25A9volution.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1566" data-original-width="965" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/--yY77EYilh0/W9SbFRIL4ZI/AAAAAAAAA3Q/M56YT2VD6sQbQRJKnWihVPn-smcjQFi5gCLcBGAs/s640/France%2B%25C3%25A9plor%25C3%25A9e%2Bpar%2Bla%2BR%25C3%25A9volution.jpg" width="394" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">"<i>La France éplorée [...]</i>" - Estampe - 1794-1799 - Provient de la BNF (Gallica) - <span id="goog_1736796543"></span><a href="https://www.blogger.com/">LIEN<span id="goog_1736796544"></span></a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Alors que les premières années de Marie-Catherine Leterre semblent tout à fait prospères, l'ombre de la terrible Révolution se fait de plus en plus menaçante. La vie de la famille Leterre au cours de la sombre décennie 1790 reste relativement opaque. Ange Nicolas Leterre et Angélique Mouchel auraient apparemment eu des dettes à une certaine époque, sans que je n'en sache davantage. Par ailleurs, à partir des années 1796-1797, les Leterre ne sont plus que cultivateurs et ne vivent apparemment que de leurs seules récoltes. Pour Marie-Catherine, cette décennie est tragique. Elle perd un à un tous les membres de famille : son grand-père paternel en 1795, ses grands-parents maternels en 1796, sa grand-mère paternelle, qui disparaît des registres au même moment - et dite morte par la suite - puis son père le 17 juillet 1801 et sa mère le 25 septembre de la même année. A dix-sept ans, Marie-Catherine et sa soeur Marie-Madeleine se retrouvent orphelines et sont confiées à Pierre Alexandre Quilbeuf, leur cousin, de près de vingt ans leur ainé. S'en suivent alors quatre dures années au cours desquelles Marie-Catherine travaille comme éplucheuse de laine, jusqu'à son mariage. La Révolution semble avoir été dramatique pour bon nombre de mes ancêtres...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-P0jDl2A-HAg/W9Sjs7z1jjI/AAAAAAAAA3c/vLugMZFJusEoapjEq86BimAsYpNfLcWegCLcBGAs/s1600/Mariage%2BLe%2BBtreton%2BLeterre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="451" data-original-width="820" height="352" src="https://4.bp.blogspot.com/-P0jDl2A-HAg/W9Sjs7z1jjI/AAAAAAAAA3c/vLugMZFJusEoapjEq86BimAsYpNfLcWegCLcBGAs/s640/Mariage%2BLe%2BBtreton%2BLeterre.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Signatures du mariage Le Breton / Leterre - 12 février 1805 - Malaunay - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2135120&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2135120&unittitle=1804/09/23%20-%201807&unitid=3E%2000999&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La vingtaine à peine, Marie-Catherine épouse un serrurier de Pavilly nommé Jean-Baptiste Le Breton, de trois ans son ainé, fils de Jean-Ange Le Breton et d'Elizabeth Hurel. N'ayant pour l'instant pu accéder au contrat de mariage, j'ignore les tenants et les aboutissants de cette union. Je crois cependant savoir que Marie-Catherine et sa soeur héritèrent au moins en partie des biens laissés par leurs parents, ce qu'induirait la logique. A partir de février 1805, Marie-Catherine, devenue Mme Le Breton, cesse de travailler. Il est intéressant de noter que même si la Révolution a durement éprouvé leurs familles, les deux époux et leurs proches signent d'une écriture relativement correcte pour l'époque : "<i>Catherine Leterre" ; "Breton fils" ; "Pre Quilbeuf ; "Le Breton perre [père]</i>". Par ailleurs, j'ai estimé, suite à mes recherches et en comparant les structures familiales avant et après l'épisode révolutionnaire, que sur les onze ancêtres des familles Le Breton et Leterre vivants au moment de la Révolution, huit sont décédés ou ont disparu des registres entre 1789 et 1801. Cela dit, le couple Le Breton, qui s'installe au Houlme, bourgade proche de Malaunay, va fonder une famille fort nombreuse comptant pas moins de onze enfants nés entre 1805 et 1824. Sept d'entre eux survivent : Casimir, Honoré, Marcel, Célestine, Eulalie, Augustine et Tranquille - ce dernier est mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père -. Cette natalité fort élevée, inhabituelle pour ces familles là, pourrait bien s'expliquer par le désir de refonder une famille après la vague de décès de la décennie précédente, quoique cela relève davantage de mon interprétation personnelle que d'une quelconque preuve tangible.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-Z-mnIWoFLKw/W9T8F_0oKNI/AAAAAAAAA3o/4ntt8TWDf6stmuqPzzm1INZ5YTNQ8DyuwCLcBGAs/s1600/Le%2BHoulme.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="637" data-original-width="645" height="395" src="https://4.bp.blogspot.com/-Z-mnIWoFLKw/W9T8F_0oKNI/AAAAAAAAA3o/4ntt8TWDf6stmuqPzzm1INZ5YTNQ8DyuwCLcBGAs/s400/Le%2BHoulme.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Houlme et Malaunay - Carte de l'état-major - XIXe siècle - Géoportail - <a href="https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-cassini" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Après les tumultueuses années révolutionnaires, Marie-Catherine Leterre semble avoir retrouvé un quotidien plus serein au Houlme, où son mari, qui a fondé une entreprise de serrurerie, se spécialise dans la construction de machines hydrauliques et de manèges. Je n'ai pas réussi à cerner ce que sont ces machines hydrauliques, si ce n'est qu'elles seraient liées au fonctionnement des locomotives, et qu'elles auraient été particulièrement utilisées en Seine-Inférieure, ce qui me parait d'autant plus étrange que les premiers chemins de fer sont apparus quelques décennies plus tard. Hormis ces fameux hydrauliques, Jean-Baptiste Le Breton fabriquait très certainement des serrures, des coffres-forts mais aussi des structures métalliques complexes. Un acte notarié rédigé à la fin des années 1830, dont l'existence m'est connue grâce à une publication officielle dans le Journal de Rouen faite à la demande de Marie-Catherine Leterre, décrit de manière plutôt détaillée la propriété des Le Breton au Houlme : <i>"Une propriété en la commune du Houlme, à peu de distance de la grande Route de Rouen à Dieppe, à laquelle on accède par une large allée. Cette propriété qui a aussi un accès sur <strike>le chemin</strike> un passage, consiste en terrain, cour, maison, [...] arbres fruitiers et jardin [...] Sur le dit terrain sont édifiés un tènement de trois maisons, l'une de construction nouvelle, composée de rez-de-chaussée, premier étage et grenier, [...] la seconde composée d'un rez-de-chaussée seulement avec greniers [...] la troisième composée d'une cave, d'un rez-de-chaussée et d'un grenier [...]. Il existe à la suite un petit bâtiment à usage d'écurie [...] un bâtiment à usage de pressoir avec une chambre au-dessus [...] au côté sud un vieux bâtiment couvert de chaume [...] un petit bâtiment en planches [...] un hangar [...] et vers le milieu un autre bâtiment à usage d'atelier de construction de machines hydrauliques et de manège</i>." Il semble, à la lecture des nombreuses pages de cet acte dont je vous reparlerais éventuellement, que cette propriété qui était une ancienne ferme médiévale ou un regroupement de maisons, ait été transmise entre plusieurs membres de la famille Leterre. Elle appartenait originellement au grand-père paternel de Marie-Catherine. Suite à plusieurs contrats, elle en avait majoritairement hérité, le reste appartenant à ses soeurs - la troisième soeur n'est connue que par cet acte, comme étant l'épouse d'un certain Pompée Lacaille -. Malgré ces indications, je ne parviens toujours pas à localiser avec exactitude la propriété de Marie-Catherine Leterre, située très près de la route reliant Dieppe à Rouen, et ce même en observant attentivement les diverses cartes...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-e478-DOImHc/W9UJJpF-YoI/AAAAAAAAA30/v-7mvFsd8rolAe9uYg9wKtPZ3T-RvEeAQCLcBGAs/s1600/Troubles%2Bdu%2BHoulme.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="511" data-original-width="981" height="331" src="https://1.bp.blogspot.com/-e478-DOImHc/W9UJJpF-YoI/AAAAAAAAA30/v-7mvFsd8rolAe9uYg9wKtPZ3T-RvEeAQCLcBGAs/s640/Troubles%2Bdu%2BHoulme.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Troubles du Houlme. Pièces préliminaires</i> [...] - Monographie imprimée - 1825 - éd. A. Boucher, Paris - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k424550n/f2.item.r=la" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">En août 1825, sous Charles X, et alors que Marie-Catherine atteignait déjà les quarante ans, une révolte connue sous le nom de "Troubles du Houlme" éclata suite à un différend entre M. Levasseur, industriel filateur au Houlme, et ses employés. Le patron se refusait à payer à ses centaines d'employés la demi-heure supplémentaire qu'il leur imposait le midi sur leur temps de repas, ce qui conduisit ces derniers à se rassembler devant le hall d'entrée sud de la fabrique, où, acculés, Levasseur et son fils s'étaient réfugiés. Les ouvriers arrivaient par centaine des communes voisines et étaient au moins quatre-cents devant l'entrée du pavillon. Selon une autre version, cette révolte aurait également été motivée par le fait que les Levasseur retinrent en otage six ouvriers, dont quatre auraient été menottés. Les autres ouvriers auraient ainsi réclamé la libération de "<i>leurs camarades</i>". Avertis de la situation, le maire et son adjoint se rendirent immédiatement sur place, bientôt rejoints par le commandant de gendarmerie, exhortant le sieur Levasseur de calmer les esprits, ce qu'il refusa. Le commandant libéra tout de même deux des otages. Levasseur en fut irrité, refusa de libérer les quatre autres, et fit sortir les autorités de sa demeure. Puis, accompagné de quelques gendarmes, il aurait prononcé ces mots : "<i>Marchez, Messieurs, je suis à votre tête, dissipez ces gens !</i>" Le maire et son adjoint décidèrent de se rendre à Rouen pour alerter les "<i>autorités supérieures</i>". Au même moment, de nouveaux ouvriers arrivèrent et jetèrent des pierres sur les fenêtres de l'établissement Levasseur. Levasseur père et fils, justement, étaient parvenus à s'enfuir et tentaient de rejoindre Rouen, escortés, <b>par la route reliant Dieppe et Rouen</b>. Et c'est "<b><i>parvenus à peu de distance de la fabrique de M. Le Breton</i></b>" qu'ils furent bloqués par la foule d'ouvriers. Le fils Levasseur aurait alors encouragé son père à "<i>foncer sur le peuple</i>". Une autre version, celle qui mentionne la propriété de Jean-Baptiste Le Breton et de Marie-Catherine Leterre, décrit une scène plus nuancée. Les Levasseur auraient cédé aux revendications des ouvriers mais la foule, attroupée des deux côtés de la route, armée "<i>de grandes perches, de bâtons et de pierres</i>", criant "<i>Il faut que tu meures</i>" et les "<i>menaces et sottises les plus ordurières</i>", agressa plusieurs gendarmes, dont les collègues répliquèrent en tirant. Il fallut attendre la nuit pour que la situation se calme. Cet épisode, qui prit le nom de "Troubles du Houlme" et fit la une des chroniques locales, donna lieu à de longues procédures judiciaires au cours desquelles, si je ne m'abuse, quarante témoins furent interrogés. Marie-Catherine Leterre et les siens assistèrent ainsi à une scène digne d'une Révolution. Je les imagine aux fenêtres du premier étage de leur maison observant inquiets ou surpris cette violente manifestation, des centaines d'hommes armés, hurlant, juste à côté des murs de leur propriété... Il y a fort à parier que Marie-Catherine Leterre s'en souvint longtemps.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-9Fl1WOHs9Bs/W9UYbee_rbI/AAAAAAAAA4A/PEV1lie6DjMiY7NBBv-wO1HYhsP9TSx3ACLcBGAs/s1600/Rouen%2B1830.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1301" height="516" src="https://1.bp.blogspot.com/-9Fl1WOHs9Bs/W9UYbee_rbI/AAAAAAAAA4A/PEV1lie6DjMiY7NBBv-wO1HYhsP9TSx3ACLcBGAs/s640/Rouen%2B1830.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Port de Rouen. Capitale de la Normandie</i>. - Estampe - 1830 - Eugène - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100516878.r=normandie?rk=493564;4" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les dernières années de la Restauration vont réserver quelques malheurs à Marie-Catherine. En 1828, alors que le couple Le Breton, approchant de la cinquantaine, a la joie d'assister à la naissance de Clarisse Le Breton, première de leurs nombreux petits-enfants, Jean-Baptiste Le Breton tombe malade. Au printemps 1829, il se rend à l'Hospice de Rouen où il meurt au mois de juin, dans sa quarante-huitième année. Marie-Catherine, désormais veuve, avec six enfants à charge, l'un de ses fils étant déjà marié, sans aucune profession, connaît de nouveau une période compliquée. Il est également à noter que sur ses onze enfants, elle en perdit quatre : Césarine, Virginie, Aglaé et Onésime. Ses successives grossesses l'ont sans doute physiquement épuisée. Si, au cours de la décennie qui suit, Marie-Catherine conclue pour ses enfants des mariages avec, si je puis dire, de bons partis, et vit de quelques rentes, elle fait face à un autre problème majeur. En effet, depuis plusieurs années déjà, son fils ainé, Casimir Le Breton, bien que tuteur de ses frères et soeurs les plus jeunes, est en proie à de graves problèmes psychiques, à tel point que Marie-Catherine le loge séparément du reste de la famille, dans l'une des trois maisons de la propriété.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-j843Y-AW5Hw/W9Ukj30Eo_I/AAAAAAAAA4Y/wz3WndDnUvcQl67BlRyZI2RCYGt4xslPwCLcBGAs/s1600/Rouen%2BXIXe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1418" height="474" src="https://2.bp.blogspot.com/-j843Y-AW5Hw/W9Ukj30Eo_I/AAAAAAAAA4Y/wz3WndDnUvcQl67BlRyZI2RCYGt4xslPwCLcBGAs/s640/Rouen%2BXIXe.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<dl>
<dt><b> </b> </dt>
<dd>Vue de Rouen - Aquarelle - Giuseppe Canella - 1830 - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100516789/f1.item.r=rouen" target="_blank">LIEN</a></dd></dl>
</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">A
la fin des années 1830, Marie-Catherine vend la propriété à l'un de ses
fils, ce qui lui rapporte une somme plutôt considérable dont elle tire
par la suite des rentes. En réalité, il est à supposer qu'étant donné
que Marie-Catherine continua à vivre dans cette propriété, tout ceci ne
fut qu'un tour de passe-passe financier pour régler d'éventuels
problèmes de fiscalité ou de droits successoraux. Marie-Catherine
apparaît, au fil des actes notariés, comme une femme procédurière et
précautionneuse, notamment en ce qui concerne ses biens et les parts
d'héritage de ses enfants. J'ai remarqué que ce trait de caractère
revenait très souvent chez les ancêtres ayant connu la Révolution de
1789. Cette sombre décennie 1789-1800 les a sans doutes impactés
mentalement. Ainsi, cinquante ans précisément après le début de la
Révolution, alors qu'apparaissent les premiers chemins de fer et la
photographie, Marie-Catherine Leterre, approchant de la soixantaine, vit
toujours au Houlme, près de ses enfants et de ses toujours plus
nombreux petits-enfants. Son dernier fils, Tranquille, mon ancêtre,
n'est qu'un jeune adolescent alors que la plupart de ses frères et
soeurs sont déjà mariés. En 1845, Marie-Catherine et ses proches
assistent, médusés, à la terrible tornade qui s'abat sur la vallée de
Rouen, et dont je compte vous parler un jour. Les années 1850 vont prendre un tournent dramatique...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/--7HhbsF9vjQ/W9Uew-gcK6I/AAAAAAAAA4M/femIEzrZ8TUmIzQ27Too52Xgr34wKI5SQCLcBGAs/s1600/Meurtres%2BXIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1406" height="478" src="https://3.bp.blogspot.com/--7HhbsF9vjQ/W9Uew-gcK6I/AAAAAAAAA4M/femIEzrZ8TUmIzQ27Too52Xgr34wKI5SQCLcBGAs/s640/Meurtres%2BXIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Sans lettre. Scène de meurtres [...]</i> . - éditeur Italo-Germanico Napoli - XIXe siècle - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531590612.r=meurtre?rk=193134;0" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">En 1852, Casimir Le Breton, fils ainé et psychiquement déséquilibré de Marie-Catherine Leterre, semble avoir été banni de sa famille et vit pauvrement à Sotteville-lès-Rouen, à une large quinzaine de kilomètres au sud du Houlme et de Malaunay où résident ses frères. Sa folie ne l'a pas empêché, malheureusement, de fonder une famille. Marié à Eugénie Loyer, de près de dix ans sa cadette, il est père d'au moins sept enfants. Le 7 juin, cette famille fait tristement la une du Journal de Rouen et défraye la chronique locale pour "<i>un horrible événement</i>" qui a "<i>jeté l'épouvante dans la commune de Sotteville</i>". Voici les principales lignes retraçant la tragédie : "<i>[...] Casimir Le Breton [...] demeurant rue Amélie, n°3 [...] était depuis longtemps en proie à une excitation frénétique dont personne ne comprenait la cause. De fréquentes menaces sortaient de sa bouche, et, comme elles n'avaient rien de précis et de déterminé, personne n'y prenait garde ; mais dans la nuit de samedi à dimanche, vers deux heures du matin, cet individu [...] dont aucune contrariété, aucune querelle, n'avait excité la veille l'humeur bizarre, se leva, et s'armant d'un couteau de chasse, alla vers le lit où dormait sa femme, et porta à celle-ci plusieurs coups mortels. Pour fuir son assassin, la malheureuse se jeta à bas du lit ; mais, transpercée par l'arme meurtrière, elle tomba sur le parquet et rendit le dernier soupir. Ce lugubre forfait ne fit sans doute qu'exciter la fureur du meurtrier, car il continua son horrible exécution, en frappant de nouveau son propre fils, âgé de seize ans, nommé Albert, qui défendait sa mère. Cet infortuné put se mettre hors de la portée de ce furieux en se trainant jusqu'au lit placé dans la chambre, où il s'étendit sans connaissance et tout ensanglanté. Après le silence qui suivit cette lutte affreuse, une des filles de l'assassin, âgée de quinze ans, que l'effroi avait tenue immobile, sortit toute éperdue de la maison où s'accomplissait ce drame terrible pour appeler au secours et aller chercher le commissaire de police, M. Delalande. Mais lorsque la jeune fille et le commissaire, qui s'était muni d'un pistolet pour se soustraire, en cas d'attaque, aux atteintes de l'insensé dont il voulait se rendre maître, pénétrèrent dans la chambre, un spectacle plus horrible encore s'offrit à leurs yeux. Le commissaire, tenant son pistolet en main, avait déjà enjambé les cadavres d'un homme et d'une femme, et voyant encore un autre homme conservant les apparences de la vie, s'avança vers celui-ci et le somma de se rendre ; mais il s'adressait au fils de Le Breton, qui put à peine répondre d'une voix éteinte au commissaire qu'il était la victime et non l'assassin, et désigner par un geste au magistrat son père étendu sur le parquet. Le meurtrier, au paroxysme de sa rage, avait dirigé contre sa poitrine la lame homicide, et, en se rejetant violemment sur elle, s'était transpercé d'outre en outre. La pointe de l'arme traversait son corps étendu sur le carreau. Par un bonheur providentiel, deux autres petites filles de ce crime inexplicable, l'une âgée de trois ans et demi, l'autre de trois mois, toutes deux couchées avec leur mère, avaient échappé à ses coups ou avaient été épargnées par lui [...] aurait agi [...] d'après les bruits qui circulent, sous l'empire {l'emprise} d'une aliénation mentale dont il donnait depuis longtemps des preuves non équivoques. Son malheureux fils est encore dans un état très alarmant." </i>Pour faire court, Casimir Le Breton, qui selon moi était schizophrène, a violemment assassiné sa femme et plusieurs de ses enfants. Cela explique peut-être pourquoi le seul de ses fils dont j'ai retrouvé, vingt ans plus tard, la trace à Paris, avait un bras en moins... La personnalité terrifiante de ce Casimir Le Breton nous en apprend pourtant davantage sur Marie-Catherine Leterre. Cette dernière, qui avait déjà confiné son fils dans une maison différente de la sienne, semble, et on peut tout à fait la comprendre, s'en être débarrassé en l'envoyant de l'autre côté de la vallée de Rouen. L'imprécision et les erreurs des déclarations faites suite à ce tragique événement portent à croire qu'aucun membre de la famille Le Breton, peut-être soucieux de ne pas être associé à ce frère déséquilibré et de ne pas jeter l'opprobre sur la fratrie d'entrepreneurs, ne s'est déplacé jusqu'à Sotteville-lès-Rouen. Pire encore, ni Marie-Catherine Leterre ni ses six autres enfants n'ont apparemment pris en charge les enfants meurtris et traumatisés de Casimir Le Breton. Un sombre épisode pour cette famille...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-5Kq8CWKVu5I/W9UyFEwRkwI/AAAAAAAAA4k/J0LXFIeSiOIHuDo29PAxvSanZZkmosNAwCLcBGAs/s1600/Solf%25C3%25A9rino%2BRouen.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1446" height="466" src="https://4.bp.blogspot.com/-5Kq8CWKVu5I/W9UyFEwRkwI/AAAAAAAAA4k/J0LXFIeSiOIHuDo29PAxvSanZZkmosNAwCLcBGAs/s640/Solf%25C3%25A9rino%2BRouen.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Rouen. Jardin de Solférino & tour St Laurenzo</i> - 1866 - Isidore Deroy - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10051992k.r=rouen?rk=1030048;0" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les années s'écoulèrent cependant plus paisiblement après cette tragédie. Marie-Catherine Leterre était déjà âgée, et vivait entourée de ses enfants, petits-enfants - dont mon arrière-arrière-arrière grand-mère Alexandrine Le Breton - et mêmes de certains de ses arrière-petits-enfants. Ses enfants avaient développé une activité prospère dans la serrurerie et la mécanique, l'une de ses filles avait épousé un imprimeur - ironie du hasard, cette profession était celle des ancêtres maternels de Marie-Catherine -. Elle survécut à son fils Honoré et mourut au Houlme le 26 janvier 1872, âgée de quatre-vingt-sept ans, matriarche et doyenne d'une famille nombreuse, sur les terres qui l'avaient vu naître, de l'autre côté de la rivière Cailly. La Troisième République était alors à ses débuts, tandis que Marie-Catherine Leterre, elle, avait vu le jour sous le règne de Louis XVI, presque un siècle auparavant...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-9aAeT_GhD3U/W9U0xbVKBSI/AAAAAAAAA4w/V6jsAg5B33cQGzZWIKbmWOuf_8nCcaAVwCLcBGAs/s1600/Marie-Catherine%2BLeterre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1237" data-original-width="732" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-9aAeT_GhD3U/W9U0xbVKBSI/AAAAAAAAA4w/V6jsAg5B33cQGzZWIKbmWOuf_8nCcaAVwCLcBGAs/s640/Marie-Catherine%2BLeterre.jpg" width="378" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Marie-Catherine Leterre - XIXe siècle - Archives familiales</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Née dans la France du XVIIIe siècle, Marie-Catherine Leterre vit passer monarques et empereurs, des Républiques et des Monarchies, des révoltes locales et des révolutions nationales. Adolescente, elle perdit toute sa famille, vécut un temps dans la pauvreté, eut onze enfants et fut veuve pendant quarante-trois ans. Elle vit en outre apparaître les trains, la photographie et une multitude de changements. Marie-Catherine Leterre laisse une descendance impressionnante et impressionne par son courage. Ce n'est peut-être pas pour rien qu'elle est l'ancêtre la plus ancienne dont une photo nous est parvenue...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-eL1vWNOu5m4/W9U3nZ8f1-I/AAAAAAAAA48/c09YHKZnIGkqZMgPW4PY2RyyVDf6BNSbwCLcBGAs/s1600/Lien%2Bde%2Bparent%25C3%25A9%2BLeterre%2BLehoux.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="748" data-original-width="285" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-eL1vWNOu5m4/W9U3nZ8f1-I/AAAAAAAAA48/c09YHKZnIGkqZMgPW4PY2RyyVDf6BNSbwCLcBGAs/s640/Lien%2Bde%2Bparent%25C3%25A9%2BLeterre%2BLehoux.jpg" width="242" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-20510361426888633992018-09-15T18:05:00.000+02:002018-09-16T17:00:41.336+02:00Rendez-vous ancestral à la Belle Époque : rencontre avec Valentine Trevet - Première partie<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Notre rendez-vous ancestral nous mène cette fois-ci à la rencontre de Valentine Alexandrine Trevet, future épouse Lehoux. Alors que s'écoulent paisiblement les dernières années du XIXe siècle, celle qui est la moins inconnue de mes arrière-arrière-grands-mères, âgée de dix-sept ans en 1894, s'adonne à la lecture et à la poésie, dans un cadre champêtre aux airs de Belle Époque. Partons pour cette douce France d'antan dont la seule évocation suffit à me faire rêvasser... </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Quelque part aux confins de l'Anjou, 1894...</span></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Une sorte de joie s'écoulait paisiblement de cette petite mare verdâtre que j'apercevais entre les barres du majestueux portail, lui aussi vert, mais sombre, plus imposant. J'entrevoyais les beaux arbustes, les meubles charmants et la sérénité qui émanait des lieux. Les oiseaux accueillaient jovialement de leur chant les quelques cousins, tantes et oncles invités par les propriétaires de la demeure, dominant les bords de la rivière. Au loin, quelques forêts, la bourgade, la filature et les usines. L'horizon d'une famille pour qui les dernières décennies du XIXe siècle semblent avoir été un long fleuve tranquille...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La veille, mon trajet en train depuis la capitale m'avait permis de rencontrer deux des invités de la famille Trevet et d'engager la conversation avec eux, un dialogue qui s'était fort bien déroulé grâce aux connaissances acquises lors des nombreuses lectures que j'ai pu faire de la presse de ces années-là. Ces quelques heures de trajet partagées dans le train furent si divertissantes que mes deux interlocuteurs parisiens, un certain M. Henry Le Breton et l'une de ses cousines, Mme Delafosse, me proposèrent de les accompagner au repas organisé par leurs proches parents, Alfred Trevet et Alexandrine Le Breton - mes ancêtres directs -. Je n'aurais pas imaginé pouvoir me faire inviter si facilement, mais il semblait y avoir une sorte de lien, quelque chose de similaire avec ces ancêtres et cousins du XIXe siècle. Un voiturier nous conduisit ensuite jusqu'à la demeure des Trevet, aux limites de l'Anjou...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-bNlkjzXMOZM/W5w83-hbiGI/AAAAAAAAA1o/xs0Hhjgud1QaeiAFd0QBz_nUmx-53YFiQCLcBGAs/s1600/XIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="698" data-original-width="1235" height="360" src="https://4.bp.blogspot.com/-bNlkjzXMOZM/W5w83-hbiGI/AAAAAAAAA1o/xs0Hhjgud1QaeiAFd0QBz_nUmx-53YFiQCLcBGAs/s640/XIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Chevaux anglo-normands Calèche vis-à-vis</i> - Estampe - Albert Adam - XIXe siècle - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530266168.r=chevaux%20anglo-normands?rk=21459;2" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je contemplais cette belle bâtisse dont l'apparence me rappelait quelque peu le style haussmannien que j'affectionnais tant, le charme des campagnes provinciales en prime. Des fleurs débordaient de cet havre de paix et leurs parfums s'harmonisaient. M. Jules Le Breton, frère d'Henry, fit sonner la clochette pour avertir les hôtes de leur arrivée. Une femme assez grande, la quarantaine, les cheveux lissés et vêtue d'une impressionnante robe nous ouvrit. Je devinais, à son regard empreint d'un délicat mélange de mélancolie et de bienveillance, qu'il s'agissait d'Alexandrine Le Breton, mon arrière-arrière-arrière-grand-mère.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">-Ma cousine, quelle joie de vous revoir après tout ce temps ! s'écria Mme Delafosse, de son vrai nom Aimée Azelma Auber.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">-Ma chère, c'est en effet un bonheur de vous retrouver ici, et en si bonne compagnie ! lui répondit-elle avec un sourire lumineux.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Alexandrine salua les autres invités : ses deux frères Jules et Henry, Albert, fils de Mme Delafosse et artiste dramatique en herbe, ainsi que sa belle-soeur Mme Dujardin, née Julie Trevet, accompagnée de sa jeune petite-fille Marthe Mutel. Il ne restait dès lors plus que moi et je fus présenté par Mme Delafosse :</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">-Ce jeune homme que nous avons rencontré lors de ce long trajet nous a été d'une compagnie fort sympathique. Aussi, désireux d'approfondir ses connaissances en histoire sur votre belle région, nous lui avons proposé de nous accompagner, si vous n'y voyez, je l'espère, aucun inconvénient.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Alexandrine me regarda, avec cette gentillesse qui la caractérisait déjà sur les photographies que je connaissais d'elle, et accepta : Ma foi, pourquoi refuserais-je ? Et puis, ma chère cousine, j'ai en vous et votre avis une entière confiance. Il y a suffisamment de pièces ici pour nous loger tous convenablement.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Elle se tourna ensuite vers moi : Jeune homme, me feriez-vous le plaisir d'accepter cette invitation ? Aussi, pourriez-vous, puisque si je ne m'abuse l'histoire vous passionne, nous parler quelque peu de cette discipline ?</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-ecVZ0tz-hWg/W5xLDeVlgMI/AAAAAAAAA10/jF76wcvhdXIHpxjf-p1ufr2GHJuG2NiiwCLcBGAs/s1600/Salon%2BXIXe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1484" height="452" src="https://2.bp.blogspot.com/-ecVZ0tz-hWg/W5xLDeVlgMI/AAAAAAAAA10/jF76wcvhdXIHpxjf-p1ufr2GHJuG2NiiwCLcBGAs/s640/Salon%2BXIXe.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Petit salon</i> - Lithographie - Benoît Ph. - 1872 - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10226599j.r=salon?rk=171674;4" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Nous entrâmes alors dans le vaste jardin... Un lieu hors du temps, d'une gaieté saisissante et d'une naturelle élégance. De part et d'autre, divers arbres fruitiers avoisinaient de somptueux rosiers, et, aux quatre coins de l'allée pavée qui menait à la demeure des Trevet, quelques petites chaises boisées étaient installées pour lire à l'ombre. Au loin résonnait la mélodie d'une vivifiante fontaine qui était cachée par de plus grands arbres. Des papillons, des hérissons et un écureuil peuplaient les lieux. Tout était propre et bien ordonné. L'ensemble était sublimé par une musique fort agréable qui émanait du salon dont la fenêtre était ouverte. On jouait du piano. Cette fin de XIXe siècle me paraissait être une époque absolument ravissante. Alexandrine ouvrit la majestueuse porte d'entrée, nous pénétrâmes cette fois dans le hall, face à un bel escalier, à la droite duquel une porte menait à la verrière. Nous allâmes à gauche, vers une porte aussi imposante que la précédente qui conduisait à un vaste salon. En entrant, je découvris une pièce spacieuse et j'avais l'impression de baigner dans une ambiance parfaite, presque artistique. Les fenêtres apportaient une lumière soyeuse, les rideaux et la tapisserie une ambiance chaleureuse. Une galerie de photographies encadrées décorait les murs. Ces portraits étaient ceux de plusieurs membres des familles Trevet et Le Breton, des êtres chers qui semblaient nous regarder avec bienveillance depuis une époque déjà lointaine. Je m'attardai sur deux d'entre eux, assemblés, que je reconnus ensuite. Alexandrine me confia qu'il s'agissait de ses parents, qu'ils lui manquaient et que ces portraits dataient de la génération précédente. Le souvenir des ancêtres revêtait visiblement une importance particulière en ce temps-là... Une grande table dominait le fond de la pièce, face à un miroir quelque peu majestueux.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-r61e_Iksrps/W5xXq7ffHeI/AAAAAAAAA2A/ITiKbNF-0AwBgLGupf5XRZH3RLt-kkyIQCLcBGAs/s1600/couple%2BLe%2BBreton.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1114" data-original-width="1463" height="484" src="https://3.bp.blogspot.com/-r61e_Iksrps/W5xXq7ffHeI/AAAAAAAAA2A/ITiKbNF-0AwBgLGupf5XRZH3RLt-kkyIQCLcBGAs/s640/couple%2BLe%2BBreton.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Les époux Le Breton, parents d'Alexandrine, de Jules et d'Henry Le Breton- XIXe siècle - Photographies familiales</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je venais tout juste de remarquer mon arrière-arrière-grand-mère, Valentine Trevet, alors âgée de seize ans. Elle jouait justement du piano et s'arrêta pour saluer les invités, et parut fort joyeuse de revoir sa petite-cousine, Marthe Mutel, et son cousin, Albert Delafosse. Tous trois étaient à peu près du même âge. Valentine me paraissait être d'une grande intelligence, quelque peu timide et rêveuse. De taille assez grande et élancée, elle portait une longue robe amarante ornée de blanches fleurs et se terminant par de délicates manches en dentelle. Elle m'adressa quelques mots en souriant timidement :</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">-Monsieur, j'espère que ce morceau que je répète et pour lequel je m'entraîne tant vous aura plu.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">-Assurément, je vois en vous les qualités d'une artiste. Et votre morceau s'accorde fort bien avec l'harmonie des jardins.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Elle parut heureuse et me remercia. Valentine semblait sereine et épanouie en cette fin de XIXe siècle. Elle ignorait encore tous les tourments qui l'attendaient au XXe... Il en était sans doute de même pour les autres personnes présentes en cette belle journée de l'an 1894. Mme Dujardin, qui raffolait apparemment de la gastronomie française, demanda, curieuse, à sa cousine, quels seraient les plats du jour, ce qui ne manqua pas de faire rire Henry et Jules Le Breton, les deux frères d'Alexandrine. Ayant lu de nombreuses recettes de la France d'autrefois, je ne pouvais que me réjouir du repas qui s'annonçait.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">-Voyons-voir ce que le traiteur nous propose : en entrées, nous avons un potage corsaire, du mouton aux marrons et une soupe aux légumes. Pour les plats, nous dégusterons palais de boeuf à la lyonnaise, salmis de perdreaux à l'Armagnac et pommes sautées au beurre. En ce qui concerne les desserts - Marthe se mit à sourire - seriez-vous tentés par des charlottes à la confiture, des meringues à la crème et un délicieux Saint-Honoré ? </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-Qk12sktTadU/W50NkhZCn7I/AAAAAAAAA2M/_2ZCxt5vXK4Lc-uraEVyWpV33msxnTrDACLcBGAs/s1600/Valentine%2BTrevet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="626" data-original-width="438" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-Qk12sktTadU/W50NkhZCn7I/AAAAAAAAA2M/_2ZCxt5vXK4Lc-uraEVyWpV33msxnTrDACLcBGAs/s640/Valentine%2BTrevet.jpg" width="446" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Valentine Alexandrine Trevet - 1895 - Photographies familiales</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Toutes ces personnes paraissaient si heureuses alors que s'écoulait paisiblement la dernière décennie du XIXe siècle. Un repas joyeux comme il dut il en y avoir d'autres se préparait. J'y étais, je ne sais par quelle chance, invité. Ces gens qui étaient mes ancêtres m'avaient ouvert les portes de leur belle demeure, un lieu agréable, fleuri et reposant. Toutefois, l'idée de converser avec des personnes dont les destins, les dates de décès et l'avenir m'étaient connus ne me paraissait pas envisageable. Avais-je le droit de m'immiscer dans la vie de mes ancêtres, à la manière d'un narrateur omniscient ? Comment aurais-je pu, en sachant pertinemment que le XXe siècle réserverait à Valentine Trevet de dures épreuves, la mort de ses parents et une guerre, lui parler comme si de rien n'était, alors qu'elle s'adonnait à ces passions littéraires et musicales ? Les invités se racontaient les dernières nouvelles, heureux de se revoir. Je devais m'éclipser avant que le repas ne commence. J'avais pris soin d'apporter avec moi quelques vieilles feuilles, une plume et un peu d'encre pour laisser un mot, comme je le fis lors d'un autre rendez-vous avec mes ancêtres maternels. J'écrivis ces quelques lignes : <i>Chers amis, je vous remercie sincèrement pour votre accueil et votre invitation. J'aurais volontiers accepté de me joindre à vous pour ce repas, mais quelques affaires urgentes m'attendent un peu plus loin. Valentine, je ne peux que vous encourager à continuer la musique. Aussi je n'oublierai pas de sitôt ces belles rencontres. Il se pourrait bien que je repasse un jour.</i> Je repartis discrètement, me retournant une dernière fois sur ces paisibles jardins. J'eus comme l'envie de m'y assoir et d'y rester lire, profiter de cette douce Belle Époque, mais je ne pouvais malheureusement pas rester dans un siècle qui n'était pas le mien et qui de toute façon s'achevait pour laisser place aux tragédies du suivant. Une fois sorti de la demeure de mes ancêtres, je sentis comme une brise de nostalgie passer. Le portail ne se referma pas totalement, et resta entrouvert, comme pour me signifier que j'étais le bienvenu en ces lieux du passé, disparus aujourd'hui. Aujourd'hui. Ce mot avait-il réellement un sens ? Quelque part, une partie de mon âme n'avait pas quitté cette demeure, ces jardins et leur paisibilité. Le piano résonnait de nouveau. Je m'étais juré d'y revenir un jour... </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-6lWhHzbFs0k/W50YX-sT_yI/AAAAAAAAA2Y/6A2v8CBKqno7vg9vNKgbFR6TkSsSB9eCgCLcBGAs/s1600/Jardins%2BXIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1457" height="462" src="https://1.bp.blogspot.com/-6lWhHzbFs0k/W50YX-sT_yI/AAAAAAAAA2Y/6A2v8CBKqno7vg9vNKgbFR6TkSsSB9eCgCLcBGAs/s640/Jardins%2BXIXe%2Bsi%25C3%25A8cle.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Jardin anglais</i> - Eugène Cicéri - XIXe siècle - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10226597n.r=jardin?rk=214593;2" target="_blank">LIEN</a> - Bibliothèque de Strasbourg</td></tr>
</tbody></table>
</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Ce rendez-vous ancestral, que j'ai écrit en écoutant Saint-Saëns et Fauré, m'a permis d'imaginer certes de manière un peu idéalisée ce qui semble avoir été le paisible quotidien de mes ancêtres au cours de la Belle Époque. Les protagonistes de ce récit ont tous bel et bien existé : Henry et Jules Le Breton étaient les frères - restés célibataires à Paris - d'Alexandrine Le Breton. Ils avaient pour cousine Mme Delafosse, née Aimée Azelma Auber et fille d'Eulalie Le Breton, tante d'Alexandrine. Albert Delafosse était quant à lui le fils d'Aimée, et ainsi le cousin de Valentine et de Lucien Trevet. Il devient bel et bien artiste dramatique dans les années qui suivent. Sa mère et lui ont emménagé à Paris vraisemblablement à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe. Mme Dujardin, née Julie Trevet, était la soeur ainée d'Alfred Trevet, mari d'Alexandrine. Elle vivait dans les Yvelines. Marthe Mutel, fille d'Augustine Dujardin et petite-fille de Julie, resta proche de Valentine et de Lucien Trevet, au moins pour la décennie qui suivit. Ces personnes se sont a priori toutes connues, sans doute dans d'autres circonstances que celles choisies pour ce récit. Si certains éléments sont le fruit de mon imagination - je n'ai jamais pu visiter l'intérieur de la maison de la famille Trevet, si tant est qu'elle existe encore de nos jours -, je me suis tout de même efforcé de me rapprocher de la réalité. Les recettes proviennent de journaux des années 1880-1895 vendus dans les Yvelines. J'ai imaginé les jardins, le portail et le mobilier à partir de ce que laisse entrevoir une photo de la famille Trevet datée de 1894 et réalisée à domicile. S'il est certain que Valentine s'adonnait aux lettres, à la poésie et à la lecture comme en témoigne un objet généalogiquement fort précieux qui nous est parvenu, rien ne certifie qu'elle pratiquait la musique, si ce n'est que son futur mari Arsène Lehoux, ainsi que d'autres membres de cette famille dont mon grand-père Jacques Lehoux - qui était son petit-fils - en ont fait. Je donnerai à coup sûr une suite à ce rendez-vous, pour vous présenter Alfred et Lucien Trevet, père et frère de Valentine, ainsi que d'autres photos et documents me tenant particulièrement à coeur.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-YQL5YmAF59k/W50nAkSbBXI/AAAAAAAAA2k/7kQS7SsKVyszG_Cdx5FlfaowF-d3ohSWwCLcBGAs/s1600/Rdv%2BAncestral%2BBelle%2B%25C3%25A9poque.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="817" data-original-width="910" height="574" src="https://4.bp.blogspot.com/-YQL5YmAF59k/W50nAkSbBXI/AAAAAAAAA2k/7kQS7SsKVyszG_Cdx5FlfaowF-d3ohSWwCLcBGAs/s640/Rdv%2BAncestral%2BBelle%2B%25C3%25A9poque.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Parenté des protagonistes de ce récit</i> - Archives personnelles à partir de recherches et de mon arbre généalogique</td></tr>
</tbody></table>
</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: large;">Il s'agit de ma troisième participation au rendez-vous ancestral, exercice mêlant écriture, fiction, généalogie, histoire, imagination... Un mélange d'histoire et d'écriture teinté de romanesque que j'affectionne particulièrement même si je n'ai pas forcément le temps d'y prendre part chaque troisième samedi du mois. Mes deux autres participations m'ont bien plu également. La première se déroule au cours de l'été 1905, dans le Sud, à la rencontre de mes ancêtres maternels. La seconde nous a permis d'embarquer à bord d'un bateau de pirates au Havre en 1816 et nous a fait découvrir la vie à bord d'un navire de l'époque. Je vous invite, pour les lire, à suivre ces liens : <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/04/rdvancestral-un-jour-dete-rivel.html" target="_blank">Un jour d'été à Rivel</a> et <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/05/rendez-vous-ancestral-larguez-les.html" target="_blank">Larguez les amarres</a>. Je vous souhaite à toutes et à tous un excellent samedi. A bientôt !</span></span></div>
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Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-72360903548581389872018-09-07T05:21:00.003+02:002018-09-07T05:21:55.958+02:00De quels maux souffraient nos ancêtres au quotidien ?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>L'article consacré à <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/05/exploration-des-archives-religieuses-de.html" target="_blank">l'exploration des archives religieuses</a> et de récentes lectures de la presse ancienne m'ont conduit à approfondir un élément essentiel pour mieux cerner la vie de nos ancêtres, à savoir la santé. Si les archives religieuses nous ont précédemment apporté quelques réponses quant aux éventuels maux dont trépassaient les anciens, le sujet reste pour autant vaste, flou et, à mes yeux, presque inexploré. Quelles ont été les éventuelles causes de décès de mes ancêtres, de leurs proches et de leurs voisins ? De quels maux souffraient-ils au quotidien ?</i></div>
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Cela devient une habitude maintenant, j'ai quelque peu surchargé mon planning de publication sur ce journal, à tel point que je me suis lassé de la généalogie ces dernières semaines, et que je n'ai finalement rien publié. Et pourtant, les sujets ne manquaient pas : entre le troisième épisode de la chronique chalabroise, les familles Cordier de la Houssaye et de Fiennes de la Planche que je voulais vous présenter après en avoir brièvement parlé au printemps, et les péripéties de lointains oncles maternels installés il y a deux siècles dans plusieurs villes d'Algérie, les sources d'inspiration étaient diverses et variées pour cet été. Malheureusement, ma plume semble avoir pris quelques congés. Peut-être l'ai-je oubliée en Andalousie ? Alors que l'écriture est, d'ordinaire, quelque chose venant de manière assez naturelle chez moi, je n'ai pas réussi à sortir la moindre ligne de tout le mois d'août, à l'exception de quelques pages désordonnées qui préfigurent une nouvelle rubrique, dont je vous parlerai plus tard. Et c'est bizarrement à cinq semaines de la rentrée - oui, c'est bel et bien la première fois de ma vie scolaire que je reprends les études en octobre... une absurdité... -, que ma plume semble revenir. Comme si un quelconque vent pré-automnal la ramenait peu à peu vers moi... Généalogiquement parlant, je n'ai pourtant pas chômé et de nouvelles découvertes parfois surprenantes ont eu lieu - elles restent à éclaircir et à approfondir -. La lecture de la presse ancienne, de ses vieilles pages fragiles, jaunies par le temps et qui par milliers témoignent d'un passé aujourd'hui quasi-oublié, m'a permis de cerner quelques possibles aspects de la vie quotidienne de mes ancêtres au XIXe siècle, plus particulièrement de ceux ayant vécu entre 1850 et 1900. J'en suis dès lors venu à me poser cette brève question, à laquelle il est pourtant aussi hasardeux qu'ardu de répondre : De quels maux souffraient mes ancêtres ? Et si tant est qu'ils puissent être déterminés, ce qui en soi n'est déjà pas simple, peut-on les généraliser à l'ensemble de la population de l'époque ? </div>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-I8n_XxZX3bE/W4slHLkRVWI/AAAAAAAAAz4/CM6vabcOVeECXOmL5yLgPOBJ2V0mak0cwCLcBGAs/s1600/Famille%2BTrevet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="661" data-original-width="1000" height="420" src="https://4.bp.blogspot.com/-I8n_XxZX3bE/W4slHLkRVWI/AAAAAAAAAz4/CM6vabcOVeECXOmL5yLgPOBJ2V0mak0cwCLcBGAs/s640/Famille%2BTrevet.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Descendance de Modeste Trevet et de Juliette Troche sur deux générations </i>- Recherches personnelles et archives familiales</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Dans un premier temps, j'ai décidé, si vous me passez l'expression, de commencer par la facilité, d'emprunter la piste la plus avenante, celle où les indices tombent comme les feuilles d'un arbre le font au cours de l'automne. Des indices que je me suis empressé de recueillir. Cette piste est celle d'un certain Jules Mari, neveu par sa mère d'Alfred Trevet qui est le grand-père maternel de Robert Lehoux, mon arrière-grand-père. Autrement dit, Jules Mari est le cousin de Valentine Trevet, mon arrière-arrière grand-mère. Tous deux ont pour grand-mère Juliette Troche, dont les ancêtres ont été au centre de la précédente chronique. Les liens de parenté sont toujours aussi simples à expliquer... Jules Mari est né en novembre 1878, la même année que son cousin Lucien Trevet. J'ignore d'ailleurs si Valentine et Lucien l'ont connu dans leur enfance même si cela est fort probable. Jules Mari est à ma connaissance le seul fils de Jules Mari - homonymie, quand tu nous tiens ! - fabricant de carrosses, et de Zoé Trevet, soeur cadette d'Alfred et dernière des cinq enfants de Modeste Trevet et de Juliette Troche. Bien que n'ayant aucune preuve concrète, je pense ne pas me tromper en supposant que l'enfance de Jules Mari a été similaire à celle de ses cousins, matériellement gâtés. En somme, des conditions de vie qui pour l'époque étaient plus que correctes. Et c'est pourtant bien le 2 juillet 1899 à Rouen que j'ai la triste surprise de constater le décès de Jules Mari, âgé d'à peine vingt-et-un ans. Si un mal passager a pu l'emporter, je ne peux m'empêcher d'entrevoir là une éventuelle maladie de longue durée, peut-être depuis sa naissance. Est-il possible d'en apprendre davantage ?</div>
<div style="text-align: justify;">
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-5SoqS0nZLrQ/W4stbrB-NII/AAAAAAAAA0E/VI6tXdd2MAwo93oWgVyEfPn801wKXgfRQCLcBGAs/s1600/Jules%2BMari.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="922" height="250" src="https://3.bp.blogspot.com/-5SoqS0nZLrQ/W4stbrB-NII/AAAAAAAAA0E/VI6tXdd2MAwo93oWgVyEfPn801wKXgfRQCLcBGAs/s640/Jules%2BMari.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du matricule militaire de Jules Mari - Rouen nord - 1898 - 1R3051 - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_matricule_detail&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_R_affaires_militaires%2FFRAD076_IR_R_001R_registres_matricules%2Exml&page_ref=6133171&unittitle=Registre%20pr%C3%A9sentation%20monopage%20:%201R3051&unitid=1R3051&unitdate=1898" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Par chance, les matricules militaires fournissent quelquefois des renseignements précis, inattendus, parfois même inespérés, jusqu'à répondre partiellement à une question. Jules Mari a ainsi été exempté, à peine quelques mois avant son décès, de service militaire sur décision du Conseil. Et ce pour cause d'affection cardiaque. Ces décisions étaient en règle générale plus qu'objectives. La gravité de ses problèmes cardiaques devait être suffisamment importante pour empêcher Jules Mari d'effectuer correctement son service militaire. Pour l'anecdote, j'ai en premier lieu retrouvé la trace de son décès dans les tables décennales de l'état-civil de Rouen puis une mention rajoutée dans le matricule militaire m'a confirmé la date en question. Or, il m'a été impossible de consulter l'acte de décès en raison d'un possible manque dans les archives numérisées de la ville de Rouen pour l'année 1899 - je ne trouve <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil&doc=&page=6&page_ref=" target="_blank">aucun registre</a> de décès pour la période allant du 22 février au 22 novembre - à moins qu'il ne s'agisse d'une étourderie de ma part. Au passage, cette situation prouve tout de même qu'il est possible de vérifier une date retrouvée dans les tables décennales sans pour autant avoir accès à l'acte recherché. Mais revenons-en à notre préoccupation initiale : ce pauvre Jules Mari souffrait de problèmes cardiaques à un âge relativement jeune. Le terme "affection" me paraissant aussi général que peu significatif, je décide de consulter les ouvrages de la merveilleuse Gallica - à laquelle, et pour une raison que j'ignore, je n'arrivais plus à accéder ces derniers jours - afin d'en savoir davantage et de pouvoir mettre une définition derrière cette maladie. La complexité du jargon médical ne m'a certainement pas aidé, et peu de résultats m'ont semblé concluants si ce n'est l'ouvrage intitulé <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6439224w.r=affection%20cardiaqueaffection%20cardiaque%20affection%20cardiaque?rk=321890;0" target="_blank">Hygiène des maladies du coeur</a>, écrit en 1899 par le Docteur Vaquez. En voici un extrait : "<i> Si ces accidents ne sont pas exceptionnels chez les sujets indemnes de toute lésion cardiaque, combien seront-ils plus fréquents et plus graves chez les sujets atteints d'une affection valvulaire chronique, d'une altération quelconque du myocarde, en un mot d'une tare cardiaque qui favoriserait l'éclosion des accidents et en double les effets.</i>" Si déterminer de manière précise la nature de l'affection dont était atteint Jules Mari semble improbable, il est cependant tout à fait possible qu'il s'agisse de l'une des "tares" évoquées dans le précédent extrait.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-askr3RAIoMI/W41NvxQtvsI/AAAAAAAAA0U/3BSQJsYf-ecDXtP7KPp7jlWHpknstZrBQCLcBGAs/s1600/Narcisse%2BLe%2BBreton.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="369" data-original-width="910" height="258" src="https://4.bp.blogspot.com/-askr3RAIoMI/W41NvxQtvsI/AAAAAAAAA0U/3BSQJsYf-ecDXtP7KPp7jlWHpknstZrBQCLcBGAs/s640/Narcisse%2BLe%2BBreton.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Lien de parenté entre Alexandrine et Narcisse Le Breton</i> - Recherches personnelles et archives familiales</td></tr>
</tbody></table>
Intéressons-nous brièvement à la famille d'Alexandrine Le Breton, grand-mère maternelle de mon arrière-grand-père Robert Lehoux, et plus précisément à l'un de ses cousins. Narcisse Le Breton, fils ainé de Marcel Le Breton, l'un des nombreux oncles et tantes d'Alexandrine, meurt au cours de l'automne 1865. En plus de m'apprendre que Narcisse est mort en Amérique Latine à l'âge vingt-cinq ans, ce qui en soi n'est déjà pas commun, l'acte indique pour une fois la cause du décès. Le jeune homme a succombé à une congestion cérébrale, autrement dit à un AVC. Je ne souhaite pour l'instant pas en dévoiler davantage à propos de ce Narcisse sur lequel je n'ai pas encore réellement enquêté. Voyons-voir si par chance d'autres ancêtres ne nous auraient pas laissé quelques indices quant aux circonstances de leurs décès ou même aux maladies dont ils auraient pu souffrir...<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-Tc92mRudUDo/W5HEBXZI78I/AAAAAAAAA0g/5HRrsH6Xdvc3quyhKa2d62cwvoOojje-wCLcBGAs/s1600/Signatures%2Bmariage%2B1863.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="378" data-original-width="827" height="292" src="https://4.bp.blogspot.com/-Tc92mRudUDo/W5HEBXZI78I/AAAAAAAAA0g/5HRrsH6Xdvc3quyhKa2d62cwvoOojje-wCLcBGAs/s640/Signatures%2Bmariage%2B1863.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage d'Octave Maxime Levêque et de Marie-Anne Aimée Clémence Flamant - 1863 - <a href="http://archives.aisne.fr/" target="_blank">Archives de l'Aisne</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
A la fin de l'année 1863 est célébré le mariage entre Octave Maxime Levêque et Marie-Anne Flamant, aïeuls maternels de ma grand-père paternelle. L'acte indiquant leur union, ou plutôt les signatures apposées au bas de ce document, m'ont mené à un questionnement certainement peu commun. Lors de l'observation attentive des dernières lignes de cet acte, un détail presque anodin retient cette fois - alors que ce n'est pas le cas d'ordinaire - mon attention. Le troisième chapitre intitulé "<a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">Jeux de signatures</a>" de la chronique consacrée la famille Troche, nous a montré l'importance des signatures, qui représentent à mes yeux de véritables mines d'or dispersées aux quatre coins des poussiéreux registres. Dans le cas présent, il est écrit que toutes les personnes présentes ont signé. Toutes, à l'exception de Marie-Florentine Roger et d'Anne-Catherine Mélin, mères des époux. Or, les femmes de cette famille ont en règle générale une instruction similaire et parfois même supérieure à celle de leurs époux. Une question se met alors à tourner peu à peu en boucle dans mon esprit : pourquoi n'ont-elles pas signé et pour quelles raisons ne savent-elles pas écrire leur nom ? Si la réponse la plus évidente semble être le manque ou l'absence d'instruction scolaire, je décide tout de même de chercher plus loin...<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-ts7hJKXtrOo/W5HOrpVHZOI/AAAAAAAAA0s/1j3F84XMD081ZcaueyNJnAw-2btiXxmCgCLcBGAs/s1600/Flamant%2BM%25C3%25A9lin%2BRecensement.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="109" data-original-width="1203" height="56" src="https://4.bp.blogspot.com/-ts7hJKXtrOo/W5HOrpVHZOI/AAAAAAAAA0s/1j3F84XMD081ZcaueyNJnAw-2btiXxmCgCLcBGAs/s640/Flamant%2BM%25C3%25A9lin%2BRecensement.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Recensement et liste nominative de la population - 1876 - <a href="http://archives.aisne.fr/" target="_blank">Archives de l'Aisne</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> </td></tr>
</tbody></table>
Quelques jours plus tard, à force de farfouiner dans les moindres recoins des quelques archives accessibles en ligne, je tombe enfin sur un élément concluant, tout aussi digne d'intérêt qu'inattendu. Une nouvelle fois, les recensements de population et autres diverses listes, ou plutôt les anecdotes qui y sont parfois inscrites, vont me permettre de découvrir de précieux renseignements sur l'état de santé de deux de mes ancêtres. Treize ans ont passé depuis le précédent mariage. Anne-Catherine Mélin et son époux Louis Antoine Flamant, tous deux mes quinquisaïeuls - ce mot signifierait arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents - sont alors âgés de soixante-sept ans et n'exercent pas de profession particulière si ce n'est qu'ils sont propriétaires et vivent près de leur gendre. Pour autant, leur vie quotidienne me semble, à la lecture des trois mots de la dernière case, plutôt compliquée. Anne-Catherine Mélin, borgne, est presque aveugle. Son époux, infirme des deux jambes. S'il semble certain que Louis Antoine Flamant, qui pouvait se déplacer pour le mariage de sa fille, a vu sa santé se dégrader au fil de l'âge, il se peut que sa femme ait eu dès sa jeunesse des problèmes de vision, bien que le contraire ne soit évidemment pas inenvisageable. En somme, j'ignore si la mauvaise vue d'Anne-Catherine Mélin l'a empêchée de signer au mariage de sa fille en 1863 ou si sa santé oculaire s'est dégradée dans la décennie qui suivit. Cette double-découverte surprise montre tout de même l'utilité d'une observation des signatures et, en quelque sorte, d'une piste certes particulière à l'origine mais, par chance, plus que fructueuse. Généalogie rime souvent avec surprise !<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-4NKG1WLplNs/W5HYb8LcHzI/AAAAAAAAA04/FpBS9xD4yNEG66Vbwmv5_N9XboXOnkB-gCLcBGAs/s1600/aveugle%2Bbnf%2Bgallica.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1375" data-original-width="1024" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-4NKG1WLplNs/W5HYb8LcHzI/AAAAAAAAA04/FpBS9xD4yNEG66Vbwmv5_N9XboXOnkB-gCLcBGAs/s640/aveugle%2Bbnf%2Bgallica.jpg" width="476" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Un aveugle</i> - Estampe - Abraham Bosse (1602-1676) - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84036232" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
Finissons avec cette belle estampe provenant d'un recoin perdu le la BNF - cette bibliothèque est une véritable merveille - dont voici la transcription de la légende : "<i>Faut-il pas avouer que je suis bien à plaindre, Et que dans les dangers qui m'obligent à craindre, Puisque j'ai ce malheur de vivre sans voir rien, Ma conduite dépend d'un bâton et d'un chien</i>". Un document tout aussi émouvant que réaliste, et dont je n'aurais pas imaginé l'existence au XVIIe siècle. Anne-Catherine Mélin avait-elle également un chien pour l'épauler ? Et surtout, était-elle aveugle de naissance ? Une question qui restera a fortiori sans réponse, le temps étant passé par là. Au début de cet article, je m'interrogeais à propos de la nature même et de la validité des quelques exemples présentés ici. Jules Mari a succombé à une malformation cardiaque dont il souffrait a priori depuis sa naissance. Narcisse Le Breton, quant à lui, a été victime d'une congestion cérébrale alors qu'il se trouvait au Mexique. Le couple Flamant-Mélin, atteint d'infirmités certes moins graves, a sans doute vécu un quotidien pénible. J'ai la conviction que ces cas peuvent être probablement étendus à la société française de la seconde moitié du XIXe siècle. D'ailleurs, au moins deux des voisins de mes quinquisaïeuls Flamant-Mélin souffraient de maux similaires.<br />
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J'en profite pour vous parler brièvement des pages existantes sur ce journal. J'ai poursuivi, laborieusement, le relevé des anecdotes des recensements - ces mêmes anecdotes qui permettent d'en apprendre autant sur nos ancêtres et leur santé - certes partiel et long à réaliser mais fort instructif. Le <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/p/projet-rar-recensement-de-carcassonne.html" target="_blank">premier relevé</a> concerne une quinzaine de familles carcassonnaises du milieu du XIXe siècle. Si vous souhaitez découvrir d'autres enquêtes et chroniques en lien avec cet article, je vous invite à lire :<br />
<ul>
<li> <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/p/projet-rar-recensement-de-carcassonne.html" target="_blank">Jeux de signatures</a> : troisième épisode de la chronique consacrée à la famille Troche, au cours duquel j'ai retrouvé mes ancêtres grâce à leurs signatures, à Dieppe, au XVIIIe siècle ;</li>
<li> <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/03/carcassonne-du-recensement-de-1851-la_19.html" target="_blank">Carcassonne, 1851</a> : début de l'enquête à partir des recensements et du projet des relevés, complémentaire avec cet article ;</li>
<li> <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/05/exploration-des-archives-religieuses-de.html" target="_blank">Archives religieuses</a> : exploration des archives religieuses pour mieux cerner les maux dont trépassaient les anciens.</li>
</ul>
En ce qui concerne ce blog, même s'il m'arrive d'espacer les publications à certains moments, faute de temps ou d'inspiration, je compte bien évidemment le continuer. J'aimerais prendre le temps de participer au RDV ancestral, exercice que j'affectionne, et j'espère que la rentrée tardive me le permettra cette fois. L'été qui vient de s'achever a été l'occasion de revenir en Andalousie et de davantage découvrir cette région magnifique, poétique, historique et fascinante. Je vous laisse avec quelques photos de ce joli voyage... A bientôt !<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-DvF0CeOwq1g/W5HqsmuVBcI/AAAAAAAAA1c/o4uwPjXThZosqcrINYd5_gBx2wyAIEy-wCLcBGAs/s1600/Andaluc%25C3%25ADa.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="349" src="https://4.bp.blogspot.com/-DvF0CeOwq1g/W5HqsmuVBcI/AAAAAAAAA1c/o4uwPjXThZosqcrINYd5_gBx2wyAIEy-wCLcBGAs/s1600/Andaluc%25C3%25ADa.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Andalucía 2018 - Photographies personnelles ©</td></tr>
</tbody></table>
</div>
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Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-69770296636206725122018-07-08T23:09:00.002+02:002018-07-08T23:09:46.326+02:00Généalogies chalabroises - Chapitre II : les meubles de Jeanne Saurine - Chalabre 1684-1714<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
Mon année universitaire s'est enfin terminée, a été validée et par chance sous le soleil ! J'ai hâte de lire les participations aux rendez-vous ancestraux du mois précédent auxquels je n'ai malheureusement pas pu prendre part même si j'aurais nettement préféré consacrer mon temps à ces exercices d'écriture passionnants plutôt qu'aux dissertations scolaires. Si je suis quelque peu pris par l'organisation de mon prochain voyage en Andalousie - j'y retourne enfin après un an d'attente ! - dont je souhaite profiter pour visiter ou redécouvrir une nouvelle fois les sublimes joyaux andalous - Séville, Grenade, Jerez, Cádiz... ces noms sonnent déjà comme une ritournelle chaleureuse - ce n'est pas pour autant que je chôme d'un point de vue généalogique. A vrai dire, je consacre pas mal d'heures, le soir et la nuit notamment, à mes actuelles recherches concernant les généalogies chalabroises. Souvenons-nous. Chalabre, ce singulier village perdu entre trois rivières aux confluences de l'Aude méditerranéenne et de l'Ariège pyrénéenne, où les familles semblent être toutes liées les unes aux autres, est le lieu de naissance de Pierre Bourrel, mon arrière grand-père maternel. Il y a une trentaine de jours déjà, nous avons suivi une piste sinueuse qui, nous menant de mon ancêtre Etienne Roussel (1777-1844) à Jean Rivals et Jeanne Saurine, deux chalabrois de la fin du XVIIe siècle, nous a fait découvrir quelques migrations fort intéressantes depuis le Gers, la Savoie et Rome jusqu'aux terres reculées du Kercorb.</div>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-cq286dcQCe4/Wy1wLw5IGcI/AAAAAAAAAu0/vsclmPM0C4Ac4rhKR6fnznVfDx-ThdXnQCLcBGAs/s1600/Saurine%2BRivals.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="317" data-original-width="826" height="244" src="https://1.bp.blogspot.com/-cq286dcQCe4/Wy1wLw5IGcI/AAAAAAAAAu0/vsclmPM0C4Ac4rhKR6fnznVfDx-ThdXnQCLcBGAs/s640/Saurine%2BRivals.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait d'un acte notarié entre Jeanne Saurine, Jean Rivals et Marie Vidal - 7 juillet 1692 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1519&page=11" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Il arrive parfois que je laisse le hasard décider de mes recherches, que j'ouvre un registre avec le désintéressement le plus total, sans anticiper la présence d'un quelconque document lié à mes ancêtres, ce qui me permet de découvrir nombre d'éléments à côté desquels je serais très certainement passé sinon, et même, justement, de tomber sur des actes concernant directement mes aïeuls sans avoir soupçonné leur existence. Il se trouve que l'adage ne se trompe point et que le hasard fait bien les choses : me voilà face à une nouvelle source, à savoir une reconnaissance de Jeanne Saurine, épouse de Jean Rivals. Le titre ne me paraissant que peu significatif de la nature de l'acte en lui-même, je me lance dans une lecture pour une fois rendue relativement simple par l'écriture très correcte de Rieurtort, le principal notaire chalabrois dont les liasses accessibles en ligne font mon bonheur quand j'arrive à les déchiffrer. Si seulement il existait des relevés de ce type dans d'autres régions, ma généalogie s'en trouverait plus qu'agrémentée.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-3shneLUGBqw/Wy5dHWwAnoI/AAAAAAAAAvA/jqeJBg2hxfEnXlSPGtXQBG1epYPwg3iRQCLcBGAs/s1600/Saurine%2BRivals%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="384" data-original-width="1343" height="182" src="https://3.bp.blogspot.com/-3shneLUGBqw/Wy5dHWwAnoI/AAAAAAAAAvA/jqeJBg2hxfEnXlSPGtXQBG1epYPwg3iRQCLcBGAs/s640/Saurine%2BRivals%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait d'un acte notarié entre Jeanne Saurine, Jean Rivals et Marie Vidal - 7 juillet 1692 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1519&page=11" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Lundi 7 juillet 1692. En cette journée qui n'a certainement d'estival que la date - l'été 1692 aurait été désastreux et la neige se serait invitée dès septembre un peu partout en Europe, paraît-il - Jean Rivals et Jeanne Saurine, mariés depuis novembre 1690 comme nous l'avons précédemment découvert, se rendent chez le notaire pour régler une affaire concernant la dot apportée par la dite Jeanne et sa mère, Marie Vidal, dont j'apprends par la même occasion l'identité dans l'extrait suivant : "<i>Jean Rival[s] charron du dit Chalabre </i>[...]<i> lequel de son gré déclare avoir reçu de Marie Vidal sa belle-mère </i>[...]" Plus intéressant encore, ces quelques lignes sont suivies d'une énumération des divers objets que Marie Vidal donne à son gendre, à savoir une couette, un coussin, des linceuls, une couverture de laine blanche un peu usée, un tour de lit décoré, des serviettes, des nappes, un chaudron de cuivre ainsi que d'autres bibelots dont les deux plus précieux sont une bague en or et une croix en argent. Il est par ailleurs fait mention du pacte de mariage dont découle cette reconnaissance et rédigé à l'automne 1690 par le même notaire.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-bZAblf2JWUE/Wy5ey9NlgnI/AAAAAAAAAvM/tQLNqpVkIg4ly4xwI2KgjiVY623XUzVigCLcBGAs/s1600/Rivals%2Bet%2BSaurine%2BIII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="229" data-original-width="1173" height="124" src="https://1.bp.blogspot.com/-bZAblf2JWUE/Wy5ey9NlgnI/AAAAAAAAAvM/tQLNqpVkIg4ly4xwI2KgjiVY623XUzVigCLcBGAs/s640/Rivals%2Bet%2BSaurine%2BIII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du pacte de mariage entre les familles Rivals et Saurine - 29 octobre 1690 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1517&page=55" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
Deux ans plus tôt, un pacte de plus de cent-quinze lignes établit les conditions du mariage de Jean Rivals et de Jeanne Saurine. Les premières lignes revêtent en général, pour ces documents, une importance généalogique non négligeable puisque des renseignements plus ou moins précis y sont donnés sur chacun des deux partis. Le titre peut également être annonciateur du contenu de l'acte ou du moins suggérer le rôle de certains membres de la famille. Ici il est écrit "<i>Pacte de mariage de Rivals père et fils et de Vidal et Saurine mère et fille de Chalabre</i>" , on peut dès lors tout à fait envisager que l'union ait été arrangée par le père de l'époux et la mère de l'épouse. Je vous ai précédemment fait part d'une intuition qui m'est venue à propos du père de Jean Rivals. Une intuition, un pressentiment suite à une lecture globale des registres chalabrois de la fin du Grand Siècle, selon lesquels Jean serait le fils de François Rivals et d'une certaine Blanche Lieusson ou Lieussou. Le pacte nous confirmerait-il cette hypothèse ?<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-oWptPj2Iy_M/Wy54Xrb9qEI/AAAAAAAAAvY/P1jW9zqRlLQ8UdJxe4TSweFxa2P_Y_1mgCLcBGAs/s1600/Jeanne%2BSaurine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="420" data-original-width="1279" height="210" src="https://3.bp.blogspot.com/-oWptPj2Iy_M/Wy54Xrb9qEI/AAAAAAAAAvY/P1jW9zqRlLQ8UdJxe4TSweFxa2P_Y_1mgCLcBGAs/s640/Jeanne%2BSaurine.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du pacte de mariage entre les familles Rivals et Saurine - 29 octobre 1690 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1517&page=55" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
Plus ou moins, disons qu'il tend à l'affermir notamment dans ce passage : "<i>constitués en leurs personnes François et Jean Rivals père et fils maîtres-charrons du dit Chalabre d'une part"</i>. Cela me laisse plutôt optimiste. Le seul François Rivals que j'ai croisé a pour épouse Blanche Lieussou qui n'est certes pas mentionnée dans cet acte. Il me faudrait une preuve. Pour autant, je souhaite m'attarder sur un point relatif à ma conception personnelle de la généalogie dans laquelle une place importante est accordée à l'intuition. Je ne possède évidemment aucun don de voyance ou de divination, mais au fil des actes j'ai l'impression qu'il est plus facile, en tout cas pour moi, de partir d'une intuition générale, parfois même sur la structure entière d'une famille, pour ensuite évidemment la démontrer par les documents, que l'inverse. D'ailleurs, cette méthode me semble plus efficace pour relier les actes entre eux... Fin de la parenthèse méthodologique, à prendre davantage comme un ressenti personnel que comme une quelconque suggestion de conseil. Je suis curieux de connaître vos méthodes, il pourrait être tout aussi intéressant qu'instructif d'aborder sous cet angle la recherche généalogique.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-elee238hEcE/Wy56caCBLzI/AAAAAAAAAvk/dKtA_7Db3QQFj20W-2fqy0O6fDy0_AANgCLcBGAs/s1600/Jeanne%2BSaurine%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="328" data-original-width="1148" height="182" src="https://1.bp.blogspot.com/-elee238hEcE/Wy56caCBLzI/AAAAAAAAAvk/dKtA_7Db3QQFj20W-2fqy0O6fDy0_AANgCLcBGAs/s640/Jeanne%2BSaurine%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du pacte de mariage entre les familles Rivals et Saurine - 29 octobre 1690 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1517&page=55" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
Riche en renseignements non pas tant sur les Rivals mais surtout en ce qui concerne la famille Saurine, cet acte est une véritable porte d'entrée dans la maison et le quotidien de Jeanne Saurine et de sa mère Marie Vidal, qui est dite veuve de Jean Saurine. La reconnaissance de 1692 n'énumérait que les meubles apportés par Marie Vidal et ne faisait en aucun cas état de la dot de Jeanne Saurine ici décrite de manière détaillée, si ce n'est qu'elle en indiquait la date. La lecture de ces lignes vieilles de plus de trois siècles s'est avérée fort instructive, m'offrant une description précise des biens mobiliers de Jeanne Saurine, du moins de ceux dont elle se sert pour constituer sa dot, et me permettant surtout de mieux appréhender son cadre de vie quotidien, d'imaginer de manière plus réaliste les pièces de sa maison. La compréhension du lieu de vie d'un ancêtre, à différentes échelles et ici de manière approfondie, me paraît être une étape instructive d'une enquête généalogique. L'intérêt de ce document est d'autant plus fort que, suite aux constatations que j'ai faites de recherches sur le mobilier d'une habitation à la fin du XVIIe siècle, il me semble difficile de trouver des renseignements précis sur ce thème hormis en ce qui concerne les demeures les plus riches, sur lesquelles j'ai trouvé des descriptions détaillées. Il n'est donc pas aisé de définir l'intérieur d'une maison d'artisans ou de commerçants provinciaux de cette époque à l'instar de celle des Saurine...<br />
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Des ustensiles de cuisine aux tours de lit, les détails foisonnent dans cet acte à tel point qu'il m'a fallu de nombreuses pages pour en retranscrire l'essentiel à l'encre, sans que je ne parvienne pour autant à déchiffrer de matière systématique les divers adjectifs et indications caractérisant ces biens mobiliers listés les uns à la suite des autres, comme si nous visitions la demeure des Saurine pièce par pièce. Je découvre dans un premier temps la literie de mes ancêtres : un tour de lit de couleur feu, divers coussins remplis de plumes empilés ça et là avec trois couvertures usées et une plus en finesse, des étoffes, douze linceuls de toile commune, des serviettes, et une épaisse couette pour se prémunir de la rudesse des hivers montagnards, en ces années là exceptionnellement longs. Il n'est pas fait mention de l'aménagement intérieur ni de la disposition des pièces, aussi nous voici à présent dans un espace qui semble faire office de cuisine et de salle à manger, où trône un grand chaudron. Un chandelier en laiton offre une faible lumière. Par-ci par-là des tables en bois, usées, supportent des poiles à frire, un pot en métal de huit livres - ce qui équivaut à environ trois ou quatre kilogrammes - et tout un amoncellement de plats et d'assiette tenant périlleusement en équilibre. Le tout réchauffé par de joyeuses flammes crépitant dans la cheminée. Un peu plus loin, une table massive et deux bancs de noyer où se réunit la maisonnée à l'heure des repas sont entourés par une rangée de cinq tonneaux pouvant contenir jusqu'à huit charges, et, à l'angle du mur, par un tonneau de plus grande envergure servant à faire bouillir la vendange et accompagné d'un meuble plus petit, sur lequel sont empilés en désordre des ustensiles et tout un tas de clés. La pièce semble baigner dans une rusticité douce et chaleureuse, celle des maisons de campagne d'autrefois...<br />
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De drôles d'objets meublent cet intérieur, à l'instar de la "<i>grande</i> [?] <i>qu'on appelle cournade</i>". Je n'ai absolument rien trouvé sur ce terme pittoresque et désuet, si ce n'est que Cournade est également le nom d'un plateau du col des Arazures, situé dans le Cirque d'Anéou, à la frontière entre les Pyrénées-Atlantiques et l'Espagne. Or je doute fort qu'il y ait un lien entre les deux, Chalabre étant à l'autre bout des Pyrénées. Une jarre en cuivre, des ustensiles pour pétrir la pâte et nous revoilà face à une ou plutôt deux autres curiosités elles aussi étrangement nommées : des bugadières. Dérivé du provençal "bugada", ce terme désigne une structure maçonnée qui ressemblerait à un placard, réalisée en pierre et destinée à accueillir le linge sale et la cendre du foyer par-dessus, si je m'en réfère aux définitions trouvées çà et là. Ces bugadières auraient apparemment servi aux femmes de la maison à faire la lessive. Les limites de ce qui semble être la pièce centrale de la maison me semblent quelque peu indiscernables, car de nouveau les accessoires de cuisine laissent place à "<i>un grand garde-robe vieux</i>", à un poêle en laiton ainsi qu'à divers objets dont trois cuillères en argent puis à une autre chambre, possiblement celle de Marie Vidal, mère de Jeanne Saurine, à qui les meubles qui s'y trouvent appartiennent. Outre une nouvelle succession de renseignements sur les toiles, étoffes et linceuls, ce sont davantage les descriptions des vêtements qui m'intéressent. Des quatre bas de robe que possédaient Marie Vidal, l'un est blanc, deux sont jaune citron et l'autre bleu. Ces détails qui pourraient à première vue ne paraître qu'insignifiants et anecdotiques sont en réalité révélateurs des véritables mines d'or que constituent les documents notariés. N'aimeriez-vous pas découvrir les teintes et les couleurs des vêtements portés par vos ancêtres trois siècles auparavant ?<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-o96NbzujifU/W0IxTP0dvGI/AAAAAAAAAvw/lKVNg_P7Ux0QZFcIJpPsCeFVwuzbObEJwCLcBGAs/s1600/Signatures%2BSaurine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="338" data-original-width="649" height="332" src="https://4.bp.blogspot.com/-o96NbzujifU/W0IxTP0dvGI/AAAAAAAAAvw/lKVNg_P7Ux0QZFcIJpPsCeFVwuzbObEJwCLcBGAs/s640/Signatures%2BSaurine.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du pacte de mariage entre les familles Rivals et Saurine - 29 octobre 1690 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1517&page=57" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
Mais plus encore, les renseignements consignés dans ces poussiéreuses liasses me permettent de dresser un premier portrait de la famille Saurine, certes partiel mais fort utile pour les recherches dans les registres paroissiaux. Avant de nous attarder sur la structure familiale et sur les indications généalogiques apportées par ce pacte, n'oublions pas de mentionner un autre élément tout aussi intéressant qui est la description de certains biens appartenant alors aux Saurine, dont des terres situées à Roquefère - l'une des collines entourant Chalabre - où sont plantées des vignes, ce qui peut expliquer la présence des nombreux tonneaux et ustensiles "viticoles" dans la cuisine. Je ne vais pas résumer en détail les clauses relatives aux arrangements entre les divers membres de cette famille car il s'agit d'une partie assez ennuyante à lire. Nous en parlions un peu plus tôt, l'un des atouts majeurs de cette acte concerne la généalogie des Saurine. Les deux soeurs de Jeanne, fille de Marie Vidal et du défunt Jean Saurine, sont mentionnées tour à tour. La première, nommée Gabrielle, semble encore bien jeune et sa soeur est priée de subvenir à ses besoins. Une autre soeur, Marguerite, déjà décédée et épouse de François Bigou, tisserand, est également citée. D'autres clauses concerneraient un arrangement entre Marie Vidal et Jean Rivals, que je ne cerne pas bien, mais j'apprends tout de même que la maison des Rivals joignait la rue publique à celle du Sieur Lasale, et qu'une autre maison qui leur aurait aussi appartenu joignait la rue de l'Est du côté de l'Hers. La toponymie chalabroise ayant évolué depuis, je ne saurais situer avec précision ces maisons. Les dernières lignes du pacte listent les témoins et les proches des familles Rivals et Saurine : Jacques Bataille, Jean-Louis Cazalens, Etienne Rieutort, Jean et Charles Berniert ainsi que Jean Tisseire, tous habitants de Chalabre. Je remarque alors la signature d'un Rivals qui ne peut provenir que de l'époux ou de son père et qui va venir enrichir ma collection de signatures ancestrales.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-UhZLus9U_nI/W0I6djVPaiI/AAAAAAAAAv8/cWZ4VrPj_uQcTGOU2nxySgWeGktfj76RACLcBGAs/s1600/Marguerite%2BSaurine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="384" data-original-width="1382" height="176" src="https://4.bp.blogspot.com/-UhZLus9U_nI/W0I6djVPaiI/AAAAAAAAAv8/cWZ4VrPj_uQcTGOU2nxySgWeGktfj76RACLcBGAs/s640/Marguerite%2BSaurine.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de sépulture de Marguerite Saurine épouse Bigou - février 1688 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/mdr/index.php/docnumViewer/afficheDocnum/43/N/page" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
Comme à l'accoutumée, la lecture d'un document suscite plus de questions qu'elle n'apporte de réponses, et ce pacte de mariage ne déroge pas à la règle. J'aimerais en apprendre davantage sur les deux soeurs de Jeanne Saurine et sur leur père Jean, dont le testament est mentionné. Une autre interrogation perdure : François Rivals avait-il bien pour épouse Blanche Lieussou ? Nous allons maintenant tenter de rendre ce voile d'inconnus un peu moins opaque, en reconstituant la piste de ces deux familles grâce aux "miettes" laissées dans les registres paroissiaux chalabrois... Autant se faire déjà à l'idée qu'avec le temps de chargement induit par la visionneuse, la tâche n'en est que plus ardue. Je ne tarde cependant pas à découvrir l'acte de sépulture de Marguerite Saurine, qui est donc ma tante à la onzième génération - à la fois si éloignée dans le temps et si proche par l'intermédiaire de ce document. - En voici la transcription : "<i>Marguerite Saurine femme de François Bigou tisserand est morte le neuvième [février 1688] et a été enterrée le dixième février mille six cent quatre-vingt-huit. Présents Jean-François [?] et Lazare [de] Correjon.</i>" Pour l'anecdote, il se pourrait bien que ce Lazare de Correjon et sa famille soient le sujet d'un prochain article, dans quelques mois, en fonction du temps que je pourrais ou non consacrer à mes recherches. Marguerite Saurine est ainsi décédée au cours de l'hiver 1688, glacial comme tous ceux de sa décennie, deux ans avant la rédaction du pacte de mariage que nous avons précédemment étudié. Avant de poursuivre, je souhaite m'attarder sur un questionnement quelque peu philosophique lié à la trouvaille même d'un acte de décès. Autant il me paraît normal de se réjouir d'une naissance, ou même d'un mariage quoiqu'il ait pu être arrangé, autant je ne prouve pas tellement sain d'éprouver une sorte de satisfaction à retrouver un décès et ses circonstances plus ou moins précises. Il faut évidemment séparer le plaisir procuré par la découverte d'un nouvel élément venant enrichir notre arbre et l'événement tragique en lui-même. Je ne me suis jamais posé cette question jusqu'à la fin de l'année dernière, lorsque j'ai perdu à peu près en même temps et de manière presque subite mon grand-père et mon adorable chat. Je ne peux dès lors m'empêcher de penser que derrière ces lignes, aussi mal écrites soient-elles, il y a souvent la tristesse d'une famille, d'une maison. Et qu'il n'est en conséquence pas moralement sain de se réjouir de la trouvaille d'un acte de décès, même si les éléments qu'il comporte sont souvent fort précieux et indispensables pour toute recherche généalogique. Quel est votre avis sur la question ? Avez-vous déjà éprouvé une impression similaire ? Revenons maintenant à nos recherches...<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-h8GU_eT1NYA/W0JT3sQP2EI/AAAAAAAAAwQ/twyH1tVG_c4lLnqfljogqsi2_Bl_thhUQCLcBGAs/s1600/Chalabre%2Bcalvaire.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="720" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-h8GU_eT1NYA/W0JT3sQP2EI/AAAAAAAAAwQ/twyH1tVG_c4lLnqfljogqsi2_Bl_thhUQCLcBGAs/s640/Chalabre%2Bcalvaire.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chapelle du Calvaire - Chalabre - Photographie réalisée par ma mère</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
Il devient habituel, lorsque les recherches sont menées de manière hasardeuses dans de vieux registres, de croiser quelques anecdotes retraçant des événements quelque peu singuliers, du moins suffisamment remarquables pour que l'on y s'attarde dessus. Lors du <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/06/genealogies-chalabroises-chapitre-i-des.html" target="_blank">précédent article</a>, nous avions en partie découvert les réseaux migratoires de Chalabre au XVIIIe siècle. J'apprends cette fois l'existence d'un certain Jean Prats, ermite du Mont du Calvaire, décédé en avril 1697. La chapelle du Calvaire est un lieu que je connais bien pour m'y promener souvent. La vue sur Chalabre et les premiers contreforts des Pyrénées peut y prendre des allures majestueuses. Je rattache cet endroit au souvenir des champs de lavande qui l'entourent parfois comme sur cette photo prise par ma mère et qui date d'il y a quelques années. La découverte de ce Jean Prats, ermite il y a plus de trois siècles de la chapelle du Calvaire, m'a ainsi légèrement interpellé puisqu'il s'agit du seul et unique "habitant" de ce lieu dont j'ai retrouvé une trace dans les registres paroissiaux chalabrois. Plus passionnant encore, il est écrit, dans l'acte de sépulture, qu'avant de devenir ermite, Jean Prats exerçait le métier de tisserand et qu'il était originaire de Pamiers, dans l'Ariège. Je vous invite à lire l'acte en question <a href="http://audealaculture.fr/mdr/index.php/docnumViewer/afficheDocnum/76/N/page" target="_blank">à ce lien</a>.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-xNE5cx1vnf0/W0Ja-R4NMNI/AAAAAAAAAwc/-fm8nes4nXQ4ukn4QGwBZsOMS0hWMULnwCLcBGAs/s1600/Hiver%2Bestampe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1309" height="514" src="https://2.bp.blogspot.com/-xNE5cx1vnf0/W0Ja-R4NMNI/AAAAAAAAAwc/-fm8nes4nXQ4ukn4QGwBZsOMS0hWMULnwCLcBGAs/s640/Hiver%2Bestampe.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Les saisons, l'hiver</i> - estampe - J. Callot ; J. Sadeler ; F. G. Bassano - 1609-1612 - Provient de la BNF (Gallica) - <b><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84958211.r=hiver?rk=21459;2" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
Si d'autres anecdotes ont attiré mon attention, je ne compte tout de même pas les dévoiler toutes en un même article, d'autant que j'ai également retrouvé, après quelques longs visionnages, deux actes fort intéressants - et toujours liés à des décès -, concernant Jeanne Saurine et son beau-père François Rivals. Nous avions déjà abordé, et je ne suis pas le seul à en parler d'ailleurs, <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/03/une-neige-extraordinaire-recouvre-dieppe.html" target="_blank">le thème du terrible hiver de l'année 1709</a>, l'un des plus glaciaux que les contrées européennes à l'époque si froides connurent. Or, au cours de cet épisode polaire, deux membres des familles Rivals et Saurine trouvent malheureusement la mort. Jeanne Saurine trépasse au plus fort de l'hiver, au début du mois de février 1709, et son beau-père à la fin de décembre. Je n'ose imaginer les dures conditions de vie de la population à cette époque, Chalabre étant influencé autant par le climat méditerranéen en été que par le temps montagnard en hiver. Les nombreuses couvertures, couettes ainsi que poêle et la cheminée mentionnés plus ou moins précisément dans le pacte de 1690 n'ont visiblement pas suffi à protéger les familles Rivals et Saurine des intempéries. Jeanne Saurine laisse un mari probablement éploré et trois enfant, dont l'ainée, Izabeau, n'est âgée que de dix-sept ans.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-SD58QrLfwwg/W0Jh8rgT4zI/AAAAAAAAAwo/hsjni4y89LQ5uquhdTe3_k6S4MDL69BLwCLcBGAs/s1600/Terres%2BRoquef%25C3%25A8re.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="289" data-original-width="831" height="222" src="https://1.bp.blogspot.com/-SD58QrLfwwg/W0Jh8rgT4zI/AAAAAAAAAwo/hsjni4y89LQ5uquhdTe3_k6S4MDL69BLwCLcBGAs/s640/Terres%2BRoquef%25C3%25A8re.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du Pacte de mariage entre Antoine Clerc et Izabeau Rivals - 22 janvier 1714 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=1362&page=10" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
Le dernier document sur lequel je tombe lors de ces recherches est le pacte de mariage entre Antoine Clerc et Izabeau Rivals, fille de Jeanne Saurine. Nous en sommes revenus au point de départ, puisque lors du <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/06/genealogies-chalabroises-chapitre-i-des.html" target="_blank">précédent chapitre</a>, nous nous étions également arrêtés sur ce document. Mais je détiens cette fois davantage d'informations pour mieux interpréter les clauses qui y sont fixées, et notamment celles concernant Jean-François Rivals dont je descends, fils de Jeanne Saurine et frère d'Izabeau. Il est écrit : "[Jean-François Rivals] <i>son frère, qui n'est âgé que d'environ douze ans, il a baillé et baille du courant du dit Belinguier son curateur</i> [aussi de ?]<i> Clerc père et fils acceptant, la jouissance des champs et vignes joignant situés au terroir du dit Chalabre, au terme dit à Roquefère, attenant à Villeneuve </i>[...]". Si je ne m'abuse, et j'insiste sur le si, la situation de cette famille est telle qu'en 1714, Jean-François Rivals est orphelin. Il vient de perdre son père une semaine plus tôt, aucun de ses grands-parents n'est apparemment en vie, sa mère Jeanne Saurine est morte depuis cinq ans. N'ayant ni l'âge ni les moyens de se nourrir, il est confié avec l'accord de ses tuteurs à sa soeur Izabeau et à l'époux de cette dernière, Antoine Clerc, qui acceptent de le nourrir et de subvenir à ses besoins en échange des terres et des vignes de Roquefère, qui sont certainement celles mentionnées vingt-quatre ans plus tôt dans le pacte de mariage entre Jean Rivals et Jeanne Saurine, et qui appartenaient à Marie Vidal, la grand-mère de Jean-François Rivals, dont je n'ai d'ailleurs pas retrouvé de traces... J'aurais presque envie de conclure sur cette phrase : la boucle est bouclée.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-upnusHrGJc0/W0Jye5FUCEI/AAAAAAAAAw0/Ytf9Z3Xpk4YgKmI4PAaTE5WeWn-0XGp6wCLcBGAs/s1600/G%25C3%25A9n%25C3%25A9alogies%2Bchalabroises%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="826" data-original-width="662" src="https://3.bp.blogspot.com/-upnusHrGJc0/W0Jye5FUCEI/AAAAAAAAAw0/Ytf9Z3Xpk4YgKmI4PAaTE5WeWn-0XGp6wCLcBGAs/s1600/G%25C3%25A9n%25C3%25A9alogies%2Bchalabroises%2BII.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Généalogies chalabroises - Saurine et Rivals</i> - Synthèse - Wilfried Lehoux - à partir des sources indiquées dans cet article</td></tr>
</tbody></table>
Plusieurs possibilités se profilent à l'horizon pour la suite de ces généalogies chalabroises. Le prochain chapitre pourrait bien être consacré aux ancêtres de Jeanne Dufrène (familles Dufrène, Bonnery, Valia et Artigues) à moins que je ne change d'avis entre-temps. Si vous souhaitez lire le premier chapitre de cette chronique sur les Roussel, les Rivals et les réseaux migratoires de Chalabre au XVIIIe siècle, je vous y invite <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/06/genealogies-chalabroises-chapitre-i-des.html" target="_blank">ici</a>. En attendant, je continue à organiser mon voyage en Andalousie - un an que j'attends de retourner dans cette région que j'affectionne tout particulièrement -, ce qui me prend pas mal de temps, je poursuis mes recherches et j'envisage également de me consacrer un peu à l'écriture si l'inspiration me vient, et de prendre peut-être un peu d'avance sur le programme de l'année prochaine. Je profite également des vacances pour lire, notamment <i>Más allá del invierno</i> d'Isabel Allende, que je ne peux que vous recommander. En ce qui concerne cette chronique dédiée aux généalogies chalabroises, avec le nombre d'ancêtres que j'ai dans ce village, je pense pouvoir décliner les épisodes pendant pas mal de temps encore. Il est par ailleurs tout à fait probable que je change un peu de thème au cours de l'été. J'aimerais participer une nouvelle fois au rendez-vous ancestral - que j'ai raté le mois précédent à cause des partiels reportés en raison du blocage de l'université - mais aussi publier d'autres enquêtes généalogiques, peut-être plus ponctuelles, mais que je prends également plaisir à écrire. Terminons avec une autre estampe du même auteur que la précédente, représentant l'été. A bientôt !<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-m8uFeimXJRU/W0J31KpMINI/AAAAAAAAAxA/OgHwsBrEqrQnLZnyhLWqqAV_Vxh2JGIcQCLcBGAs/s1600/Estampe%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1339" height="502" src="https://4.bp.blogspot.com/-m8uFeimXJRU/W0J31KpMINI/AAAAAAAAAxA/OgHwsBrEqrQnLZnyhLWqqAV_Vxh2JGIcQCLcBGAs/s640/Estampe%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Les saisons, l'été</i> - estampe - J. Callot ; J. Sadeler ; F. G. Bassano - 1609-1612 - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84958426?rk=85837;2" target="_blank"><b>LIEN</b></a></td></tr>
</tbody></table>
</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-31012285654191589032018-06-03T04:52:00.000+02:002018-06-03T04:52:12.046+02:00Généalogies chalabroises - Chapitre I : des Roussel aux Rivals et des "migrations"<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Le mois de juin s'annonce finalement plus généalogique que prévu ! Il y a quelques jours, j'ai appris que je n'aurai presque aucun partiel sur table en raison du mouvement de grève et du blocage qui plusieurs mois durant ont paralysé l'université où j'étudie. Je me suis en même temps lancé dans une enquête - fascinante à mon goût - concernant mes ancêtres maternels, plus précisément ceux de Pierre Bourrel, grand-père de ma mère et natif de Chalabre, village situé dans l'ouest audois, à cinquante kilomètres au sud de Carcassonne et distant, à vol d'oiseau, d'une soixantaine de kilomètres de l'Espagne. Village atypique, autrefois prospère bastide traversée par trois rivières, Chalabre, son château et ses hautes maisons se cachent aux confins de l'Aude et de l'Ariège, entre Pyrénées et Méditerranée. Derrière les murs témoins de l'usure du temps se cachent de nombreuses histoires oubliées. Le village regorge d'ailleurs de traces du passé... </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ryhic5IjYn0/Wws_kkOxsaI/AAAAAAAAArU/fg47xzTuVnMXVSjImyzZ8o0xAiFRs8A1wCLcBGAs/s1600/Etienne%2BRoussel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="636" data-original-width="748" height="544" src="https://1.bp.blogspot.com/-ryhic5IjYn0/Wws_kkOxsaI/AAAAAAAAArU/fg47xzTuVnMXVSjImyzZ8o0xAiFRs8A1wCLcBGAs/s640/Etienne%2BRoussel.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de décès d'Etienne Roussel veuf de Françoise Bonet - 8 mai 1844 - Chalabre - Archives de l'Aude - <b><a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></b></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;">Mai 1844. Je suis intrigué lorsque j'aperçois quelques lignes rajoutées à
la hâte à la gauche de l'acte de décès d'Etienne Roussel, arrière-arrière-arrière grand-père de mon grand-père. A première vue, les informations livrées par cet acte
ne sortent en rien de l'ordinaire. On y apprend que le dit Etienne
Roussel, âgé de soixante-sept ans, veuf de Françoise Moyse et fils
des défunts Gaspard Roussel et Françoise Aussenac, boulangers à
Chalabre, est décédé non pas en sa maison située à la côte du
château mais à l'hospice. Une erreur de taille s'est pourtant
glissée dans cet acte et concerne le nom de l'épouse d'Etienne,
nommée Françoise "Moyse". La note marginale fait état
d'un jugement rendu par le tribunal de Limoux deux décennies plus
tard, le 17 mai 1865, ordonnant la rectification de ce nom et le changement de "Moyse" en "Bonnet". Une
question me vient soudainement à l'esprit. D'où vient cette
confusion trop importante pour résulter d'une erreur orthographique
? D'où sort ce Moyse et pourquoi le jugement n'a-t-il été rendu que
vingt-et-un ans plus tard ?</span><span style="font-size: small;"> Et
surtout, quel est le véritable nom de l'épouse d'Étienne Roussel ?
De fil en aiguille, je retrouve plusieurs enfants de ce couple :
Vincent Roussel, dont je descends, Pierre époux Labadie,
Anne épouse Benet, Marianne épouse Soum ainsi que Marguerite et
Jeanne dont je ne connais pas encore les époux. Cela me permet de
remonter au mariage d'Étienne et de Françoise qui a lieu à
Chalabre au printemps 1798. Et par la même occasion, de renouveler
la désagréable expérience des recherches sous l'infâme calendrier
républicain dont je ne saurais réciter les mois et encore moins
restituer l'ordre. Les noces de mes ancêtres ont lieu à la fin du
mois de germinal de l'an VI... Cette période</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">correspond à peu près au début de la
campagne d'Égypte. Voici un extrait de l'acte concernant
l'épouse et sa famille :</span></span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-aPDw_2AmMDg/WwtKBvnTw6I/AAAAAAAAArg/x8nl8jFNFywaHHl1xVogluxIpl7ctPcngCLcBGAs/s1600/Moize%2BBonnet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="233" data-original-width="1060" height="140" src="https://3.bp.blogspot.com/-aPDw_2AmMDg/WwtKBvnTw6I/AAAAAAAAArg/x8nl8jFNFywaHHl1xVogluxIpl7ctPcngCLcBGAs/s640/Moize%2BBonnet.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait de l'acte de mariage Roussel - Bonnet - 29 germinal an VI ou avril 1798 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a> </td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Je
commence à m'y habituer, dans le cas de mes ancêtres, les actes de la
période révolutionnaire sont souvent longs pour ne rien ou peu dire,
remplis de formules approximatives et maladroites, mal écrits,
incomplets, erronés si ce n'est bâclés. Il s'agit du moins de
l'arrière-goût amer que m'ont laissé, au fur et à mesure de mes diverses
recherches, les documents de cette époque. Ceci dit, j'obtiens cette
fois quelques précieuses informations figurant dans l'extrait ci-dessus :
"[...]<i> Françoise Bonnet, âgée de dix-huit ans, fille légitime de feu
Moize Bonnet, cordonnier, et de Marie Bastide, aussi domiciliés dans
cette commune </i>[...] Un élément semble ainsi certain. Le nom de l'épouse
n'est pas Moyse mais Bonnet - et en réalité Bonet avec un seul "n", ce que j'apprendrai bien plus tard - et
la confusion viendrait alors du prénom de son père, Moyse. Pour autant,
l'erreur n'est toujours pas expliquée, d'autant que Françoise est bien
nommée Bonnet dans son acte de décès en date de 1836... A ce moment de
mes recherches, j'ignore quel chemin prendre. Involontairement embarqué,
et comme j'en ai l'habitude d'ailleurs, dans une nouvelle enquête, je
pourrais me concentrer sur la lignée paternelle, celle des Roussel. Et
puis, tout compte fait, non, ma curiosité me ramène à cet ancêtre
prénommé Moize.</span></span></span><br />
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-ljFcIXLuYww/WwtQ_zAoFPI/AAAAAAAAArs/C9biRsI579s47StOH35Iq7eAuZbPYKYIwCLcBGAs/s1600/Bapt%25C3%25AAme%2Bde%2BFran%25C3%25A7oise%2BBonet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="273" data-original-width="1406" height="124" src="https://2.bp.blogspot.com/-ljFcIXLuYww/WwtQ_zAoFPI/AAAAAAAAArs/C9biRsI579s47StOH35Iq7eAuZbPYKYIwCLcBGAs/s640/Bapt%25C3%25AAme%2Bde%2BFran%25C3%25A7oise%2BBonet.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de baptême de Françoise Bonet - 12 juillet 1780 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Âgée
d'à peine dix-huit ans lors de son mariage en 1798, Françoise Bonnet
est bien née en 1780 à Chalabre, le 12 juillet pour être exact, si j'en
crois l'acte dont voici la transcription : "<i>Françoise Bonnet fille de
Moyse cordonnier et de Marie-Anne Bastide mariés de cette paroisse est
née et a été baptisée le douze juillet mille-sept-cent-quatre-vingts
[le] parrain Pierre Bastide [qui a] signé avec nous vicaire, la marraine
[Marie] Sarda illettrée, pour Françoise Rivals absente.</i>" J'en déduis que Pierre Bastide est a priori l'oncle maternel de Françoise. Pour une raison qui m'est alors inconnue, l'acte de mariage entre Moyse Bonnet et Marie-Anne Bastide m'échappe, ce qui aurait sérieusement pu compliquer mes recherches. Même si l'hébraïque prénom Moyse n'est certainement pas le plus commun à Chalabre et qu'un seul Moyse Bonnet semble y être né, une double homonymie, même très peu probable, n'est pas à exclure. Et puis c'est vrai, je suis tatillon. Je décide alors d'utiliser une méthode certes laborieuse mais très efficace, qui consiste à lire les unes après les autres toutes les pages des registres sur une certaine période. J'ai par la même occasion appris quelques faits intéressants sur Chalabre, comme la présence de familles auvergnates, savoyardes et d'un chirurgien de Rome. Chalabre semble avoir été un point de passage localement important jusqu'au milieu du XVIIIe siècle et il n'est pas rare d'y croiser quelques familles des villes environnantes.</span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-sbi1Lx0JlZ8/WxLi63MPmOI/AAAAAAAAAr4/YLjcbU3jMQAcHRqi9SK8c8iJF240G8VMgCLcBGAs/s1600/Savoyards%2B%25C3%25A0%2BChalabre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="339" data-original-width="874" height="248" src="https://2.bp.blogspot.com/-sbi1Lx0JlZ8/WxLi63MPmOI/AAAAAAAAAr4/YLjcbU3jMQAcHRqi9SK8c8iJF240G8VMgCLcBGAs/s640/Savoyards%2B%25C3%25A0%2BChalabre.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Une famille savoyarde à Chalabre - février 1768 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La présence d'une famille savoyarde installée dans les lointaines vallées du Kercorb me parait suffisamment rare pour que nous nous y intéressions un instant de plus près. L'acte, qui est relativement bien écrit, délivre les informations suivantes : "<i>Anne Marie Rousset fille de Barthelemy marchand colporteur de la Savoyée[?] et de Marie Dhotelle[?] mariés au lieu de Saint-Georges d'Urtier diocèse de Saint-Jean de Moriet[?] en Savoyée </i>[...]<i> a été enterrée le lendemain </i>[...]<i> </i>". Je n'ai évidemment pas tout de suite deviné de quelle commune est originaire cette famille, dont le nom, Rousset, ressemble étrangement à celui de mes ancêtres Roussel. La région, à savoir la Savoie, est reconnaissable, même si son orthographe a été écorchée. Après quelques rapides recherches, j'en déduis qu'il s'agit de la commune de Saint-Georges-d'Hurtières - d'où le "Durtier" - appartenant au diocèse de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie et située, à vol d'oiseau. à une soixante de kilomètres de l'Italie. Et dire que cette famille s'est retrouvée, au beau milieu du XVIIIe siècle, aux portes de la frontière espagnole... Plus de cinq-cents kilomètres séparent Saint-Georges-d'Hurtières de Chalabre...</span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-V_nadPd_8mo/WxLpyLZ1PrI/AAAAAAAAAsE/LK-Eev9TSUERSrlxpzwWo95kfLIPGYTDgCLcBGAs/s1600/Moize%2BBonnet%2BChalabre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="1016" height="228" src="https://3.bp.blogspot.com/-V_nadPd_8mo/WxLpyLZ1PrI/AAAAAAAAAsE/LK-Eev9TSUERSrlxpzwWo95kfLIPGYTDgCLcBGAs/s640/Moize%2BBonnet%2BChalabre.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de baptême de Moïze Bonnet - 28 juillet 1749 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span></span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Revenons-en à Moyse Bonnet. Le seul acte de baptême à son nom présent dans les registres chalabrois est celui en date du 28 juillet 1749. Plusieurs sources mentionnent déjà cette date, mais étant pointilleux et n'ayant pas l'acte de mariage de cet ancêtre, je serais heureux de trouver une autre preuve pour son ascendance. Commençons par la lecture de l'acte : "<i>Moïze Bonnet fils d'Antoine chapelier de cette ville et d'Elizabeth Rivals mariés né le jour d'hier a été baptisé aujourd'hui vingt-huit juillet mille-sept-cent-quarante-neuf [le] parrain fut M. Joseph Rieurtort notaire [et la] marraine Jeanne Dufrene </i>[...]" Le nom de la mère attire particulièrement mon attention. Celle-ci était en effet une Rivals, tout comme la marraine de Françoise Bonnet en 1780. Je ne tarde pas à retrouver le mariage d'Antoine Bonnet et d'Elizabeth Rivals en date de 1748.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-KQXCa69MAc0/WxL_EQ-OhVI/AAAAAAAAAsQ/ioPkHWYXB1cb5wx5C64dIRmMEd7AAc0IwCLcBGAs/s1600/Mariage%2BBonnet%2Bet%2BRivals.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="672" data-original-width="1411" height="304" src="https://2.bp.blogspot.com/-KQXCa69MAc0/WxL_EQ-OhVI/AAAAAAAAAsQ/ioPkHWYXB1cb5wx5C64dIRmMEd7AAc0IwCLcBGAs/s640/Mariage%2BBonnet%2Bet%2BRivals.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage d'Antoine Bonet et d'Elizabeth Rivals - 7 septembre 1748 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">En voici un extrait : "<i>Les bans de mariage entre Antoine Bonnet fils de Jacques et d'Anne Roumengous de la paroisse de Calmon d'une part et Elizabeth Rival[s] fille légitime de François Rival[s] cordonnier et de Jeanne Dufrène de la présente paroisse</i> [...]" Outre la mention des parents des époux, je remarque deux éléments intéressants avec, en premier lieu, la paroisse d'origine de l'époux, qui est désignée sous le nom de Calmon. Or, le seul Calmon qui existe à ma connaissance se situe dans le sud du Tarn, non loin de Mazamet, dans l'actuelle commune d'Aiguefonde. Je penche davantage pour Camon, joli village fleuri limitrophe situé dans l'Ariège, entre Chalabre et Mirepoix, d'autant plus qu'en règle générale, lorsqu'une famille vient d'un diocèse éloigné, mention en est faite. Par ailleurs, on retrouve de nouveau Jeanne Dufrène, marraine de Moïze Bonnet mais aussi sa grand-mère maternelle. A ce moment précis, je me félicite intérieurement d'avoir lu chaque page des registres des sépultures de la période 1747-1778 de Chalabre, et pour cause : les dates de décès d'Antoine Bonnet, de Jean-François Rivals et de Jeanne Dufrène me sont connues.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Xhpt8LVoXu4/WxMEJg-TnlI/AAAAAAAAAsc/8KO8zo25pxswaWOYZeNaR2itYqg5lfz9ACLcBGAs/s1600/Rivals%2BDufr%25C3%25A8ne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="554" data-original-width="1366" height="258" src="https://1.bp.blogspot.com/-Xhpt8LVoXu4/WxMEJg-TnlI/AAAAAAAAAsc/8KO8zo25pxswaWOYZeNaR2itYqg5lfz9ACLcBGAs/s640/Rivals%2BDufr%25C3%25A8ne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Actes de sépulture des époux Rivals et Dufrène - 1774 et 1761 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Je décide alors de consacrer la suite de mes recherches aux ancêtres d'Elizabeth Rivals, originaires de Chalabre, afin de retrouver la trace de Françoise Rivals, ce qui satisferait mon esprit critique. De l'interminable lecture des registres de Chalabre, que l'infâme - et je pèse bien mes mots - visionneuse des Archives de l'Aude complique plus que sérieusement, j'ai tout de même pu tirer les deux actes affichés au-dessus dont voici les résumés : "<i>Jean François Rivals, cordonnier, époux de feue Jeanne Dufrene, âgé d'environ soixante-quatorze ans, est décédé le quinzième octobre mille sept-cent-soixante-quatorze</i> [...]" et "<i>Jeanne Dufrene épouse de François Rivals, cordonnier, mariés, de cette paroisse, âgée d'environ soixante-trois ans, est décédée le dix-huitième mai mille sept-cent-cent-soixante-et-un [...]</i>".</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-QcAtJ0wI4Xk/WxMJWtWepeI/AAAAAAAAAso/79SJENXEEd0vyEgVTw2wp0P0N3flX7BZQCLcBGAs/s1600/Auvergnats%2B%25C3%25A0%2BChalabre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="496" data-original-width="957" height="330" src="https://1.bp.blogspot.com/-QcAtJ0wI4Xk/WxMJWtWepeI/AAAAAAAAAso/79SJENXEEd0vyEgVTw2wp0P0N3flX7BZQCLcBGAs/s640/Auvergnats%2B%25C3%25A0%2BChalabre.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Des auvergnats à Chalabre - décembre 1752 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Chalabre n'est pas forcément un village si éloigné de tout. Avant même la Révolution, de nombreuses familles dont plus personne ne se souvient y sont visiblement passées ou s'y sont installées, venues de loin. Oubliées, je les trouve pour autant fort intéressantes. Elles témoignent d'un Chalabre autrefois point de passage. Nous nous sommes attardés un peu plus tôt sur des savoyards qui y ont habité. Que diriez-vous cette fois de découvrir quelques auvergnats mentionnés dans l'acte ci-dessus dont voici la transcription : "<i>Antoine Brousse époux de Françoise Lacoste marchand chaudronnier du lieu de Clavières paroisse de Lascelle en Jourdanne en Auvergne, étant dans cette paroisse depuis peu de jours, âgé d'environ trente-cinq ans, mourut le vingt-quatrième [de] décembre mille-sept-cent-cinquante-deux </i>[...]". Distante d'un peu moins de quatre-cents kilomètres de Chalabre, Clavières est située près des Monts du Cantal, aux confins de la Lozère et de la Haute-Loire. Quelles routes empruntaient toutes ces familles ? Quelles étaient leurs conditions de voyage ? Comment et pourquoi sont-elles arrivées à Chalabre ?</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-gGN3jGBM6Vs/WxMRMDQd-pI/AAAAAAAAAs0/6jDa5QjSI1ALTMcZiUoZuiaT-IGeSb8gACLcBGAs/s1600/Mariage%2BRivals%2BDufr%25C3%25A8ne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="416" data-original-width="1364" height="194" src="https://2.bp.blogspot.com/-gGN3jGBM6Vs/WxMRMDQd-pI/AAAAAAAAAs0/6jDa5QjSI1ALTMcZiUoZuiaT-IGeSb8gACLcBGAs/s640/Mariage%2BRivals%2BDufr%25C3%25A8ne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage Rivals et Dufrène - 4 septembre 1725 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il n'a pas été bien difficile de retrouver l'acte de mariage de Jean François Rivals et de Jeanne Dufrène car les registres sont pour une fois relativement bien écrits, ce qui compense l'exaspérante incommodité de la visionneuse. Transcription : "[...] <i>Jean Rival[s] cordonnier fils de feus Jean Rival[s] et Jeanne Saurine ses père et mère d'une part et Jeanne Dufrene fille de Pierre et de Françoise Balia d'autre part tous deux de cette paroisse [...] le quatrième jour de septembre mille-sept-cent-vingt-cinq</i> [...]." Le nom Rivals semble avoir connu plusieurs orthographes au fil des années, ici le s final a disparu en deux décennies. Je retrouve dans les quatre années qui suivent ce mariage les actes de baptêmes d'Elizabeth et de Françoise Rivals, respectivement en date du 25 juin 1726 et du 4 août 1729, et dont voici les extraits : "<i>Elizabeth Rivals fille de Jean cordonnier et de Jeanne Dufrene mariés née le vingt-quatrième juin mille-sept-cent-vingt-six fut baptisée le lendemain [le] parrain Pierre Dufrene, [la] marraine Elizabeth Rivals.</i>" et "<i>Françoise Rivals fille de Jean et de Jeanne Dufrene née le troisième fut baptisée le quatrième août mille-sept-cent-vingt-neuf [le] parrain Antoine Clerc, [la] marraine Françoise Balia.</i>" Mes doutes s'en trouvent envolés et je ne compte pas arrêter mes recherches en si bon chemin.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-LQxxwfjUiXo/WxMatRejAII/AAAAAAAAAtA/N_ubSt9hSUMB-dpx8FW1y0QVcAA-FkgHwCLcBGAs/s1600/Mariage%2BRivals%2BCoste.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="335" data-original-width="1073" height="198" src="https://4.bp.blogspot.com/-LQxxwfjUiXo/WxMatRejAII/AAAAAAAAAtA/N_ubSt9hSUMB-dpx8FW1y0QVcAA-FkgHwCLcBGAs/s640/Mariage%2BRivals%2BCoste.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage Rivals et Coste - 23 mai 1731 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">D'autres actes m'ont permis d'esquisser de manière plus précise un vague portrait des familles Dufrène et Rivals dont mon arrière grand-père Pierre Bourrel descend à la sixième génération. Même si cela peut paraître superflu, étudier la fratrie d'un ancêtre permet bien souvent de retrouver des éléments insoupçonnés ou de nouvelles sources d'information beaucoup plus riches, et c'est le cas ici. L'acte ci-dessus est le mariage de Jean Rivals, fils de Jean et de Jeanne Saurine, avec Jeanne Coste, fille de Jacques et de Marie Abat - le nom Abat est en réalité fréquemment écrit Abad dans d'autres actes -. Quant à la marraine de mon ancêtre Elizabeth Rivals, elle aussi nommée Elizabeth - ou Izabeau - Rivals, nous le verrons par la suite, son rôle ne sera pas des moindres dans la recherche d'informations.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-G8dlm0ei354/WxMfhNlM5NI/AAAAAAAAAtM/0zMehV7WJykUXpGUOD5ZXwL_URFDq1zxACLcBGAs/s1600/Chirurgien%2Bromain.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="1100" height="348" src="https://1.bp.blogspot.com/-G8dlm0ei354/WxMfhNlM5NI/AAAAAAAAAtM/0zMehV7WJykUXpGUOD5ZXwL_URFDq1zxACLcBGAs/s640/Chirurgien%2Bromain.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Un chirurgien romain à Chalabre - 5 janvier 1710 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">En remontant les registres chalabrois jusqu'au début du XVIIIe siècle, toujours en lisant page par page, je tombe nez à nez avec un italien qui s'est marié dans la commune en 1710 ! "<i>Liste des mariages célébrés dans la paroisse de Chalabre l'an 1710. Après la publication ordinaire de trois bans, Monsieur Antoine Cappa, dit Lescot, chirurgien de la ville de Rome</i> [...]" Cette fois-ci, le nouvel arrivant est venu de loin ! J'ai peine à y croire au départ, mais il y a bien marqué Rome et le nom Cappa sonne italien. Ce chirurgien originaire du Latium épouse une certaine Catherine Roussinier. Chalabre semble bel et bien avoir été une étape non négligeable pour nombre de voyageurs. Je retrouve par la même occasion de nouveaux renseignements sur mes ancêtres et décide de continuer avec les Rivals, et de garder les Dufrène pour un autre chapitre des généalogies chalabroises. Les actes de baptêmes de Jean François et de Jean Rivals sont dès lors connus.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-ZmDZ8oeNf80/WxMkoOStDgI/AAAAAAAAAtY/Ci60HvRpNlAoO9cVBBuN1SyMKoEfdzzKgCLcBGAs/s1600/Bapt%25C3%25AAme%2Bde%2BJean%2BFran%25C3%25A7ois%2BRivals.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="313" data-original-width="1475" height="134" src="https://3.bp.blogspot.com/-ZmDZ8oeNf80/WxMkoOStDgI/AAAAAAAAAtY/Ci60HvRpNlAoO9cVBBuN1SyMKoEfdzzKgCLcBGAs/s640/Bapt%25C3%25AAme%2Bde%2BJean%2BFran%25C3%25A7ois%2BRivals.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Baptême de Jean "François" Rivals - 21 mars 1701 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">L'acte de sépulture de Jean "François" Rivals, époux Dufrène, nous a appris qu'il est mort fin 1774 à l'âge de soixante-quatorze ans, ce qui induit une naissance aux alentours de l'année 1700/1701. L'acte de baptême ci-dessus est a fortiori le bon : "<i>Le vingt-et-unième jour du mois de mars de l'année mille-sept-cent-un, a été baptisé Jean Rivals fils de Jean Rivals et de Jeanne Saurine mariés étant né le même jour son parrain Jean Béringuier et sa marraine Izabeau Rivals</i> [...]". Je suppose que le prénom François a été rajouté par la suite pour différencier Jean Rivals de son frère - époux Coste - lui aussi nommé Jean. Contrairement aux habitants des vallées ariégeoises et pyrénéennes, les chalabrois ne sont visiblement pas friands, sous l'Ancien Régime, des surnoms. Quoiqu'il en soit, le Jean Rivals né en mai 1698 est aussi le fils de Jean Rivals et de Jeanne Saurine. La marraine de Jean "François" est Izabeau Rivals, or la soeur ainée des deux Jean, Elizabeth ou Izabeau, est née en 1692. J'ai déjà été confronté, lors de recherches autres, à des parrains et marraines très jeunes - souvenez-vous du <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.com/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche_29.html" target="_blank">quatrième épisode</a> de la <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.com/p/blog-page_22.html" target="_blank">chronique</a> sur la famille Troche - il n'est donc pas impossible que la jeune Izabeau ait été marraine de ses frères à l'âge d'à peine dix ans. Si tel n'était pas le cas, il pourrait simplement s'agir d'une tante. Quant à Izabeau / Elizabeth Rivals, figurez-vous qu'elle est née un 2 juin, tout comme moi ! Il y a tout de même trois-cent-sept ans d'écart entre nous...</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-SylGvN8yneU/WxMs52UpyDI/AAAAAAAAAtk/e7CBnl7HWkgmrCS5Nm3Tjax4nfOL5OqOQCLcBGAs/s1600/Mariage%2BRivals%2BSaurine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="1228" height="180" src="https://1.bp.blogspot.com/-SylGvN8yneU/WxMs52UpyDI/AAAAAAAAAtk/e7CBnl7HWkgmrCS5Nm3Tjax4nfOL5OqOQCLcBGAs/s640/Mariage%2BRivals%2BSaurine.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage Rivals et Saurine - 27 novembre 1690 - Chalabre - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">En poussant un peu plus loin les recherches, je retrouve le très incomplet acte de mariage de Jean Rivals et de Jeanne Saurine en date de l'automne 1690. Il n'y a guère d'informations à transcrire. J'espère trouver un contrat de mariage mais ce n'est pour l'instant pas le cas - je n'ai cependant pas terminé cette recherche -. Je crois tout de même avoir déterminé qui est le père de Jean Rivals, mais il me faudrait pour cela des preuves. Les deux époux sont visiblement tous les deux originaires de Chalabre. Je reste quelque peu sur ma faim... et persuadé qu'il y a encore beaucoup à trouver.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-tCpXqwik5bY/WxMwQFZ9CPI/AAAAAAAAAtw/tWvwVrluOg8TeoAcJi3PJnnfYGHe0o8ngCLcBGAs/s1600/Mariage%2BSerres%2BAndrieu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="438" data-original-width="1494" height="186" src="https://2.bp.blogspot.com/-tCpXqwik5bY/WxMwQFZ9CPI/AAAAAAAAAtw/tWvwVrluOg8TeoAcJi3PJnnfYGHe0o8ngCLcBGAs/s640/Mariage%2BSerres%2BAndrieu.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mariage Serres et Andrieu - Un gersois à Chalabre - 6 septembre 1698 - Archives de l'Aude - <a href="http://audealaculture.fr/archives-en-ligne" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Une nouvelle migration étonnante au passage ! Le 6 septembre 1698, un certain Louys Serres, originaire de Nérac, diocèse de Condom, épouse une chalabroise, Françoise Andrieu. Cette découverte est fort intéressante d'une part car j'ai une ancêtre nommée Andrieu, qui pourrait bien être née à Chalabre dans les années 1760, mais surtout car ce Louys Serres est natif du sud du Lot-et-Garonne, autrement dit d'une région très proche de l'Armagnac et de la ville d'Eauze, dans le Gers, appartenant elle aussi au diocèse de Condom et dont est originaire ma grand-mère maternelle. Cela pourrait passer pour une simple coïncidence mais plusieurs familles de Chalabre sont - et j'ignore pourquoi - reliées au Gers et ce plus ou moins directement. On observe également ce schéma de migrations générationnelles pour la Provence... Bon nombre de familles chalabroises, y compris celle de mon grand-père maternel, ont eu et ont encore des cousins notamment à Sète et à Toulon, à diverses générations.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-3GaK_ZVAid8/WxM0Kg7k6fI/AAAAAAAAAt8/V9kf5yPwWt0OtpRCMQR19Ly4HRXXqjF4gCLcBGAs/s1600/Contrat%2Bde%2Bmariage%2BClerc%2B-%2BRivals%2B1712.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="685" data-original-width="1141" height="384" src="https://2.bp.blogspot.com/-3GaK_ZVAid8/WxM0Kg7k6fI/AAAAAAAAAt8/V9kf5yPwWt0OtpRCMQR19Ly4HRXXqjF4gCLcBGAs/s640/Contrat%2Bde%2Bmariage%2BClerc%2B-%2BRivals%2B1712.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du Pacte de mariage entre Antoine Clerc et Izabeau Rivals - 22 janvier 1714 - Relevés de F. Barby - Geneanet - <a href="https://www.geneanet.org/fonds/?from=&id_filter_block=search-filter-niveaux&ignore_each=&loc_1=FRA&loc_2=FRA%23F11&niveaux_1%5B_3798133817%5D=archives&niveaux_2%5B_1505804306%5D=archives%23acte_recensement_denombrement&niveaux_2%5B_1165748137%5D=archives%23acte_liassenotariale&niveaux_2%5B_2544465425%5D=archives%23acte_autrecollection&niveaux_2%5B_3322213699%5D=archives%23acte_registretutelle&niveaux_2%5B_3908067640%5D=archives%23acte_archivesprivees&niveaux_2%5B_4094073451%5D=archives%23acte_liassejudiciaire&niveaux_2%5B_3110741331%5D=archives%23acte_enregistrement&niveaux_2%5B_2914225354%5D=archives%23acte_actesvrac&niveaux_2%5B_2677680299%5D=archives%23acte_preuves_maltes&niveaux_2%5B_1487852996%5D=archives%23acte_etatcivil_regimentaire&niveaux_2%5B_2122447352%5D=archives%23acte_collectionmayet&niveaux_2%5B_1686790657%5D=archives%23acte_fondserudits&niveaux_2%5B_1510049103%5D=archives%23acte_terriers&niveaux_2%5B_198708187%5D=archives%23acte_election&niveaux_2%5B_2679881179%5D=archives%23acte_cartescombattant&niveaux_2%5B_514157252%5D=archives%23acte_militaire&niveaux_2%5B_4233531783%5D=archives%23acte_protestants&niveaux_2%5B_1985398891%5D=archives%23acte_bms_sainteustache&niveaux_2%5B_2022126873%5D=archives%23acte_registrecloture&niveaux_2%5B_2518602737%5D=archives%23acte_liassefiscale&niveaux_2%5B_228431773%5D=archives%23acte_registresmortuaires&niveaux_2%5B_2780483025%5D=archives%23acte_fairepart&niveaux_2%5B_3515840357%5D=archives%23acte_optants&niveaux_2%5B_3796687598%5D=archives%23acte_dispenses&niveaux_2%5B_2112742352%5D=archives%23acte_manuscrits&niveaux_2%5B_1797011279%5D=archives%23acte_passeports&niveaux_3%5B_2693230308%5D=archives%23acte_registre%23search_niveau_divers&niveaux_3%5B_1286333745%5D=archives%23acte_tabledecennale%23search_niveau_divers&niveaux_3%5B_994871169%5D=archives%23acte_fairepart%23search_niveau_deces&niveaux_3%5B_2942044985%5D=archives%23acte_fairepart%23search_niveau_naissance&niveaux_3%5B_17076188%5D=archives%23acte_fairepart%23search_niveau_mariage&niveaux_3%5B_983976919%5D=archives%23acte_fairepart%23search_niveau_divers&page=16&q=Chalabre&size=10&sort=periode&to=" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Je ne me suis pas trompé lorsque j'ai pressenti qu'il y avait encore beaucoup à trouver et, plus tôt, que reconstituer une fratrie pouvait s'avérer très utile. Grâce aux relevés des actes notariés de Chalabre mis en ligne par F. Barby sur Geneanet, j'ai retrouvé le pacte de mariage entre Antoine Clerc et Izabeau Rivals, en date du 22 janvier 1714. A noter que cela confirme une fois de plus certaines conclusions précédemment tirées, selon lesquelles Izabeau/Elizabeth Rivals est bien l'épouse d'Antoine Clerc, ce dernier étant le parrain de Françoise Rivals. Enfin, bref, passons ces détails et intéressons-nous au début - seulement pour cette fois - de ce document riche en informations. En voici une transcription, sans doute imparfaite puisque je ne suis que débutant en matière d'actes notariés : "<i>L'an mil-sept-cent-quatorze et le vingt-deux de janvier, avant midi, dans le Château de la ville de Chalabre, régnant les chrétiens [?] prince Louis par la Grâce de Dieu Roi de France et de Navarre, diocèse de Mirepoix, Sénéchaussée de Limoux, furent présents Jean et Antoine Clerc père et fils peigneurs [?] de laine de cette ville d'une part et Izabeau Rival[s] fille de feu Jean Rival[s] maître-charron du dit Chalabre et de Jeanne Saurine, assistée et conseillée de Bertrand Delpech, boulanger de la ville, son curateur </i>[...]" Je ne vous en dévoile pas davantage ni pour le moment ni, normalement, pour le second chapitre des généalogies chalabroises... Cet acte est en tout cas fort intéressant et s'étend sur plus de cinq pages.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Nous arrivons à la fin de ce premier chapitre des alambiquées généalogies chalabroises dont je vous propose ici une synthèse schématisée pour mieux vous y retrouver. Les renseignements qui y sont indiqués proviennent en totalité des actes d'état-civil, des registres paroissiaux et d'actes notariés concernant uniquement la commune de Chalabre. La génération la plus récente est celle de Vincent Roussel (1818-1905) qui est l'arrière grand-père de Pierre Bourrel, qui est lui-même mon arrière grand-père. La photographie de fond - que l'on ne voit presque pas - est celle du Château de Chalabre en automne. Elle a été réalisée par ma mère, descendante de toutes ces vieilles familles chalabroises, qui tient un blog riche en photographies de Chalabre et de ses environs, que je vous invite à consulter à ce lien : <a href="http://genevieve.lehoux.over-blog.com/" target="_blank">Au pinceau du Kercorb</a></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-g-SAh_R42UA/WxNGFrNYK_I/AAAAAAAAAuI/ois8uDLkonERGSdy-lOVMMbQ7fvmps_3gCLcBGAs/s1600/G%25C3%25A9n%25C3%25A9alogies%2Bchalabroises.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="770" data-original-width="625" src="https://3.bp.blogspot.com/-g-SAh_R42UA/WxNGFrNYK_I/AAAAAAAAAuI/ois8uDLkonERGSdy-lOVMMbQ7fvmps_3gCLcBGAs/s1600/G%25C3%25A9n%25C3%25A9alogies%2Bchalabroises.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Généalogies chalabroises - des Roussel aux Rivals</i> - Synthèse - Wilfried Lehoux - à partir des sources indiquées dans cet article</td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Ce n'est pas tout ! Vous l'avez sans doute vu, cet article mêle deux thématiques différentes en un même cadre géographique et temporel, à savoir les recherches sur mes ancêtres à proprement parler et l'étude de ces "migrations" qui ont eu pour destination Chalabre au XVIIIe siècle et qui reflètent certaines dynamiques d'échanges récurrentes de la commune, notamment en ce qui concerne les liens avec le Gers. J'y ai rajouté d'autres "migrations" similaires que je n'ai pas mentionnées dans cet article.</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-o0FMiVnY7t0/WxNNeB3aG3I/AAAAAAAAAuU/eXB3VjMGTII9JnqgMYKTY5Egg14oRiuTwCLcBGAs/s1600/Carte%2Bdes%2Bmigrations%2BChalabre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="729" data-original-width="1282" height="362" src="https://4.bp.blogspot.com/-o0FMiVnY7t0/WxNNeB3aG3I/AAAAAAAAAuU/eXB3VjMGTII9JnqgMYKTY5Egg14oRiuTwCLcBGAs/s640/Carte%2Bdes%2Bmigrations%2BChalabre.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carte des "migrations" observées avec Chalabre comme destination au XVIIIe siècle - Réalisée à partir d'une carte de Google Earth - <a href="https://earth.google.com/web/@42.93215969,4.88714951,542.72516139a,1534621.24736488d,35y,0.06678401h,1.24400152t,0r/data=Ck0aSxJDCiUweDEyYWZiYWJmMDNjZWQ2Mzk6MHg0ZjU5NjZjNjc5ZmU4NzcyGUSjO4idfUVAIf3XuWkzDgBAKghDaGFsYWJyZRgCIAEoAg" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Je vous souhaite une agréable journée. A très bientôt !</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><br /></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">N.B. : Toutes les recherches ici présentes sont le fruit de mon travail personnel à partir des sources disponibles en ligne et j'y ai consacré pas mal d'heures, notamment en ce qui concerne la lecture page par page des registres paroissiaux de Chalabre pour les sépultures de la période 1747-1778. Il est donc strictement interdit de copier ou de se servir de ces informations sans me mentionner comme en étant l'auteur et je préfèrerais au préalable qu'on m'en fasse part. Cela ne concerne pas les recherches directement présentes sur mon arbre généalogique mais seulement cet article. Merci.</span></span></span></span></span></span></span></div>
<br /></div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-22568633517064616612018-05-19T03:02:00.003+02:002018-05-19T13:57:45.101+02:00Rendez-vous ancestral : Larguez les amarres !<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Depuis quelque temps, nous suivons la sinueuse piste des membres de la famille Troche que je ne vous présente plus. Originaires de <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">Dieppe</a>, ces ancêtres nous ont déjà livré <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche_29.html" target="_blank">de nombreux secrets</a>, notamment par <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">leurs signatures</a>. Il n'en reste pas moins que je ne vous ai jamais conté l'originale histoire de Jean-Baptiste Nicolas Troche, neveu de mon ancêtre Jean Nicolas Troche et chef de timonerie. <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/04/rdvancestral-un-jour-dete-rivel.html" target="_blank">Ma première participation</a> au challenge RDVAncestral m'a permis d'allier généalogie et roman. Que diriez-vous, cette fois-ci, d'une escapade maritime ? </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> </i> </div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "segoe print";"><span style="font-size: medium;"><b>Le
Havre, lundi 2 juillet 1816</b></span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<i> </i><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Une brume mousseuse flottait autour de nous. Le soleil ne s'était pas encore levé. Je n'arrêtais pas de grelotter, involontairement. Ces tremblement saccadés trahissaient mon appréhension. M. Troche m'adressa un sourire bienveillant quoique teinté d'une certaine condescendance. Tout me semblait flou. Ses yeux, semblables à deux cristaux gris, pointaient vers mon visage. Entre deux brises, il me lâcha quelques mots : </span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Profite de la fraicheur nocturne, moussaillon ! Il marqua une pause puis ajouta : De chaleur, oh tu ne manqueras pas une fois en mer. Si tu survis jusque-là !</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-J'y compte bien ! répondis-je, non sans timidité.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Hahaha ! Tu m'en vois bien-aise, alors ! Tu ne peux plus reculer, maintenant !</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Il n'avait pas si tort. J'avais été recommandé, moi, futur mousse sans la moindre expérience, pour intégrer l'équipage de la Gabultrée... Gabul... Ce nom m'échappait. Un comble de ne point parvenir à le mémoriser ! La frégate partait pour des terres lointaines, mystérieuses, empruntant le chemin de tous les dangers, au-delà de l'Atlantique !</span></span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Me voilà entrain de réaliser dans quelle périlleuse aventure je me suis embarqué.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">L'air glaçant de la nuit, au moment où je vous parle, me traverse de toute part. Seuls la caresse des vagues et le tumulte des tavernes endiablées semblent résonner au loin. M. Troche est mon guide, celui qui s'est vu confier la charge de me prendre en main et de juger si je suis apte à la vie maritime. De taille assez grande, il a plutôt fière allure : ses cheveux noisette, ébouriffés, s'accordent avec le gris de ses yeux. Ce regard cristallin est mon unique phare dans le port labyrinthique baigné d'obscurité. J'appréhende le commencement de ce voyage. Mes pensées s'arrêtent. Il s'est remis à marcher. Je dois le suivre et surtout ne pas m'égarer !</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Ne distinguant ni notre navire ni les rebords du quai, je m'en remets à M. Troche, lui qui semble connaître par coeur et jusqu'au moindre détail le chemin à emprunter. La quarantaine passée, cet homme confiant, prénommé si je ne m'abuse Jean-Baptiste, s'est engagé dans la marine il y a deux décennies déjà. Ayant perdu son père jeune, à l'âge de douze ans, il n'eut pas d'autres choix que de prendre le large. Il ne m'en a guère dévoilé plus... </span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-rxoOB0rXAtI/WvzUZeuc9BI/AAAAAAAAAqY/NJZpNkVBJnkw15Owf0pBULRe34zWQX7LQCLcBGAs/s1600/Le%2BHavre%252C%2Bport.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="971" data-original-width="1536" height="404" src="https://1.bp.blogspot.com/-rxoOB0rXAtI/WvzUZeuc9BI/AAAAAAAAAqY/NJZpNkVBJnkw15Owf0pBULRe34zWQX7LQCLcBGAs/s640/Le%2BHavre%252C%2Bport.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Port du Havre </i>- 1817 - Dessin à la plume et lavis à l'encre brune - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7740673n?rk=21459;2" target="_blank">Lien</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Quelques heures plus tard, alors que le jour se lève, sous un ciel teinté d'une nuance de jaunes et d'oranges du plus bel effet, nous sommes tous réunis sur le pont. Le capitaine Trequilly, vieux loup de mer à la barbe monstrueuse et à la salopette trop serrée, nous guette du coin de l'oeil, et moi en particulier. Je suis la seule nouvelle recrue pour cette expédition, l'intrus parmi cette foule éparse, nombreuse et bruyante. Autant ne pas se faire remarquer en répondant trop longuement à son regard méfiant.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Silencioo ! hurle alors un homme à la voix lointaine, hispanique.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Je sursaute. D'un coup, tous se taisent. Même les plus fripons ne dérogent pas à la règle. Un homme habillé de rouge s'avance. En dépit de son jeune âge, il inspire une autorité presque naturelle. Ses cheveux sont noirs, son air ténébreux. Ce doit être le quartier-maître Alvarez, qui seconde le capitaine. Cet homme orgueilleux est, paraît-il, craint de tous. Il se mit alors à parler dans un mélange de français et d'espagnol, une sorte de langue aussi singulière que le personnage :</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Hommèss ! Vos avez juréé fidelidad a su capitán ! Le cual qui tentera de se mutiner, de no obéir se verra jetéé al mar. </span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Il termina en un français correct, ou du moins par une tournure qu'il avait certainement mémorisée : </span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Larguez les amarres !</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Et ajouta, en me pointant du doigt :</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Tú, el nuevo ! El señor Troché sera como ton secundo capitán ! Tu ne dois que lui obéir ! Si por malheur, tu es un espion anglaiss ou casi la mêsme chosa, mon sabre tu sentirass !</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Me voilà prévenu. M. Troche m'adressa alors une nouvelle tape sur l'épaule.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Tu t'acclimateras très vite à la vie ici. Tu n'as point à t'inquiéter. En attendant, je vais te faire visiter les lieux...</span></span><br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-zUwbRRq2ssw/Wv4KzGlADFI/AAAAAAAAAqk/orHGcqyDN04IRC6cWkZSSHoa96-7vHnbwCLcBGAs/s1600/Dessins%2Barticle%2Bb%25C3%25A2teau%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="310" data-original-width="957" height="206" src="https://3.bp.blogspot.com/-zUwbRRq2ssw/Wv4KzGlADFI/AAAAAAAAAqk/orHGcqyDN04IRC6cWkZSSHoa96-7vHnbwCLcBGAs/s640/Dessins%2Barticle%2Bb%25C3%25A2teau%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<dl>
<dt> </dt>
<dd>Illustrations de <i>J'ai fait trois fois le tour du monde</i> [...] - A. Jourcin et A. Jaulgonne - 1947 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2000094x/f1.item.r=pirate%20b%C3%A2teau.zoom" target="_blank">Lien</a></dd></dl>
</td></tr>
</tbody></table>
</span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Nous empruntons alors une sorte d'escalier en bois aux planches usées qui descend vers une sombre pièce. L'échelle semble avoir été rafistolée au possible et des clous rouillés dépassent des extrémités. Je manque de glisser et me rattrape de justesse. Une odeur infâme, lourde et puissante me donne un haut-le-coeur lorsque nous atteignons enfin l'entrepont, ou le faux-pont, lieu de vie de la majeure partie de l'équipage. Au plafond de cette pièce sombre et encombrée sont entreposés des filets et des lampes à huile. Quelques lanternes reposant sur de piteuses tables assurent une faible lueur. Des bancs sans dossier font office de chaises. J'éprouve une impression paradoxale : à la fois cet étouffement propre aux espaces étroits et oppressants, mais aussi une sorte d'angoisse, alors que me viennent à l'esprit plusieurs idées nébuleuses, confuses, traduisant mon appréhension quant à ce périlleux voyage qui ne fait que débuter... M. Troche coupe court à mes réflexions et lance :</span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Nous n'avons pas toute la journée. Viens, je vais te montrer ton hamac. Le branlebas est sonné tôt le matin. Ne t'imagine pas faire une sieste.</span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Intrigué, je le suis jusqu'à une pièce plus vaste que la première, où sont disposés et se balancent en grand nombre des hamacs en mauvais état. Ce ne sont ni l'obscurité ni l'exécrable relent de cet endroit déplorable qui me surprennent mais bel et bien la chaleur qui y règne. Je comprends mieux, maintenant, le sens des paroles de M. Troche et réalise par la même occasion que cet homme est expérimenté. Je crois bien que pour accéder à la timonerie, il faut avoir fait ses preuves, et M. Troche est le chef timonier de cette expédition.</span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Regarde cette porte. Elle mène à la cale. Si le faux-pont t'a paru peu ragoûtant, alors je te déconseille la cale ! dit-il en éclatant de rire.</span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">En repartant vers le pont, j'aperçois quelques restes de nourriture, principalement des viandes séchées, très salées, des pichets de vinasse et des pots communs tâchés de soupe verte aux pois cassés. Il se raconte que cette infâme mixture verdâtre est la recette favorite du <i>Coq</i>, qui la sert et la ressert quotidiennement. En guise de dessert, les matelots se contentent de quelques biscuits de mer aussi durs que la pierre des falaises. Sorti de l'étrange dédale de pièces sales et sombres de l'entrepont, je retrouve enfin la lumière.</span></span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-9nFckx-Klxk/Wv9TangMEhI/AAAAAAAAAqw/ZRpCkPeLaosnohzarz3k9ZCjsApyRzSHACLcBGAs/s1600/Timonier.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1249" data-original-width="1600" height="498" src="https://2.bp.blogspot.com/-9nFckx-Klxk/Wv9TangMEhI/AAAAAAAAAqw/ZRpCkPeLaosnohzarz3k9ZCjsApyRzSHACLcBGAs/s640/Timonier.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;">Illustrations
de </span><span style="font-size: small;"><i>Au Temps des grands voiliers </i></span><span style="font-size: small;">-
G. Le Poitevin et J. Furet - 1958 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2000093h/f3.item.r=timonier" target="_blank">Lien</a>
</span></span></span>
</div>
</td></tr>
</tbody></table>
<div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Le
contraste entre l'obscurité intérieure et l'éblouissante lumière
solaire qui balaye le pont m'éblouit. Matelot, un métier d'extrêmes
! L'adaptabilité est une compétence qui me semble dès lors
essentielle à tout marin qui se respecte. Résistance aux furies du ciel et de
la mer, aux trajectoires imprévisibles des vents, à l'éloignement
affectif et terrestre, à l'humidité qui ronge autant le bois du
navire que la peau des hommes... Avec pour unique horizon, pour seul repère, une mer ambivalente, trompeuse, tantôt calme, tantôt ravageuse. Des nuances de bleus et de gris, celles du ciel, celles de l'océan, qui se confondent en une indiscernable ligne où se perdent et se reflètent les espoirs et les désillusions de ces hommes courageux, livrés à eux-mêmes au beau milieu de nulle part. Toutes ces pensées se mélangent en mon esprit alors que je traverse le pont. L'heure m'a échappé, les côtes françaises ne sont déjà que difficilement perceptibles. Elles s'éloignent. Les reverrons-nous un jour ? Le calme océanique est pondéré par l'effervescence du pont. Cet espace glissant, lieu de vie, de travail et de rencontres, lieu de tous les rêves et de tous les dangers. Je suis surpris par la présence de quelques cochons. J'ignorais jusqu'à présent qu'ils pouvaient accompagner les matelots dans leurs périlleux voyages. Voyant mon étonnement, M. Troche s'arrête et m'explique, d'un ton rieur :</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Ces bêtes te laissent pantois, hein ? Ne sais-tu pas que les cochons ont le pied marin ! Mais ne te fais point d'illusions, aucun ne survit au trajet !</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Ah bon, mais à quoi servent-ils dans ce cas ?</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">-Hahaha ! A ton avis, jeune mousse, nous les mangeons ! C'est que, vois-tu, tous ces braves hommes ont besoin de forces pour tenir le cap jusqu'au prochain port de ravitaillement. Tu as encore bien des choses à apprendre. Viens, que je te montre mon quartier.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: medium;">Le voilà entrain d'arborer un sourire à la fois rieur mais non sans bienveillance. Nous arrivons enfin de l'autre côté du pont, près du quartier des officiers dans lequel on entre en passant sous trois poutres formant une sorte de porte. L'étroit couloir, droit et poussiéreux, n'en demeure pas moins plus propre que l'entrepont. M. Troche emprunte alors une coursive, incrustée dans la paroi gauche et tire une planche en bois coulissante qu'il appelle "porte du timonier", dévoilant son quartier personnel. En somme, une pièce dont les dimensions avoisinent celle d'une chambre, presque surchargée d'objets divers et variés dont les noms me sont étrangers. Nous nous asseyons sur les deux petites chaises, inconfortables mais luxueuses en comparaison du faux-pont. M. Troche m'énumère et désigne alors, non sans fierté, ses principaux ustensiles. L'un d'eux attire mon attention :</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">-Voici un loch et sa ligne. Vois-tu, ce petit triangle de bois est un flotteur que l'on leste. Jeté tout droit face à l'eau et relié à une ligne graduée par des noeuds, il permet, si l'on maîtrise quelques bases, d'obtenir la vitesse du navire. Les sabliers, quant à eux, sont indispensables, puisque la mesure s'effectue en un temps précis.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">Je suis émerveillé de pouvoir écouter M. Troche m'expliquer son métier. Quelle chance ! Il se lève, ouvre la planche en bois coulissante qui fait office de porte et l'espèce d'armoire compartimentée qui se trouve en face de nous.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">-Ce que tu vois là, c'est l'habitacle. Il se trouve face à la porte du timonier et contient des compas et des horloges. Mon métier, timonier, est peu simple. Mon rôle est de tenir la barre du gouvernail, pour conduire et diriger vers le bon cap le navire. Grâce à mon expérience, je suis devenu maître. Aussi ai-je acquis par là le privilège de déléguer aux deux timoniers qui m'obéissent les tâches ingrates. Mais s'il y a le moindre problème de direction, je me dois d'y remédier.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">Je n'ose demander à M. Troche si ses proches ne lui manquent pas, mais, instinctivement, il pressent ma question et y répond d'un ton mitigé.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">-Ma femme et mes enfants me manquent. Mon fils s'appelle Théodore et ma fille Pulchérie. Ils sont bien jeunes encore. Voilà neuf ans que nous nous sommes mariés avec Elisabeth. A l'époque, je me souviens que ma mère priait longuement pour qu'il ne m'arrive rien lors des voyages et que je revienne sain et sauf. Mais, vois-tu, maintenant que je suis devenu chef, le salaire est plus que satisfaisant. Ma famille s'est installée au Havre et nous y avons un logement plus qu'agréable, au 44 rue des Drapiers.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">Quelle émotion d'entendre Jean-Baptiste Troche me confier ses souvenirs et ses ressentis ! Une clochette sonne depuis le pont où nous devons dès lors nous rendre.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-Da-QunCJz-Y/Wv9tTAhS-GI/AAAAAAAAAq8/evKG1ML6XcEXwLWWQMxD_TqF-C98fjz8gCLcBGAs/s1600/Matelot.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1022" data-original-width="732" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-Da-QunCJz-Y/Wv9tTAhS-GI/AAAAAAAAAq8/evKG1ML6XcEXwLWWQMxD_TqF-C98fjz8gCLcBGAs/s640/Matelot.jpg" width="458" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Grisi, rôle d'un matelot, dans <i>L'Africaine </i>- C. Fernique et P.A. Lamy - 1865 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10541850q.r=matelot?rk=300430;4" target="_blank">Lien</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">En sortant, je glisse, trébuche et manque de tomber sur le prétentieux quartier-maître toujours de rouge vêtu, qui me relève brusquement par le bras sans le moindre mot, l'air peu sympathique. Il ne faut décidément pas beaucoup pour contrarier cet homme. La hiérarchie est omniprésente dans le bateau, personne ne semble chercher à la contester. Il faut avouer que toute tentative de mutinerie, même vaine ou justifiée, peut se finir à la planche. Le pont est une surface hybride, sorte d'intermédiaire, de mélange, entre patinoire et plancher, entre mousse et sous-officiers. L'heure est au rassemblement, le capitaine, comme à l'accoutumée, observateur et méfiant, surveille son équipage. Le quartier-maître Alvarez prend la parole, avec son accent très hispanique. Si M. Troche incarne le marin calme et tempéré, soucieux de rentrer en un seul morceau, Alvarez est quant à lui l'incarnation de ces pirates téméraires et orgueilleux qui rêvent de trésor. Et ces deux hommes aux caractères opposés arrivent à se supporter en un espace aussi restreint...</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">-Hommès ! Nostre trajet viene de commèncer. Vos avez juréé fidelidad a su capitán. Vos debez signer ou marquer le papier. C'est como un engagement. Los déserteurs seront jetéé al mar. Avez-vos bien entendido ?</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;">Il conclue avec un regard noir. J'ai bien l'impression qu'il m'est adressé. A l'arrière de la file, je vois les hommes signer un par un le parchemin. Ont-ils réellement le choix de ne pas s'engager. L'un d'eux, un vieillard, semble n'avoir plus de dents. Ce doit être ce que l'on appelle "le mal de bouche", maladie courante chez les marins. Vient enfin mon tour. Tout l'équipage me regarde, le capitaine, Alvarez et M. Troche. Je ne peux me permettre la moindre hésitation. Je signe et me lance ainsi dans un voyage vers l'inconnu, vers l'Amérique. Une aventure périlleuse avec un équipage hétéroclite. Notre bateau se perd dans l'horizon, dans le temps, et vogue...</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"> Où cela va nous mener ?</span></span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-zJi72lxAzys/Wv-A_ZJ9p1I/AAAAAAAAArI/t-UfWTNyxSwVIEZlgE6wbJTss7suUE4YgCLcBGAs/s1600/Jean%2BBaptiste%2BNicolas%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="878" data-original-width="882" height="635" src="https://1.bp.blogspot.com/-zJi72lxAzys/Wv-A_ZJ9p1I/AAAAAAAAArI/t-UfWTNyxSwVIEZlgE6wbJTss7suUE4YgCLcBGAs/s640/Jean%2BBaptiste%2BNicolas%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Parenté entre Jean-Baptiste Nicolas Troche, protagoniste de cet article, et moi - Archives familiales et Geneanet</td></tr>
</tbody></table>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">N.B. : tous les renseignements concernant l'apparence physique, le métier et les ustensiles de Jean-Baptiste Nicolas Troche, neveu de l'un de mes ancêtres, sont issus de recherches personnelles. Mes principales sources sont les matricules des officiers des registres de l'inscription maritime du Havre, consultables en ligne sur le site des archives de la Seine-Maritime. Tout ce qui touche au cadre de vie des marins est issu de nombreuses lectures d'ouvrages sur les bibliothèques en ligne, de dictionnaire en ligne, d'enquêtes et de témoignages en date du XVIIIe siècle, écrits en français et en italien. Cet article a nécessité trois semaines de préparation car je n'avais pas la moindre idée des réelles conditions de vie des marins. Toute la difficulté de ce choix pour un rendez-vous ancestral réside dans le fait que la période choisie était quelque peu charnière, à cheval entre un XVII-XVIIIe siècle de pirates et un XIXe siècle de marine commerciale. J'ai en conséquence tenté de présenter l'une et l'autre des deux facettes de la vie maritime. Ayant eu connaissance de très nombreux éléments concernant Jean-Baptiste Nicolas Troche, je n'ai évidemment pas tout dévoilé dans cet article. Il reste beaucoup à raconter sur ce personnage à la vie singulière. Aussi, soucieux d'assurer à cet article une tonalité romanesque qui est l'un de ses fils conducteurs, je me suis permis quelques arrangements avec certains faits : en 1816, Jean-Baptiste Nicolas Troche n'était pas chef timonier mais quartier-maître, il devient timonier puis chef de timonerie dans les années qui suivent. Le nom du capitaine concerne, il me semble, un autre bateau et un autre voyage. Quant au quartier-maître Alvarez, j'ai totalement imaginé ce personnage pour lequel je me suis inspiré de plusieurs personnes et d'un document que j'ai visionné dans le cadre de mes recherches. Toutes les recherches menées pourraient faire l'objet d'un article qui leur serait dédié. <u>Ce cinquième épisode marque une pause dans <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/blog-page_22.html" target="_blank">la chronique consacrée à la famille Troche</a> dont descend une arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère, qui reviendra lorsque j'en saurais davantage sur les pistes qu'il me reste à éclaircir. En raison de l'approche des partiels (reportés à cause des mouvements de grève), je pense ralentir le rythme de publication et de recherche jusqu'à la fin du mois de juin. En espérant que ce rendez-vous ancestral vous aura plu. A très vite !</u></span><br />
<span style="font-size: x-small;"><br /></span>
<span style="font-size: x-small;"><br /></span>
</div>
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Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-45650144454621615432018-05-11T04:20:00.000+02:002018-05-11T04:20:34.007+02:00Exploration des archives religieuses : de quels maux trépassaient nos ancêtres il y a trois siècles ?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Les actes de décès et leurs prédécesseurs ceux de sépultures, s'ils constituent des éléments primordiaux de toute généalogie, ne nous apportent que trop rarement des explications quant à la mort bien souvent prématurée de nos ancêtres. Il n'est pas rare qu'avant les années 1730, seules trois vagues lignes mal écrites et tâchées d'encre noirâtre nous indiquent le décès d'un aïeul, même si des exceptions existent par chance. De fil en aiguille, les archives religieuses de Rouen et de ses environs, auxquelles m'ont mené le hasard, des cloches et les seigneurs de Dreux, m'ont permis d'avoir une idée moins imprécise des divers maux dont périssaient nos ancêtres. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'ai quelque peu été aux abonnés absents ces derniers jours, non pas en raison d'un manque de sujets à aborder, mais plutôt à cause d'une inspiration légèrement essoufflée. Ce doit être l'air du temps, humide et gris en ce moi de mai, qui m'ôte toute détermination de terminer un article. Le quatrième volet de la <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/blog-page_22.html" target="_blank">chronique</a> consacrée aux Troche et à leur parcours près de Dieppe m'a passionné plus que je ne l'aurais pensé. Deux ou trois épisodes devraient le suivre, dont un épique qui se déroulerait à l'étranger, même si l'approche des partiels en juin va certainement ralentir ma cadence rédactionnelle. Aussi je pense différer leur publication aux vacances estivales. Mes recherches se sont par ailleurs diversifiées ces derniers jours en deux axes, avec en premier lieu la découverte d'une cinquantaine d'actes concernant des ancêtres du XVIIe siècle, puis, une enquête concernant deux familles dont j'aimerais vous parler d'ici le mois d'août, à savoir les Cordier - de la Houssaye - et les de Fiennes de la Planche, qui m'ont donné et me donnent encore, et ce n'est pas un vain mot, du fil à retordre. Enfin, je vais normalement recevoir d'ici peu le contrat de mariage des grands-parents de ma grand-mère, qui vivaient à Eauze dans le Gers, ce qui pourrait ou non éclaircir quelques-unes des zones d'ombre qui font de cette famille la moins connue de mon arbre. Mais trêve de bavardages, intéressons-nous maintenant au sujet de ce billet !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ZGCSBINOj84/WvS4QLsbE6I/AAAAAAAAAnw/KDdg0yyX4vExC-W1SuiPnwNfPZmhowBlACLcBGAs/s1600/Estampe%2Bd%2527une%2Bcloche%2B-%2BXVIIIe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1566" data-original-width="997" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-ZGCSBINOj84/WvS4QLsbE6I/AAAAAAAAAnw/KDdg0yyX4vExC-W1SuiPnwNfPZmhowBlACLcBGAs/s400/Estampe%2Bd%2527une%2Bcloche%2B-%2BXVIIIe.jpg" width="253" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Estampe d'une cloche - 1797 - Paris - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84127167.r=cloches?rk=21459;2" target="_blank">BNF</a> (Gallica)</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
D'aussi loin que je me souvienne, les cloches et leur musique m'inspirent une joie profonde et authentique dès qu'elles me font le bonheur d'arriver jusqu'à mes oreilles. Non, vous ne rêvez pas, ce sont les cloches qui vont introduire notre enquête. Tout commence lorsque, à la recherche de deux ancêtres nommées Elisabeth Hurel et Marie-Madeleine Le Commandeur, lors de la sombre époque révolutionnaire, je me mets en tête de feuilleter les nombreuses pages des registres de Pavilly, à une vingtaine de kilomètres de Rouen. Alors que je m'apprête à fermer le registre mal écrit, un premier acte peu banal attire suffisamment mon attention pour que j'y jette un rapide coup d'oeil. Et que je m'embarque par la même occasion dans une enquête que je n'avais même pas planifiée. L'un des intérêts de la recherche généalogique est, selon moi, cette influence non négligeable du hasard et de la surprise. Ne dit-on pas que de nombreuses découvertes se sont faites par le plus simple des hasards ? En remontant un peu plus loin dans ces mêmes registres, je tombe nez-à-nez avec une autre curiosité. La plus récente, en date du 19 mai 1788, est la bénédiction des quatre cloches de l'église de Pavilly. La seconde, du 16 janvier 1782, concerne le transfert des corps de deux seigneurs de Dreux morts à la fin du XVe siècle de l'église des Jacobins de Rouen jusqu'à celle de Pavilly, en présence des habitants, de quelques nobles et d'ecclésiastiques.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-z_ORKX--uz8/WvS9n4yO8XI/AAAAAAAAAoQ/d7iR_LvvV9ED599Ujx8qtIMgCJZxMls_QCLcBGAs/s1600/Cloches%2Bet%2BSeigneurs%2Bde%2BDreux.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="652" data-original-width="1557" height="167" src="https://1.bp.blogspot.com/-z_ORKX--uz8/WvS9n4yO8XI/AAAAAAAAAoQ/d7iR_LvvV9ED599Ujx8qtIMgCJZxMls_QCLcBGAs/s400/Cloches%2Bet%2BSeigneurs%2Bde%2BDreux.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extraits des registres de Pavilly - 1788 à g. et 1782 à d. - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2604630&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2604630&unittitle=Bapt%C3%AAmes,%20Mariages,%20S%C3%A9pultures&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Je vous invite à consulter les registres de Pavilly si vous souhaitez lire en totalité les actes, ce que je ne peux que vous recommander. Au passage, voici, de manière anecdotique, quelques passages de la bénédiction des quatre cloches, histoires de connaître les prénoms qui leur ont été donnés : "<i>[...] ont été bénies les quatre cloches de cette paroisse [...] ont eu pour parrain et pour marraine très haut et très puissant Messire Esprit Robert Le Roux [...] et très haute et très puissante Dame Marie Paule de Vienne de Pont-Carré [..] qui ont nommé la première Esprit Pauline et la troisième Robert Marie ; la seconde et la quatrième ont eu pour parrain et pour marraine très haut et très puissant Messire Louis Elie Camus de Pont-Carré [...] et très haute et très puissante Dame Marie Françoise Félicité de Morant [..] qui ont nommé la seconde Louise Félicité et la quatrième Morant Elise. La cérémonie a été faite en présence de Messire [...] Chanoine de l'église Métropolitaine de Rouen [...]"</i>. Les parrains et marraines ont ainsi pris soin d'immortaliser leurs noms dans ces cloches. Personnellement, j'ai un faible pour Esprit Pauline. Plutôt joli, pour une cloche, non ? Sans rentrer dans les détails du deuxième acte, qui concerne l'inhumation des dépouilles des illustres seigneurs de Dreux, je souhaite tout de même vous en citer un seul et unique passage, celui qui a attisé ma curiosité : "<i>[..] qui a conduit les susdits corps et ossements depuis l'église des Jacobins de Rouen jusqu'en celle de cette ville [...]</i>". </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'ignore s'il en va de même pour vous, mais j'ai été fort intrigué par la mention de toutes ces églises rouennaises. Pour avoir déjà fait de nombreuses recherches dans les registres de Rouen, ville d'où est originaire l'une des deux branches de l'ascendance de mon arrière-arrière-grand-mère normande - l'autre étant du coin de Dieppe et d'Auffay -, je peux vous assurer que cette cité historique regorge d'églises et de couvents. Si ce foisonnement de paroisses a d'ailleurs fortement compliqué mes recherches, nous allons cette fois en tirer partie !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-769vute39Bo/WvTJPbQFalI/AAAAAAAAAog/Fyj7sNe0LPkHRrur5MBLfMTFfx1ZCwN1wCLcBGAs/s1600/Fr%25C3%25A8re%2BJacques%2BFanconnot.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="269" data-original-width="1249" height="136" src="https://4.bp.blogspot.com/-769vute39Bo/WvTJPbQFalI/AAAAAAAAAog/Fyj7sNe0LPkHRrur5MBLfMTFfx1ZCwN1wCLcBGAs/s640/Fr%25C3%25A8re%2BJacques%2BFanconnot.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de sépulture de Frère Jacques Fanconnot - 1714 - Registres paroissiaux des Jacobins - Rouen - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2897297&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2897297&unittitle=1641%20-%201741&unitid=4E%2002218&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Je ne sais pas encore à quoi m'attendre, ouvrant le registre paroissial des Jacobins de Rouen comme l'on entrouve la porte cachée d'un château menant à une pièce qui nous est inconnue. Le suspens est grand et je me dirige vers les dernières pages, plus récentes, le registre s'étendant de 1641 à 1741. Et là, je n'en crois pas mes yeux. Les actes se succèdent sous mes yeux et j'entrevois çà et là quelques maladies, anecdotes et même le mot "chaises". En somme, des termes plus que rares pour des actes de cette époque. Il est évident que ces documents ne concernent, en règle générale, qu'un petit nombre d'individus, principalement des ecclésiastiques - certains diraient une élite - mais pas que ! J'en veux pour preuve l'acte de sépulture de Martine Havel, en date de l'année 1701, dont voici la transcription : "<i>En 1701 a été enterrée dans cette église vis-à-vis le pénultième de l'église du côté de la porte Martine Havel, veuve en secondes noces du sieur Duval ; elle avait loué les chaises pendant plus de trente ans et avait souhaité avoir une petite place après sa mort auprès du lieu où elles sont répétées ce qu'on a aisément accordé à ses parents et gratis.</i>" Ces quelques indications peuvent à première vue paraître légères, et pour autant, leur intérêt généalogique et historique n'est pas des moindres. Pour la première fois, un acte de sept lignes porte à ma connaissance une habitude de vie et un souhait personnel d'une dame qui vécut il y a plus de trois siècles. Il s'agit peut-être là de la seule information à caractère biographique, de la seule trace réellement parlante, que cette Madame Havel, parfaite inconnue, a laissée et immortalisée pour la postérité.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
D'autres actes, dont celui visible plus haut, font littéralement office de brefs rapports médicaux, souvent approximatifs quoique fort intéressants et significatifs. Ainsi, le Frère Jacques Fanconnot, convers et profés, meurt en 1714 de la petite vérole, à l'âge de quarante-cinq ans... Maladie qui emporta également Louis XV soixante ans plus tard... En juillet 1699, un tragique fait-divers est rapporté. Le jeune Jean Denis de Paul, douze ans, est inhumé au côté de son père dans la chapelle Notre-Dame de Liesse après s'être noyé dans la Seine, en tombant du quai de la Bouille. L'histoire qui m'aura certainement le plus attristé est celle du Père Pierre Sainneville dont le sort n'est guère enviable si l'on en croit l'acte détaillé dont voici l'essentiel : "<i>Le 29 octobre 1697 est décédé en cette maison le Père Pierre Sainneville, âgé d'environ soixante ans, profés du couvent de Gonesse et qui avait demeuré en celui-ci près de trente ans. Il avait des varices aux jambes dont une s'étant ouverte pendant la nuit il perdit tant de sang qu'on le trouva sans force <strike>et mourant</strike> dans l'église où il s'était trainé et mourut huit [heures] après [...] </i>".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-Pcg3-eaxG_4/WvTUyQhaWMI/AAAAAAAAAow/HA1MqiW21WcYkmIUgEkAefr9aef_pQw7QCLcBGAs/s1600/Couverture%2Bdu%2BLivre%2Bdes%2Bmorts%2Bde%2B1668.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="717" data-original-width="936" height="488" src="https://2.bp.blogspot.com/-Pcg3-eaxG_4/WvTUyQhaWMI/AAAAAAAAAow/HA1MqiW21WcYkmIUgEkAefr9aef_pQw7QCLcBGAs/s640/Couverture%2Bdu%2BLivre%2Bdes%2Bmorts%2Bde%2B1668.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Livre des Religieux morts </i>[...] - Ordre de la très Sainte Trinité et Rédemption des Captifs - Rouen - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2897345&unittitle=Rouen%20(communaut%C3%A9%20Mathurins%20Sainte-Trinit%C3%A9%20et%20r%C3%A9demption%20des%20captifs)...&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin ! Puisque les Jacobins et leurs registres nous ont permis d'appréhender quelles pouvaient être les multiples causes de décès il y a trois siècles, pourquoi n'irions-nous pas frapper aux portes des autres églises et paroisses de Rouen. Dominicains, Jésuites, Minimes, Pénitents, Ursulines, Visitandines... Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a du choix et de la variété à Rouen ! Je suis littéralement tombé sous le charme mystique et envoûtant du livre dont je vous ai affiché la première page ci-dessus. L'écriture est si belle, aérienne, légère et fluide, presque artistique à mes yeux. Il est écrit, sous le motif lui aussi bien dessiné quoique macabre : "<i>Livre des Religieux morts et autres personnes séculières enterrées dans l'Église des Religieux de l'Ordre de la Tressainte Trinité et Rédemption des Captifs de la ville de Rouen depuis le 15 septembre 1668.</i>" Je ne résiste pas à la tentation de tourner rapidement la page ! Il y a en effet fort à parier que ce petit grimoire surabonde de détails et d'anecdotes qu'il me tarde de découvrir. En voici quelques extraits :</div>
<ul style="text-align: left;">
<li>15 septembre 1668 : le Frère Barthélémy des Champs, natif de Coincy en Picardie, mort "<i>de la contagion</i>", est inhumé dans le cimetière où les Capucins qui périrent de la peste après l'avoir attrapée en soignant les "<i>pestiférés</i>" reposent ;</li>
<li>le 23 juillet 1750 : le Très Respectable Père Louis Delaporte, natif de Moreuil - toujours en Picardie -, meurt en ayant porté plus de cinquante années le saint habit, âgé de soixante-seize ans, "<i>attaqué deux jours plus tôt d'une apoplexie et d'une paralysie que n'ont pu guérir ni saignées, ni gouttes de Lilium, ni Elixir de M. André ni vésicatoires.</i>" ;</li>
<li>le 10 octobre 1745 : le Frère Jacques du Chesne, natif de Ry, près de Rouen, âgé de soixante-quatorze ans, est mort "<i>après voir passé quatre mois dans l'infirmerie sans y pouvoir faire un seul pas tout seul pendant lesquels il a reçu les sacrements de l'Église.</i>"</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Ces trois exemples me semblent représentatifs des maux dont nos ancêtres avaient parfois la malchance d'être atteints. Qu'il s'agisse de fléaux connus de tous comme la peste, de crises soudaines probablement favorisées par une mauvaise hygiène de vie, ou bien de maladies plus longues et invalidantes, tout est mentionné dans ces registres propres aux religieux. Ils auraient pu pareillement remplir, avec un tel souci du détail, les actes de sépulture des citoyens non-ecclésiastiques... Bien qu'il me soit arrivé, mais rarement, d'avoir une précision par le curé de la maladie dont souffrait un ancêtre. En revanche, je dispose de nombreuses informations en ce qui concerne mes ancêtres plus récents, dont le bilan médical d'une arrière-grande-tante que m'ont gentiment transmis des cousines. De notre visite chez les Trinitaires retenons aussi l'énumération des remèdes employés pour sauver ce pauvre Père Delaporte, que les successives saignées ont dû achever. Que diriez-vous maintenant si nous frappions à la porte des Récollets ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-LoW6IlL4_U0/WvTkhtRjEPI/AAAAAAAAApA/GXlMj-xZsroL-Wg8sknN7PB5V8MuEzgdACLcBGAs/s1600/Jean%2BDamasc%25C3%25A8ne%2BBourbon.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="308" data-original-width="644" height="306" src="https://4.bp.blogspot.com/-LoW6IlL4_U0/WvTkhtRjEPI/AAAAAAAAApA/GXlMj-xZsroL-Wg8sknN7PB5V8MuEzgdACLcBGAs/s640/Jean%2BDamasc%25C3%25A8ne%2BBourbon.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de sépulture du Frère Jean Damascène Bourbon - 18 novembre 1758 - Récollets - Rouen - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2898227&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2898227&unittitle=1644%20-%201780&unitid=3E%2000999&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Si les hasardeux remèdes utilisés pour sauver le Père Delaporte m'ont effaré bien qu'ils ne soient en rien anormaux en ces années-là, un air ahuri se dessine sans doute sur mon visage à la lecture de quelques mots de l'acte de sépulture du Frère Franciscain Jean Damascène Bourbon, en date du 18 novembre 1758. En voici une partielle transcription : "<i>Le huitième jour du même mois il fut attaqué d'une apoplexie qui s'étant changée en paralysie sur le côté droit de son corps, il perdit [?] toute connaissance qui, malgré les saignées du bras, du pied, à la jugulaire par trois fois & tous autres remèdes, a duré jusqu'à sa mort [...] </i>". En deux mots, ils ont taillé la jugulaire de cet infortuné... Je commence à douter sérieusement des compétences de quelques ancêtres chirurgiens que j'ai pu trouver par-ci par là... Quelques décennies plus tôt, le Père Michel Bara, est lui aussi frappé de malchance. N'ayant pas même soixante ans, voilà qu'il se retrouve atteint d'un mal qu'il me serait difficile de décrire : "<i> [...] il avait passé en religion trente-trois ans rendant de bons services et avec affection, jusqu'à ce que quatre ans avant sa mort l'eut [il fut] affligé d'une langueur perpétuelle causée par différents maux compliqués [...] à sa sortie de Montargis où la maladie l'avait attaqué [...] diminué considérablement à cause du peu de nourriture, ne pouvant presque rien avaler, ni retenir [...] et l'impossibilité de rien avaler [sauf] que quelques gouttes de bouillon [...] " </i>J'ai volontairement coupé certains passages qu'il me paraissait indécent de détailler. Je vous laisse imaginer l'état de ce pauvre homme, qui n'avait que cinquante et quelques années... Finissons avec le Respectable Père Paul de Meaux, originaire des environs de Verdun, le 25 novembre 1709 : " <i>[...] Dieu l'avait affligé depuis quelques années d'une surdité qu'il [dont il] souffrait avec bien de la patience. Sa dernière maladie, qui était une pulmonie, commença la nuit du 19 au 20 de ce mois [...] ayant augmenté considérablement le 24 au soir [...]</i> ". Nous avons ainsi, à mon avis, pris connaissance de suffisamment d'histoires et d'anecdotes pour nous faire une idée plus précise des maux dont trépassaient nos ancêtres quelques siècles en arrière. Pulmonies, crises d'apoplexie, paralysies, saignées, petite vérole...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-GtOVR3k8RIk/WvTxGaYQZuI/AAAAAAAAApQ/Owal3JO_jikkNN6yx_jJIM7YQhvk3g3bgCLcBGAs/s1600/Le%2BMalade%2BImaginaire.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1361" height="494" src="https://1.bp.blogspot.com/-GtOVR3k8RIk/WvTxGaYQZuI/AAAAAAAAApQ/Owal3JO_jikkNN6yx_jJIM7YQhvk3g3bgCLcBGAs/s640/Le%2BMalade%2BImaginaire.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le malade imaginaire, Molière - Estampe - Grand Siècle - Paris - Provient de la BNF (Gallica) - <b><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438362h?rk=21459;2" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Molière est sûrement celui qui a immortalisé le plus véridiquement l'inefficacité de la "médecine" de l'époque. Je ne crois cependant pas que les personnes dont nous venons de découvrir les maux en exagéraient les symptômes comme l'aurait fait ce cher Argan... Outre ces anecdotes historiquement significatives et parlantes, cette enquête que nous devons, je vous le rappelle, aux quatre cloches de l'église de Pavilly, nous a permis de découvrir non seulement l'importance et la précision mais aussi l'ampleur et la richesse des archives religieuses stricto sensu. Je vous souhaite une agréable fin de semaine. En attendant, je me suis plongé dans la fascinante lecture des Mémoires de Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI et témoin on ne peut plus proche des tourments de la Révolution. A lire sur le site de la BNF <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k468411/f8.item" target="_blank">à ce lien</a>. Un récit poignant teinté d'un royalisme parfois exacerbé ; mais surtout, un point de vue autre et inédit. Comme à l'accoutumée, un petit trésor de la BNF pour terminer sur une note artistique. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/--s6CplZvOjQ/WvT3J9uwh-I/AAAAAAAAApg/sgCNwZjc20ga6LwEjIV9XXmK2SO2t7ojgCLcBGAs/s1600/Consultation%2Bmalade%2B1507.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1113" data-original-width="1024" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/--s6CplZvOjQ/WvT3J9uwh-I/AAAAAAAAApg/sgCNwZjc20ga6LwEjIV9XXmK2SO2t7ojgCLcBGAs/s640/Consultation%2Bmalade%2B1507.jpg" width="587" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Consultation auprès d'un malade (TR) - Image - 1507 - Strasbourg - Provient de la BNF (Gallica) - <b><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10218796b.r=malade?rk=42918;4" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-83333200402705808552018-04-29T22:41:00.000+02:002018-05-03T13:35:52.180+02:00Les aventures de la famille Troche - Partie IV : L'Eaulne et ses secrets...<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Nous avons précédemment retrouvé la trace, au milieu du XVIIIe siècle, des membres de la famille Troche grâce à leurs signatures recueillies dans divers actes qui nous ont mené jusqu'au mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince en 1748, suite à une relation cachée. Nous allons maintenant remonter le long de l'Eaulne aux origines des Troche et des familles qui leur sont liées, en passant d'une rive à l'autre. L'occasion de découvrir l'histoire oubliée de ces vallées mystérieuses qui regorgeaient autrefois d'églises...</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Décidément, l'histoire de la famille Troche, dont descend l'une de mes ancêtres, se révèle riche en surprises de toutes sortes ! Très bientôt, l'un des hommes de cette famille au drôle de nom installée à Dieppe nous emmènera en voyage. Je ne vous en révèle pas plus pour le moment. La semaine dernière, nous sommes parvenus, en empruntant le sinueux chemin des signatures, à dénicher l'acte de mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince et à déterminer les circonstances de cette union qui marque l'installation de la famille Troche à Dieppe, à la fin de la décennie 1740. Cela nous a également permis de prendre connaissance de trois éléments-clés, à savoir l'identité des parents, l'âge et les paroisses d'origine des époux. Il ne m'en fallait pas davantage pour me lancer corps et âme à la recherche des ancêtres de la famille Troche, le long de l'Eaulne.<br />
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince se sont précipitamment mariés en janvier 1748, après la naissance de leur fils Jean Nicolas Charles, fruit d'une relation considérée à l'époque comme illégitime. Quelques mois plus tard, un autre mariage est arrangé à Sauchay, village situé près de Dieppe, entre les familles Troche et Le Prince. Les époux n'étaient que de jeunes adultes lorsqu'ils se sont connus, Anne Le Prince n'ayant pas même la vingtaine. Pour autant, à l'aube des années 1750, Jean Nicolas Troche est déjà orphelin de père et perd sa mère, Marguerite Le Moyne, en 1752. Je m'éloigne dès lors de Dieppe, à la recherche de son acte de baptême, conservé dans les registres du paisible Sauchay. Les quelques informations offertes par ce document en date du 6 avril 1724 ne font que confirmer ce qui est déjà connu. Jean Nicolas Troche a bel et bien pour parents Jean Troche et Marguerite Le Moyne, dont les noces sont encore fraîches. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-UUs_Rbq2Mqg/WuJbtm3ubmI/AAAAAAAAAis/pL5oP36PaVsIen_FikoIaHAJJZUQKvZRACLcBGAs/s1600/Mariage%2BTroche%2BLe%2BMoyne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="404" data-original-width="748" height="345" src="https://1.bp.blogspot.com/-UUs_Rbq2Mqg/WuJbtm3ubmI/AAAAAAAAAis/pL5oP36PaVsIen_FikoIaHAJJZUQKvZRACLcBGAs/s640/Mariage%2BTroche%2BLe%2BMoyne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de mariage de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne - 7 février 1723 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3651908&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3651908&unittitle=1722%20-%201734&unitid=3E%2000192&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
L'acte en lui-même ne diffère pas de la norme, n'apportant que d'élémentaires renseignements. Il permet toutefois d'aiguiller notre enquête selon deux pistes : Sauchay-le-Haut pour Jean Troche et Saint-Sulpice pour Marguerite Le Moyne. Une fois de plus, et cela n'est pas sans rappeler <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">le précédent chapitre</a>, l'intérêt de l'acte réside dans les signatures, et notamment celles des témoins, Adrien, Jean Ambroise Adrien et François Alix ou Alis. Ceux-ci vont jouer un rôle important par la suite. Intéressons-nous tout d'abord à l'épouse, Marguerite Le Moyne, native d'un village nommé Saint-Sulpice. J'ai naïvement cru, dans un premier temps, qu'il s'agissait de la commune de Saint-Sulpice-sur-Yères, réunie à celle de Saint-Martin-le-Gaillard.. N'y ayant rien trouvé de probant, je décide de m'en remettre à la carte de Cassini qui m'a souvent tiré de situations hasardeuses... <br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-iBV7guuh2lI/WuMM2ZBI7bI/AAAAAAAAAi8/shVI2bwPtaICIq-LysFhtrf9ynk6kh5mACLcBGAs/s1600/Saint%2BSulpice%2Bcarte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="493" data-original-width="1115" height="282" src="https://4.bp.blogspot.com/-iBV7guuh2lI/WuMM2ZBI7bI/AAAAAAAAAi8/shVI2bwPtaICIq-LysFhtrf9ynk6kh5mACLcBGAs/s640/Saint%2BSulpice%2Bcarte.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Saint-Sulpice-de-Bellengreville - Carte de Cassini - Géoportail - <a href="https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-cassini" target="_blank">LIEN</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
Marguerite Le Moyne est en réalité native de Saint-Sulpice-de-Bellengreville, aujourd'hui réunie à Bellengreville, que l'on voit sur la carte au sud de Sauchay, dont elle est séparée par l'Eaulne. L'histoire de Saint-Sulpice est fort ancienne. J'ai lu quelques pages de l'Histoire communale des environs de Dieppe d'Alexandre Auguste Guilmeth, édition Delaunay, consultable <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65229955/f15.image.r=pimont%20bellengreville" target="_blank">à ce lien</a> sur Gallica. En voici un passage : "<i>Outre l'église, il y avait anciennement, à Saint-Supplix sur Elne [Eaulne], une chapelle dite de Notre-Dame ; cette chapelle était encore sur pied en 1485. - On a recueilli à Saint-Sulpice, dans l'ancien cimetière de cette paroisse, une grande quantité de poteries antiques, de médailles romaines, des hachettes en bronze, et, à quelques pas de là, deux cercueils en pierre calcaire des environs</i>". A l'époque où Marguerite Le Moyne vécut dans cette paroisse, la population n'atteignait pas même les deux-cents habitants. Il y avait encore une chapelle dite de Veauvois, - littéralement la voie des vallons -, qui n'existe plus de nos jours.<br />
<br />
Il est étonnant de retrouver autant de vestiges en un si petit lieu. En 1399, la paroisse ne comptait que dix-huit feux, selon <a href="https://books.google.fr/books?id=G40g_iew7HsC&pg=PA572&dq=saint+sulpice+de+bellengreville&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwitoqeHyd_aAhVmB8AKHfAZAWYQ6AEIKDAA#v=onepage&q&f=false" target="_blank">la Mouture du Château d'Arques</a>. Un autre détail attire immédiatement mon attention, à savoir la graphie "Saint-Supplix" ou parfois "Saint-Souplis" pour désigner Saint-Sulpice. Une ancêtre rouennaise, qui n'est pas liée aux familles Troche et Le Moyne, portait les deux variantes du nom - <i>Supplix ou Souplis</i> - dont l'origine, en dépit de mes recherches, m'était toujours inconnue. Or l'étymologie de ce nom pourrait provenir de la paroisse Saint-Sulpice... De drôles de noms... Je ne tarde pas à retrouver l'acte de baptême de Marguerite Le Moyne, facile à repérer dans de si courts registres, d'autant que j'en connaissais déjà la date approximative. Née le 22 janvier 1701, Marguerite est la fille de Guillaume Le Moyne et de Catherine Delamare. Au fil des pages, j'apprends que Catherine Delamare est décédée en août 1710. La famille vit alors à Pimont. Curieux d'en savoir davantage sur cet endroit, je consulte le <a href="http://cths.fr/dico-topo/" target="_blank">dictionnaire topographique</a>. Fief et ferme de Bellengreville, Pimont est déjà mentionné dans les années 1500. Je croyais au départ que la demeure de mes ancêtres était cachée dans la forêt d'Arques, à l'ouest de Saint-Sulpice, avant de m'apercevoir qu'elle était attenante à Sauchay. Pimont était aussi le nom du bois qui s'y trouvait, bien que je n'en aperçoive aucun symbole sur la carte de Cassini. Pourquoi mes ancêtres se rendaient-ils à la paroisse de Saint-Sulpice et traversaient-ils la rivière alors qu'il vivaient plus près de celle de Bellengreville ? Encore une facétie généalogique... A moins qu'il y ait eu deux Pimont...<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-eOD3Yqu3R2g/WuMS1l0aC4I/AAAAAAAAAjM/r9bHkeydPhcY-O_oXKIw64n7x95NMGtLACLcBGAs/s1600/Adrien%2BAllix.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="453" data-original-width="1071" height="270" src="https://1.bp.blogspot.com/-eOD3Yqu3R2g/WuMS1l0aC4I/AAAAAAAAAjM/r9bHkeydPhcY-O_oXKIw64n7x95NMGtLACLcBGAs/s640/Adrien%2BAllix.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Baptême d'Adrien Alix fils d'Adrien - Août 1712 - Saint-Sulpice-de-Bellengreville - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/rechercher/archives-en-ligne/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Une nouvelle surprise m'attend, en août 1712. Une signature au nom de Jean Troche, sous l'acte de baptême d'un certain Adrien, fils d'Adrien Alix et de Marie Le Vilain. Il y a fort à parier qu'il s'agit de la même famille Alix présente au mariage Troche - Le Moyne une décennie plus tard. Serait-ce alors mon ancêtre Jean Troche qui était le parrain d'Adrien ? La même année, je découvre également que Guillaume Le Moyne s'est remarié avec une certaine Jeanne Lorin... Or je n'ai trouvé aucun remariage après le décès de Catherine Delamare, survenu en 1710. J'ai l'intuition qu'un autre lieu intervient dans toute cette histoire, mais lequel ? La famille Alix va de nouveau me livrer quelques indices... </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-7Xfq9bvsPi0/WuMZ6tuYqVI/AAAAAAAAAjc/vVT1KCGGppgqTpug0dE3nkCjVmt1oZxsgCLcBGAs/s1600/Mariage%2BAllix%2Bet%2BLe%2BMoyne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="623" data-original-width="1151" height="346" src="https://2.bp.blogspot.com/-7Xfq9bvsPi0/WuMZ6tuYqVI/AAAAAAAAAjc/vVT1KCGGppgqTpug0dE3nkCjVmt1oZxsgCLcBGAs/s640/Mariage%2BAllix%2Bet%2BLe%2BMoyne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Remariage d'Adrien Alix et de Marguerite Le Moyne veuve Moisant - 1718 - Saint-Sulpice - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/rechercher/archives-en-ligne/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Le 9 février 1718, Adrien Alix, veuf de Marie Le Vilain qui est décédée un an plus tôt, se remarie avec une certaine Marguerite Le Moyne, veuve de Pierre Moisan, originaire de la paroisse de Notre-Dame d'Envermeu, à l'est de Bellengreville, et qui surtout est la marraine de mon ancêtre elle-aussi nommée Marguerite Le Moyne. J'élabore peu à peu, à la lecture de ces éléments, une nouvelle théorie : et si Marguerite Le Moyne, veuve Moisant, était la soeur de Guillaume Le Moyne ? Cela expliquerait partiellement le rôle de la famille Alix qui connaîtrait ainsi à la fois les Troche et les Le Moyne. Il ne reste plus qu'à vérifier tout cela à Envermeu, ville célèbre pour les trésors historiques qui y ont été retrouvés. L'ouvrage intitulé Guide à Dieppe et aux environs, éditeur L. Abbema, <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6522991h/f114.image.r=envermeu?rk=321890;0" target="_blank">consultable sur Gallica</a>, décrit fort bien le trajet entre la forêt d'Arques et Envermeu. En voici un extrait : "<i>[...] On reprend ensuite la route d'Envermeu qui presque partout est à mi-côte : à gauche la terre s'élève à pic, et de l'autre côté de la verdoyante vallée que l'on domine, la forêt d'Arques découpe en festons le sommet du coteau. On arrive ainsi par une route magnifique au bourg d'Envermeu, un des plus considérables de nos environs. [...]</i>" L'imposante et majestueuse église Notre-Dame d'Envermeu ne tarde pas à me livrer ses secrets.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-5RskC0MZgo0/WuMhAxvj4TI/AAAAAAAAAjs/akkdgWadnFAPTPeLUsGWjoTGwHnf-lQuQCLcBGAs/s1600/Guillaume%2BLe%2BMoyne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="555" data-original-width="1391" height="254" src="https://3.bp.blogspot.com/-5RskC0MZgo0/WuMhAxvj4TI/AAAAAAAAAjs/akkdgWadnFAPTPeLUsGWjoTGwHnf-lQuQCLcBGAs/s640/Guillaume%2BLe%2BMoyne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte d'inhumation de Guillaume Le Moyne - Notre-Dame d'Envermeu - Septembre 1717 - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=1232671&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=1232671&unittitle=Bapt%C3%AAmes,%20Mariages,%20S%C3%A9pultures&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Transcription : "<i>Ce douzième [huitième étant barré] septembre a été inhumé dans l'église de cette paroisse Guillaume Le Moyne, laboureur, sindic de cette paroisse, mort hier à midi, âgé d'environ quarante-huit ans, après avoir reçu les saints sacrements, en présence de Pierre Moysant, son frère en loi, et Jean Vain, autre frère en loi, et Joseph Lorin, son neveu. Signatures.</i>" Frère en loi signifie tout simplement beau-frère. Tout concorde ainsi avec ma théorie initiale. Les registres de Notre-Dame d'Envermeu regorgent de renseignements sur la famille Le Moyne et peu à peu, la structure familiale prend forme. Guillaume Le Moyne avait quatre soeurs. L'ainée, Catherine, et la dernière, Anne, ont épousé des Lorin et Joseph Lorin est sûrement issu de l'un de ces mariages vu qu'il est le neveu de Guillaume. Une autre soeur, Jeanne, est l'épouse de Jean Vain, cité dans l'acte, et enfin, la quatrième soeur, Marguerite, que nous connaissons déjà, est l'épouse de Pierre Moisant puis d'Adrien Alix. Guillaume et ses soeurs sont quant à eux les enfants de Denys Le Moyne, syndic d'Envermeu, et de Jeanne Ligois, son épouse. L'acte de remariage de Guillaume avec Jeanne Lorin, qui me faisait défaut, est également inscrit dans les registres de Notre-Dame, en date de mai 1711. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-ibTRjj4-b6M/WuNPZgcdbYI/AAAAAAAAAj8/xZdacqWEgiUx4_F4QQcyvVaAI53GhfD9wCLcBGAs/s1600/Guillaume%2BLe%2BMoyne%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="483" data-original-width="934" height="330" src="https://4.bp.blogspot.com/-ibTRjj4-b6M/WuNPZgcdbYI/AAAAAAAAAj8/xZdacqWEgiUx4_F4QQcyvVaAI53GhfD9wCLcBGAs/s640/Guillaume%2BLe%2BMoyne%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de baptême de Denys Le Moyne fils - Octobre 1699 - Saint-Sulpice - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/rechercher/archives-en-ligne/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Une autre surprise m'attend. Catherine Delamare n'est pas la première épouse de Guillaume Le Moyne qui avait épousé quelques années plus tôt, en 1697, une certaine Marguerite Le Moyne - qui n'est pas sa soeur, rassurez-vous - à Envermeu. Tous deux se sont installés à Pimont l'année qui suivit. Ils n'eurent qu'un fils en 1699, mort peu de temps après sa naissance, et dont l'acte de baptême ci-dessus confirme une fois de plus les liens familiaux précédemment énumérés. En voici la transcription : "<i>Le [20 ou 22 ?] d'octobre 1699 a été baptisé Denys Le Moyne fils de Guillaume et de Marguerite Le Moyne, né du même jour, son parrain Denys Le Moyne, sa marraine Anne Le Moyne.</i>" Marguerite Le Moyne meurt quelques jours après la rédaction de cet acte, probablement des suites de son accouchement. Guillaume Le Moyne se remarie dans la foulée avec Catherine Delamare, originaire de Villy-sur-Yères, fille d'Adrien Delamare et de Marguerite Conseil ou Consis. La mère de Guillaume, Jeanne Ligois, meurt en 1709 et son père, Denys, se remarie immédiatement avec une femme bien plus jeune que lui...</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Tout semble décidément être histoire de remariage chez les Le Moyne ou Lemoine... Maintenant que nous avons reconstitué cette famille, intéressons-nous à son histoire et à la principale profession qu'occupèrent ses membres. Guillaume et Denys Le Moyne ont tous deux été syndics de la paroisse Notre-Dame d'Envermeu. Que cela signifie-t-il ? Les Anales de Normandie d'André Dubuc, <a href="https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1979_num_29_4_5354" target="_blank">consultables sur Persée</a>, m'ont permis de me faire une idée plus précise de la charge de syndic dans la généralité de Rouen.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-style: normal;">En
Normandie, le rôle des syndics n'était pas des moindres puisque les
villes et leurs paroisses n'eurent pas de municipalités constituées
avant 1787. Le charge est mentionnée dès le XIVe siècle et
consiste, à ses débuts, en la représentation des intérêts
propres à une communauté qui n'est pas forcément religieuse. Les
syndics seraient les équivalents des consuls du sud de la France.
Sachant que j'ai eu des ancêtres consuls dans des régions
n'appartenant pas au Midi, cela me paraît quelque peu bizarre. Je
souhaite surtout connaître les compétences et les prérogatives
propres à cette charge qu'occupèrent Guillaume Le Moyne et son père
Denys. Au début du XVIIIe siècle, les syndics étaient notamment
chargés du recouvrement du dixième de la taille à l'élection de
l'Intendance. En deux mots, une histoire d'impôts, la taille étant
un impôt initié suite à la Grande famine de 1709 et à la
situation économique catastrophique engendrée par la Guerre de Succession
d'Espagne. Ce prélèvement, s'élevant à hauteur d'un dixième,
concernait l'ensemble des revenus. Envermeu était comprise dans
une élection – une circonscription financière – où l'Intendant
royal déterminait la répartition de l'impôt avec l'aide des élus
locaux. Chaque province détenait ainsi ses propres règles. L'une
des particularités de celles de la généralité de Rouen réside
dans le fait que les syndics se sont vus attribuer un rôle plus
important même que celui du curé.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-style: normal;">Si je m'en réfère à ces Anales fort bien renseignées, les syndics étaient en théorie élus
tous les trois ans sous le porche de l'église, après la grande messe, par les
paroissiens, mais certains conservèrent leur
place des décennies durant. Après tout, j'ai rarement vu un
politicien ne pas désirer deux mandats. Il y aurait prétendument eu peu de gens aptes à exercer cette profession qui requérait la maîtrise de l'écriture, de la lecture, du calcul ainsi que la propriété. Ces conditions n'étaient pour autant qu'arbitraires, du moins en ce qui concerne le niveau d'instruction... A priori, les syndics étaient obligatoirement propriétaires de leurs biens. Au début du XVIIIe siècle, Guillaume Le Moyne était laboureur. Cela signifie qu'il possédait ses animaux, son matériel et qu'il
tirait des revenus de sa propre terre. J'en conclus alors que sa demeure de Pimont lui appartenait. Entre 1692 et 1702, la charge
est réglementée à coup d'édits royaux, qui lui confèrent un
statut perpétuel, voire héréditaire. Ces charges s'achetaient relativement cher à ce moment si je ne m'abuse. Il paraît même qu'elles se transmettaient dans les
héritages. Cela explique peut-être comment Guillaume Le Moyne a accédé à ce poste après la mort de son père Denys. Ironie du
sort, il meurt peu de temps après avoir obtenu
la charge, qu'il n'a ainsi pu conserver bien longtemps, à l'inverse de
son père, qui, pour l'anecdote, ne savait pas écrire... Les syndics
n'étaient par ailleurs pas obligés de résider dans la paroisse
concernée, mais Guillaume le Moyne préféra visiblement s'installer
à Envermeu où vivaient ses beaux-frères. Cette profession semble
plutôt agréable pour l'époque dans la mesure où elle présente
quelques avantages particuliers, dont l'exemption "de logement des gens de guerre, des
collectes, des tutelles et curatelles, des corvées royales, du
service de guet et de garde sur les côtes maritimes”. </span><br />
<br />
<span style="font-style: normal;">Guillaume Le Moyne fut sans doute l'un de
ces derniers privilégiés, et c'est le cas de le dire. Dès la fin
des années 1715, le caractère perpétuel de la charge est annulé
et de nouvelles conditions à son accessibilité sont décidées. Je
pense maintenant pouvoir répondre à la question que je me suis précédemment posée : Marguerite Le Moyne, l'épouse de Jean Troche,
tient possiblement sa maîtrise de l'écriture de son père. Ces éléments laissent à penser que la famille Le Moyne était proche de l'Église catholique, car si j'en crois ce que j'ai pu lire par-ci par-là, les curés gardaient une certaine influence lors de l'élection. J'ai en tout cas rarement vu une si grande concentration d'églises pour de telles vallées. Je n'ai pas retrouvé de traces de Denys Le Moyne et de Jeanne Ligois à Envermeu antérieures à la fin des années 1660, bien qu'il existe un registre couvrant, dans le désordre, la période 1575-1672. Un autre remonte même avant 1550. J'ai lu, dans un extrait de document, qu'il y avait déjà à Envermeu, vers le XVIème siècle je crois, un syndic nommé Denys Le Moyne. Est-il apparenté à mes ancêtres ? Depuis quand exercent-ils cette profession ? Une autre interrogation perdure : Jean Troche mentionné en 1712 dans les relations de la famille Alix et par extension des Le Moyne est-il mon ancêtre ?</span><br />
<span style="font-style: normal;"> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-5j7EukGUjzs/WuXYPzUMbgI/AAAAAAAAAkc/_PpeInMmL2wHorpS2CtJMGqb1Qfm-C8zgCLcBGAs/s1600/Signatures%2BTroche%2BIII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="231" data-original-width="537" height="274" src="https://3.bp.blogspot.com/-5j7EukGUjzs/WuXYPzUMbgI/AAAAAAAAAkc/_PpeInMmL2wHorpS2CtJMGqb1Qfm-C8zgCLcBGAs/s640/Signatures%2BTroche%2BIII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Deux signatures du Jean Troche de 1712 ainsi que celle, connue, de Jean Troche époux Le Moyne - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
Retour en 1712 au baptême d'Adrien Alix, fils d'Adrien et de Marie Le Vilain, à Saint-Sulpice. Le parrain, un certain Jean Troche, appose sa signature au-dessous de l'acte dont je possède deux variantes puisqu'il y a plusieurs registres pour cette année-là à Saint-Sulpice. Vous souvenez-vous du précédent chapitre, intitulé <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">Jeux de signatures</a> ? Et bien rebelotte ! Comparons les deux variantes de la signature du Jean Troche de 1712 - partie supérieure - avec celle de Jean Troche époux Le Moyne - partie inférieure -. On s'aperçoit très vite que Jean Troche époux Le Moyne écrivait de manière plus oblique, ses lettres penchent vers la droite et la boucle de son "J", arrondie, est reliée au "e". Il ne marquait par ailleurs aucun espace entre "n" le Jean et le "t" de Troche. Celui de 1712, au contraire, met bien un espace entre son prénom et son nom, écrit de manière plus droite voire même en penchant vers la gauche, et la boucle de son "J' n'est ni complètement fermée ni reliée au "e". Pour moi, ces signatures ne sont peut-être pas les mêmes et il y aurait deux Jean Troche. Pour autant, il est sûr et certain que les familles Troche et Alix se connaissent comment en témoignent les signatures de divers membres de la famille Alix aux deux mariages de Jean Troche, en 1721 et en 1723, dont je vous ai parlé au début de cet article.</span><br />
<span style="font-style: normal;"><br /></span>
<span style="font-style: normal;">Je crois d'ailleurs ne pas l'avoir mentionné, mais avant d'épouser Marguerite Le Moyne en 1723, Jean Troche s'était déjà marié une fois à Sauchay-le-Haut, en 1721, avec Marie Delabos, qui meurt en 1722 après avoir donné naissance à une unique fille, Marie-Anne. Ce remariage quasi-immédiat - comme il est coutume dans cette famille - m'a laissé quelque peu perplexe quant à l'âge de Jean Troche. Et de ce fait, quant à ma précédente conclusion selon laquelle il y avait deux Jean Troche... Car si Jean Troche époux Delabos puis Le Moyne était suffisamment âgé, il pourrait très bien être celui présent au baptême d'Adrien Alix en 1712. Sa signature n'aurait fait que varier entre-temps. J'en arrive donc maintenant à l'inverse de ma théorie initiale : un seul et unique Jean Troche aurait signé à différentes périodes de sa vie. Ma seule certitude est une nouvelle fois le lien avec la famille Alix, et notamment avec Adrien Allix, qui est devenu l'oncle par alliance de Marguerite Le Moyne. Il y a de quoi se faire des noeuds au cerveau avec ces trois familles emmêlées les unes aux autres : Troche, Alix et Le Moyne...</span><br />
<br />
<span style="font-style: normal;">Même si à ma connaissance il n'y a qu'un seul Jean Troche qui vivait à Sauchay-le-Haut vers 1720, je ne compte pas me lancer à la recherche hasardeuse de son acte de baptême sans en connaître la datation estimative. En généalogie, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Aussi, pour identifier de manière sûre l'année de naissance de Jean Troche, il ne me reste qu'une seule solution qui consiste à retrouver son acte d'inhumation, en espérant que son âge y soit indiqué. Il est dès lors nécessaire de reconstituer, page après page, la structure de la famille Troche, et tenter ainsi de cerner l'année de décès de Jean Troche. Le fils ainé de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne, né en 1724 et nommé Jean Nicolas, est mon ancêtre dont je vous ai déjà parlé. Suivent Jean-François Alexis en 1725 ; Charles en 1727 ; Antoine en 1729 ; Pierre en 1731 et Marie-Marguerite en 1735. </span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-odgjlFSXTUw/WuXpab35zOI/AAAAAAAAAks/kE_ACTYNaeQn7NJ1gfGc3tSrn_5fKdfXACLcBGAs/s1600/Marguerite%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="1141" height="190" src="https://4.bp.blogspot.com/-odgjlFSXTUw/WuXpab35zOI/AAAAAAAAAks/kE_ACTYNaeQn7NJ1gfGc3tSrn_5fKdfXACLcBGAs/s640/Marguerite%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de baptême de Marie-Marguerite Troche - 13 juin 1735 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3651944&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3651944&unittitle=1735%20-%201739&unitid=3E%2000192&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-style: normal;">L'acte de baptême de Marie-Marguerite Troche, dernière fille connue de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne, est décisif. En voici la transcription : "<i>Ce 13e jour de juin 1735 a été baptisée par moi vicaire de cette paroisse une fille née du légitime mariage d'entre feu Jean Troche et Marguerite Le Moyne, elle a été nommée Marie-Marguerite par Jacques Benet et Marie Troche, ses parrains et marraines qui ont avec nous signé.</i>" Ainsi, Jean Troche est décédé lorsque sa fille naît en juin 1735. Il suffit de faire le calcul - <i>que j'ai au passage dû refaire trois fois et mettre à l'écrit parce que je me suis embrouillé en comptant</i> - pour délimiter, en considérant que Marguerite Le Moyne était une épouse fidèle, ce qu'elle semble avoir été puisqu'elle ne s'est jamais remariée contrairement à son père et à son grand-père, un intervalle de mois au cours duquel Jean Troche est certainement décédé. Ici, cela donne au plus large une période septembre 1734-juin 1735. Or, deux épines généalogiques viennent compliquer quelque peu la situation...</span><br />
<br />
<span style="font-style: normal;">Il n'y a premièrement aucune trace de Louis Charles Troche, l'un des fils de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne, qui est pourtant mentionné, à Dieppe deux décennies plus tard, dans de nombreux actes concernant la famille Troche, comme étant bien bien le frère de Jean Nicolas et des autres, né vers 1733, et l'époux de Marie-Françoise Renié à partir de 1755... Il ne s'agit pas non plus de Charles qui lui épouse Catherine Le Prince et meurt en 1749. La paroisse d'origine de Louis Charles Troche n'est en plus pas indiquée dans son acte de mariage, ce qui est bien embêtant pour le coup. La seconde épine est directement liée à Jean Troche. Je n'ai pas retrouvé son acte d'inhumation dans les registres de Sauchay-le-Haut, même en élargissant au-delà du raisonnable mon intervalle. Il est forcément décédé ailleurs, mais où ? Saint-Sulpice ? Envermeu ? Dieppe... ?</span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-C2XbP31V5uA/WuX1rYfw53I/AAAAAAAAAk8/gPzAfuj_i6YTvvzOuK1O06Gmzj773WVlQCLcBGAs/s1600/Mariage%2BAllix%2B1732.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="736" data-original-width="770" height="610" src="https://3.bp.blogspot.com/-C2XbP31V5uA/WuX1rYfw53I/AAAAAAAAAk8/gPzAfuj_i6YTvvzOuK1O06Gmzj773WVlQCLcBGAs/s640/Mariage%2BAllix%2B1732.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de mariage Alix / Le François - 10 novembre 1732 - Envermeu Notre-Dame - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=1233257&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=1233257&unittitle=1732%20-%201733&unitid=4E%20304&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-style: normal;">Notre-Dame d'Envermeu m'est une nouvelle fois d'une aide précieuse. Si elle ne m'offre pas l'acte d'inhumation de Jean Troche, elle m'indique toutefois sa présence au mariage de Jean Ambroise Adrien Alix, fils d'Adrien Alix et de Marie Le Vilain que nous avons déjà rencontrés plus tôt. Le mariage a lieu en novembre 1732. En voici la transcription : "<i>Le dix novembre 1732, après la publication de trois bans de mariage faits en cette église par trois différents jours de dimanche et faite sans opposition ni empêchement tant civil que canonique entre Jean Adrien Ambroise Alix, fils d'Adrien et de défunte Marie Le Vilain, d'une part, et Marie-Françoise Le François d'autre part, [...], signatures.</i>". Devinez qui est présent, entre autres, à cette union. Jean Troche, évidemment, alors neveu par alliance d'Adrien Alix, ce dernier, veuf de Marie Le Vilain, s'étant remarié douze auparavant avec Marguerite Le Moyne. Divers membres de la famille Vain, époux et fils de Jeanne Le Moyne, sont également présents. Ces familles sont décidément très liées.</span><br />
<span style="font-style: normal;"><br /></span>
<span style="font-style: normal;">Je suis surpris par la signature de Jean Troche. Si l'on observe le "j" du Jean, on s'aperçoit qu'il ressemble davantage à celui des signatures de 1712... Tant que je n'aurais pas retrouvé l'acte d'inhumation puis l'acte de baptême de Jean Troche, le puzzle sera incomplet... Je profite de ce détour par les registres de Notre-Dame d'Envermeu puis par ceux de Saint-Sulpice pour reconstituer la structure de la famille Alix. En résumé, ces recherches donnent la filiation suivante : Jean Ambroise Adrien Alix, né en 1709, est le fils d'Adrien Alix (1670-1733), lui-même fils de François Alix (1647-1730). Ils assistent tous les trois au mariage de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne en 1723 si je m'en réfère aux signatures. Cependant, l'acte d'inhumation de Jean Troche manque toujours. Une fois de plus, tout est histoire de lieux et de paroisses. Souvenez-vous du précédent chapitre, au cours duquel nous avons retrouvé l'acte de mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince à Dieppe Saint-Jacques alors qu'ils ont presque toujours vécu à Dieppe Saint-Rémy. Avez-vous une idée de la paroisse où se cache l'acte d'inhumation de Jean Troche ? Deux petits indices : vous connaissez déjà une partie de ce nom, quant à l'autre, elle tire son nom du relief. La réponse figure sur la carte de Cassini.</span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-glUa4pTQaNs/WuX8befEgtI/AAAAAAAAAlM/hRIrQ3UEKC4kevyYQsdzG8YAu2NV-XFvQCLcBGAs/s1600/Jean%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="1035" height="204" src="https://3.bp.blogspot.com/-glUa4pTQaNs/WuX8befEgtI/AAAAAAAAAlM/hRIrQ3UEKC4kevyYQsdzG8YAu2NV-XFvQCLcBGAs/s640/Jean%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Baptême de Marie-Magdeleine Troche et inhumation de Jean Troche - 1734 - Sauchay-le-Bas - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3650369&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3650369&unittitle=Bapt%C3%AAmes,%20Mariages,%20S%C3%A9pultures&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-style: normal;">Sauchay-le-Bas ! Il y a effectivement deux Sauchay, l'un haut, l'autre bas, et du coup deux paroisses. Il ne s'agit pas d'un acte mais de deux que je repère grâce à la signature de Jean Troche. Le premier, en date du 16 septembre 1734, est le baptême de Marie-Magdeleine Troche, une autre fille de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne, dont je n'avais alors pas connaissance. Le second, l'inhumation de Jean Troche, est le plus important, car il indique l'âge de ce dernier à son décès le 3 octobre 1734, à savoir environ trente-cinq ans. Cela induit une naissance et un acte de baptême entre 1698-1700, et logiquement à Sauchay-le-Haut, puisqu'il s'agit de la paroisse d'origine des Troche.</span><br />
<br />
<span style="font-style: normal;">Je ne sais pas s'il en est de même pour vous, mais l'existence de deux paroisses de Sauchay, l'une d'en haut, l'autre d'en bas, m'intrigue. </span><span style="font-style: normal;">L'ouvrage dont je vous ai déjà parlé plus tôt, l'Histoire communale des environs de Dieppe d'Alexandre Auguste Guilmeth, édition Delaunay, consultable <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65229955/f15.image.r=pimont%20bellengreville" target="_blank">à ce lien</a>, m'apporte de nouveaux éléments fort intéressants sur l'histoire de Sauchay. Cette commune est située sur une plaine élevée qui est sans doute l'une des fameuses collines auxquelles fait référence le nom de la chapelle disparue de Saint-Sulpice, à savoir la chapelle de Veauvois. Disparue, c'est du moins ce qui est écrit dans le livre. Il y a peut-être encore des vestiges de cet édifice ancien. A l'origine, le village portait le nom de Notre-Dame du Bosc et s'étendait d'une part sur une vaste plaine aux alentours et d'autre part en contrebas des collines, jusqu'aux rives de l'Eaulne. Cette situation géographique particulière est à l'origine des deux noms de la commune dont la partie haute a pris le nom de Sauchay-le-Haut, et la partie basse, près de la rivière, de Sauchay-le-Bas. Je suis de nouveau surpris par la profusion d'églises et d'édifices religieux dans ces vallées. Sont mentionnées à Sauchay partie haute et partie basse confondues, dans le même ouvrage que j'ai cité plus-haut, l'église paroissiale dédiée à la sainte Vierge, la chapelle de Fricaut, le prieuré de Saint-Nicolas-des-Rendus et l'étrange église de Sauchay-le-Bas. Cette petite église, bien que décorée d'éléments datant de la Renaissance, abrite un choeur et une crypte du XIe siècle. Près de toutes ces églises, à deux pas du village d'Ancourt où se situait la place forte de Pontrancard assiégée par les anglais lors de la Guerre de Cent Ans, a été retrouvée "une quantité considérable de briques, de tuiles et de poteries romaines", pour reprendre les mots du livre.</span><br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-Tu1klWOS0bw/WuYHMHz6irI/AAAAAAAAAlc/Y03OemQBcmwiyXSnkCP-1rX1A1ifJdwkQCLcBGAs/s1600/Bapt%25C3%25AAme%2Bde%2BJean%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="299" data-original-width="1051" height="182" src="https://2.bp.blogspot.com/-Tu1klWOS0bw/WuYHMHz6irI/AAAAAAAAAlc/Y03OemQBcmwiyXSnkCP-1rX1A1ifJdwkQCLcBGAs/s640/Bapt%25C3%25AAme%2Bde%2BJean%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de baptême de Jean Troche - 16 mai 1698 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3651433&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3651433&unittitle=Bapt%C3%AAmes,%20Mariages,%20S%C3%A9pultures&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a><span id="goog_845052369"></span><span id="goog_845052370"></span></td></tr>
</tbody></table>
C'est finalement à Sauchay-le-Haut que je retrouve l'acte de baptême de Jean Troche, en date du 16 mai 1698. Transcription : "<i>Ce 16 mai a été baptisé par nous curé de la paroisse de Sauchay-le-Haut un enfant mâle né du même jour du légitime mariage d'entre Charles Troche et Marie Le Vilain, il a été nommé Jean par François Troche et Marie Bailly.</i>" Je peux enfin répondre à mes interrogations à propos des signatures de Jean Troche. Il me semble maintenant évident qu'il s'agit d'un seul et même Jean Troche, parrain du fils d'Adrien Alix, puis époux en 1723 de Marguerite Le Moyne, nièce d'Adrien. D'ailleurs, Jean Troche connaissait déjà la famille Alix avant d'épouser Marguerite Le Moyne, puisque Adrien Alix est déjà de témoin son premier mariage avec Marie Delabos en 1721. Cela signifie également que Jean Troche aurait été témoin à l'âge de quatorze ans, ce qui contrairement à ce que l'on pourrait croire, était courant à l'époque. Pour en savoir plus sur les parrains et les marraines, je vous invite à lire <a href="http://www.geneafrance.org/rubrique.php?page=bapteme" target="_blank">cet article</a> de GénéaFrance. A la lecture de cet acte, un autre élément m'intrigue. La mère de Jean Troche et épouse de Charles Troche s'appelait Marie Le Vilain. Or, avant d'épouser Marguerite Le Moyne, Adrien Alix était l'époux d'une certaine Marie Le Vilain, avec qui il s'est marié en 1707 à Sauchay. S'agirait-il de la même Marie Le Vilain ? Que nenni, puisque l'acte de décès de Marie Le Vilain épouse Alix indique qu'elle est née à la fin des années 1680. Il s'agit en fait d'un cas d'homonymie. Il se peut cependant que les deux Marie le Vilain aient été apparentées et que les relations entre Adrien Alix et Jean Troche viennent de là...<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-h5gKwOXs6LY/WuYNSJa_HLI/AAAAAAAAAls/u7yN6B37abUfLx57HvgqX9R_dSH7wstZwCLcBGAs/s1600/Charles%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="268" data-original-width="902" height="190" src="https://2.bp.blogspot.com/-h5gKwOXs6LY/WuYNSJa_HLI/AAAAAAAAAls/u7yN6B37abUfLx57HvgqX9R_dSH7wstZwCLcBGAs/s640/Charles%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte de mariage Troche / Le Vilain - Automne 1696 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3651433&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3651433&unittitle=Bapt%C3%AAmes,%20Mariages,%20S%C3%A9pultures&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
Les noces entre Charles Troche et Marie Le Vilain ont également lieu à Sauchay-le-Haut, au cours de l'année 1696, d'après l'acte ci-dessus dont voici la transcription : "<i>après avoir publié trois dimanches consécutifs les bans de mariage entre Charles Troche et Marie Le Vilain, ne s'étant trouvé aucun empêchement au dit mariage, nous avons [sommes] passé[s] à la célébration du dit mariage, en présence des parents soussignés.</i>" Vous le remarquez sûrement, il n'y pas de date mentionnée dans cet acte. J'ai donc dû, même s'il s'agit d'un détail de moindre importance, vérifier les dates des actes le précédant et le suivant, ce qui donne l'automne 1696 comme intervalle. L'autre détail précieux de l'acte est la signature de Charles Troche. Ce dernier savait ainsi écrire, comme son fils Jean, à qui il n'a cependant pu transmettre ce savoir... <br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-ZHc2WXiPO2U/WuYP0knYhAI/AAAAAAAAAl4/B040xuplG04NhHtr5kaYmKWbPaCvj5POACLcBGAs/s1600/Charles%2BTroche%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="495" data-original-width="1210" height="260" src="https://2.bp.blogspot.com/-ZHc2WXiPO2U/WuYP0knYhAI/AAAAAAAAAl4/B040xuplG04NhHtr5kaYmKWbPaCvj5POACLcBGAs/s640/Charles%2BTroche%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte d'inhumation de Charles Troche - 22 août 1699 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3651433&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3651433&unittitle=Bapt%C3%AAmes,%20Mariages,%20S%C3%A9pultures&unitid=&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
Alors que Jean vient à peine de naître, Charles Troche meurt à
Sauchay-le-Haut le 21 août 1699, à l'âge de quarante ans tout de même.
Son mariage avec Marie Le Vilain est en conséquence un probable
remariage. Plus intéressant encore, le père de Charles, un certain Jean
Troche, est présent au moment du décès... Transcription de l'acte : "<i>ce 22 août [1699] a été inhumé par nous curé de la paroisse de Sauchay-le-Haut dans notre église paroissiale de Sauchay Charles Troche, fils de Jean, mort du jour précédent, âgé d'environ quarante ans, en présence des parents soussignés</i>". On remarque que Jean Troche père ne sait pas signer, il ne peut donc être celui qui est présent au baptême d'Adrien Alix fils. Quant à Jean Troche fils, époux de Marguerite Le Moyne, il n'a malheureusement pas connu son père mais probablement son grand-père. Or, ni ce dernier ni Marie Le Vilain ne savaient écrire. Qui a donc enseigné l'écriture à Jean Troche fils ? Je doute fortement qu'il y ait eu une école au début du XVIIIe siècle à Sauchay...<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-1Tih0Y0jpIQ/WuYVL4q6h-I/AAAAAAAAAmI/UR2EwToaSAkWAc2nPqJSvNckRYh_MNAPQCLcBGAs/s1600/Troche%2BAlix%2BLe%2BMoyne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="1225" height="172" src="https://1.bp.blogspot.com/-1Tih0Y0jpIQ/WuYVL4q6h-I/AAAAAAAAAmI/UR2EwToaSAkWAc2nPqJSvNckRYh_MNAPQCLcBGAs/s640/Troche%2BAlix%2BLe%2BMoyne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Montage représentant le concept de la généalogie triangulaire - à partir de la Carte de Cassini - </td></tr>
</tbody></table>
Nous arrivons ainsi au terme de cet article retraçant de laborieuses recherches menées d'une rive à l'autre de l'Eaulne, afin de situer la famille Troche, et en particulier l'ascendance de Jean Nicolas Troche, en ce début du XVIIIe siècle, quelques décennies avant qu'ils ne s'installent à Dieppe où nous repartirons la prochaine fois. Les liens alambiqués entre les familles Troche, Alix et Le Moyne me paraissent ainsi partiellement éclaircis. Cela nous aura permis de découvrir quelque peu l'histoire de trois communes : Saint-Sulpice-de-Bellengreville, Envermeu et Sauchay. J'avais d'ailleurs pensé intituler cet article "généalogie triangulaire", en raison des liens de parenté triangulaire entre les Troche, les Le Moyne et les Alix, et du triangle formé par les villages de Sauchay et de Saint-Sulpice avec la ville d'Envermeu. Et puis finalement, "l'Eaulne et ses secrets" m'a paru plus approprié.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-ycIDTDWwTVM/WuYXRRBPRvI/AAAAAAAAAmY/y6IdiG-mvoUovKfXHgRhCeqID9QIWkLUQCLcBGAs/s1600/Famille%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="207" data-original-width="1135" height="116" src="https://3.bp.blogspot.com/-ycIDTDWwTVM/WuYXRRBPRvI/AAAAAAAAAmY/y6IdiG-mvoUovKfXHgRhCeqID9QIWkLUQCLcBGAs/s640/Famille%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Ascendance partielle de Jean-Nicolas Troche (1724-1772) époux d'Anne Le Prince - Recherches personnelles</td></tr>
</tbody></table>
Afin de mieux vous repérer dans cet article sans doute aussi alambiqué que les familles qu'il présente et leurs divers liens de parenté, je vous invite à lire les trois précédents chapitres de la chronique consacrée à la famille Troche, dont je descend par Juliette Troche, qui est la grand-mère de la grand-mère de mon grand-père, et l'arrière petit-fille de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince. Voici les trois premiers chapitres :<br />
<ul>
<li> <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/search?updated-max=2018-03-13T03:14:00%2B01:00&max-results=5&start=5&by-date=false" target="_blank">I- Du pays de Caux au littoral Dieppois</a> - introduction à partir de mon ancêtre Juliette Troche, née en 1813. L'article tourne autour des erreurs qui ont été diffusées sur l'ascendance de son père, et sur mes recherches pour retrouver son grand-père paternel Charles Antoine Troche, né à Dieppe en 1759 et décédé en 1838.</li>
<li><a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">II- De passage à Dieppe</a> - après avoir retrouvé la trace de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince, les parents de Charles Antoine Troche, nous sommes partis à la découverte des vieilles rues de Dieppe, ainsi que des anciennes fortifications de la ville. <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/une-neige-extraordinaire-recouvre-dieppe.html" target="_blank">Un article complémentaire</a> a été publié à propos de l'hiver 1709 à Dieppe, à partir des notices historiques de la paroisse Saint-Rémy.</li>
<li><a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/04/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">III - Jeux de signatures</a> - les recherches se compliquent et seules leurs signatures me permettront de retrouver Jean Nicolas Troche, sa mère Marguerite Le Moyne et son épouse Anne Le Prince, dans le Dieppe du XVIIIe siècle. L'article, qui s'achève avec la découverte des circonstances particulières du mariage Troche / Le Prince en 1748, nous fait par ailleurs découvrir les paroisses de Sauchay et d'Offranville.</li>
</ul>
Dans ce quatrième article intitulé l'Eaulne et ses secrets, j'ai réalisé une démarche particulière pour retrouver les origines des familles Troche et Le Moyne à partir de la famille Alix qui leur est commune, ainsi que de trois lieux, à la fois propres et communs à chacune de ces familles. Autrement-dit, il s'agit d'une généalogie triangulaire qui fait des allers-retours entre Envermeu, Sauchay et Saint-Sulpice-de-Bellengreville. J'ai pu cerner de manière plus précise la situation de ces familles dans la première moitié du XVIIIe siècle, par le biais de la charge de syndic exercée par certains ancêtres, ainsi que leur niveau d'instruction, au travers de leurs signatures. Les origines antérieures de ces familles ne sont pas encore connues car je ne m'y suis pas penché, même si les registres remontent avant 1550. Il y a encore beaucoup à chercher, sans compter les sources notariales qui peuvent offrir de nouveaux renseignements.<br />
<br />
Ceci-dit, les deux prochains épisodes de la chronique consacrée aux aventures de la famille Troche se dérouleront entre les années 1750 et 1850. Si tout se passe comme prévu, le sixième chapitre devrait nous emmener bien loin de Dieppe... Même si j'ai peu d'ancêtres originaires de Normandie, les archives de la Seine-Maritime numérisées m'ont permis d'amasser de nombreuses informations. J'ai ainsi décider d'y consacrer une chronique entière. Je vous propose, pour conclure ce quatrième épisode, de découvrir quelques-unes des nombreuses découvertes qui ont été faites dans les vallées et les communes dont je vous ai parlé ainsi qu'une carte accessibles en ligne grâce aux archives de la Seine-Maritime et la BNF :<br />
<ul>
<li>dessin d'un squelette de guerrier découvert à Envermeu - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_Fi_documents_figures%2FFRAD076_IR_Fi_cartes_documents_figures%2Exml&page_ref=40523&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=" target="_blank">Lien</a> ;</li>
<li>collier et bracelet découverts à Envermeu - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_Fi_documents_figures%2FFRAD076_IR_Fi_cartes_documents_figures%2Exml&page_ref=44545&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=" target="_blank">Lien</a> ; </li>
<li>Janval, objets en bronze découverts à Envermeu - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_Fi_documents_figures%2FFRAD076_IR_Fi_cartes_documents_figures%2Exml&page_ref=44011&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=" target="_blank">Lien</a>.</li>
</ul>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-uoWbuFWjhLA/WuYsnEbohkI/AAAAAAAAAms/GvkbtLbKeF4DorYHol7q1aFVOZtqYkJbgCLcBGAs/s1600/Carte%2Bdu%2Bgouvernement%2Bde%2BNormandie.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1454" height="462" src="https://2.bp.blogspot.com/-uoWbuFWjhLA/WuYsnEbohkI/AAAAAAAAAms/GvkbtLbKeF4DorYHol7q1aFVOZtqYkJbgCLcBGAs/s640/Carte%2Bdu%2Bgouvernement%2Bde%2BNormandie.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span id="documentAuthorText">Le Gouvernement général de Normandie - 1719 - Paris - Hyacinthe Jaillot - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7711047k.r=g%C3%A9n%C3%A9ralit%C3%A9%20de%20rouen?rk=21459;2" target="_blank">Lien</a><b><br /></b></span></td></tr>
</tbody></table>
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</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-75043966906403364632018-04-23T16:16:00.001+02:002018-05-01T13:37:04.823+02:00L'étrange mort de Louis Alexandre Gallet<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Le hasard m'a fait découvrir, en feuilletant les registres de Verneuil-sur-Seine dans les Yvelines, l'étrange mort de Louis Alexandre Gallet. S'il n'a pas de parenté avec ma famille, j'ai tout de même été suffisamment intrigué pour me pencher sur cette affaire. Rien de mieux qu'une brève et singulière enquête pour commencer la semaine ! </i></div>
<div style="text-align: justify;">
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Avant tout, je tiens à remercier la blogosphère généalogique ainsi que les personnes qui m'ont souhaité la bienvenue sur Twitter et qui ont lu ma première participation au rendez-vous ancestral. J'espère de tout coeur pouvoir participer au prochain, en mai. Cela dépendra de mon calendrier universitaire... J'en profite également pour remercier les lecteurs du monde entier qui sont venus sur mon journal ces deux derniers jours. Aujourd'hui, je tiens à vous faire part d'une mort suspecte dont j'ai eu connaissance par le plus simple des hasards, en parcourant les registres d'état-civil de Verneuil-sur-Seine, village des Yvelines situé à une bonne trentaine de kilomètres à l'ouest de la capitale. Un décès pour le moins intrigant...<br />
<br /></div>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-tLUDR8EfueE/Wt4T297o7ZI/AAAAAAAAAiM/-iwF2NL5Xrk29SwZ08AbKqFpakA7z5VcwCLcBGAs/s1600/Verneuil%2BCarte.bmp" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="537" data-original-width="1231" height="279" src="https://4.bp.blogspot.com/-tLUDR8EfueE/Wt4T297o7ZI/AAAAAAAAAiM/-iwF2NL5Xrk29SwZ08AbKqFpakA7z5VcwCLcBGAs/s640/Verneuil%2BCarte.bmp" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Verneuil-sur-Seine - <i>à gauche</i> - et ses environs - Carte de l'état-major (1820-1866) - Géoportail.gouv - <b><a href="https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-cassini" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div style="text-align: justify;">
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Automne 1847. La vie suit calmement son cours au bord de la Seine. Le village de Verneuil, à quinze kilomètres au nord de Saint-Germain-en-Laye, compte alors un peu plus de cinq-cents habitants, dont un certain Louis Alexandre Gallet. Né en 1782 dans la commune, cet homme déjà âgé, marié depuis quatre décennies avec Marie-Anne Sophie Jourdain, est père de trois enfants nommés Alexandrine, Jean-Baptiste et Louise. Tous trois ont quitté depuis plusieurs années le domicile parental et Louis Alexandre vit avec sa femme. Il subvient aux besoins du ménage en travaillant dans les champs bordant de part et d'autre le village. Jusque là, rien de bien extraordinaire. Et pourtant, le dimanche 10 octobre 1847, alors qu'elles rendent visite à leur père, Alexandrine et Louise Gallet, qui vivent à Paris, font une terrible découverte...</div>
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<br /></div>
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Il est trois heures de l'après-midi lorsque les filles du sieur Gallet arrivent à Verneuil, pour rendre visite à leurs parents qui vivent dans la Vieille rue. Parties le même jours de Paris où elles habitent, il leur tarde sans doute de revoir leur père. Mais alors qu'elles approchent de la maison, elles trouvent toutes les portes ouvertes. En ce début d'automne, il ne devait pas faire bien chaud dans le Bassin parisien. Surprises, elles entrent et cherchent leur père. Ce dernier ne répondant pas, et leur mère n'étant visiblement pas là, elles s'avancent vers le dernier endroit de la maison qu'elle n'ont pas fouillé, inquiètes. S'agirait-il d'un cambriolage ? De brigands ? Mais voilà qu'elles ne parviennent pas à ouvrir la porte menant à la minuscule pièce en question. Affolées, elles s'empressent d'avertir Jean-Baptiste Perrel, alors maire du village, qui se rend immédiatement sur les lieux. Accompagné des deux filles Gallet, il force la porte qu'il réussit à ouvrir et découvre une scène terrible, traumatisante, digne d'un roman policier.</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un enquêteur ou peut-être bien un policier arrive deux heures plus tard sur les lieux. Louis Alexandre Gallet, mort, est assis au bord d'une couchette de petite taille, à moitié étendu sur la paillasse, le matelas relevé de son dossier. Pour reprendre avec exactitude la description du rapport, le sieur Gallet a "<i>les pieds à terre, le bras gauche pendant, le coude droit appuyé sur le bord du lit, la main sur le genou droit et la tête appuyée sur cette main</i>". J'ignore si vous rencontrez le même problème, mais j'ai eu du mal à m'imaginer la position dans laquelle a été retrouvé Louis Alexandre Gallet. C'est non sans quelques hypothèses confuses que j'en ai déduit que la tête du sieur Gallet était en fait penchée vers le bas, de sorte qu'elle touchait la main appuyée sur le genou droit... Je n'ose imaginer l'effroi des filles Gallet...</div>
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<br /></div>
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D'autant que le décor se prête à cette lugubre découverte, si l'on en croit les mots de l'enquêteur : " [...] <i>j'ai été introduit dans une petite chambre basse qui n'a d'autre issue que la porte par laquelle on entre et qui peut avoir deux mètres carrés environ.</i>" Deux mètres carrés... Je peine à visualiser cette pièce même si j'imagine ce que l'on ressentait quand on devait y entrer : ni fenêtre ni aération, l'obscurité, une étroitesse oppressante et une possible odeur de renfermé... Vu que Louis Alexandre Gallet était allongé, j'en conclus que la pièce était de forme rectangulaire et que ses dimensions avoisinaient les deux mètres de longueur pour un seul de largeur. Ou l'inverse, mais dans ce cas, le sieur Gallet devait être petit La porte devait se situer à l'une des extrémités, ou bien face à la couchette, dans cet espace qui semble davantage s'apparenter à un placard qu'à une pièce. Un endroit où l'on n'aimerait guère dormir...</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La suite est surprenante. Entre les jambes de Louis Alexandre Gallet, une bouteille contient un reste d'eau-de-vie. Le corps, déjà froid, a pris une raideur cadavérique. D'après l'enquêteur, le visage est "<i>bouffie, bleuâtre</i>" et "<i>des mucosités suintent par les narines.</i>" N'étant pas amateur du registre macabre et des descriptions cadavériques, je ne vais pas en rajouter. En deux mots, Louis Alexandre Gallet a été retrouvé la face enflée, bleuâtre, le nez ensanglanté. Sans être expert, je pense ne pas trop m'avancer en affirmant que le visage est devenu bleu à cause d'une éventuelle asphyxie. Et effectivement, des pots de terre, trois pour être exact, contenant des résidus de charbon brûlé, ont été retrouvés juste devant le cadavre. Meurtre ? Accident ? Et bien non... Si les filles Gallet ont eu du mal à ouvrir la porte de ce recoin, c'est tout simplement parce que leur père l'avait "<i>calfeutrée en dedans avec les guenilles.</i>" </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je vous laisse deviner la conclusion de l'enquêteur : un suicide. "<i>De tout ce qui précède, je conclus que la mort du sieur Gallet Louis Alexandre est le résultat d'un suicide et qu'elle a eu lieu par asphyxie.</i>" Cela semble à mes yeux presque certain. Il n'y avait en effet aucune autre issue que la porte calfeutrée de l'intérieur, pas de fenêtre. Et Louis Alexandre avait dû boire une grande partie de la bouteille d'eau de vie, avant de s'asphyxier avec la fumée de charbon. L'enquête est officiellement terminée, en deux heures... Pour autant, les raisons de ce suicide ne sont pas connues et deux éléments m'intriguent. En premier lieu, je me suis demandé si les portes de la maisons "toutes ouvertes", l'avaient été par Louis Alexandre Gallet, et dans quel objectif ? Peut-être pour qu'on le retrouve facilement. Ou pour ne pas que l'odeur de charbon brûlé rende l'atmosphère de la maison irrespirable... Enfin, et cet élément m'a particulièrement interloqué : il n'est aucunement fait mention de Marie Anne Sophie Jourdain, l'épouse de Louis Alexandre, qui vivait pourtant avec lui. Elle n'était pas avec ses filles, ni à leur arrivée, ni au moment où accompagnées du maire, elles ont découvert le cadavre de leur père...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-oDUQ8Mf94tI/Wt3Z8zf_XpI/AAAAAAAAAhE/qyQKwmGq05suZf94U2Lh2ewc9W0ET8HpACLcBGAs/s1600/Louis%2BAlexandre%2BGallet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="259" data-original-width="764" height="216" src="https://1.bp.blogspot.com/-oDUQ8Mf94tI/Wt3Z8zf_XpI/AAAAAAAAAhE/qyQKwmGq05suZf94U2Lh2ewc9W0ET8HpACLcBGAs/s640/Louis%2BAlexandre%2BGallet.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait de l'acte de mariage Gallet / Jourdain - 14 mars 1807 - Verneuil-sur-Seine - <a href="http://archives.yvelines.fr/arkotheque/consult_fonds/fonds_seriel_resu_rech.php?ref_fonds=1" target="_blank">Archives des Yvelines</a> </td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Louis Alexandre Gallet savait écrire si je m'en réfère à son acte de mariage où il signe d'une écriture correcte. Aurait-il laissé une lettre ? Des explications ? Une question demeure... Pourquoi cet homme, âgé de la soixantaine, s'est-il suicidé, laissant une veuve et trois enfants fort probablement traumatisés ? Je me suis demandé s'il était dépressif ou alcoolique, ce que nous ne pourrons évidemment pas déterminer, du moins à partir des documents accessibles en ligne. Une autre théorie plus probable est celle de possibles dettes et difficultés financières. Louis Alexandre Gallet travaillait encore, à soixante-cinq ans passés, comme journalier. Sa vie ne devait pas être simple tous les jours. Je n'ai pas trouvé d'éventuels actes notariés et testament dans les répertoires des registres notariaux de Triel-sur-Seine. La presse locale ancienne numérisée ne débute malheureusement qu'à partir de 1848 et même sur Gallica il n'y a rien à propos de cette sombre histoire... Les recherches généalogiques ont aussi leurs limites.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette affaire a dû préoccuper les Vernoliens - <i>habitants de Verneuil-sur-Seine </i>- puisqu'il s'agit du seul et unique décès de la commune pour le mois d'octobre 1847. Quant à Marie Anne Sophie Jourdain, l'épouse de Louis Alexandre Gallet, elle vécut à Verneuil jusqu'à sa mort en 1864, dix-sept ans plus tard, et ne se remaria pas. Des trois enfants de Louis Alexandre, je n'ai retrouvé la trace que de la fille ainée, Alexandrine, qui vivait apparemment toujours à Paris plusieurs années après le drame. Louis Alexandre Gallet vivait dans la Vieille rue, mais si j'en crois le recensement de 1851, le nom de la rue a changé entre temps. Les répertoires que l'on trouve dans les matrices cadastrales ne m'ont pas offert davantage de renseignements. Mais je suppose que toute histoire doit garder sa part de mystère. Je vous laisse découvrir le bref rapport d'enquête.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/--k2KujfLu7Q/Wt3h5mqeU7I/AAAAAAAAAhU/yTjFyJqS2YkiX5nwAFujVddIRoBUwbjxwCLcBGAs/s1600/Verneuil%2Bsur%2BSeine%2BEnqu%25C3%25AAte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="968" data-original-width="508" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/--k2KujfLu7Q/Wt3h5mqeU7I/AAAAAAAAAhU/yTjFyJqS2YkiX5nwAFujVddIRoBUwbjxwCLcBGAs/s640/Verneuil%2Bsur%2BSeine%2BEnqu%25C3%25AAte.jpg" width="335" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Rapport d'enquête - Verneuil-sur-Seine - <a href="http://archives.yvelines.fr/arkotheque/client/ad_yvelines/recherche/recherche_globale_resultats.php?source=seriel&ref_fonds=1" target="_blank">Archives des Yvelines</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ce document est consultable aux cent soixante-treizième et cent soixante-quatorzième pages du registres de Verneuil-sur-Seine couvrant la période 1839-1855, après les tables alphabétiques de l'année 1847. La côte du document est la suivante : 1134360. Le rapport n'est pas très bien écrit, aussi j'ai réalisé une transcription en ralentissant légèrement le rythme - dans le texte original les phrases sont beaucoup trop longues - sans évidemment modifier quoi que ce soit. Transcription :<span style="font-family: "times new roman" , serif;"> "<i>Aujourd'hui
dix octobre mil huit cent quarante-sept à cinq heures de relevée.
Je soussigné, certifie que sur la réquisition de Monsieur le Maire
de Verneuil, je me suis transporté dans la dite commune pour y
constater la mort du nommé Gallet Louis Alexandre, âgé de
soixante-cinq ans, journalier. Arrivé sur les lieux j'ai été
introduit dans une petite chambre basse qui n'a d'autre issue que la
porte par laquelle on entre et qui peut avoir deux mètres carrés
environ. J'y ai trouvé le dit Gallet assis le bord d'une petite
couchette dont le matelas était relevé sur le dossier. Il était
sur la paillasse, les pieds à terre, le bras gauche pendant, le
coude droit appuyé sur le bord du lit, la main sur le genou droit et
la tête appuyée sur cette main. Trois pots de terre sont devant
lui, ils contiennent le résidu de charbon brûlé. Une bouteille
entre les jambes, elle contient encore environ 60 grammes
d'eau-de-vie. Le corps est déjà froid, la face est bouffie,
bleuâtre ; des mucosités sanguinolentes suintent par les narines.
Il y a déjà un peu de raideur cadavérique. Il paraît que ce n'est
que vers trois heures de relevé, que les filles du-dit Gallet, qui
habitent ordinairement Paris et qui sont venues pour le voir, ont
trouvé les portes de la maison ouvertes et ne voyant pas leur père,
elles ont été pour ouvrir celle de cette chambre basse et y ayant
trouvé de la résistance, elles ont été chercher Monsieur le
Maire, qui s'y étant transporté de suite a poussé la porte qui ne
présentait de résistance que parce qu'elle était calfeutrée en
dedans avec des guenilles. De tout ce qui précède je conclus que la
mort du sieur Gallet Louis Alexandre est le résultat d'un suicide et
qu'elle a eu lieu par asphyxie. Fait à Verneuil les jours, mois et
an que dessus. Signatures</i>"</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
1847 fut aussi une année éprouvante pour certains de mes ancêtres qui vivaient alors à Verneuil-sur-Seine et juste à côté, à Médan. Je suis actuellement entrain d'enquêter sur ces événements dont je ne vous parlerai pas pour le moment, étant en pleine recherche. Nul doute que la mort de Louis Alexandre Gallet, même s'il ne leur était pas apparenté et qu'il ne vivait pas dans leur rue, les a choqués. En parlant des Yvelines, j'en profite pour adresser mes sincères remerciements au personnel des Archives de ce département, qui m'apporte une aide précieuse dans mes recherches. Leur plateforme en ligne est l'une des meilleures de France avec celle de la Seine-Maritime, tant par la richesse que par la diversité des fonds qui sont proposés. Si tous les départements, notamment ceux du Sud-Ouest, faisaient de même, ce serait magnifique ! Finissons avec le <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/blog-page.html" target="_blank">projet RAR</a> - Relevés anecdotiques des recensements - que je poursuis, seul pour le moment. J'ai terminé la première étape - dix-huit familles au total - du <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/projet-rar-recensement-de-carcassonne.html" target="_blank">relevé des anecdotes du recensement de Carcassonne en 1851</a> dont je vous ai parlé <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/carcassonne-du-recensement-de-1851-la_19.html" target="_blank">il y a un peu plus d'un mois déjà</a>, et j'en ai rajouté <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/registre-civique-du-district-de-saint.html" target="_blank">un autre</a> concernant les hommes de la commune de Vernouillet, dans les Yvelines, répertoriés dans le registre civique du district de Saint-Germain-en-Laye de 1791. Ce projet est évidemment ouvert à tous les blogueurs généalogistes amateurs. Son principe : relever toutes les anecdotes présentes dans les recensements de population, les familles qu'elles concernent, mais aussi tous les recensements qui sortiraient de l'ordinaire, comme celui de 1791. Et ce dans le cadre de l'entraide généalogique, pour aussi trouver de nouvelles idées d'articles.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je vous laisse avec cette gravure sur le thème très réjouissant du suicide - <strike><i>on aborde tous les sujets en généalogie</i></strike> - en espérant que cette enquête vous a intéressé autant que moi. A bientôt !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-zVsczLpgZi8/Wt3lXUkLViI/AAAAAAAAAhg/0Th8yRKZMII5AAA17KR_2hJ3Y4dD6WDLACLcBGAs/s1600/Gallet%2Bsuicide.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1053" data-original-width="1206" height="558" src="https://1.bp.blogspot.com/-zVsczLpgZi8/Wt3lXUkLViI/AAAAAAAAAhg/0Th8yRKZMII5AAA17KR_2hJ3Y4dD6WDLACLcBGAs/s640/Gallet%2Bsuicide.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Condorcet commits the Act of suicide</i> [...] - Alexandre Fragonard et Giacomo Aliprandi - Gravure - 1803 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6950510b.r=suicide?rk=193134;0" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-6876916928215572872018-04-21T16:13:00.000+02:002018-04-21T18:29:39.721+02:00 Rendez-vous ancestral : Un jour d'été à Rivel<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i>J'ai découvert il y a quelque temps le </i><i><b>RDVAncestral</b>, un exercice mêlant écriture et généalogie, qui consiste à remonter le temps pour rencontrer ses ancêtres. Je viens tout juste de lire que l'un de ces rendez-vous a lieu aujourd'hui. Un peu pris au dépourvu, je décide tout de même de m'y lancer. </i><i>C'est la première fois que j'y participe. </i><i>Après tout, l'écriture me passionne autant que la généalogie et en ce samedi ensoleillé, l'inspiration ne me manque pas. Je vais ainsi remonter les années pour rencontrer, le samedi 8 juillet 1905, la grand-mère de mon grand-père maternel, Louise Faure, et sa famille, domiciliées à Rivel, charmant village caché au milieu des collines du sud-ouest de l'Aude...</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dong... Dong... ! L'écho des cloches se fait joyeusement entendre dans les rues fleuries de Rivel. Cette douce mélodie semble bercer le village, entouré de part et d'autre de collines. D'un côté, l'Ariège et ses sombres immensités forestières que dominent majestueusement les Pyrénées. De l'autre, les paysages méditerranéens de l'Aude et des Pyrénées-Orientales. J'ai comme une impression d'Italie. Le ciel est d'un bleu éclatant, splendide. Il fait déjà bien chaud en cette joyeuse matinée estivale. Des habitants reviennent au loin du marché, les bras chargés de fruits, de légumes et de viande. Les grands-mères tiennent les mains de leurs petits-enfants, les adultes rient et avancent gaiement. Deux jeunes femmes, la trentaine tout au plus, s'approchent et s'assoient sur les rebords de la fontaine derrière moi, sèche en cette saison. L'une d'elle est blonde, son air m'est familier. Vêtue d'un haut blanc et d'une robe foncée serrée à la taille, elle parle en un patois compréhensible avec l'autre femme. J'écoute discrètement, sans me retourner, faisant mine d'attendre quelqu'un. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
-Boudu, qu'il fait chaud, et surtout avec toutes ces bonnes choses que nous avons ramenées du marché !</div>
<div style="text-align: justify;">
-Et pardi ! C'est qu'il en faut, de la nourriture, pour satisfaire toute cette famille ! </div>
<div style="text-align: justify;">
-Hé... Tu ne crois pas si bien dire ! Tu seras gentille de m'apporter quelques assiettes et couverts en plus.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Ne t'en fais pas ma chère ! Et qui vient alors ?</div>
<div style="text-align: justify;">
-Oh, vois-tu, nous serons davantage encore que le mois dernier !</div>
<div style="text-align: justify;">
-Les cousins de Sète ?</div>
<div style="text-align: justify;">
-Oui, et ceux de Puivert, de Bélesta et de quelques coins de Provence de ce que dit Jean-Pierre.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Eh bé ! ça en fait ! Vas-y, Louise, je te rejoins avant midi. Je t'apporte les assiettes, ne t'en fais pas !</div>
<div style="text-align: justify;">
-Merci Cécile ! lui répond Louise, d'une tape amicale sur l'épaule.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-4V9yDHIKLnw/WtsuiVN7D9I/AAAAAAAAAf0/9d_0ow-u8js3gPkfLKrkoJ1BCliPtfXvwCLcBGAs/s1600/Rivel%2Bfontaine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="514" height="448" src="https://1.bp.blogspot.com/-4V9yDHIKLnw/WtsuiVN7D9I/AAAAAAAAAf0/9d_0ow-u8js3gPkfLKrkoJ1BCliPtfXvwCLcBGAs/s640/Rivel%2Bfontaine.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Une fontaine à Rivel </td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Louise, Cécile... ! Mais bien sûr ! Ce ne peut être que Louise Faure, la grand-mère de mon grand-père, et sa belle-soeur Cécile, l'épouse de son frère Jean-Pierre. Alors que Cécile s'éloigne vers une ruelle, Louise tente tant bien que mal de reprendre toutes ses commissions. Je réalise alors qu'elle doit rapporter tout cela chez elle, aux Marais, la ferme perchée sur la colline, à gauche, après l'église Sainte-Cécile ! Voulant l'aider, je m'approche d'elle, le sourire timide. Elle se retourne brusquement et s'exclame, d'un accent très prononcé :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
-Oh ! Que vous m'avez fait peur !</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle m'observe ensuite quelques secondes, de haut en bas, l'air perplexe :</div>
<div style="text-align: justify;">
-Mais vous n'êtes pas d'ici, vous ?</div>
<div style="text-align: justify;">
-Non... Enfin si ! Ce n'est pas très simple en fait... ! lui répondis-je en insistant bien sur l'accent.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Ah, mais vous avez un peu le parler d'ici.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle me fixe alors, fronce quelque peu les sourcils, dubitative. </div>
<div style="text-align: justify;">
-Ah, mais vous êtes un cousin de Sète peut-être ?</div>
<div style="text-align: justify;">
-Euh oui. C'est cela.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Je savais bien que je vous avais déjà vu quelque part ! me lança-t-elle, d'un sourire amusé.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Cela fait longtemps que je ne suis pas venu ici ! </div>
<div style="text-align: justify;">
-Ah, vous vous êtes perdus. Venez, aidez-moi à porter ça jusqu'à Loustet, en haut, là-bas, après Sainte Cécile !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Nous partons alors vers l'église. La pente est raide, j'ai les bras chargés de pain, de poissons et de desserts principalement. Le reste, fruits, légumes et viandes, sont sans doute issus de la ferme. J'en déduis que comme la tradition le veut dans cette famille, un repas réunissant tous les cousins aux Marais - ou à Loustet, comme le dit Louise - a lieu en ce samedi estival. Mon arrière grand-mère, Marie-Vincentine, la fille de Louise, a perpétué la tradition jusque dans les années 60. Ma mère s'en souvient d'ailleurs. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-rVxbryPg2zQ/Wtsvj0ojdsI/AAAAAAAAAgA/Sh0V6Ml5cs4t7omoHWgFeHM6rVqGFHmOACLcBGAs/s1600/%25C3%25A9glise%2BSainte-C%25C3%25A9cile.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="640" height="360" src="https://1.bp.blogspot.com/-rVxbryPg2zQ/Wtsvj0ojdsI/AAAAAAAAAgA/Sh0V6Ml5cs4t7omoHWgFeHM6rVqGFHmOACLcBGAs/s640/%25C3%25A9glise%2BSainte-C%25C3%25A9cile.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'église Sainte-Cécile de Rivel</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le soleil était d'une chaleur plus qu'agréable ! Alors que nous arrivons à hauteur de l'église, Louise s'arrête et me dit :</div>
<div style="text-align: justify;">
-Teh, voyez-vous, je vais vous raconter quelque chose. La mère de mon père s'appelait Louise. Louise Huillet. Je ne l'ai pas connue mais je porte son prénom. J'ai entendu dire qu'elle a vécu à Rivel toute sa vie, il y a longtemps déjà. Elle repose dans ce cimetière. A chaque fois que je passe ici, je pense à elle.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Quelle belle histoire ! lui répondis-je, émerveillé à l'entendre raconter ses souvenirs.</div>
<div style="text-align: justify;">
-On va passer prendre quelques plantes qu'il me faut. C'est sur le chemin, pas de détours eh, on ne sait jamais, il y a quelques fadas par ici ! </div>
<div style="text-align: justify;">
Je la suivais, épaté. Voyant ma joie, Louise se mit à me tutoyer :</div>
<div style="text-align: justify;">
-Puisque tu es de la famille, je vais te dire tu. </div>
<div style="text-align: justify;">
-Avec plaisir ! lui dis-je en souriant.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Vois-tu, Rose, ma mère, et Jeanne, sa mère, mon autre grand-mère, m'ont appris tout ce qu'elles savaient sur les plantes. C'est quelque chose qui s'enseigne à chaque génération !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Uy6FeD69pr4/Wtsh1U9gYEI/AAAAAAAAAfk/-Ajim-TwTYoEPDVghZGohNcHOuzuvWJCQCLcBGAs/s1600/Rivel%2Bchemin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-Uy6FeD69pr4/Wtsh1U9gYEI/AAAAAAAAAfk/-Ajim-TwTYoEPDVghZGohNcHOuzuvWJCQCLcBGAs/s640/Rivel%2Bchemin.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le chemin après l'église Sainte-Cécile</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Après<i> </i>une bonne heure de marche, nous arrivons à Loustet. Il fait très chaud, il est presque midi. Je découvre l'endroit où vivent Louise et sa famille. Mon grand-père y est né en 1930. Ce lieu semble idyllique et fort ancien, comme s'il n'avait pas changé depuis des siècles. Il y a des arbres et des fleurs partout. Là-bas, une vieille grange où sont rangés les pelles, les râteaux, la paille... Et en face, une maison en pierre, chaleureuse et couverte de végétation quoique légèrement délabrée, se dresse devant moi. Cette construction semble exister depuis deux millénaires. C'est en tout cas mon impression. Je vois un jardin heureux, plus loin, un mur très ancien, qui s'écroule, et une vue magnifique sur tout le coin. Une fillette toute joyeuse, suivie d'une dame plus âgée et souriante, arrive et s'écrit :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
-Mère, mère ! J'ai ramassé des fleurs avec grand-mère ! s'écrit une jeune fille de quatre ans à peine, qui est Marie-Vincentine, mon arrière-grand-mère.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Marie s'est bien amusée ! Nous sommes descendues tôt jusqu'au lavoir et en remontant, nous avons fait quelques bouquets. Nous les offrirons aux cousins. dit d'un ton chaleureux une dame assez âgée, qui est sans doute Rose, la mère de Louise.</div>
<div style="text-align: justify;">
Puis elle me regarda, intriguée, et me demanda :</div>
<div style="text-align: justify;">
-Jeune homme, quel bon vent vous emmène ici ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Louise répondit à ma place :</div>
<div style="text-align: justify;">
-C'est un cousin de Sète, mère. Cela fait longtemps qu'il n'est pas venu ici. Il s'était perdu quand je l'ai trouvé et m'a aidé à rapporter la nourriture pour le repas.</div>
<div style="text-align: justify;">
Rose me regarda d'un air suspect et appela son fils :</div>
<div style="text-align: justify;">
-Jeannot ! Viens-voir !</div>
<div style="text-align: justify;">
-Un jeune homme, blond aussi, qui me rappela mon grand-père, sortit par la très vieille porte surmontée de végétation.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Que se passe-t-il, mère ?</div>
<div style="text-align: justify;">
-Louise a rencontré ce jeune homme qui dit être un cousin de Sète ou de Provence. C'est vrai qu'il a un air familier. Toi qui y vas souvent, qu'en penses-tu ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Il me regarda, perplexe.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Je ne sais que dire. Ce doit être lui... Tante Pétronille est à l'intérieur, je vais le lui demander, elle qui vit à Sète depuis des lunes, elle devrait le savoir.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-Kc6nHdBgCIc/Wts1bGfmkuI/AAAAAAAAAgQ/azCQwUj8F5UdYAcC3zLvqN48WepW0U-nwCLcBGAs/s1600/Loustet%2BIII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="826" data-original-width="480" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-Kc6nHdBgCIc/Wts1bGfmkuI/AAAAAAAAAgQ/azCQwUj8F5UdYAcC3zLvqN48WepW0U-nwCLcBGAs/s400/Loustet%2BIII.jpg" width="231" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Fleurs et arbustes au Marais / à Loustet</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
Je comprends qu'il est alors temps de m'éclipser. Je ne voudrais pas que ma venue perturbe davantage une journée qui s'annonce si joyeuse pour cette famille. </div>
<div style="text-align: justify;">
-Je vous prie de m'excuser, mais je crois avoir oublié ma montre au bord de la fontaine. Je vais devoir aller la chercher, mais avant, j'aimerais vous photographier.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Vous m'espantez, ça alors ! s'écria Rose avant d'ajouter :</div>
<div style="text-align: justify;">
-Un cousin de Sète qu'on ne connaît pas, et qui est photographe en plus !</div>
<div style="text-align: justify;">
Je sortis un vieil appareil photo de l'époque que je garde dans ma chambre. Joyeux à l'idée d'être photographiés, tous trois sourirent. Cette rencontre était immortalisée.</div>
<div style="text-align: justify;">
-Venez, venez, les cousins ont ramené des gâteaux ! s'écria au loin Marie-Vincentine.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ils me laissèrent un instant. Il était temps de repartir. J'écrivis ces quelques mots sur un bout de papier, le calant à l'entrée de la maison avec un galet.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Merci et bonne journée</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>de la part de votre parent</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>qui a dû vite repartir.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Puis je partis discrètement, laissant Louise et sa famille profiter de cette belle journée. Peut-être sont-ils longtemps restés intrigués par cette venue soudaine, en cet ensoleillé samedi...</div>
<div style="text-align: justify;">
<span id="goog_1027780030"></span><span id="goog_1027780031"></span><br /></div>
<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-yIkS4AryAoo/Wtsd5I3ViUI/AAAAAAAAAfY/GDyiBBr9oHgjDyDJRvcwNoKbTWIvH11tQCEwYBhgL/s1600/Famille%2BFaure.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="798" data-original-width="1166" height="436" src="https://1.bp.blogspot.com/-yIkS4AryAoo/Wtsd5I3ViUI/AAAAAAAAAfY/GDyiBBr9oHgjDyDJRvcwNoKbTWIvH11tQCEwYBhgL/s640/Famille%2BFaure.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Rose Naudy et ses enfants Jean-Pierre et Louise Faure devant leur maison - Fin XIXe - début XXe</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-4041124174161438582018-04-19T21:46:00.000+02:002018-05-03T13:39:12.182+02:00Les aventures de la famille Troche - Partie III : jeux de signatures<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Lors des <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/blog-page_22.html" target="_blank">précédents chapitres</a>, nous avons suivi les ancêtres de Juliette Troche à Dieppe, en découvrant par la même occasion les vieilles rues du port ainsi que ses anciennes fortifications. Pour autant, l'acte de mariage de Jean-Nicolas Troche et d'Anne Leprince reste introuvable. Dans ce troisième chapitre, nous allons reconstituer le parcours des membres de la famille Troche grâce à leurs signatures.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
Depuis le temps que nous l'attendions, le beau temps est enfin réapparu ! Cela ne m'a pas empêché de poursuivre mes recherches sur divers fronts et de découvrir l'existence de documents insoupçonnés sur certains ancêtres qui n'avaient laissé que peu de traces dans les registres paroissiaux. Il ne reste plus qu'à obtenir ces documents... Je me suis aussi essayé, autodidacte, à lire et à transcrire des vieux contrats de mariage du Grand Siècle, ce qui m'a notamment permis d'apprendre qu'une ancêtre possédait une boîte en bois de sapin gravée contenant tout son or. Une sorte de petit coffre au trésor en somme. Mais trêve de bavardages, passons maintenant aux histoires que nous allons tenter de reconstituer aujourd'hui, dans ce troisième chapitre de la chronique consacrée aux aventures de la famille Troche. Après le pays de Caux et son port, Dieppe, où se sont installés Jean-Nicolas Troche et Anne Le Prince au milieu du XVIIIe siècle, nous allons partir à la recherche des membres de cette famille en suivant leurs signatures.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-Q9NnS6WsEnc/Wtfa26rwehI/AAAAAAAAAcY/xFZxiiULSoQUWkwb5AU6cIjcPQ2IbvzCgCLcBGAs/s1600/Dieppe%2Bport.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1470" height="458" src="https://2.bp.blogspot.com/-Q9NnS6WsEnc/Wtfa26rwehI/AAAAAAAAAcY/xFZxiiULSoQUWkwb5AU6cIjcPQ2IbvzCgCLcBGAs/s640/Dieppe%2Bport.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Deux bateaux de pêche [...] - photographie négative 1851/1860 - Henri Le Secq - BNF (<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69397019.r=port%20de%20dieppe?rk=278971;2" target="_blank">Gallica</a>)</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Se lancer dans la recherche d'ancêtres sur lesquels j'avais peu de renseignements m'a quelque peu donné l'impression de partir pour un voyage vers l'inconnu. On embarque pour une croisière dont on ne connaît ni la destination, ni les escales, sur traces d'individus dont on ne connaît l'existence que par quelques mots écrits dans les registres de telle ou telle paroisse. Tout est mystère. Un peu comme on le ressent en regardant cette photographie négative de bateaux amarrés. Qu'allons-nous trouver ? A notre disposition, quelques indications, partielles si ce n'est incomplètes, dont il faudra tirer de multiples idées, des hypothèses, à la manière d'un inspecteur de police.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince ont eu au moins trois enfants, à savoir Marie-Anne Julie, Jean Gabriel et Charles Antoine, mon ancêtre, respectivement nés en 1748, 1751 et 1759. Ils étaient déjà installés à Dieppe à la fin de la décennie 1740, alors que la Guerre de Succession d'Autriche s'achevait, mais ne s'y sont visiblement pas mariés et ne figurent pas dans les répertoires alphabétiques. Dommage, cela aurait été plus simple pour reconstituer leur ascendance. Faut-il croire que mes ancêtres aimaient brouiller, compliquer ou encore encombrer les pistes ? Pourtant, j'en suis persuadé, ce mariage a eu lieu au plus tôt en 1745, peut-être même en 1748. Rappelons-nous que Jean Nicolas Troche n'avait même pas cinquante ans lorsqu'il meurt en 1772, ce qui induit une naissance aux alentours de l'année 1724. Sa femme ne devait être guère plus âgée... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je décide alors de m'intéresser aux parrains et aux marraines de leurs enfants. Après tout, le jeune couple n'était pas originaire de Dieppe. Leurs proches, s'ils n'habitaient pas trop loin, leur rendaient peut-être visite, ou du moins, ils devaient faire le déplacement pour les occasions particulières comme le baptême d'un nouveau-né. On désignait d'ailleurs comme parrain et marraine des membres de l'entourage proche ou des personnes de confiance. Je commence ainsi par lire entièrement l'acte de baptême de Marie-Anne Julie Troche, dont la date, novembre 1748, est la plus proche de l'emménagement des Troche à Dieppe.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-AMUqAhOwQ3w/WtfhNagSRQI/AAAAAAAAAco/A70J5rrR7-owrjdJNvAjprXl0Cy1i9IkACLcBGAs/s1600/Nicolas%2BLe%2BPrince.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="144" data-original-width="1138" height="80" src="https://4.bp.blogspot.com/-AMUqAhOwQ3w/WtfhNagSRQI/AAAAAAAAAco/A70J5rrR7-owrjdJNvAjprXl0Cy1i9IkACLcBGAs/s640/Nicolas%2BLe%2BPrince.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait de l'acte de baptême de Marie-Anne Julie Troche - 1748 - Dieppe Saint-Rémy - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=1120176&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=1120176&unittitle=1748&unitid=3E%2000999&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Transcription : "<i>[...] nommé par Nicolas Le Prince, tisserand de la paroisse d'Offranville, et Marie Anne Duhamel [...]</i> " Que c'est intéressant ! Il y a fort à parier que si ce Nicolas Le Prince n'est pas le père d'Anne, il lui est probablement apparenté. Les indices étaient ainsi sous mes yeux. Je pars dès lors une dizaine de kilomètres plus au sud pour Offranville, une bourgade comptant un bon millier d'habitants et dont les origines remonteraient au Haut Moyen Âge. En feuilletant les pages précédant novembre 1748, je trouve rapidement un mariage Troche - Le Prince ! Oui mais... non.- <strike><i>j'écoute Mylène Farmer en même temps, c'est pour ça...</i></strike> - Ce sont bien des Troche et des Le Prince dont les noces sont célébrées le lundi 17 juillet 1747 ; mais il s'agit en réalité de celles de Charles Troche et de Catherine Le Prince. Ma curiosité naturelle me pousse à lire l'acte en sa totalité, ce qui me permet de rassembler plusieurs indices. La curiosité est pour moi une qualité essentielle de tout historien, généalogiste ou enquêteur.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Oui mais... non... mais oui ! Certes, ce ne sont pas Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince, mais des éléments successifs me portent à croire que cet acte les concerne, eux et leurs familles. Ne serait-ce déjà que la situation professionnelle de Charles Troche : la vingtaine tout juste, il travaille à la manufacture de tabac de Dieppe. Ensuite, Catherine Le Prince - ou Chaterine si l'on respecte la graphie du curé -, de quatre ans l'ainée de son mari, est la fille de Nicolas Le Prince et de Magdeleine Lagnel, de la paroisse d'Offranville. Si quelques doutes persistent tels de petits grains de sable, la suite va les balayer d'un coup, à la manière d'une forte brise marine... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-Clc7j_Hw7KM/WtfyY5BLO1I/AAAAAAAAAc4/Zk_F-UzvA7o3PAul6qBnyBt4_l_JmrjJwCLcBGAs/s1600/Mariage%2BTroche%2BLePrince.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="516" data-original-width="1418" height="232" src="https://4.bp.blogspot.com/-Clc7j_Hw7KM/WtfyY5BLO1I/AAAAAAAAAc4/Zk_F-UzvA7o3PAul6qBnyBt4_l_JmrjJwCLcBGAs/s640/Mariage%2BTroche%2BLePrince.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait de l'acte de mariage de Charles Troche et de Catherine Le Prince - 1747 - Offranville - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2540377&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2540377&unittitle=1747%20-%201749&unitid=4E%20513&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Transcription : "<i>[...] leur ai donné la bénédiction nuptiale avec les cérémonies prescrites par la Sainte Église apostolique et romaine, lesquels ont signé avec moi en présence des témoins soussignés, à savoir de Marguerite Le Moine mère et de Jean Troche frère du contractant ; de Nicolas Le Prince père et Thomas Le Prince frère de la contractante.</i>" J'en suis dès lors convaincu : Jean Nicolas et Charles Troche sont frères tout comme Anne et Catherine Le Prince sont soeurs. Cela semble évident et il y a trop de coïncidences - lieux, professions, noms, prénoms, témoins mentionnés et liens de parenté explicités - pour qu'il s'agisse d'un simple cas d'homonymie. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Fidèle à mon attrait pour l'écriture de mes ancêtres, je me penche sur les signatures. Il y en a sept au total dont celle du curé d'Offranville et les marques de Nicolas et de Thomas Le Prince, ainsi que de Charles Troche, qui ne savent écrire. Restent alors celles de l'épouse, Catherine Le Prince, de la mère de l'époux, Marguerite Le Moyne, qui possède une belle écriture pour une femme née a fortiori au début du XVIIIe siècle, et surtout, celle de Jean Troche, le frère de l'époux. Il y a <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">quelque temps</a>, je m'étais interrogé sur le niveau d'instruction des différents membres de la famille Troche. J'en avais conclu que tous n'avaient pas reçu le même apprentissage. Si Jean Nicolas Troche savait signer, une question me turlupinait légèrement - <i>que j'aime cette expression</i> - et j'avais hâte de pouvoir y répondre.<br />
<br />
Souvenons-nous. Jean Nicolas Troche signait d'une écriture très correcte en 1751 mais il n'y avait aucune trace de sa signature, ni mention de son niveau d'instruction, en 1748. Je m'étais alors demandé s'il avait ou non appris à écrire entre ces deux dates. La réponse est maintenant connue : non, il savait déjà signer en 1747. La comparaison des successives signatures de Jean Troche va me permettre de confirmer mon hypothèse quant à la double parenté des couples J. N. Troche / A. Le Prince et C. Troche / C. Le Prince.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-_qjNeJYYPtQ/Wtf-djd1IRI/AAAAAAAAAdI/W_J3k-lfk1okxUO34SuhQkNrMOPvHjyagCLcBGAs/s1600/Signatures%2BTroche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="100" data-original-width="1470" height="42" src="https://3.bp.blogspot.com/-_qjNeJYYPtQ/Wtf-djd1IRI/AAAAAAAAAdI/W_J3k-lfk1okxUO34SuhQkNrMOPvHjyagCLcBGAs/s640/Signatures%2BTroche.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Signatures de Jean Troche (1747 ; 1751 ; 1769) et de Marguerite Le Moyne (1747) - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2540377&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2540377&unittitle=1747%20-%201749&unitid=4E%20513&unitdate=" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; background-color: transparent; color: #0066cc; font-family: Times New Roman; font-size: 12.8px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; padding-top: 0px; text-align: center; text-decoration: underline; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
La première signature, en partant de la gauche, est celle de Jean Nicolas Troche, qui signe toujours Jean, en 1747, au mariage de son frère Charles. La deuxième est celle du baptême de son fils en 1751 ; la troisième est tirée du mariage de sa fille en 1769 ; la quatrième est celle de sa mère. Il faudrait faire preuve de mauvaise volonté pour ne pas conclure que ces trois signatures ne sont issues que d'une seule et même plume : celle de Jean Nicolas Troche. Un autre élément intéressant vient, selon moi, de la similitude entre l'écriture de Jean Nicolas Troche et celle de sa mère Marguerite Le Moyne : même manière de former les e, les n, les r et les a, courbes, arrondis et fluidité semblables. Serait-ce elle qui lui aurait appris à écrire ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Si le mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince semble ne pas s'être déroulé à Offranville ni même à Dieppe et reste introuvable, j'ai heureusement en ma possession de nouveaux éléments : Charles Troche, âgé de vingt ans, fils de Jean Troche et de Marguerite Le Moyne, frère de Jean Nicolas, est originaire de Sauchay, à une vingtaine de kilomètres au nord-est d'Offranville. Les parents de la mariée sont Nicolas Le Prince et Magdeleine Lagnel. Partons à la recherche d'autres indices qui nous permettraient de compléter ces informations.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/--pMyOdVZofc/WtiATYO59mI/AAAAAAAAAdY/FmAfQaIuLIA9yDTfakt1KqEHYj-1txR8gCLcBGAs/s1600/Magdeleine%2BLagnel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="528" data-original-width="1117" height="302" src="https://4.bp.blogspot.com/--pMyOdVZofc/WtiATYO59mI/AAAAAAAAAdY/FmAfQaIuLIA9yDTfakt1KqEHYj-1txR8gCLcBGAs/s640/Magdeleine%2BLagnel.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte d'inhumation de Magdeleine Lagnel épouse Le Prince - 26 mai 1750 - Offranville - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=2540413&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=2540413&unittitle=1750%20-%201755&unitid=4E%20513&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
Je ne tarde pas à trouver une nouvelle preuve du lien de parenté entre Jean Nicolas Troche et sa belle-famille avec l'acte d'inhumation de Magdeleine Lagnel, qui meurt à Offranville le 25 mai 1750. Transcription : "<i>Aujourd'hui 26 de mai 1750 moi prêtre curé [...] ai inhumé [...] le corps de Magdeleine Lagnel, femme de Nicolas Le Prince, de cette paroisse, laquelle [...] est décédée du jour précédent à l'âge de 54 ans, en présence de ses parents soussignés [...] Thomas Le Prince son fils, Nicolas Le Prince son époux, Jean Troche (signature) son gendre.</i>" La signature de Jean Nicolas Troche, ici en date de 1750, est exactement la même que celles de 1747, 1751 et 1769. La parenté entre les familles Troche et Le Prince, indiquée dans l'acte, est sûre. Il nous faudrait une preuve du même type en ce qui concerne les deux générations de la famille Troche. Après une petite heure de recherches, je me retrouve nez à nez avec l'acte de mariage de Louis Charles Troche, frère de Jean Nicolas, avec Marie-Françoise Renié, le 2 septembre 1755 à Dieppe. Décidément, tous les chemins mènent à Dieppe !<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-tKZynBvby5s/WtiGTf8hdSI/AAAAAAAAAdo/p6AMaRBaYVYtzB6wcxLZmGK9Jeb1GbxeQCLcBGAs/s1600/Signatures%2BTroche%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="256" data-original-width="902" height="181" src="https://3.bp.blogspot.com/-tKZynBvby5s/WtiGTf8hdSI/AAAAAAAAAdo/p6AMaRBaYVYtzB6wcxLZmGK9Jeb1GbxeQCLcBGAs/s640/Signatures%2BTroche%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Signatures extraites de l'acte de mariage Troche / Renié - 2 septembre 1755 - Dieppe - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=1120644&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=1120644&unittitle=1755&unitid=4E%20268&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
Une nouvelle bonne surprise puisque Jean Nicolas Troche assiste au mariage de son frère dont il est témoin et signe. Quant à Louis Charles Troche, pour répondre à la question que je m'étais posée, il sait signer et possède d'ailleurs une écriture proche de celles de son frère et de leur mère, même si son orthographe est imparfaite. Marguerite Le Moyne aurait-elle appris à ses fils à écrire ? En tout cas, l'acte indique qu'elle est malheureusement décédée entre temps, au cours des huit années qui suivirent le mariage de Charles Troche en date de 1747. Il est également intéressant de noter que l'épouse, Marie-Françoise Renié, veuve de Guillaume Tobie, est âgé de trente-sept ans, soit quinze ans de plus que Louis Charles Troche, âgé de vingt-deux ans ! L'inverse ne m'aurait pas tant surpris, mais il est plutôt rare qu'il y ait un tel écart d'âge lorsque l'épouse est plus âgée que son mari. Ont-ils eu des enfants ?<br />
<br />
Quelque chose m'échappe. Il manque à vrai dire deux pièces pour compléter cette partie là du puzzle. Premièrement, le décès de Marguerite Le Moyne, qui est survenu entre juillet 1747 et septembre 1755. Et surtout, le mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince. Je n'ai rien trouvé ni dans la paroisse Saint-Rémy de Dieppe ni à Offranville. Il me reste alors une dernière possibilité : Sauchay-le-Haut, qui semble être le village d'origine des Troche au XVIIIe siècle. La lecture des actes, si elle est tout à fait réalisable, et même si les registres sont relativement courts, est quelque peu fastidieuse. Aucun nom n'est indiqué dans la marge, parfois l'encre a débordé, noircissant certaines pages. Je décide de m'en tenir aux signatures qui ne sont pas tellement fréquentes. Par chance, Marguerite Le Moyne et ses fils savaient signer. Ma première trouvaille est une déception : un acte de mariage, entre une Marie-Anne, fille et soeur de Jean <strike>Troche</strike> et non ! Ce n'est pas Troche mais Trochet ; la mère et les autres noms ne correspondent pas. Qui sait, s'agirait-il de cousins ayant modifié leur patronyme... ? Je continue à feuilleter antichronologiquement les registres et peu de temps après, intervient alors un nouvel acte.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-9iZwQg7w5pg/Wti4w47kwkI/AAAAAAAAAd4/ctnSxITNheEl4JaVz-0evBuMhORJ1BSYgCLcBGAs/s1600/Marguerite%2BLe%2BMoyne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="1084" height="164" src="https://3.bp.blogspot.com/-9iZwQg7w5pg/Wti4w47kwkI/AAAAAAAAAd4/ctnSxITNheEl4JaVz-0evBuMhORJ1BSYgCLcBGAs/s640/Marguerite%2BLe%2BMoyne.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mention et signature de Marguerite Le Moyne, marraine - 3 janvier 1746 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3652052&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3652052&unittitle=1740%20-%201749&unitid=4E%20668&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
Le 3 janvier 1746, Marguerite Le Moyne est présente à Sauchay-le-Haut lors du baptême de Guillaume Benet, qui a priori n'a pas de parenté avec elle. Les informations apportées sont très intéressantes, même si elles ne résolvent pas la problématique initiale. Transcription : "<i>[...] la marraine Marguerite Lemoine veuve de Jean Troche faiseur de bois à galoches, aussi de cette paroisse [...] </i>". La galoche est la forme améliorée du sabot et une chaussure très souvent portée dans les campagnes d'autrefois. Pour l'anecdote étymologique du jour, le mot galoche viendrait, d'après ce que j'ai lu, d'un dérivé latin du grec kalopous qui signifierait "pied de bois". Si vous souhaitez en savoir davantage sur les sabots, les galoches et leur fabrication, je ne peux que vous recommander <a href="http://www.musee-moutiers.com/article-dabots-et-galoches-98111147.html" target="_blank">cet article illustré</a>. Cela explique certainement comment Marguerite Le Moyne a connu Jacques Benet, cordonnier de profession. Et puis finalement, je retrouve, une fois de plus par l'intermédiaire des signatures, l'acte d'inhumation de Marguerite Le Moyne.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Mp6ILUGkFOA/WtjA-w0ue3I/AAAAAAAAAeI/DGCOQua8VxowrkCxw77DkXQNj-YKHEfFACLcBGAs/s1600/Marguerite%2BLe%2BMoyne%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="554" data-original-width="1086" height="326" src="https://3.bp.blogspot.com/-Mp6ILUGkFOA/WtjA-w0ue3I/AAAAAAAAAeI/DGCOQua8VxowrkCxw77DkXQNj-YKHEfFACLcBGAs/s640/Marguerite%2BLe%2BMoyne%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Acte d'inhumation de Marguerite Le Moyne - 21 avril 1752 - Sauchay-le-Haut - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_etat_civil_detail&open=3652088&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fserie_E_seigneuries_familles_notaires_etat_civil%2FFRAD076_IR_E_etat_civil%2Exml&page_ref=3652088&unittitle=1750%20-%201752&unitid=3E%2000192&unitdate=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
En voilà un ! Transcription : "<i>Le dimanche vingt-et-unième d'avril mille sept cent cinquante-deux le corps de Marguerite Lemoine veuve de Jean Troche, âgée de cinquante deux ans environ, munie des sacrements de pénitence, d'eucharistie et d'extrême onction, a été inhumé dans le cimetière de la paroisse par monsieur Lesage, curé de la dite paroisse présentée de Jean Nicolas, d'Antoine et de Louis Troche ses enfants, qui ont signé avec nous de leur signature ordinaire.</i>" Deux des fils de Marguerite, dont Jean Nicolas Troche, signent. Si l'on observe attentivement les signatures, on remarque quelques légères différences avec les autres que nous avons amassées au fil des recherches, non pas au niveau des graphies mais plutôt quant aux choix des prénoms. D'ordinaire, Louis Charles Troche signe de ses deux prénoms, alors qu'ici, il n'utilise que le principal. Jean Nicolas Troche, qui signe toujours Jean, emploie cette fois ses deux prénoms. Le dernier frère, Antoine Troche, ne sait pas signer en 1752. Il y a de quoi s'embrouiller avec toutes ces signatures, aussi amusons-nous à comparer leurs évolutions et variantes.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/--Q9ay9iFzHs/WtjKS1oT3CI/AAAAAAAAAeY/tKHWHBwfgMgYDQZFcCbE-lKe8BdHa9HVACLcBGAs/s1600/Jean%2BNicolas%2BTroche%2Bsignatures.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="68" data-original-width="607" height="70" src="https://4.bp.blogspot.com/--Q9ay9iFzHs/WtjKS1oT3CI/AAAAAAAAAeY/tKHWHBwfgMgYDQZFcCbE-lKe8BdHa9HVACLcBGAs/s640/Jean%2BNicolas%2BTroche%2Bsignatures.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Signatures de Jean Nicolas Troche en 1752 et en 1769 - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-pHaOigfh_ow/WtjKmrymQ5I/AAAAAAAAAec/VUuzTW-5jjcTa0GYAujbs4asQLUl73ueACLcBGAs/s1600/Louis%2BCharles%2BTroche%2Bsignatures.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="78" data-original-width="766" height="64" src="https://2.bp.blogspot.com/-pHaOigfh_ow/WtjKmrymQ5I/AAAAAAAAAec/VUuzTW-5jjcTa0GYAujbs4asQLUl73ueACLcBGAs/s640/Louis%2BCharles%2BTroche%2Bsignatures.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Signatures de Louis Charles Troche en 1752 et en 1755 - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
La dernière énigme qu'il nous reste à résoudre pour ce chapitre concerne le fameux mariage entre Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince. Une aiguille dans<strike> une botte de foin</strike> un tas de feuilles... Récapitulons les éléments en notre possession :<br />
<ul>
<li>Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince se sont mariés et ont emménagé à Dieppe Saint-Rémy avant le 27 novembre 1748 ;</li>
<li>Charles Troche et Catherine Le Prince se sont mariés à Offranville le 17 juillet 1747 ;</li>
<li>Marguerite Le Moyne vivait à Sauchay-le-Haut en 1746 et y est morte le 21 avril 1752 ;</li>
<li>Il n'y a aucune trace d'un mariage Troche - Le Prince à Sauchay-le-Haut ;</li>
<li>Il n'y en a pas non plus ni à Offranville ni à Dieppe paroisse Saint-Rémy.</li>
</ul>
Réfléchissons peu réfléchissons bien comme dirait mon père. Nous avons manqué un détail. Ou plutôt, nous n'avons pas pensé à un détail. Il m'a fallu relire toutes mes recherches et me triturer la cervelle une trentaine de minutes pour trouver la solution car il y en a toujours une. Je vous donne deux indices : tout est histoire de lieu et de religion. En ayant cette phrase en tête, lisez les deux articles que j'ai consacrés à Dieppe, consultables à ces liens : <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/une-neige-extraordinaire-recouvre-dieppe.html" target="_blank">ici</a> et <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">là</a>. La réponse est sous nos yeux ! L'avez-vous trouvée ?<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-3IbDIvtf-YE/WtjWseWJRLI/AAAAAAAAAe4/1eUeVj3Sz0gUc97I5kEf_jXR6DxGxiXMQCLcBGAs/s1600/Mariage%2BJean-Nicolas%2BTroche%2Bet%2BAnne%2BLe%2BPrince.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="496" data-original-width="1201" height="264" src="https://2.bp.blogspot.com/-3IbDIvtf-YE/WtjWseWJRLI/AAAAAAAAAe4/1eUeVj3Sz0gUc97I5kEf_jXR6DxGxiXMQCLcBGAs/s640/Mariage%2BJean-Nicolas%2BTroche%2Bet%2BAnne%2BLe%2BPrince.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait de l'acte de mariage de Jean-Nicolas Troche et d'Anne Le Prince - 13 janvier 1748 - Dieppe - <a href="http://www.archivesdepartementales76.net/" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
Souvenez-vous de ce que je vous ai dit : tous les chemins mènent à Dieppe - dans cette famille - ! Le vieux port est divisé en deux paroisses : Saint-Rémy et Saint-Jacques. Je n'avais pour l'instant pu retrouver des traces de la famille Troche que dans celle de Saint-Rémy, où des répertoires annuels facilitent considérablement les recherches. Le mariage de Charles Troche et de Catherine Le Prince à Offranville m'a dans un premier induit en erreur, m'incitant à chercher celui de Jean Nicolas et d'Anne dans les campagnes. Mais sans ce détour, je n'aurais jamais appris autant d'informations sur ces familles, notamment leur profession avant leur installation à Dieppe. Les recherches dans les registres de la paroisse Saint-Jacques ne sont pas très simples : les répertoires sont partiels et de nombreuses années ne sont pas référencées. Pire encore, il n'y a pas d'indications dans les marges à la gauche des actes pour indiquer de qui il s'agit !<br />
<br />
Je dois mon salut à la signature de Marguerite Le Moyne que j'ai reconnue au moment où je m'apprêtais à tourner la page. Nous découvrons ainsi le mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince, le 13 janvier 1748, dans les registres de la paroisse Saint-Jacques de Dieppe. L'acte, relativement long, contient de nombreuses informations dont une qui m'a grandement surpris. Par où commencer ? Jean Nicolas Troche, âgé de vingt-trois ans et demi, est domicilié rue de Sailly avec Anne Le Prince, dix-huit ans et demi. Les parents correspondent et des publications ont été faites à Offranville et à Sauchay-le-Haut. Charles et Antoine Troche, les frères de Jean Nicolas domiciliés rue du Trou, paroisse Saint-Rémy, sont témoins, avec des connaissances de la famille.<br />
<br />
L'intérêt de cet acte, outre les renseignements et les preuves de ma théorie de départ qu'il apporte, réside dans les dernières lignes que je vous transcris ici et qui sont visibles dans l'extrait ci-dessus :"<i>[...] et les susdits Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince ont reconnu pour leur enfant Jean Nicolas Charles, né du 6 décembre dernier et baptisé le même jour en cette paroisse.</i>" Incroyable ! Les deux époux ont eu un enfant né avant leur mariage, alors que l'épouse était encore mineure. Plusieurs questions se croisent alors dans mon esprit : s'agirait-il d'un mariage arrangé entre les deux familles pour ne pas qu'un scandale éclate ? L'emménagement à Dieppe de ces deux jeunes gens est-il lié à cet amour considéré à l'époque comme illégitime ?<br />
<br />
L'acte de baptême de Jean Nicolas Charles Troche est difficile à lire : l'encre a débordé et les lettres sont mal formées. Si j'ai bien compris, Anne Le Prince a reconnu avoir eu une relation hors mariage avec Jean Nicolas Troche, alors qu'ils travaillaient tous deux Dieppe. Relation de laquelle est né Jean Nicolas Charles. Les deux amants se sont donc connus jeunes. Anne Le Prince n'avait que dix-sept ans. Cela explique également comment deux personnes nées à une vingtaine de kilomètres l'une de l'autre ont pu se rencontrer au XVIIIe siècle, alors qu'il fallait au minimum plus de cinq heures de marche pour aller d'Offranville à Sauchay. On peut enfin en conclure que les familles se sont connues ainsi, par le biais de l'aventure entre Jean Nicolas Troche et Anne Le Prince, et que le mariage de Charles Troche et de Catherine Le Prince en juillet 1747 a été arrangé.<br />
<br />
Ce troisième chapitre des <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/blog-page_22.html" target="_blank">aventures de la famille Troche</a> nous a permis de découvrir l'importance des signatures, de leurs subtilités et plus généralement de l'écriture dans les recherches généalogiques et historiques. Une génération supplémentaire de cette famille a été reconstituée et nous avons découvert les circonstances singulières du mariage de Jean Nicolas Troche et d'Anne Le Prince. Alors que je pensais quitter Dieppe pour les campagnes, nous y sommes revenus au fil des actes. Si vous souhaitez lire les deux premiers chapitres de la chronique consacrée aux membres de la famille Troche, dont descend l'une de mes ancêtres, je vous invite à vous rendre d'abord <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche-i-du.html" target="_blank">ici</a> puis <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">là</a>.<br />
<br />
Je vous propose, comme à l'accoutumée, un document particulier pour terminer ce troisième chapitre intitulé <i>Jeux de signatures</i>. A très bientôt pour de nouveaux articles !<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-L6867j9XKvs/Wtjsa0qUmeI/AAAAAAAAAfI/5r5JcuktiW0H51yqWzkb4I32kWB4bV5UACLcBGAs/s1600/Les%2Bmariages%2Bsamnites.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="924" data-original-width="1536" height="384" src="https://3.bp.blogspot.com/-L6867j9XKvs/Wtjsa0qUmeI/AAAAAAAAAfI/5r5JcuktiW0H51yqWzkb4I32kWB4bV5UACLcBGAs/s640/Les%2Bmariages%2Bsamnites.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Manufacture Monchablon. Dessus de porte.<i> Scène à l'antique : mariage samnite </i>- papier peint - XVIIIe - BNF (<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6901044b.r=mariage?rk=236052;4" target="_blank">Gallica</a>)</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-75347681674562826762018-04-15T01:37:00.001+02:002018-04-15T01:37:46.237+02:00L'Ariège et ses trésors d'archives : le compoix de Bélesta<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Trois de mes ancêtres sont nées à Bélesta, village perdu aux confins de l'Ariège, de l'Aude et aux pieds des Pyrénées. Les archives ariégeoises, à l'image du paysage régional, regorgent de trésors cachés permettant de mieux comprendre l'histoire de la population, essentiellement paysanne et fortement attachée à ses croyances, qui vécut des siècles durant au milieu des sombres forêts que seules les cimes des Pyrénées, marquant la frontière avec l'Espagne, dépassent.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> </i><i> </i></div>
<div style="text-align: justify;">
J'ignore s'il s'agit d'une malédiction, mais le temps n'est une nouvelle fois pas clément en ce week-end d'avril. Espérons que soleil revienne d'ici peu, car cela fait six mois qu'il n'a presque pas éclairé le ciel de sa lumière. Et puisque mon université est encore bloquée<i> </i>-<i> s'agirait-il de la même malédiction ? </i>-, j'ai été fort heureux de découvrir<i>, </i>ces derniers jours, quelques trésors numérisés par les archives de l'Ariège. Même si la famille de mon grand-père maternel est essentiellement audoise avec des racines ibériques, méditerranéennes, catalanes et possiblement provençales, trois des ancêtres de Marie-Vincentine Bonnet, la grand-mère de ma mère, sont natives de Bélesta, village perdu, comme je vous le racontais, entre les sombres forêts et les imposantes montagnes du comté de Foix. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-xKdEJO3UAPU/WtJVTUqVI6I/AAAAAAAAAaI/Yn_xivkL7qAji8pF-U5wCL0kOYU8D7GFwCLcBGAs/s1600/Marie%2BVincentine%2BBonnet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="955" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-xKdEJO3UAPU/WtJVTUqVI6I/AAAAAAAAAaI/Yn_xivkL7qAji8pF-U5wCL0kOYU8D7GFwCLcBGAs/s640/Marie%2BVincentine%2BBonnet.jpg" width="382" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Marie-Vincentine Bonnet, mon arrière grand-mère - Tableau réalisé par ma mère</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
L'introduction de l'ouvrage dédié aux comtes de Foix et à leur généalogie permet de se faire une idée assez claire des limites de l'ancien comté auquel appartenait Bélesta. Même si le texte est relativement bien écrit, il est peut-être assez petit et je préfère le retranscrire : "<i>Les villes principales de ce comté sont Foix, siège du sénéchal de la province, Pamiers, évêché, Mazères, Tarascon, Saverdun, Vicdessos, Bélesta et Mas-d'Azil.</i>" Historiquement, ces terres étaient l'apanage des comtes de Carcassonne dont sont issus ceux de Foix. Jeanne d'Albret en hérita en 1543 et son fils Henri IV les réunit au royaume de France. J'ai commencé à lire un manuscrit consacré à l'histoire du pays de Foix, d'où j'ai tiré ces quelques informations, ainsi que le déchiffrage et la compréhension, assez difficiles quoique possibles, des Chroniques des comtes de Foix, en date de 1458, rédigées à partir d'écrits de "langue vulgaire", mêlant castillan et catalan.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-UCXQR6WpmHE/WtJN3IKabQI/AAAAAAAAAZ4/ov6V8iK_2ucEVebyXLYX8BuAFK79eSThwCLcBGAs/s1600/B%25C3%25A9lesta%2BII.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="1528" height="156" src="https://4.bp.blogspot.com/-UCXQR6WpmHE/WtJN3IKabQI/AAAAAAAAAZ4/ov6V8iK_2ucEVebyXLYX8BuAFK79eSThwCLcBGAs/s640/B%25C3%25A9lesta%2BII.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">1 : Généalogie des comtes de Foix, extrait, page 4 - <a href="http://mdr-archives.ariege.fr/mdr/index.php/rechercheSimple" target="_blank">AD de l'Ariège</a> ; 2 : <a href="https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-cassini" target="_blank">Carte de Cassini</a> avec Bélesta, Montferrier et Lavelanet</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Les descriptions du comté de Foix offertes par chacun des ouvrages paraissent similaires les unes aux autres. En voici une qui provient du manuscrit dont je vous ai déjà parlé : "[...] <i>ce pays était tout couvert de bois, les habitants sans moeurs et sans polices, quoiqu'en possession de la vraie religion, sont appelés communément les Miquelels des Pirénées ; hommes dangereux en effet par la situation du pays, l'éloignement du souverain et le voisinage de l'Espagne qui n'en est qu'à deux pas</i> [...]" Le portrait dressé des ariégeois par les chroniqueurs et les historiens est certes peu flatteur, mais je doute cependant de sa totale véracité, même s'il peut y avoir un fond de vérité dans ces descriptions. Un élément me semble sûr, de par ce que j'ai pu entendre et ce que l'on m'a raconté : les habitants de ces vallées et forêts montagneuses étaient rustres et superstitieux. Mais ne s'agirait-il pas là d'un trait de caractère commun à la majorité des peuples d'autrefois ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-4H3g0V_fppo/WtJbpM3_TdI/AAAAAAAAAaY/EREKRw46bUgkLnxqVNNVdToDl6fMoZNVgCLcBGAs/s1600/B%25C3%25A9lesta%2Barticles.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="504" data-original-width="966" height="332" src="https://1.bp.blogspot.com/-4H3g0V_fppo/WtJbpM3_TdI/AAAAAAAAAaY/EREKRw46bUgkLnxqVNNVdToDl6fMoZNVgCLcBGAs/s640/B%25C3%25A9lesta%2Barticles.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Brevet terrier et cabaliste - 1727 - Bélesta - <a href="http://mdr-archives.ariege.fr/mdr/index.php/docnumViewer/afficheDocnum/2/N/image" target="_blank">Archives en ligne de l'Ariège</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
D'autres documents fort utiles pour mieux appréhender le cadre de vie des ariégeois sont consultables en ligne grâce au remarquable travail de numérisation effectué par les Archives de l'Ariège qu'on ne peut que remercier. Prenons par exemple les compoix qui sont en réalité une variante peut-être moins complète des cadastres. Autrement dit, on y trouve généralement un état des propriétés et des parcelles, parfois plus. Le mot compoix, aussi écrit compoids, est spécifique à la "langue <i>occitane</i>" - <i>expression qui ne me plait guère car extrêmement généraliste</i> - et ces documents existent ainsi pour les régions du Sud. Trois des ancêtres de mon arrière-grand-mère étaient, rappelons-le, natives de Bélesta, à savoir :</div>
<ul style="text-align: left;">
<li>Marie Lagarde (1851-1886), épouse Bonnet, sa grand-mère paternelle ;</li>
<li>Rose Naudy ou Naudi (1841-1929), épouse Faure, sa grand-mère maternelle ;</li>
<li>Magdeleine Boulbes (1808-1865), épouse Bonnet, son arrière-grand-mère.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Ce compoix, qui compte deux cent dix-neuf pages, a été réalisé en 1727 et ne mentionne que les hommes adultes. Un répertoire caché dans les dernières pages indique le folio - numéro d'ordre - correspondant à chaque individu recensé avec ses biens. Enthousiaste à l'idée d'en apprendre plus, j'ai répertorié, sur une dizaine de générations, tous les ancêtres de mon arrière-grand-mère qui vivaient à Bélesta en 1727 et qui étaient donc susceptibles d'apparaître dans ces listes. A ma grande surprise, sur les cinq-cents ancêtres - <i>environ</i> - que j'ai pris en compte pour cette recherche, seuls une quinzaine d'entre-eux sont originaires de Bélesta, soit 5 à 8% de l'ascendance de Marie-Vincentine Bonnet. Cela confirme un constat que j'avais déjà pressenti auparavant : la famille de mon grand-père maternel est majoritairement audoise d'origine. Outre ces considérations départementales, j'ai donc dressé la liste de mes ancêtres domiciliés à Bélesta en 1727 que voici :</div>
<ul style="text-align: left;">
<li>Pierre Audoui ou Audouy et Jeanne Lagarde ;</li>
<li>Jean Baillard ou Baylhard<i> fils</i> et Marie Grauby ;</li>
<li><span style="color: #741b47;">Jean Baillard ou Baylhard <i>père</i></span> et Marguerite Marcerou ;</li>
<li><span style="color: #741b47;">Jean Cassagnaud</span><span style="color: #a64d79;"> <span style="color: #741b47;">ou Cassaigneau</span></span> et Anne Picareil ;</li>
<li>Pierre Chaumont et Marie-Rose Vernhes ou Vergnès ;</li>
<li><span style="color: #741b47;">Guillaume Conte ou Conté</span> et Magdeleine Vaquier ;</li>
<li>Jordy Courset et Magdeleine Canal ;</li>
<li>Pierre Grauby et Guilhemette Moulis ;</li>
<li><span style="color: #741b47;">Guilhem ou Guillaume Lagarde</span> et Marie Lapasset ;</li>
<li>Jean Lagarde et Jeanne Grauby ;</li>
<li>Pierre Lagarde et Blanche Farineau ;</li>
<li>Pierre Etienne Lagarde et Jeanne Fauché ;</li>
<li><span style="color: #741b47;">François Lapasset</span> et Marguerite Grauby ;</li>
<li>Guillaume Razeyre et Cécile Carbonneau ;</li>
<li>Pierre Séguy et Magdeleine Boulbes.</li>
</ul>
<br />
Cependant, un nouvel obstacle auquel je n'avais pas pensé survient alors que je lisais le répertoire. Je vous laisse constater.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-OLvsVoA3M3Q/WtJlTWmEW0I/AAAAAAAAAao/xMcptr6Ks98ngO-j0cC887QQn2XMVf6pgCLcBGAs/s1600/B%25C3%25A9lesta%2BTerrier%2Bp216.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="592" data-original-width="679" height="347" src="https://1.bp.blogspot.com/-OLvsVoA3M3Q/WtJlTWmEW0I/AAAAAAAAAao/xMcptr6Ks98ngO-j0cC887QQn2XMVf6pgCLcBGAs/s400/B%25C3%25A9lesta%2BTerrier%2Bp216.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Brevet terrier et cabaliste - Page 216 - 1727 - Bélesta - <a href="http://mdr-archives.ariege.fr/mdr/index.php/docnumViewer/afficheDocnum/2/N/image" target="_blank">Archives en ligne de l'Ariège</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Ils portent tous plus ou moins les mêmes noms, prénoms et peuvent ou non appartenir à la même famille. Ne serait-ce que dans cet extrait de liste, on dénombre trois Pierre Lagarde, trois Guillaume ou Guilhem Lagarde et trois Jean Lagarde, sans compter Jeannet... Pourquoi diable les habitants de ce coin ne se désignaient-ils que par d'étranges surnoms ? Cela me complique sérieusement la tâche. Ceux de mes ancêtres qui vécurent dans d'autres régions portaient plusieurs prénoms - <i>Charles Marc-Antoine ou Elisabeth Rose Marie-Catherine par exemple</i> - ainsi que des noms peu communs ; ici, ce n'est malheureusement pas le cas et il faut retrouver le bon Jean ou Pierre Lagarde. Je vous épargne le fastidieux travail de relecture des actes paroissiaux et notariés qu'il a fallu mener à bien pour parvenir à identifier de manière sûre chacun des ancêtres. J'ai ainsi pu retrouver les folios correspondant à ces cinq ancêtres :</div>
<ul style="text-align: left;">
<li>Jean Baillard ou Baylhard père, alias <i>Mangetout</i> ; </li>
<li>Jean Cassagnaud ou Cassaigneau, alias <i>Raffel</i> ; </li>
<li>Guillaume ou Guilhem Conte ou Conté ;</li>
<li>Guilhem Lagarde, alias <i>Farineau</i> ;</li>
<li>François Lapasset.</li>
</ul>
Le contenu de ce compoix, quoique quelque peu rébarbatif, offre des informations intéressantes que je vais résumer par la suite.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-WgX30NTqTYE/WtJu1NjSY6I/AAAAAAAAAbY/WAIDDWD6eFAkAegHWK3vo18st2Y8UUuGwCLcBGAs/s1600/B%25C3%25A9lesta%2Bcompoix.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="897" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-WgX30NTqTYE/WtJu1NjSY6I/AAAAAAAAAbY/WAIDDWD6eFAkAegHWK3vo18st2Y8UUuGwCLcBGAs/s640/B%25C3%25A9lesta%2Bcompoix.jpg" width="358" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extraits du compoix de 1727 - Bélesta - <a href="http://archives.ariege.fr/Ressources-en-ligne/Autres-ressources-numeriques" target="_blank">Archives en ligne de l'Ariège</a></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Une lecture plus approfondie de ces compoix dont j'ai affiché quelques extraits ci-dessus m'a permis d'en apprendre davantage sur les biens, les conditions de vie, les professions et l'entourage de mes ancêtres. Jean Baillard, Jean Cassagnaud, Guillaume Conte, Guilhem Lagarde et François Lapasset possédaient chacun leur propre maison. Certains l'ont achetée alors que d'autres l'avait reçue totalement ou partiellement en héritage. Jean Cassagnaud était également propriétaire d'un hermitage -<i> terme désignant alors une maison de campagne isolée </i>- à Rieufourcant, ainsi que de divers champs "à la bene" et à la taillade, un pré "al bac del Milhassa", la moitié d'un champ "al pla de nada". Ces indications sont précieuses pour une étude toponymique de la commune. La ressemblance avec l'espagnol est frappante. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Parfois même, on y trouve quelques renseignements directement généalogiques : le grand-père de Guilhem Lagarde était ainsi surnommé Jon del Gelat. Pour l'anecdote, Jon, qui est un prénom basque, se prononce, si je ne m'abuse, "Iôn". Du moins, c'est ainsi que j'ai souvent entendu les espagnols le prononcer. Il y en a encore pas mal dans les régions basques d'Espagne et personnellement, je trouve que c'est un joli prénom. Jon del Gelat a légué un huitième de son bien à son petit-fils. Cela laisse entendre qu'il y avait huit héritiers à son décès ou à la rédaction de son testament, en partant du principe d'une répartition égale bien sûr. Il s'agit par ailleurs d'un élément important pour mieux appréhender les dynamiques sociales et économiques de ces familles que leur nombre élevé d'enfants semblait appauvrir au fur et à mesure des générations, d'où peut-être une explication aux fréquents mariages entre cousins à Bélesta et ses voisines.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un élément intéressant, que je ne m'attendais pas à découvrir ici, est l'énumération et la quantification des animaux de chaque individu, du moins des animaux servant directement aux tâches agricoles ou vendus. François Lapasset avait des mulets, des bourriques, des chevaux, une dizaine de brebis ; Guilhem Lagarde une jument qu'il garda de nombreuses années, ainsi que des vaches, ect. Ces animaux étaient indispensables au travail quotidien dans les champs, à l'apport de nourriture pour la famille, au transport, au commerce. Même les ancêtres qui étaient marchands ou artisans possédaient eux-aussi quelques animaux. Dans certains cas, ces pauvres bêtes servaient de monnaie d'échange pour régler des successions et même des dettes, preuve d'une société essentiellement agricole. Je doute fort, connaissant les moeurs locales, dont mon grand-père avait hérité, que ces animaux aient été bien traités. Il y a fort à parier que même s'il n'y en a point mention, mes ancêtres devaient avoir des chiens.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Enfin, l'utilité généalogique de ces documents est double : les dates d'achat des maisons, lorsqu'elles n'ont pas été reçues par le biais des héritages familiaux, permettent d'aiguiller les recherches dans les minutes notariales. Il est d'autre part possible de reconstituer les relations sociales entre certains ancêtres : François Lapasset et Jean Cassagnaud se connaissaient et ont conclu une vente ensemble. Guilhem Lagarde était le gendre de François Lapasset puisqu'il avait épousé sa fille, Marie. Anne Conte, la petite-fille de François Conte, épousa un Lagarde, également nommé Guilhem. L'arrière-petite-fille de Jean Baillard, Marie Chaumont, épousa elle aussi un Lagarde. Tous sont les ancêtres de Paul Bonnet et de Louise Faure, les grands-parents maternels de mon grand-père.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Finissons cet article avec des dessins symbolisant pour moi l'Ariège, une terre de légende entre montagnes majestueuses et cascades enchanteresses, où se cachent châteaux, mines d'or, grottes et légendes de toutes sortes...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-9dNw4rsVqAs/WtKKMiFMo-I/AAAAAAAAAbo/wD8FbHpVaiEwPq4nbFfBSKMeeiys3guZgCLcBGAs/s1600/Foix%2Bdessin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="405" data-original-width="783" height="330" src="https://4.bp.blogspot.com/-9dNw4rsVqAs/WtKKMiFMo-I/AAAAAAAAAbo/wD8FbHpVaiEwPq4nbFfBSKMeeiys3guZgCLcBGAs/s640/Foix%2Bdessin.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Le rocher et la ville de Foix</i> - Dessin à la mine de plomb - Antoine-Ignace Melling - Bibliothèque de Toulouse (<a href="https://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/cgi-bin/hub?a=d&d=%2Fark%3A%2F74899%2FB315556101_RB19_000467_002" target="_blank">Rosalis</a>)</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-ajYlKnZZ5us/WtKMvU1-u1I/AAAAAAAAAcA/O-qkPsaqhNYEJBXNqsNUdsDmkxlAZyU1QCLcBGAs/s1600/Grotte%2Bde%2BFontestorbes.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="521" data-original-width="790" height="422" src="https://4.bp.blogspot.com/-ajYlKnZZ5us/WtKMvU1-u1I/AAAAAAAAAcA/O-qkPsaqhNYEJBXNqsNUdsDmkxlAZyU1QCLcBGAs/s640/Grotte%2Bde%2BFontestorbes.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Fontaine de Fontestorbes - près de Bélesta - Dessin à la mine de plomb - Antoine-Ignace Melling - Bibliothèque de Toulouse (<a href="https://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/cgi-bin/hub?a=d&d=%2Fark%3A%2F74899%2FB315556101_RB19_000467_002" target="_blank">Rosalis</a>)</td></tr>
</tbody></table>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-67861944759148343302018-04-09T14:40:00.002+02:002018-04-09T21:24:55.974+02:00A la découverte des histoires oubliées...<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>Les recherches dans l'état-civil permettent certes de reconstituer plusieurs générations d'ancêtres. Pour autant, l'accumulation d'actes ne peut suffire à se faire une idée du quotidien de nos aïeux et des événements qui marquèrent leur vie. Grâce aux innombrables articles du Journal de Rouen, j'ai glané quelques renseignements sur les histoires et anecdotes oubliées d'une commune où naquit l'une de mes ancêtres.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les dimanches pluvieux se suivent, se ressemblent et sont propices aux laborieuses recherches dans les archives anciennes. Même si mes ancêtres vécurent dans de nombreuses régions, l'une d'elles devient récurrente dans ce journal. Il s'agit de la Seine-Maritime. L'accès aux articles du Journal de Rouen pour la période 1762-1938 offre la possibilité de découvrir une myriade de faits-divers et autres annonces insolites, tragiques, rocambolesques... Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette véritable mine d'or. J'y ai récemment retrouvé deux articles consacrés à mes ancêtres et à leurs proches, en 1839 et en 1852. Leur lecture a été l'occasion de prendre connaissance d'événements majeurs qui ont probablement bouleversé le quotidien de mes aïeuls, dont je vous parlerais certainement dans le courant de l'année, selon le thème des prochaines chroniques qui succèderont aux <a href="http://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/p/blog-page_22.html" target="_blank">aventures de la famille Troche</a>. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-k8GTh2wo6oE/WsqO0DMHhiI/AAAAAAAAAX0/iw8usI59V5gjfkST6fWU4t4UKpxzxxh_ACLcBGAs/s1600/Journal%2Bde%2BRouen%2Ben-t%25C3%25AAte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="270" data-original-width="1568" height="110" src="https://4.bp.blogspot.com/-k8GTh2wo6oE/WsqO0DMHhiI/AAAAAAAAAX0/iw8usI59V5gjfkST6fWU4t4UKpxzxxh_ACLcBGAs/s640/Journal%2Bde%2BRouen%2Ben-t%25C3%25AAte.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Entête du Journal de Rouen - Dimanche 24 août 1834 - Archives de la Seine-Maritime - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fjournaux_bibliotheque_archives%2FFRAD076_IR_BIB_journal_rouen%2Exml&page_ref=255074&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est évident que je pourrais aborder une infinité de thèmes tant le choix est varié et le nombre d'histoires important. Aussi ai-je décidé de centrer mes recherches sur une période et une commune particulières, à savoir la décennie 1830-1840 au bourg de Montville, distant d'une vingtaine de kilomètres de Rouen. L'une de mes ancêtres y est née en mai 1826 et s'y maria en juillet 1846. Ses trois enfants, dont l'unique fille, Alexandrine, est la grand-mère de mon arrière-grand-père Robert Lehoux, y naquirent également. La famille vécut à Montville jusque dans les années 1860, elle déménagea par la suite et ses membres s'installèrent à Paris et en Anjou. Pour
tenter de mieux connaître le lieu de vie de ces ancêtres, la presse
ancienne est littéralement magique. De multiples anecdotes qui
rythmèrent le quotidien de la paisible commune de Montville, alors au
coeur de l'une des vallées les plus industrialisées de France, me
permettent de découvrir non seulement les événements locaux mais aussi,
quelquefois, de répondre aux questions qui me restent en tête et
auxquelles les ouvrages généraux n'apportent pas forcément
d'éclaircissements. Remontons maintenant les années à la découverte des
histoires oubliées de la prospère ville industrielle bordée par les eaux
du Cailly et de la Clérette...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-I2mh7ynuQNA/WsqYVCAIkGI/AAAAAAAAAYQ/QJisCT9A258H6naq-rknTEH4ZJBT0VMZACLcBGAs/s1600/Montville.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="628" data-original-width="451" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-I2mh7ynuQNA/WsqYVCAIkGI/AAAAAAAAAYQ/QJisCT9A258H6naq-rknTEH4ZJBT0VMZACLcBGAs/s640/Montville.jpg" width="457" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait de la Carte de Cassini montrant la localisation de Montville par rapport à Rouen - <a href="https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-cassini" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Lundi 8 mars 1830</i>. Alors que la célèbre <i>Hernani</i> de Victor Hugo vient d'être représentée pour la première fois à la Comédie-Française, une tout autre actualité préoccupe les montvillais et plus particulièrement l'un d'entre eux, le dénommé François Duval, garde des bois du Baron de la ville. Voilà une semaine qu'il n'a plus revu sa chienne, Charlotte, une épagneule "presque blanche, tâchetée de rouge", élancée et de forte taille. Âgée d'à peine un an, la pauvre bête a disparu depuis le premier du mois. Le bruit court qu'on l'aurait retrouvée le 3 mars dans les environs de Malaunay, à deux heures de marche de Montville, et qu'elle aurait été vendue à Rouen. Jusque-là, me diriez-vous, rien de bien exceptionnel si ce n'est une triste disparition à déplorer. Or, la suite m'a paru émouvante et mérite qu'on s'y attarde dessus. 1830 n'a pas commencé sous les meilleurs auspices. L'hiver a été terrible et certaines régions se sont retrouvées des semaines sous un mètre de neige. Les ressources étaient si maigres que la disette sévit dans tout l'Ouest, à tel point que certains artisans et agriculteurs auraient été menacés par des mendiants regroupés en bandes... Tout cela pour vous dire que la disparition de Charlotte a lieu dans un contexte économique, climatique et social particulièrement tendu.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette précarité économique peut expliquer le comportement de l'habitant de Malaunay qui s'empressa, après l'avoir retrouvée, de vendre Charlotte, chienne de race, quelque part à Rouen. Alors que s'amenuisent peu à peu les chances de retrouver l'animal, François Duval, âgé d'une soixantaine d'années, garde espoir. Il contacte le journal de Rouen, alors lu par toute la région, dans lequel il fait publier la description précise de Charlotte, et surtout, une récompense pour toute personne qui lui permettrait de la retrouver. Une récompense de vingt francs. Autrement dit, l'équivalent de deux semaines de travail d'un ouvrier de l'époque. Un dénommé M. Saillard, domicilié à Rouen et possiblement ami de François Duval, participe également à l'opération de recherche. Sans compter que la publication dans le journal devait avoir un coût. Les efforts du vieil homme pour retrouver la toute jeune Charlotte peuvent, à mon avis, s'expliquer de trois manières. François Duval, souvenez-vous, était garde des bois du Baron de Montville et devait vraisemblablement parcourir chaque jour les pistes et les chemins qui passaient dans la forêt, et ce en compagnie de Charlotte. Vu le contexte de disette et de pauvreté, la chienne, qui était une épagneule, permettait sans doute à son maître de chasser, s'il le pouvait, et de ramener de quoi nourrir sa famille. Enfin, François Duval était peut-être attaché Charlotte, qu'il venait peut-être de voir naître l'an passé. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'ai par ailleurs envisagé une autre hypothèse. La chienne aurait pu appartenir non pas à François Duval mais au Baron de Montville, ce qui expliquerait les vingt francs de récompense. L'annonce ne mentionne qu'indirectement l'employeur de François Duval. Ou du moins, si Charlotte appartenait au Baron, François Duval devait s'en occuper régulièrement. Diverses annonces nous apprennent que des chiens ont été retrouvés à Rouen, mais ne permettent pas de savoir s'il s'agit de Charlotte. Je ne connais donc pas le fin mot de l'histoire ni d'ailleurs le véritable lien entre Charlotte et François Duval. Toute cette enquête se base sur des spéculations à partir d'annonces retrouvées dans la presse. Mais ces recherches m'auront indirectement permis de découvrir de la dureté de l'hiver 1829-1830, la disette qui s'en suivit, et tout simplement l'existence d'une forêt, de François Duval, de Charlotte et d'un Baron à Montville. La ville, qui n'était alors qu'au début de son essor, comptait environ 1600 habitants. Cette année là, mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère, Constantine Alexandrine Colboc, n'avait que quatre ans. Qui sait, peut-être que des membres de sa famille participèrent aux recherches, par compassion ou dans l'espoir d'obtenir la récompense ? Charlotte a-t-elle été retrouvée ? Je suppose que certains mystères ne peuvent être totalement éclaircis. Quant à François Duval, j'ai appris qu'il était décédé peu de temps après, le 22 octobre 1831. Il était toujours garde des bois du Baron de Montville.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-okMcBlXcp2I/Wsqh9s5nv9I/AAAAAAAAAYg/0ikkuPcb4AsIXrQeZjFZTC_uu9Nqu9ALwCLcBGAs/s1600/%25C3%25A9pagneul.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1358" data-original-width="1024" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-okMcBlXcp2I/Wsqh9s5nv9I/AAAAAAAAAYg/0ikkuPcb4AsIXrQeZjFZTC_uu9Nqu9ALwCLcBGAs/s640/%25C3%25A9pagneul.jpg" width="481" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>L'Epagneul</i>, dessin de Jacques de Sève, 1753 - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10528193v.r=%C3%A9pagneul?rk=42918;4" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Printemps 1831</i>. Une année après la disparition de Charlotte, Montville cède quelque peu à la psychose. Un climat de panique se crée et pour cause : plusieurs habitants de la ville auraient été empoisonnés en même temps. Je découvre cette sombre histoire à la lecture d'une annonce en date du 8 juin 1831 que je vous retranscris ici : <i>"Il y a quelques temps, nous avons rendu compte des voyages de MM. Barré, juge d'instruction, et Tranchart, substitut du procureur du Roi, à Montville, pour instruire sur une accusation d'empoisonnement dirigée contre un nommé Dumont et la femme Brunel. La chambre du conseil a rendu, lundi dernier, sa décision : le sieur Dumont et la femme Brunel ont sur-le-champ été mis en liberté, leur accusatrice seule est restée sous la main de la justice." </i>Cette histoire peut paraître assez banale à première vue. Les apparences étant trompeuses dans ce genre de recherches, je reste interloqué en découvrant que quelques semaines plus tôt, Montville fait déjà la une des journaux pour des rumeurs d'empoisonnement.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Mercredi 20 avril 1831</i>. Une nouvelle peu rassurante arrive ce matin-là de Montville : "<i>M. Tranchard, substitut du procureur du Roi, M Barré, juge d'instruction, et M. le docteur Vingtrinier se sont transportés hier à Montville pour constater l'état de plusieurs personnes qu'on présume avoir été empoisonnées, et rechercher l'auteur de ce crime.</i>" Aucun détail supplémentaire. Après avoir rapidement consulté les registres d'état-civil de Montville pour l'année 1831, je n'observe aucun décès suspect en avril de cette année là. Des vieillards et de tout jeunes enfants, rien de bien surprenant. Il y a bien un ou deux quinquagénaires, mais les conditions de vie étaient relativement rudes et les actes ne mentionnent aucun empoisonnement. Ou du moins aucun lien probant. Une question me vient alors à l'esprit : S'agirait-il d'une fausse rumeur, destinée à effrayer certaines personnes ? D'un coup monté ? Je me rappelle alors qu'il est clairement expliqué dans l'article du 8 juin que le sieur Dumont et la femme Brunel, accusés d'empoisonnement, ont été immédiatement libérés, alors que leur accusatrice, dont l'identité n'est pas dévoilée, "<i>est restée sous la main de la justice</i>". Cela signifierait-il que l'accusatrice a tout inventé ou que les accusés ont réussi à berner les enquêteurs ? N'ayant aucun autre élément en ma possession, je ne vais pas me risquer à tirer des plans sur la comète. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Toutefois, Montville et ses environs connurent d'autres histoires de ce genre. En 1887, deux hommes sont retrouvés morts dans une beurrerie à la suite d'un empoisonnement. La femme de l'un d'eux est rapidement soupçonnée et condamnée. Quelques années après ces événements, la vérité éclate : un nouveau mort, dans les mêmes circonstances, et il s'agit en réalité d'un simple accident causé par les émanations gazeuses toxiques d'un four à chaux défaillant. La malheureuse accusée, victime d'une erreur judiciaire, est libérée. Cette affaire défraya la chronique locale. Au final, une terrible erreur judiciaire. Se serait-il passé la même chose en 1831 ? Une sombre histoire... Deux éléments semblent certains : primo, les gens de l'époque étaient, dans leur ensemble, superstitieux, et beaucoup plus que nous. Secundo, si l'affaire a eu un retentissement assez important pour que le procureur royal et le substitut fassent plusieurs fois le déplacement de Rouen jusqu'à Montville et qu'on en retrouve des traces dans le journal, alors il devait y avoir un fond de vérité à tout cela. Un climat de suspicion a dû ternir le printemps...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-yy_PQkBeEOc/Wsq7hKah3yI/AAAAAAAAAYw/CZLM6b4j3NMDn1__M7v8_CMb_zE6SYKFgCLcBGAs/s1600/Estampe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1322" height="510" src="https://4.bp.blogspot.com/-yy_PQkBeEOc/Wsq7hKah3yI/AAAAAAAAAYw/CZLM6b4j3NMDn1__M7v8_CMb_zE6SYKFgCLcBGAs/s640/Estampe.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Estampe - Gustave Doré - 1854 - Thème du poison - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10322247b.r=poison?rk=107296;4" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le mercredi 20 avril 1831 fut sans doute une journée stressante pour toute la Seine-Maritime. En effet, outre ces rumeurs d'empoisonnement, les lecteurs du Journal de Rouen découvrent avec effroi et stupeur "<i>un crime, accompagné des circonstances les plus aggravantes [...] commis à Riville, canton de Valmont.</i>" Riville est certes située à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Montville, mais l'affaire qui s'y est déroulée quelques jours plus tôt en a a fortiori inquiété plus d'un. Au beau milieu de la nuit, les sieurs Laffilé, un père et son fils tous deux cultivateurs, reçoivent une visite qu'ils auraient préféré ne jamais avoir. Cinq brigands du village, armés de fourches et déguisés en mendiants, se font passer pour des malheureux réclamant l'aumône et frappent à la porte. Le fils ouvre la fenêtre pour leur donner du pain. Ils se jettent sur lui et l'attachent avec une corde autour du cou, le menaçant de le tuer s'il ne révélait pas où étaient conservés les deux milles francs cachés dans la maison. Afin qu'il ne les reconnaisse pas, ses agresseurs lui jettent des cendres dans les yeux. Dans un élan de courage, son père se met à hurler et par chance, les voisins finissent par l'entendre et accourent. Les voleurs prennent la fuite. Le lendemain, le juge se rend chez les Laffilé à Riville. Le fils, même s'il n'a pu voir les voleurs, reconnaît la voix de l'un d'entre eux. Un certain Lefrançois, du village, que les preuves évidentes qu'il n'a pas pris soin d'effacer accablent immédiatement. Nul doute que la sévère justice de l'époque a mis hors d'état de nuire ce délinquant. L'insécurité existait déjà bel et bien en France au XIXe siècle, mais les peines encourues étaient nettement plus dissuasives.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-2T8an8CELGc/WsrDRMpd7RI/AAAAAAAAAZA/ynGdMX_ivdwrhT3ZQTfx7gvfYWSvQvC0QCLcBGAs/s1600/abril1831.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="582" data-original-width="268" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-2T8an8CELGc/WsrDRMpd7RI/AAAAAAAAAZA/ynGdMX_ivdwrhT3ZQTfx7gvfYWSvQvC0QCLcBGAs/s640/abril1831.jpg" width="294" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">8 avril 1831 - Journal de Rouen - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fjournaux_bibliotheque_archives%2FFRAD076_IR_BIB_journal_rouen%2Exml&page_ref=237708&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=" target="_blank">Archives de la Seine-Maritime</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les anecdotes ne manquent pas pour reconstituer l'histoire de Montville. En octobre 1831, après une vaste opération de vaccination entreprise par les autorités départementales, la petite vérole disparaît de Rouen et de la majeure partie de ses vallées environnantes. La vaccination des montvillais est réalisée par le docteur Decaux, chirurgien à Quincampoix. S'il y a une rubrique récurrente dans laquelle Montville est souvent citée, c'est aussi celle des fêtes. La commune est en effet réputée pour les fêtes, défilés et feux d'artifice qu'elle organise, notamment au mois d'Août, en l'honneur de la Garde nationale. Le 20 août 1833, le chef de la bataillon de la Garde nationale de Montville écrit une lettre publique de remerciement à l'artificier Gayet : "<i>C'est une nécessité pour moi de vous exprimer au nom de M. le maire de Montville et de tous mes braves frères d'armes les gardes nationaux de mon bataillon, combien nous avons été satisfaits de l'extrême réussite de votre feu d'artifice. M. le préfet a été infiniment flatté de la composition et de la brillante exécution de toutes les pièces ; lui-même en son particulier, M. le secrétaire-général, et toutes les personnes qui l'entouraient m'ont chargé d'être leur interprète près de vous, pour vous adresser les félicitations que vous avez si justement méritées. Les acclamations générales et les cris de joie qui se faisaient entendre dans la multitude des spectateurs assemblés attestaient tout le plaisir que faisait éprouver l'éclat de toutes les pièces, dont vous avez avec autant de talent que de goût composé votre feu d'artifice. Veuillez aussi, je vous prie, Monsieur, recevoir mes remerciements empressés pour la galanterie que vous avez bien voulu faire aux trois bataillons de la garde nationale du canton, en lançant, au moment de la revue, un ballon qui a été du plus bel effet. L'offre gratuite que vous m'en aviez faite à l'avance ajoute encore à votre talent et à votre caractère un mérite de plus, celui d'un désintéressement uniquement inspiré par votre patriotisme." </i>D'autres articles du <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fjournaux_bibliotheque_archives%2FFRAD076_IR_BIB_journal_rouen%2Exml&page_ref=249788&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=" target="_blank">Journal de Rouen</a> nous apprennent que les gardes nationaux étaient "<i>nombreux et animés des meilleures dispositions</i>", que le maniement des armes et le défilé se sont faits "<i>avec la plus grande précision [...] un zèle et une application vraiment remarquables.</i>" En ce jour heureux, Montville était littéralement "<i>pavoisée de drapeaux tricolores</i>". Les bals très jolis et les danses ont duré toute la nuit.<br />
<br />
<i></i>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-X-1GjtutqRI/WstV_DDcb5I/AAAAAAAAAZQ/ogwdoMgjJrwCUGpH_qzfFxVclB4ZJ9E2QCLcBGAs/s1600/Feux%2Bd%2527artifice.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="1433" height="470" src="https://3.bp.blogspot.com/-X-1GjtutqRI/WstV_DDcb5I/AAAAAAAAAZQ/ogwdoMgjJrwCUGpH_qzfFxVclB4ZJ9E2QCLcBGAs/s640/Feux%2Bd%2527artifice.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Feu d'artifice du 15 août 1859, Place de la Concorde - Gravure - Agence Rol - Provient de la BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69122681.r=feu%20d%27artifice?rk=278971;2" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
En 1833, mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère qui portait les jolis prénoms de Constantine Alexandrine et son frère Charles Amédée, étaient respectivement âgés de sept et douze ans. Ce feu d'artifice auquel ils ont sûrement assisté avec leurs parents les a probablement émerveillés. J'ai toujours eu une affection particulière pour ces fêtes. Pour finir en beauté après ce feu d'artifice, voici justement une photographie de mon ancêtre dont je viens de vous parler et qui passa son enfance à Montville. <br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-JWED-drHTkw/WstXa1MBd6I/AAAAAAAAAZc/n_uttQEqH1wAuverFoGUB-ebz7gyPg50gCLcBGAs/s1600/Constantine%2BColboc.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="456" data-original-width="278" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-JWED-drHTkw/WstXa1MBd6I/AAAAAAAAAZc/n_uttQEqH1wAuverFoGUB-ebz7gyPg50gCLcBGAs/s640/Constantine%2BColboc.jpg" width="390" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Constantine Alexandrine Colboc épouse Le Breton - Archives familiales</td></tr>
</tbody></table>
N'hésitez pas à me dire laquelle de ces histoires vous intéresse le plus. Il y en a tant d'autres à raconter... Cet article me permet de montrer que la généalogie ne s'arrête pas à l'accumulation d'actes, mais qu'il s'agit aussi d'enquêtes sur des thèmes très diversifiés permettant de mieux appréhender la vie de nos ancêtres.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7864265578267802792.post-63715285700184149742018-04-01T01:26:00.000+02:002018-04-01T02:54:29.423+02:00Histoires de chocolat<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<i>A l'approche de Pâques et fidèle à mon penchant héréditaire pour le pêché de gourmandise, je me suis mis en tête d'écrire un article consacré à quelque chose que nous aimons -presque- tous : le chocolat. Il n'était bien sûr pas question de dévier des deux thèmes prédominants de ce journal, qui sont l'histoire et la généalogie. Aussi ai-je décidé d'enquêter sur le rôle du chocolat dans le quotidien de mes ancêtres, sachant qu'aucun d'entre eux n'a travaillé dans le domaine de la chocolaterie.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'idée m'est venue il y a quelques jours en feuilletant les pages de la presse ancienne, notamment celles concernant la période du Second Empire. Cette semaine a été riche en découvertes généalogiques fort intéressantes qui pourraient faire l'objet d'articles dans les prochains mois. Les objectifs que je m'étais fixés pour la fin de ce mois sont atteints : parutions du <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/les-aventures-de-la-famille-troche.html" target="_blank">second chapitre</a> de la chronique consacrée aux ancêtres de Juliette Troche ainsi que d'articles intermédiaires qui vous ont apparemment plu, surtout celui consacré aux <a href="https://histoiresdautrestemps.blogspot.fr/2018/03/des-ancetres-gersois-aux-prenoms-grecs.html" target="_blank">prénoms grecs orthodoxes de mes ancêtres gersois</a>. Seuls les relevés des recensements sont un peu à la traîne, mais j'ai pas mal de temps libre pour m'atteler à cette tâche fastidieuse. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-usZ1t1qscxw/Wr-157r5-AI/AAAAAAAAAVg/jkZIWkbKWooJQMZfzJP7D-iSQSNmZCXjQCLcBGAs/s1600/Chocolats%2BMeunier%2Bet%2Bfr%25C3%25A8res.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1454" data-original-width="1024" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-usZ1t1qscxw/Wr-157r5-AI/AAAAAAAAAVg/jkZIWkbKWooJQMZfzJP7D-iSQSNmZCXjQCLcBGAs/s640/Chocolats%2BMeunier%2Bet%2Bfr%25C3%25A8res.jpg" width="450" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolat Meunier frères - Ateliers Hugo d'Alési - 1894 - BNF (Gallica) - <b><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53127896z/f1.item.r=chocolat" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: center;">
<b> </b></div>
<div style="text-align: center;">
<b>L'industrie chocolatière</b><br />
<br />
<b></b></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Le chocolat, longtemps réservé aux plus fortunés et à la Cour, se diffuse dans les autres couches de société au cours de la Révolution industrielle. Toute une industrie européenne se crée autour de cette marchandise, notamment en Espagne, en France, en Suisse et en Allemagne. C'est à cette époque qu'apparaissent peu à peu les grands noms du chocolat tels que van Houten, Lindt ou encore Poulain. La première chocolaterie française voit le jour dans les Pyrénées Orientales en 1814. Cet essor de l'industrie chocolatière favorise la concurrence entre les différents confiseurs qui rivalisent de créativité pour proposer toujours plus de nouveautés. Entre 1820 et 1830, le chocolat, qui se consommait majoritairement sous forme de boisson en raison de la rareté des moulins permettant sa fabrication en dur, connaît une transformation majeure : van Houten réussit, par un ingénieux procédé, à le changer en cette fameuse poudre que nous utilisons encore. Au même moment, des confiseurs créent un peu partout en Europe le chocolat noir et aux noisettes. Le français Antoine Brutus Menier invente la tablette de chocolat quelques années plus tard, du moins son concept, que les anglais récupéreront et diffuseront par la suite. A la fin des années 1840, le chocolat se démocratise réellement si je puis dire, comme en témoignent les publicités de plus en plus fréquentes dans les annonces de la presse de cette époque.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-5U7oroUNEFM/Wr-0TSA05NI/AAAAAAAAAVU/jrKhXhsU4a4WpjNthMPp46bMLdw_YTt6gCLcBGAs/s1600/Compagnie%2Bfran%25C3%25A7aise%2Bchocolat.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1522" data-original-width="1024" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-5U7oroUNEFM/Wr-0TSA05NI/AAAAAAAAAVU/jrKhXhsU4a4WpjNthMPp46bMLdw_YTt6gCLcBGAs/s640/Compagnie%2Bfran%25C3%25A7aise%2Bchocolat.jpg" width="430" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolats - Compagnie française - Théophile Alexandre Steinlen -1895 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90127241/f1.item.r=chocolat" target="_blank">LIEN</a> </td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b>Un remède miraculeux</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est intéressant de noter que les premières chocolateries françaises
sont apparues dans le Sud, notamment à Bayonne. Cela s'explique par la
présence de juifs séfarades chassés d'Espagne. Au XVIIIe siècle,
nombreux étaient ceux qui prêtaient au breuvage chocolaté d'innombrables
vertus thérapeutiques. Contrairement à ce qui peut parfois être
raconté, cette réputation de remède miraculeux a perduré bien au-delà de
l'Ancien Régime. Il n'est pas rare de tomber, en explorant la quatrième
page du journal quotidien de Rouen - celle dédiée aux annonces
publicitaires - sur une petite case encadrée où des docteurs,
pharmaciens et autres savants plus ou moins accrédités conseillent à la
population de manger du chocolat.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-J_fKxyrawwY/Wr_iZoc9wkI/AAAAAAAAAVw/UDDtj2m0BoUoSjUttfLORpmZf65uz8IlQCLcBGAs/s1600/Chocolat.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="210" data-original-width="874" height="152" src="https://4.bp.blogspot.com/-J_fKxyrawwY/Wr_iZoc9wkI/AAAAAAAAAVw/UDDtj2m0BoUoSjUttfLORpmZf65uz8IlQCLcBGAs/s640/Chocolat.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Extrait du journal de Rouen - Dépot de chocolat et bougie - 16 février 1855 - Archives de la Seine-Maritime - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_journal_detail&doc=accounts%2Fmnesys_ad76%2Fdatas%2Fir%2Fjournaux_bibliotheque_archives%2FFRAD076_IR_BIB_journal_rouen%2Exml" target="_blank"><b>LIEN</b></a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Transcription : "<i>Depuis huit ans que le dépositaire des meilleurs chocolats de Paris vend en détail au prix du gros cet aliment si bienfaisant à la poitrine, sa clientèle a pris un développement extraordinaire. Les amateurs de bon chocolat, qui ne connaissent pas encore cette maison, peuvent donc, en toute sûreté, s'adresser au susdit dépôt, où ils obtiendront à 1 franc 20 au lieu de 1 franc 60, le chocolat de santé, à 1 franc 50, le chocolat de santé fin, avec ou sans vanille et sans aucune falsification qui se vend ailleurs 2 francs, et le santé supérieur à 2 francs au lieu de 2 francs 50 le demi-kilog. [...]</i>" Il existait bel et bien un commerce du chocolat en tant que remède aux effets multiples et parfois miraculeux. Je me suis alors demandé quel pouvait être la signification de l'appellation "chocolat de santé". Le chimiste et pharmacien ébroïcien - habitant d'Evreux - Pierre-Hyppolyte Boutigny (1798-1884) a écrit dès 1825 un ouvrage dédié au chocolat, offrant des définitions remarquables par leur précision. Il s'agit du moins de mon avis personnel. En voici quelques-unes :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<ul style="text-align: left;">
<li style="text-align: justify;"><b>chocolat anti-phlogistique :</b> "[...] Ce chocolat convient particulièrement aux convalescents et aux personnes qui ont eu des maladies inflammatoires : il n'est point stimulant comme la plupart des autres chocolats. [...]"</li>
<li style="text-align: justify;"><b>chocolat à l'extrait de café :</b> "[...] Ce chocolat est un aliment aussi agréable que facile à digérer, ce qui le rend précieux aux personnes délicates dont l'estomac demande à être légèrement stimulé. [...]"</li>
<li style="text-align: justify;"><b>sirop de cacao :</b> "[...] Ce sirop a les propriétés du chocolat de santé aromatisé, mais il est plus commode pour les personnes qui ont beaucoup d'occupation, et pour les voyageurs. Trois cuillerées de ce sirop, délayées dans une tasse de lait ou d'eau bouillante, font sur-le-champ une tasse de bon chocolat. [...]"</li>
</ul>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Ces définitions proviennent de l'ouvrage <i>Du chocolat, de sa fabrication, des moyens de reconnaître sa falsification, et de ses propriétés alimentaires et médicales</i> de Pierre-Hyppolyte Boutigny consultable sur le site de la BNF <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9691048w/f1.image.r=chocolat%20de%20sant%C3%A9" target="_blank">à ce lien</a>. Vous l'aurez compris, le chocolat, s'il est parfois décrié de nos jours - <strike>tout est décrié de nos jours</strike> -, faisait autrefois office de remède miraculeux et délicieux, à tel point que nombre de médecins et de spécialistes le recommandaient pour l'alimentation des plus jeunes. Dans certains hôpitaux pour enfants, la distribution de chocolat aurait même été quotidienne. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez toujours lire les prescriptions du docteur Camille Piron en cliquant <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9685931p/f5.image.r=chocolat%20de%20sant%C3%A9" target="_blank">ici</a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-5lLtiXyXecA/Wr-zBwzbXEI/AAAAAAAAAVI/PhK9gecwoFoirNQWPRI153nTx8Txr-GHgCLcBGAs/s1600/Chocolate.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1434" data-original-width="1024" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-5lLtiXyXecA/Wr-zBwzbXEI/AAAAAAAAAVI/PhK9gecwoFoirNQWPRI153nTx8Txr-GHgCLcBGAs/s640/Chocolate.jpg" width="456" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolate Amatller - Oficinas Calle Manresa, 10, Barcelona - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6909409r.r=chocolat?rk=1523612;4" target="_blank"><b>LIEN</b></a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le chocolat était visiblement considéré comme un produit aux bénéfices à la fois gustatifs et thérapeutiques. Mais une question perdure : quel était son prix ? De ce que j'ai pu lire, les tarifs du kilogramme de chocolat pouvaient être variables selon le chocolatier ou la marque. J'ai décidé de me baser sur ce que certains de mes ancêtres ont très probablement dû connaître à partir des annonces des journaux les plus consultés. J'ai choisi trois annonces du journal de Rouen pour me faciliter la tâche. En moyenne, d'après ces annonces, le prix du demi-kilogramme de chocolat
pouvait varier de 1 franc 20 centimes à 4 francs. La boisson était
moins coûteuse et il était possible de déjeuner quatre fois pour la
somme de 30 centimes. Je ne dispose pas de beaucoup d'informations qui
pourraient me permettre d'estimer le salaire de mes ancêtres, si ce
n'est ce que j'ai pu tirer des contrats de mariage et de mes lectures
personnelles. Au regard des éléments dont j'ai eu connaissance, je pense que le demi-kilogramme de chocolat était tout à
fait abordable, hormis peut-être le "santé fin avec vanille" qui coûtait
plus cher. Quant aux petits-déjeuners proposés par la maison A.
Lhernault, ils me semblent très accessibles.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-SlECQaSr6kg/Wr_4BLNfZRI/AAAAAAAAAWA/Zkph5j-p-LAj52JJLLymS-O6lSxiNSHowCLcBGAs/s1600/annonces%2Bchocolat.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="482" data-original-width="663" height="290" src="https://3.bp.blogspot.com/-SlECQaSr6kg/Wr_4BLNfZRI/AAAAAAAAAWA/Zkph5j-p-LAj52JJLLymS-O6lSxiNSHowCLcBGAs/s400/annonces%2Bchocolat.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Annonces provenant du journal de Rouen - Second Empire - <a href="http://recherche.archivesdepartementales76.net/?id=recherche_guidee_journal" target="_blank"><b>LIEN</b></a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
La rédaction de cet article m'a donné envie de dévorer une tonne de chocolats. Je ne suis en général pas un gros mangeur mais il y a quelques exceptions, notamment pour les pâtisseries, confiseries, chocolats, pâtes de fruits... Je vais en rêver cette nuit à force d'en parler. J'en profite pour pousser un coup gueule quant à l'abandon du savoir-faire de la magnifique et traditionnelle gastronomie française au profit des immondices industrielles que l'on trouve actuellement en rayon. Il est de plus en plus difficile de trouver une vraie chocolaterie ou pâtisserie proposant la qualité d'antan, même dans les quartiers huppés des grandes villes. Ne parlons pas des confiseries qui sont littéralement en voie de disparition. Les fast-food, en revanche, il y en a à chaque coin de rue... Finissons cet article avec une série de photographies et d'affiches remémorant l'époque des chocolateries, pâtisseries et confiseries à chaque coin de rue.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-OAcsWG9foTc/WsATDypnJII/AAAAAAAAAWQ/LgltuQTxPUc46hnd-R7bsVZwecrTPESOACLcBGAs/s1600/Chocolats%2Baffiche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="987" data-original-width="1297" height="300" src="https://4.bp.blogspot.com/-OAcsWG9foTc/WsATDypnJII/AAAAAAAAAWQ/LgltuQTxPUc46hnd-R7bsVZwecrTPESOACLcBGAs/s400/Chocolats%2Baffiche.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolat de la Compagnie lyonnaise S. Richon - 1836 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90088936.r=chocolats?rk=1201722;4" target="_blank"><b>LIEN</b></a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-SRjwzSeWvS0/WsAT1Zu6oeI/AAAAAAAAAWY/wUlwaqB2mWItcr9Vjx8hV7wL_WXVRXuTwCLcBGAs/s1600/Chocolats%2Baffiche%2B2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1331" data-original-width="1024" height="400" src="https://3.bp.blogspot.com/-SRjwzSeWvS0/WsAT1Zu6oeI/AAAAAAAAAWY/wUlwaqB2mWItcr9Vjx8hV7wL_WXVRXuTwCLcBGAs/s400/Chocolats%2Baffiche%2B2.jpg" width="307" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolate español Jules Chéret - 1878 - BNF (Gallica) - <b><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9015626f.r=chocolats?rk=1244641;2" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-A04mc_BZMm8/WsAUgk4fYjI/AAAAAAAAAWg/NJk_QM9FJcYzxQpryBt30nMAPMeuypzIACLcBGAs/s1600/Chocolats%2Baffiche%2B3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1301" data-original-width="1024" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-A04mc_BZMm8/WsAUgk4fYjI/AAAAAAAAAWg/NJk_QM9FJcYzxQpryBt30nMAPMeuypzIACLcBGAs/s400/Chocolats%2Baffiche%2B3.jpg" width="313" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolat Poulain-Orange - Leonetto Cappiello - 1911 - BNF (Gallica) - <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9003915s.r=chocolats?rk=1309019;2" target="_blank">LIEN</a></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-PQLMkCz17RE/WsAVGlt0J3I/AAAAAAAAAWo/2MDVZk-6F3k4bk8-lwQiGcPTeZ8dEAF-wCLcBGAs/s1600/Affiche%2Bchocolat%2B4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1403" data-original-width="1024" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-PQLMkCz17RE/WsAVGlt0J3I/AAAAAAAAAWo/2MDVZk-6F3k4bk8-lwQiGcPTeZ8dEAF-wCLcBGAs/s400/Affiche%2Bchocolat%2B4.jpg" width="291" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Manufacture franco-russe, Chocolat de l'Univers - 1900 - BNF (Gallica) - <b><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9003985f.r=chocolats?rk=1437775;2" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-qLRNUM72MbI/WsAWdEYGj9I/AAAAAAAAAW0/xaVJTlYtuEwVZcJlAKoQuLdOnAdiQpTgQCLcBGAs/s1600/Chocolaterie.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1281" data-original-width="1024" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-qLRNUM72MbI/WsAWdEYGj9I/AAAAAAAAAW0/xaVJTlYtuEwVZcJlAKoQuLdOnAdiQpTgQCLcBGAs/s400/Chocolaterie.jpg" width="318" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Chocolaterie-Confiserie Augé - Eugène Atget - 1900 - BNF (Gallica) - <b><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10516733n/f1.item.r=confiserie" target="_blank">LIEN</a></b></td></tr>
</tbody></table>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">Les documents exposés dans cet article proviennent en majorité du génialissime site de la BNF - Bibliothèque nationale de France - nommé <a href="http://gallica.bnf.fr/accueil/?mode=desktop" target="_blank">Gallica</a> et appartiennent au domaine public.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
Wilfried Lehouxhttp://www.blogger.com/profile/16892388778858089814noreply@blogger.com0